Faire prospérer la langue wallonne
Même si la langue wallonne a tendance à se perdre, certains luttent pour sa postérité. Un livre en wallon va sortir ce samedi à Bièvre.
- Publié le 05-10-2013 à 06h00
Lucien Mahin, samedi après-midi au Centre communal de Bièvre aura lieu la présentation du livre « Lès Grignous » de Gaston Lucy. Justement, qui était Gaston Lucy ?
Il s’agit de l’un des premiers écrivains wallons de la région. Je parle d’une période où le wallon était la langue usuelle pour une très grande majorité des villageois. Gaston Lucy écrivait pour un toute boîte. Le livre « Lès Grignous » est le seul roman écrit par Gaston Lucy. L’histoire, basée sur des faits réels, se passe au XVIIIe siècle, dans les forêts entre Louette-Saint-Denis et la France, ce que j’appelle le « payès d’ersè ». Parce que le wallon parlé à Paliseul n’est pas le même que celui que l’on pouvait parler à Charleroi par exemple. Chaque village avait son propre dialecte.
Début des années 90, un groupe s’est mis en place, non ?
Exactement. Louis Baijot, qui était un ami de Gaston Lucy, a relancé un groupe avec Pierre Otjacques. Trois tables de conversations étaient ainsi mises en place. Le nom du groupe était « Les rcauzeus d’walon ». Nous nous réunissions à Bertrix. Yves Gourdin était notre premier président. Le groupe comptait une vingtaine de membres. Nous ne parlions pas uniquement de souvenirs. Cette langue ne doit pas servir à parler de ce qui s’est passé avant, mais bien à parler de choses actuelles.
Le groupe « Li Rantaoele » s’est mis en place en 1996. Une idée bien précise existe maintenant ?
L’objectif est de trouver une forme écrite commune du wallon. Nous ne nous attaquons pas au parlé, juste à l’écrit. Comme je l’ai expliqué, chaque village parle un dialecte différent. Donc, pour lire différents textes venus d’un peu partout, il faut à chaque fois se réhabituer. Là, il ne devrait faire l’effort qu’une seule fois pour pouvoir lire des choses différentes.
Pourquoi encore écrire en langue régionale aujourd’hui ?
Il s’agit de la seule langue créée en Wallonie. La Wallonie a parlé cette langue pendant dix siècles et puis, une autre langue est arrivée et l’a remplacée. Pour moi, il s’agit d’un choc psychologique qui n’a jamais été reconnu. Cela handicape d’ailleurs les Wallons d’aujourd’hui. Si ces derniers se réappropriaient la langue wallonne, ils se réappropriaient de la créativité et de l’initiative en même temps. Nous sommes les seuls à pouvoir rétablir cela. Personne d’autres ne peut le faire. L’histoire avance par fractures. Peut-être qu’un jour, les langues régionales reviennent à la mode.
Comment le wallon peut-il revenir au goût du jour ?
Pour revenir, il doit être utile aux gens. Avant, le wallon, il s’agissait de la littérature du cœur. Pour les générations actuelles, ce n’est plus le cas. Les meilleurs exemples sont le luxembourgeois et le catalan.
Vous avez déjà écrit une petite dizaine de livres. Des projets sont en route pour le futur ?
J’ai un recueil de nouvelles qui est prêt, mais la question est de savoir qui va le publier ? Car le lectorat est de plus en plus restreint.¦