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YAINVILLE

Par Jean-Philippe Joly

LA CHOULE EN GENERAL


D’où vient elle ? Nul ne peut en donner l’origine. On en trouve des traces aussi bien chez les romains que chez les vikings (jeu de knattleikr), d’autres jeux de balles avec deux équipe en Chine, au Japon, mais aussi chez les mongols et on retrouve des jeux de crosse chez les indiens du Canada et Chili. Les jeux ont une histoire et comme pour celle des hommes et des musiques, elle laisse supposer des liens très tôt tissés entre les civilisations et /ou bien un lien « cérébral »  commun entre les peuples. Une « mondialisation » avant l’heure, mais conservant et enrichissant les particularités locales.

 Une étymologie incertaine : les sous (le gain enfermé dans la balle),le  soleil (rites païens), le soulier (la partie du corps pour jouer)…

 Un sens inconnu : jeu de combat, esquisse de guerre ou de tournoi, rite de fertilité, esprit de clocher, fêtes patronales et exaction de Mardi-gras. Elle était un peu partout et a failli disparaître. Mais on la rencontre encore avec le Lacrosse canadien, le Foot australien, le Calcio historique, le Hurling irlandais, le shinty écossais, le bandy scandinave ou russe. Et bien sur le Soccer, le Rugby, le hand-ball et même le basket (choule picarde avec but en hauteur…). Curieuse ressemblance aussi des buts de rugby, Hurling, Foot australien, Crosse Indienne…En Normandie il a été rapporté que l’équipe du village gagnant assurait une récolte de pommes importantes à ces habitants…crucial à une époque où le Coca n’existait pas !

 En France demeure une partie annuelle dans l’Oise, une en Ardèche, une dans l’Orne probablement et celles organisées par les Tèqueurs et Chouleurs de Normandie :  une en 2001,

2 en 2002, 5 en 2003, 7 en 2004, 10 en 2005, plus de 20 programmés en 2006, 40 en 2007 !

 C’est dans la France du quart nord-est  que le jeu était le plus implanté et est resté en place le plus longtemps, justement là où on vénère le moins le rugby. Et curieusement en Australie ou en Irlande l’ovale arrive bien loin derrière le foot australien (footy) et le hurling ou le foot gaëlique!

 Ce jeu/sport est donc probablement lié à des particularités locales très fortes. Certains ont pu voir un lien avec les zones fortes d’implantation de la chevalerie (cf les « compétitions » de tounoiements dans le livre de G.Duby sur Guillaume Le Maréchal, un Platini ou un Zidane de l’armure…)

 

CHOULE ET NORMANDIE


 Les foyers historiques normands répertoriés à ce jour  sont :

 Région de Jumièges à Lyons (Vallée de Seine) surtout sans crosse / Région du Bocage, triangle Vire, Tinchebray Briouze (hormis la crosse)/ Haut Cotentin (crosse et sans crosse), on parle de SAVATE à Valognes / Sud Manche pour la crosse essentiellement, dont une forme se rapprochant fortement du cricket.

 Un témoignage en direct du XIVe siècle : "…De si longtemps qu’il n’est mémoire du contraire, les gens du pays de Vulguessin-le-Normand (Vexin Normand) et de la forêt deLyons aiennt acoustumé de eulz esbatre et assemblet chacun an pour souler et jouer à la solle l’un contre l’autre devant la portee de l’abbaye Notre Dame de Mortemert en Lyons le jour de Karesme prenant (Mardi Gras). "

En Normandie choule est synonyme de se bousculer ou d’amusement. 

Ecoutons Le Sire de Goubervillegentilhomme du Hâot Cotentin vers 1550 :

 « Au soir sur les onze heures j’envoyai François Doisnard chez mon cousin de Brillevast et chez le capitaine du Teil porter des lettres afin qu’ils nous amenassent de l’aide pour la choule  de Saint Maur à demain »,
  « J’estoy tant las de la choule de Sct Mor que je ne pouvoys aider », 
« Vêpres dites nous fûmes jusques à la nuit à crosser près de l’église »,
« le curé bâtonne à la choule tout le reste du jour ».

 C’est par ces phrases que l’on peut « toucher » l’univers de Gilles de Gouberville, ce gentilhomme du Cotentin, auteur inopiné d’un ouvrage de référence en matière d’histoire : son journal, son livre de raison en fait, où sont consignés des faits et gestes plus que des états d’âme. 

 On peut également par ce témoignage avoir une autre approche de ce qu’était la Renaissance dans notre région, mais aussi dans le reste de la France, et partant de là de toute époque historique qu’on nous présente le plus souvent par l’intermédiaire de la guerre et des « jeux » sociaux et politiques.

 A la choule on y joue à certains moments de l’année mais avec passion, et le peuple, le clergé, les nobles s’y adonnent et s’y mélangent. Si les témoignages concernant la Choule et la Téque sont relativement nombreux, ces deux sports ayant perduré (voir articles dans le Viquet et Patrimoine Normand pour la tèque) plus ou moins jusqu’à notre époque, il n’en va pas de même de la Choule à la Crosse (encore faudra t-il distinguer grande et petite Choule et laisser de côté le jeu long qui se rapproche du croquet ou du golf) qui se jouait de la Bretagne à la Picardie et semblait pourtant, comme la tèque, particulièrement prisée en Normandie. 

La Choule à la crosse consiste à pousser une balle, ou une boule, vers un but (bâton, trou, ligne , porte….) soit seul, soit en équipe avec ou sans adversaire. Le terrain peut être très long et accidenté et on peut alors parler de choule comme ancêtre du golf, mais cela peut être aussi la place du village à côté de l’église et deux équipes se disputent la balle à la sortie de la messe. C’est de cette dernière dont nous voulons parler ici et qui était tant prisée par le Sire de Gouberville en son Val de Saire natal. 

Les documents iconographiques sont  rares et les témoignages sont bien loin des commentaires précis d’un journal sportif. Reconstituer alors ce type de jeu devient ardu. Y avait il seulement des règles ? Certains auteurs ont supposé que quand un noble participait à un tel jeu, il faisait appliquer un minimum de règle, une sorte de code d’honneur. Sachant qu’il existait des spécialistes de ce type de jeu très physique, on peut supposer que si au départ les règles étaient informelles et particulières à chaque village, une certaine harmonisation a dû avoir lieu. 

Du moyen âge à la seconde guerre mondiale les témoignages prouvent la constance du jeu et sa participation à la vie sociale. L’origine peut elle être liée à l’invasion romaine (jeu d’Haspartum) ou à celle des vikings (jeu  de Knattleikr) ou même les deux.  Pour l’influence Viking La choule est très présente en Normandie et dans la zone d’invasion prioritaire mais ce n’est pas une exclusivité. Scientifiquement il est impossible de le dire, de même que de savoir qui a influancé l’autre entre le Hurling, le Shinty et le Knattleikr (présence scandinave forte en Ecosse et Irlande), si influence il y a eu ! Par contre ce dernier jeu pourrait bien avoir influencé le jeu éminemment normand de la Tèque. Mais la encore il existait des jeux de bout de bois et de balle chez les romains (une sorte de jeu de pelote finalement), par contre sans la notion de gagne terrain, du moins dans l’état des connaissances actuelles. 

Quoi qu’il en soit l’origine n’a que peut d’importance, ce qui compte c’est la pérennité de la pratique au niveau régional, sa capacité d’évocation, de résistance à la globalisation et ses facultés de renaissance.

Les reconstitutions de Choule Normande


 

Choule Crosse 

Lors de nos reconstitutions nous avons choisi de privilégier le bon sens, la liberté (jeu derrière les buts, passer entre ou toucher les poteaux), la spontanéité (jeux à la main) et la sécurité (par exemple en instituant une zone neutre devant les buts), tout en prenant en compte l’état d’esprit des gens d’aujourd’hui et leur pratique sportive. Les buts étaient d’une grandeur d’environ 1.5 mètre et constitués de deux piquets. On peut également se servir des buts de la petite crosse et même prévoir un décompte de point particulier en cas de décrochage de la barre.

Les crosses ont été réalisées dans un souci de compromis entre jeu long et jeu court pour s’adapter au terrain proposé, les premières en  « bois plein » bien qu’épaisses n’ont pas toutes résistées aux chocs. Les suivantes ont été réalisées avec des matériaux plus modernes mais toujours totalement en bois, en évitant les zones de faiblesses (nœuds…), c’est alors  le collage qui a lâché pour une d’entre elle, ou le plat de la crosse qui a été creusé par un coup.

Quel que soit le matériau la crosse de 2001 à 2005 s’avère assez lourde,  les dernières sont fabriquées à partir de bois de frêne à courbure naturelle ou bois léger équivalent. Même avec des crosses légères le demeure jeu fatiguant si on adopte pas une certaine stratégie, et le maniement délicat. Le jeu de défense est privilégié dans un premier temps. Cependant les joueurs se rendent vite compte, que l’on doit en priorité protéger le meneur de choule pour l’aider à progresser le plus près possible du but et que les passes doivent se faire au dernier moment ou par coup en l’air, voire au pied. L’alternance jeu au pied, jeu à la crosse permet des combinaisons intéressantes en attaque, et le soulèvement de la balle rend le jeu plus spectaculaire et plus tactique. Ces deux aspects du jeu sont en général perçus par les joueurs lors de la seconde  période et c’est à ce moment, aidés par les premiers signes de fatigue de la défense que les franchissements de but se font. 

 Les balles ont été fabriquées à la fois pour être solides et souples, sans rebond excessif dans le respect le plus souvent des matériaux utilisés au moyen âge ou à la renaissance (chanvre, tissus, cuir).
Dans la plupart des parties les buts n’ont été franchis que dans la deuxième période (le temps de maîtriser un peu le jeu et que la fatigue fasse son effet) Les équipes étaient constituées de trois à  cinq joueurs et d’un remplaçant. Elles sont très souvent mixtes. Des rencontres avec des joueurs des Iles Anglo-Normandes, du sud de l’Angleterre et d’Italie ont eu lieu en  2003 et 2004 dans le cadre d’échanges linguistiques et culturels 

Grande Choule 

L’idée de départ était la même que pour la crosse : garder l’esprit festif, une liberté très grande, éviter les violences, marier le jeu au pied et à la main, puisque les deux furent pratiqués, s’inspirer des sports et jeux cousins (y compris le jeu des barres très pratiqué à la renaissance).

La plupart des parties ont eu lieu  sur des terrains de longueur maximum 50 m, une seule partie se pratiqua sur grand terrain avec une zone réservée au jeu au pied, ce qui révéla un côté encore plus tactique. Une autre a permis de tester une planche de rebond derrière chaque but,  ce qui permet de jouer un peu plus au pied et viser de loin. Cela permet aussi aux plus frêles de marquer un peu plus.

Dates de grande pratique : Moyen âge et Renaissance (fêtes patronales, puis Carnaval et enfin mariages aussi)

Date « d’extinction » officielle avec intervention de la maréchaussée :   1852 (fêtes patronales et mariages).

Dates de pratiques en France Moyen âge à 1870

mois

janv

Fev

Mars

Avril

Mai

Juin

Juillet

Aout

Sept

Oct

Nov

Dec

choule

9.3

43.7

6.2

6.2

 

6.2

 

 

 

3.1

6.2

18.7

paume

1.5

2.5

3.1

10

11.3

14.5

19.2

14.1

14.5

3.4

3.1

1.5

 

Jours de pratique en France Moyen âge à 1870

 

Lundi

Mardi

Mercredi

Jeudi

Vendredi

Samedi

Dimanche

choule

6

27.2

9

 

12.1

6

39.3

paume

12.9

12.2

8.3

9.5

9.1

10.3

37

 

 Date « d’extinction » officieuse : 1914 (fêtes patronales) et 39/45 pour la Choule à la crosse (témoignage le plus récent près de Bricquebec dans la Manche)

 Renouveau : juillet 2001  Pays d’Auge (fête thème jeux et réjouissances des normands autrefois)/ Foyer rural du Billot. Puis essentiellement Cotentin et Bessin : Saint-Lô d’Ourville, Bricquebec, Bayeux, Hemevez (Montebourg), Marigny (Saint-Lô). Parties annuelles dans l’Oise et dans le Drome sous une forme traditionnelle.

POUR EN FINIR AVEC L’IMAGE DE VIOLENCE


1/ notre époque ne peut juger les mœurs d’une autre époque. Les nôtres sont elles meilleures ?

La violence de la choule est moins forte que celle des guerres, on a fini par interdire plutôt que réglementer, alors qu’en Angleterre on faisait l’inverse. Pourquoi ? 

La rudesse du jeu canalisait en principe les haines liées à l’esprit de clocher. Les débordements n’ont pas pu être contrôler suffisamment pour assurer la pérennité du jeu. L’esprit de clocher s’est amoindri. 

2/ les récits parlent souvent de violence, d’invectives avant de jouer (un peu comme au calcio historico à Florence). Rarement on parle de choule sans incidents pourtant il y eu des choules qui se passèrent correctement, et c’était bien le but : officialiser et canaliser l’agressivité. Des règles existaient puisque des textes rappellent que certains ne les respectent pas. Malheureusement l’arbitrage des choules sans crosse  était difficile étant donnée l’étendue des aires de jeux. Il n’est venu à personne l’idée de restreindre celle-ci et d’organiser les « hostilités ». Peut être est ce justement le caractère spontané du jeu qui a fait cela. Le hurling et le foot gaëlique, irlandais disposent de règles très récentes (pouvant évoluer d’ailleurs) initiées dans un cadre de conservation d’un particularisme local et national même !

3/ Notre motivation est donc de rendre vivant ce patrimoine particulier bien enraciné dans la mémoire collective en canalisant la violence et en ancrant définitivement ce jeu dans notre époque en lui permettant d’évoluer avec spontanéité. 

Témoignges de la choule en Normandie


 Moyen Age 

Avant 1100 témoignages Londres Anglo-Normand
1347      Neufchâtel en Braye
1387      Vexin Normand contre Forêt de Lyons (27)
1395      Lettres de Rémission Pays de Caux (76)
1400      Abbaye de mortemer (fôrêt de Lyons/ 27)
1453      Harfleur (76)
?            Quevilly  / Couronne

 RENAISSANCE

1514: Miniature d’Ango    Rouen  (crosse) doc Bibli Nationale
1550:  Journal Sire Gilles Picot de Gouberville (50)
14 parties de choules citées
6 parties de crosses citées
1560: Mesnil de Jumièges contre Radepont (76) 

Ancien Regime

1770 Avranches (crosses clergé

 1775  Tinchebray 2 lettres (demande d’interdiction et regret de non interdiction du jeu

1776    Bricquebec (50) crosses (témoignage écrit)

     
XIXe 

1827 Granville témoignage dans une lettre (deux équipes et un but entre deux pierres)
 ? Valognes  jeu de la Savate
1847 Condé/Noireau (14)
1850 Avranches (50) Baptèmes/mariages
1851 2 cartes postales St Pierre Entremont (61) près Tinchebray
1851 Bellou en Houlme région Briouze (61) Fête patronale et Mardi Gras
témoignages concernant environ 500 joueurs et 5000 spectateurs
1852 St Hilaire de Briouze (61) Etude historique régionale Abbé Gourdel
1865 Yville (jeu de Pelote  ou « le divertissement ») (76)
1885 Chêne Douit
 Putanges (61) Retour de noces (petites balles)
1887 Témoignages dans « esquisses du bocage normand » Jules Lecoeur (ed Lechevallier)
parties concernant 4 villages jouant en même temps. Parties jouées sur plusieurs jours.
Pays de Caux : Poème de R Mensire sur les jours de choule
Région de Mortagne (61)

 XXe 

1913 Région Vire/Bény Bocage (14) témoignages oraux
1941/43 Bricquebec (50) témoignages oraux / crosses
fin XX eme Mortagne (61) ?  rumeurs…

 XXIe 

2001 St Pierre / Dives (14)
2002 St Lô D’Ourville Portbail (50) crosses
2003 St Lô D’ourville Portbail (50)/ Bricquebec   crosses
Mortagne ? rumeurs…
2004 Bayeux (14) / Bricquebec/ Hemevez / Montebourg  (50) (avec et sans crosses)
2005 Flamanville (14)/ Bayeux/ Bricquebec/ Hemevez/Montebourg/Valognes (50)

 CARTE des témoignages Choule  et Choule Crosse à ce jour.


LES JEUX DE CHOULE TRADITIONNELS PAR EQUIPE, HORS NORMANDIE.

 SCANDINAVIE
Knattleikr (période viking)

 SCANDINAVIE ET RUSSIE
Le Bandy

FRANCE  (hors Normandie)
Choule Picarde (survivance actuelle régulière)/ Choule du pays Vannetais (survivance sporadique)
Survivance sporadique près de
la Voulte, et Bordeaux au sud de la Loire et dans un village de Champagne.

 ECOSSE
Le Shinty 

MONGOLIE / et pays d’ex URSS
Combat de la chèvre 

IRLANDE ET PAYS DE GALLES
Le hurling et le foot Gaélique

FRANCE NORD ET BELGIQUE
La choulette 

ITALIE
Calcio historico.

CANADA
Le Lacrosse

INDIENS D’AMERIQUE DU NORD
La Crosse 

INDIENS DU CHILI
Le Palin

 

ETUDE COMPAREE DES SPORTS DE LA MEME FAMILLE 

 

CHOULE/SOULE

 

FOOT US

SOCCER/FOOT

RUGBY XV

RUGBY X III

Règles minimum

Règles strictes

Règles strictes

Règles strictes mais évolutives

Règles strictes mais évolutives

Violence non contrôlée sf rares exceptions

Chocs 1 contre 1 le + souvent

 

Violence exclue, choc limités

Chocs mêlés

Chocs mêlés limités

Jeu au pied (cité/village) et surtout à la main + crosse

Jeu essentiellement à la main. Au pied pour des points

Jeu essentiellement au pied

Jeu essentiellement à la main/ tactique et points aux pieds

Jeu essentiellement à la main + qu’au XV

Pas de Hors jeu et pas de lignes

Pas de Hors jeu mais jeu de lignes essentiellement

Hors jeu, pas de jeu de lignes

Hors jeu et jeu de lignes le + souvent

Hors jeu et jeu de lignes important

En avant possible

En avant possible

En avant possible

Pas d’En avant

Pas d’En avant

Jeu à terre

Pas de jeu à terre

Pas de jeu à terre

Jeu à terre fréquent réglementé

Pas de jeu à terre

Lien avec coutume

Cycle de l’avent et de carême. Mariage/fécondité

Pas de coutume

Pas de coutume

Pas de coutume

Pas de coutume

Milieu social campagnard essentiellement. Abandon par noblesse (renaissance)et par la ville (moyen âge)

Milieu étudiant

Milieu populaire mais pas exclusivement

Milieu étudiant/ Commerçant

Milieu non spécifique

Entre villages ou catégories sociales

Equipes constituées/Championnat

Equipes constituées Championnat

Equipes constituées Championnat

Equipes constituées Championnat

 

DISPARITION Officielle milieu XIX eme. Intervention de police.

Dernière rencontre officielle sur autorisation préfectorale en 1899 à Honfleur. Rencontre clandestines en Normandie jusqu’en 1913, à la crosse jusqu’en 43, en Bretagne jusqu’au début XX eme, en Picardie et  en Ardèche au moins une fois par an de nos jours sur un site. Reconstitutions historiques ou non en Normandie avec ou sans crosses 2000 à 2006

DIFFUSION MONDIALE LIMITEE

DIFUSION MONDIALE MAXIMUM

DIFFUSION MONDIALE MOYENNE

DIFFUSION MONDIALE LIMITE

Qualités : Force / rapidité/ fortes individualités soutenues par un groupe

Force / Rapidité/adresse/ Sens du collectif

Adresse/ Rapidité /fortes individualités servies par le collectif ou collectif très organisé

Adresse / rapidité / Sens du collectif/Force

Rapidité/Force

 

 

HURLING/Foot gaelique/ Shinty écossais

CALCIO

LACROSSE

Québecoise

FOOT AUSTRALIEN

Règles variables

Règles très libres

Règles strictes

Règles stricte

Violence contrôlée

Violence contrôlée

Violence contrôlée

Violence contrôlée

Jeu au pied et à la main + crosse

Jeu au pied et à la

Main

Jeu à la crosse

Pieds et mains. Terrain Ovale. Beaucoup de jeu au pied. But de rugby. Zones de jeu au milieu du terrain et devant chaque but

Pas de Hors jeu ni de lignes

Pas de Hors jeu ni de lignes

 

Pas de hors jeu

Pas d’En avant

Pas d’En avant

Jeu en avant possible

Jeu en avant possible

Pas de jeu à terre

Pas de jeu à terre ?

Pas de jeu à terre

Pas de jeu à terre

Lien avec coutume

Coutume

Coutume.Origine France de l’Ouest, Hurling et indienne ou mixte ?

Entrainement des joueurs de cricket l’hiver fin XIX eme. Une similitude certaine avec le foot gaélique..

?

Milieu populaire urbain

 

Plus populaire que le rugby en Australie

Equipes constituées Championnat (M et F)

Sud de l’Eire

Equipes de Quartier.

Rencontre rituelle

Equipe de villes/ Championnat Canada et USA

championnat

DIFFUSION TRES LIMITE E

DIFFUSION TRES LOCALE

RENCONTRE ANNUELLE

DIFFUSION LIMITEE

DIFFUSION TRES LIMITEE

Rapidité/ Force

Rapidité/ Force

Rapidité/ Sens du collectif

Adresse/rapidité

  

RECITS DE CHOULES


 « Au soir sur les onze heures j’envoyai François Doisnard chez mon cousin de Brillevast et chez le capitaine du Teil porter des lettres afin qu’ils nous amenassent de l’aide pour la choule  de Saint Maur à demain », 
 « J’estoy tant las de la choule de Sct Mor que je ne pouvoys aider », 
« Vêpres dites nous fûmes jusques à la nuit à crosser près de l’église », 
« le curé bâtonne à la choule tout le reste du jour ». 

EXTRAITS DU JOURNAL DU SIRE DE GOUBERVILLE, GENTILHOMME DU COTENTIN (1550)

 

 Choule à Mountsecret

 "Eun genti jou de choule en Normaundie"


        
        Libre adaptation d’un texte évoquant une partie de choule paru dans « Aux chiottes l’arbitre, ces footballeurs qui nous gouvernent », de Daniel Denis (Politique aujourd’hui n° 5, non daté). A la base, l’auteur a extrait le texte des Archives départementales de l’Orne.

 

Le Lieu : entre Condé/Noireau et Tinchebray dans l’Orne

 

Les belligérants : St Pierre d’Entremont altitude 146 m contre Montsecret altitude 202 m.

1,5 km entre les deux. La Bazoque est à 4,5 km et Cerisy Belle Etoile à 3 km est au milieu des trois. Le Mont Cerisy est à 280 m au milieu de tout cela. Voir photos et vielle carte à la fin.

          La brigade de gendarmerie vient probablement de Tinchebray, chef lieu de Canton, mais cela peut être aussi de Flers qui se trouve au Sud Est à 7.5 km de Cerisy.

 

      Ch’était-i à l’Assemblaée és Roués ou és Jouors grâs, no sait paé oû juste anhyi cha qu’i ’n est...

     Toujous est-i qu’eun jou d’arryire biâo et sé, eun miot freid, i fallait byin se recâoffaer parai ! Je vous prêche d’eun temps d’âotefeis yoù qu’i yavait brin de midures en Normaundie, et paé mais biâocoup de bouones gens à tergi la goule sous le naez espéraunt que cha leus tumbe touot tchut du cyil dauns leus bé.

     Etait-ce à la Fête des Rois ou à Mardi-gras, on ne sait plus de nos jours…

     Toujours est-il qu’un jour d’hiver, beau et sec, un peu froid, il fallait bien se réchauffer, n’est-ce pas ? Je vous parle d’une époque ancienne où il n’y avait pas de trouillards en Normandie, et peu de personnes à attendre que ça leur tombe tout cuit dans la bouche !

    

     Eune choule était doun à gangni dauns eun pais de Normaundie…
     Une choule était donc à gagner dans un coin de Normandie…

 
     Va yavaer du câtu ente les *hale à tchu de Sant Pyire et les graunds sicots de Mountsecret, cheus-chin s’étaunt co eune feis liguis d’accaunt les cache-pouques de la Bazoque. Ch’té choule feut l’annaée passaée dauns la pouquette des gâs de Sant-Pyire et cha faisait déeus coups s’ente-suusaunt co !

     Mais les syins dé La Bazoque et de Mountsecret l’avaient gâolaée avaunt cha déeus feis itou pou leus coumpte, i l’avaient trachie jusqu’oû mitaun de la maisoun de Moussieu noute Maire de Mountsecret pou la gangni.

    Va y avoir de la bagarre entre les fortes têtes de St Pierre et les grandes échasses de Montsecret, ces derniers s’étant à nouveau associés avec les commis de meunier de la Bazoque. Cette choule avait été remportée l’an dernier par les gars de  Montsecret et cela faisait deux fois de suite en plus !

     Mais ceux de la Bazoque et de Montsecret l’avait prise aussi deux fois avant cela et l’avaient ramenée gagnante dans la maison de notre Maire à Montsecret.

 
     No-z-était prêt à s’écrigni vos pensaez byin pouor racachi tcheu sei la choule de l’annaée. Les goulâfres de Sant Pyire co pus qué l’s aôtes !

     On était prêt à se déchirer pour rapporter la choule de l’année vous pensez ! Les affamés de St Pierre encore plus que les autres.

 
      Tchu coup-lo, cha yétait co pus de counséquenche rapport à ch’que les déeus chevalyis de Sant- Pyire et de Mountsecret (qui devaient nier ou muchi la choule) pouvaient paé s’faire genti ente yeus rapport à la Mathilde.

      Cette fois là, c’était encore plus important à cause des deux champions de St-Pierre et de Montsecret qui devaient noyer ou cacher la choule et qui ne pouvaient pas se supporter à cause de la Mathilde.

       Ch’ti-chin restait à Mountsecret mais s’n ouvrage était à Sant-Pyire. Cha fait que belle et fène coume ol ’tait, o se faisait armerqui pa les gâs des déeus villâches. Les pus roguus et les pus biâos, cha yétait  Lexis de Sant-Pyire et  Guustin de Mountsecret  et coume dé juste ch’était doun les chevalyis  de la choule achteu !

       Celle-ci vivait à Montsecret mais son travail se trouvait à St Pierre. Ce qui fait que belle et intelligente comme elle l’était, les garçons des deux villages la courtisaient. Les plus courageux et les plus beaux c’était Alexis de St Pierre et Gustin de Montsecret et bien entendu c’étaient les deux champions de la choule présente !

      Ol avait paé fait sen choués ente les déeus houmes, yavait l’temps d’veî, p’têt byin qu’i yen érait eun treisyime… ch’est pourqui ! Mais nos déeus chevalyis étaient asseuraés,  ieus, d’ête tous seus dauns le quoeu de Mathilde et pouor finin ch’t affaire eune feis pour toute, i fîtent assavei que ch’ti-lo qu’érait la choule, érait le quoeu de Mathilde itou !

      Elle n’avait pas choisi entre les deux hommes, on avait le temps pour voir cela, et peut être qu’il y en avait un autre…à vrai dire ! Mais les deux champions, eux, pensaient être les seuls à pouvoir rivaliser pour le cœur de Mathilde et pour en finir une fois pour toutes avec cette querelle, ils firent savoir que celui qui remporterait la choule aurait le cœur de Mathilde par la même occasion !

        Pa la d’ssus, pour Sant-Pyire eune belle file coume la Mathilde  cha valait l’coup d’yête ernaé et pour  Mountsecret paé questioun de perde  eune file de pus, et co mens la choule !

      Et comme ce n’est pas tout, pour St Pierre une belle fille comme Mathilde cela valait le coup de s’éreinter, quant à Montsecret pas question de perdre une fille de plus et encore moins la choule !

      Es alentou, ceus-lo de la Bazoque, i se mettaient tréjous en souen de s’accotaer sus les villâches veisins pou yête pus quoeurus !

     Ainchin y avait itou la couaée de la Mouture qui se viyait d’âoqueuns coups engagie    d’aveu      conte       la mouorie des syins de Sant Pyire et ol ’tait doun d’aveu eune racachie     counséquente. Ol était roguue, indène, brin mégâoche,…  mais brin fiablle.

      Aux alentours ceux de la Bazoque se mettaient toujours d’accord avec les villages voisins pour être plus forts.

     Ainsi on avait la « couvée » de la Mouture qui s’était engagée parfois face à la cohue des gens de St Pierre et elle se trouvait donc face à une force importante. Elle était solide, intrépide, et pas maladroite, mais pas assez forte pour tenir seule.  

 
     D’aveu qui qu’o se capuch’chait à çu coup-lo ? Héreusement vyint eune aide  pour yête point accouennyie avaunt d’avei veu  la choule dauns le village de Cherizy (en terran neute et oû mitaun des treis *hammiâos les pus counséquents) coume cha yétait d’acco ente les parties qui sount achteu à s’acachi pour déouinceler les syins de Sant-Pyire !

    Avec qui se mesurait elle donc cette fois là ? Heureusement arriva une aide lui évitant d’être coincée avant d’avoir vu la choule portée à Cerizy (c’est à dire  en terrain neutre et au milieu des trois villages les plus importants) ainsi que cela avait été convenu avec tous ceux qui s’étaient rassemblés pour pourfendre ceux de St Pierre !

           Et les pitous de Cherisy Belle éteile, qui qu’i se démentraient co d’inventaer ? Ch’est qu’il avaient de la tuche, ches galfessyis-lo ! V’lo doun les syins de Cherisy Belle éteile et les épatous de Mountsecret dé par ensemblle qui se foutent bas du *hâot d’eune *hougue sus les pouores *hale à tchu de Sant-Pyire d’Entremount. Les bégâods de la Bazoque s’en vyinent byin-à-coup à pique dé galop, ch’tait brin d’excès en avaunche, rapport que dauns les caches il avaient prêchi d’aveu les pitous et les sicots dé qui qui locherait en prémyi les bédas de Sant Pyire pou l’s empêchi d’amenaer la choule dauns le lavous oû mitaun de leus pllèche du villâche. Ch’est byin eune minsère de vatraer l’iâo coume chenna mais ch’est la couoteume !

      Quant aux garnements de Cerisy Belle étoile, que n’allaient-ils pas imaginer ? C’est qu’ils ne manquaient pas d’idées ces vauriens coureurs de jupons ! Voilà donc que les garnements de Cerisy et les crâneurs de Montsecret dégringolent ensemble d’une colline sur les malheureux entêtés de St Pierre. Les freluquets de la Bazoque arrivent bien à propos à toute vitesse, et c’est pas trop tôt dans la mesure où ils avaient discuté en chemin avec les autres compères et têtes de linotes de qui renverserait en premier les lourdauds de St Pierre pour empêcher ceux-ci de tremper la choule dans le lavoir au milieu de la place de leur village. C’est bien  malheureux de salir l’eau comme ça, mais c’est la coutume !

 
    No veit à la partie de lo eune vlopaée d’alipauns s’en v’nin de touos les côtaés, à fait ryin que pouor queri la choule, et maême des criyatures se démentent d’en faire oûtaunt et, Noum dé Zo, no sait byin cha que peut bailli de chatouornes eune fème erganne !!!

 
A partir de ce moment-là on voit une multitude de coups venir de partout, dans le seul but de prendre la choule et même des femmes sont de la partie et, sacré nom, on sait parfaitement ce que peut donner comme claques une femme hargneuse !!!

      Les pitous et les sicots veulent évadaer l’s aôtes, les gaumbes sount coume des *hale-crocs. Par ichin eune mouorie de frélaumpyis s’affouent l’s euns conte l’s âotes et par ilo cha quemaunche à frinotaer. No-z-est évâopillis à la guilmargouère, no s’ *happe és guitus. En dessous no-z-est coume tchut à la craque !

     Les garnements et les grandes gigues veulent chasser les autres, les jambes ressemblent à des crochets. Par ici une multitude de vauriens s’excitent les uns contre les autres et par là ça va bouillir. On est cul par-dessus tête, on s’attrape par les gosiers. En dessous on est comme cuit à l’eau bouillante !

 
     Mais iyoù qu’est la choule ? No la veit pus ! Qui qu’i l’a muchie ?

     Ah ! Cha yest ! Des gâs se bouolinguent dauns eune fllaquyire, no-z-y va, no cllapaôde et no se pile dessus ! Cha déguérotte en touot sens, cha daunche, no-z-ôque, touot est à la valdrague achteu maisi. Cha s’ pourrait byin que no veie du « pur jus » de bouonhoume souorcinaer dé d’ lo !

     Mais où est donc la choule ? On ne la voit plus ! Qui l’aurait cachée ?

     Ah ! La voilà ! Des gars se bousculent dans une grande mare d’eau, tout le monde s’y retrouve, on patauge là dedans et on se marche dessus ! Cela part dans tous les sens, on se piétine, on s’entaille, tout est dans un désordre indescriptible à présent. Il se pourrait bien qu’on voie couler du « pur jus » d’homme de là-dedans !

 
     No veit  le Lexis  de Sant-Pyire s’ripaer d’aveu la choule engataée sus sen quoeu en soungeant *haôt à Mathilde,  dreit devers sen cllochi, mais le Guustin  de Mountsecret est paé louen de li et d’eun alipaun de l’épâole i l’envie  valdinguaer dauns le creus, cha s’adoune à li faire eun ratou, taundi cha que treis aôtes s’évolent sus li pou li arrachi la choule et la bailli à Guustin.

     On voit l’Alexis de St Pierre sortir de là avec la choule calée sur son cœur en pensant très fort à Mathilde, allant droit vers son clocher, mais Gustin de Montsecret n’est pas loin de lui et d’un grand coup d’épaule il l’envoie valser dans le fossé, ce qui lui fait faire un tour sur lui même, pendant lequel trois autres lui tombent dessus pour lui arracher la choule et la donner à Gustin.

      Ah… Ch’ti-lo chuche la choule sauns trachi de tours et i s’la fait arrachi par eun gâs de Sant-Pyire, oûssitôt pilaé par touote eune trivelanne de bouones gens de touos les villâches !  

     Ah… Ce dernier sans faire attention, embrasse la choule à pleine goulée et il se la fait prendre par un gars de St Pierre, aussitôt écrasé par une quantité de gens de tous les villages !

      A l’asseiraunce, âoqueun parti ne bouordille, ch’est le brasyi dauns le mitaun des tchimbelets, no veit des loriques dé partout.

     Ch’est alo qu’eun ébrai  corrompt la mélaée : « les gens d’armes ! Sâove qui l’peut !». La brigade veisène s’en vyint  à la galope des quevâos !

     Le soir venu, aucun parti ne faiblit, il y a le feu dans la mêlée, on voit des loques partout.

     C’est alors qu’un cri interrompt la mélée : « les gens d’armes ! Sauve qui peut ! ». La brigade voisine à cheval arrive au galop !

      De la secousse… Les v’lo touos devenin amins, ch’ti-lo qu’est en couorous no l’ainde à se dépataraer ; les fissets és veisins, la couoche brun dé l’aôte villâche, chaqueun se rapipe et no-z-a du revan dauns la fuute ; touos, je vous prêche à cllai (à part Lexis   et  Guustin  qui se guettent d’eun neir u et se racachent chaqueun de sen côtaé), veire touos  se sount allotaés sous la bannyire de l’ébrai de *Haro ! Touot chenna pou se détoupinaer des gens d’armes.

     Du coup… Ils redeviennent tous copains, celui-ci qui est mal en point on l’aide à déguerpir ; les fils des voisins, la belle mère de l’autre village, tout le monde se réconcilie et on a du regain dans la fuite ; tous, je vous le dis tout net (seuls Alexis et Auguste se regardent d’un œil sombre et partent chacun de leur côté), oui tous se sont rassemblés sous la bannière du cri de Haro ! Tout ça pour faire la nique aux gens d’armes.

      Mais que cheus-chin arrivîtent, la pllèche était veude. Taundi cha, la forche publlique gllannit oû mitaun, (ô vanitaé de la vie d’s houmes !), la choule… pilaée, la choule étrillie. Les livraées dé ch’tté-chin dauns la boe ! Ryin qu’eun morcé d’chique touot bouonement… Héreusement le quoeu de Mathilde, li, battait reide byin, mais me demaundaez paé pouor qui gâs.

     Quand ceux-ci arrivèrent, le terrain était vide. Cependant, la force publique ramassa au beau milieu (ô vanité de la condition humaine !), la choule… écrabouillée, la choule déchiquetée. Ses rubans de fête dans la boue ! Réduite à un simple bout de chiffon. Heureusement le coeur de Mathilde, lui, battait comme il faut, mais ne me demandez pas pour qui.

 
 
   Fâot-i prêchi bouones gens d’eune morale d’aveu ch’t histouère ?
    La v’lo doun.

    Faut il parler braves gens d’une morale à partir de cette histoire ?
    La voilà si vous voulez.

      Magène que les syins de tauntôt que no-z-a guettis se vlâodaer, les v’lo achteu qui s’raccachent à supaer de par ensemblle de bouones chopènes de beire et, magène byin que veire, la partie de choule o s’ra reminse à  ieune âote feis, ch’est reide seur… Dauns eune annaée, ou byin co pou le ma’iage à Mathilde, mais d’aveu qui ?

      Ou byin dauns eun syiclle, ch’est pouorqui !

     Je pense bien que ceux qu’on a vu il n’y pas si longtemps s’étriper, les voilà à présent qui se retrouvent ensemble à boire de bonnes bouteilles de cidre et bien sûr que la partie de choule, elle sera remise certainement à un autre jour… Dans un an, ou encore pour le mariage de Mathilde, mais avec qui ?

     Ou dans un siècle, allez savoir !                          



                                                                                                                      

 

LES REGLES DES CHOULES


Règles pour la choule à la main et aux pieds (grande choule)

 L’enjeu est de trouver une règle qui se rapproche de l’esprit initial des parties connues tout en évitant les risques liés à une pratique anarchique. Le jeux en équipe sera choisi plutôt que le gain individuel de l’eteuf. Les jeux au pied et à la main seront mixés. Ce jeu ne doit ressembler ni au rugby, ni au foot-ball gaellique, soccer , ni au foot-ball américain ou australien, même s’il n’en sera jamais très éloigné. A la base  ne pas oublier qu’il s’agit d’un jeu de gagne terrain et de poursuite, c’est également un jeu guerrier. C’est une sorte de préparation militaire et un moyen de règlement des rivalités latentes entre deux villages, deux régions (la ville contre les alentours par exemple – cf le journal du sire de Gouberville : choule entre Cherbourg et en deçà), les hommes mariés établis et les non mariés en quête d’un statut social…)

 La taille du terrain dépendra du nombre de joueurs (compter 150 m / 75 m pour  25 joueurs par équipe, ce qui fait 15 m / 15 m de champ  pour chaque joueur. Outre la zone centrale carrée on peut prévoir une zone humide au milieu du terrain de chaque côté du carré ou devant chaque ligne de marque, afin de figurer un cours d’eau et d’agrémenter la partie….

 La Balle : elle est en mousse entourée de cuir et avec une poignée en cuir. Eventuellement une ouverture avec le gain symbolique à l’intérieur.

Les Marques ou buts pour un grand terrain: une zone de 5 mètres de large sur toute la largeur du terrain où l’éteuf devra être portée à la main, un carré de 5 sur 5 où l’éteuf pourra être déposée à la main ou envoyée au pied ( une planche de rebond sera posée juste derrière), cette dernière est une zone où l’on ne peut pénétrer sans l’éteuf (notion de hors jeu). L’arrivée sur cet endroit, outre un point, pourra donner un avantage à l’équipe gagnante, soit en point bonus, soit en gain de terrain pour la partie suivante (par exemple le gain de l’engagement suivant).

 
Engagement : l’éteuf est lancée symboliquement en l’air au milieu de la zone d’engagement. Au moment où elle tombe à terre les équipes positionnées en dehors du carré (ce carré représente le village de départ), s’élancent pour jouer celle ci au pied tant qu’elle demeure dans le carré. Le non respect de cette règle donne l’éteuf à l’autre équipe qui se positionne avec elle sur le côté jaune ou rouge du carré suivant qui a fait la faute (jaune si ce sont les jaunes) . L’autre équipe est reléguée à une distance correspondant à la longueur de l’envoi au pied ou à la main d’un des attaquants. Elle ne pourra pas bouger de cet endroit tant que l’équipe adverse n’aura pas progresser jusqu’à son niveau. La zone d’engagement est une donnée tactique à prendre en compte, en repassant par elle on doit jouer au pied.

 Remise en jeu touche : au pied dans son terrain, au choix dans le terrain adverse

 Fautes : celles ci sont sanctionnées comme il est dit pour l’engagement. Elles correspondent au non respect des règles de progression ou à des comportements dangereux. Pour ces derniers une exclusion est requise allant d’un engagement à la partie toute entière.

 Bataille : c’est l’essence originelle du jeu semble t-il, mais il est à noter qu’il avait pour mission, en principe, de canaliser les rivalités et de les focaliser le jour de la choule.

 C’est aussi le point le plus difficile à « réglementer », on le voit bien au rugby où les règles tentent d’être moins « fixantes » qu’au jeu à XIII où au foot-ball américain, encore que ce dernier grâce à la passe en avant qui a fini par triompher (contre l’interdiction du jeu en avant) permet d’ouvrir les possibilités. La contre partie étant qu’au rugby l’interprétation des règles est souvent laissée à la libre appréciation de l’arbitre…

  Il convient d’éviter les débordements en tout état de cause. Si l’on se réfère au jeu de Hurling ancien (à ne pas confondre avec le jeu de crosse ou sans, irlandais) au Pays de Galles, il n’était possible d’avoir de contact qu’entre deux joueurs déterminés par paire avant la partie, et le joueur à terre ou le « joueur agressé » devait crier un mot pour se mettre en dehors du jeu . Au Hurling irlandais il n’y a pas de placage et la balle au sol ne peut être jouée à la main.. Sans aller jusque là on peut envisager que tous peuvent être adversaires, mais en effet obliger le joueur à terre ou bloqué à demander « un arrêt » et à  jeter l’éteuf dans (vers) le camp adverse, les « bloqueurs » du moment faisant un rempart de leurs bras pour éviter que l’éteuf aille trop loin ! on arrive ainsi à un système plus clair que celui du rugby à 15, et plus souple aussi. Il est également plus souple que celui du jeu à XIII et du foot ball américain. On peut aussi déterminer que le joueur bloqué lâche l’éteuf sur place au profit de l’autre équipe…

 On peut considérer que la défense consiste à bloquer la progression et la mise à terre ne doit pas être intentionnelle.

 Gain : Pour déposer la balle sur le camp adverse les joueurs peuvent progresser au pied sur tout le terrain et à la main uniquement en dehors de la zone d’engagement réservée au jeu au pied (1/5 de la surface de jeu) ou inversement. Les passes peuvent se faire en avant, mais aucune passe ne peut se faire à un équipier qui serait positionné en zone de but adverse. Une éteuf arrivée en zone de but à la main sans être portée devra être ressortie pour être reportée (balle captée suite à une passe au pied ou à la main d’un partenaire)! 

 Tactique : les différentes zones de but ou de terrain, les possibilités de progression (pieds, mains, en avant en arrière) impliquent des choix, de positionnement comme sur un champ de bataille. Le renoncement au jeu à terre apporte plus de fluidité, et moins de risques de blessures sans renier les contacts physiques.

CHOULE A LA CROSSE


Matériel : une crosse par joueur (faite dans une branche de frêne ou à commander à Te Ch Nor)

Idéal à partir de 4  joueurs. Peut se jouer sur la plage sur sable sec ou sur sable mouillé très dur.

Un terrain rectangulaire avec un but ( viquet) signalé par deux poteaux verticaux et un horizontal posé dessus, de 1,5 m de large environ. La taille du terrain est en général de l’ordre de celle d’un terrain de tennis ou au plus d’un quart de terrain de foot suivant le nombre de joueurs.

Les joueurs, pour gagner, doivent avec la crosse faire passer la choule dans le viquet de n’importe quel côté ou faire tomber la barre transversale, soit directement (ce qui peut valoir un point en plus), ou en touchant simplement les poteaux.
La progression de la balle se fait à la crosse ou au pied, mais on ne peut jouer au pied que si le coup précédent avait été fait avec la crosse. Pour faciliter le jeu on peut déterminer au départ la possibilité de jouer un peu plus au pied. On ne peut pas jouer la balle dans la zone devant le but (2 m sur 2 environ)

Il est possible de prendre la balle à la main de deux  manières, si celle-ci est sortie sur les côtés ou pour la frapper en l’air avec la crosse après, à condition que le premier joueur autour soit au moins à 1 mètre. 

Quand la balle sort derrière le but ou si elle reste dans la zone, alors la balle est à la défense qui réengage depuis sa zone de viquet. 

Le gain de la partie est à déterminer entre les joueurs

CHOULE A LA MAIN ET AUX PIEDS SIMPLE


Matériel: une balle de mousse ou en plastique, éventuellement deux poteaux avec un fanion dessus pour marquer le but à atteindre.

Idéal à partir de 8  joueurs.

Un terrain rectangulaire avec un but (la mare ou le douet) signalé par un carré d’environ 2 m sur 2m, avec éventuellement un rebond derrière (talus de sable, bloc de mousse), et un espace derrière les buts. Peut se jouer sur la plage sur tout type de sable. 

Première phase : 

Engagement : jeu au pied seul.

Les joueurs désignés (un ou deux) pour l’engagement s’élancent au signal de l’arbitre pour ramener la balle au pied dans leur camp (derrière la ligne pointillée) par tous moyens y compris en empêchant celui qui n’a pas le ballon de s’en approcher. 


Deuxième phase :

 Aller noyer la pelote dans la mare : jeu au pied et la main. 

L’équipe qui a gagné l’engagement peut se déployer sur le terrain et faire progresser la balle par tout moyen (passent au pied, à la main, de tous côtés), l’autre équipe peut s’élancer dès que la balle a dépassé la ligne de camp adverse (pointillé). Chaque équipe peut empêcher l’autre de progresser en bloquant les autres joueurs même s’ils n’ont pas la balle. Un joueur qui est bloqué avec la balle (deux secondes, pas de passage en force sauf si les joueurs le décident à l’avance) doit la lancer ou la lâcher, sinon la balle est donnée à l’autre équipe, et l’équipe bloquée doit reculer derrière la ligne la plus proche en arrière d’elle. 

Troisième phase : 

Le but est valide quand la choule est envoyée dans la mare au pied ou à la main et qu’elle y reste, les défenseur ne pouvant pas l’interceptée quand elle passe dedans.

La partie est gagnée au bout d’un certain nombre de noyade de choule déterminé à l’avance par les joueurs, ou pour l’équipe qui a pratiqué le plus de noyades en un certain temps.

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