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« Comment j'ai créé Goldorak » - Le Parisien

« Comment j'ai créé Goldorak »

CINÉMA. Rencontre, au Festival du film d'animation d'Annecy, avec Go Nagai, créateur des robots Goldorak et Mazinger, qui prépare leur sortie sur grand écran.

    On n'a pas envie de faire de la psychologie de bazar, mais lorsqu'on rencontre Go Nagai, 71 ans, le créateur de Goldorak, sur les bords du lac d'Annecy, on est si surpris par sa petite taille — 1,60 m — qu'on a envie de lui demander si c'est la raison pour laquelle il a fantasmé des robots si géants. « J'avais bien conscience qu'un tel gigantisme était audacieux... » sourit-il.

    Go Nagai est une légende vivante. Au Japon comme dans le monde. Pas seulement grâce à Goldorak -- Grendizer en japonais. Car ce monstre de métal piloté par Actarus, qui lance ses fameux fulguropoings, créé en 1975, faisait suite à deux autres sagas — en mangas puis en séries animées — de robots futuristes sauveteurs de la planète Terre, Mazinger Z (1972) et Great Mazinger (1974), populaires sur tout le globe (en France, « Goldorak » a été diffusé en premier, sur Antenne 2 en 1978).

    Au Festival du film d'animation d'Annecy, Go Nagai a passé cinq jours à donner des interviews et à signer des autographes. Même le grand cinéaste mexicain installé à Hollywood Guillermo Del Toro, réalisateur de « Pacific Rim », histoire de robots géants héritiers de Goldorak, lui a demandé de lui faire des dessins dans son carnet de notes. Si Go Nagai était invité à Annecy, c'est pour accompagner son neveu qui prépare — inspiré et conseillé par tonton — une nouvelle version cinéma de « Mazinger Z » prévue « prochainement ».

    Ce petit homme charmant et rieur avait-il conscience, lorsqu'il a dessiné ses premières planches, du succès colossal qu'auraient ses mangas ? « Evidemment, c'est le rêve de tout créateur. Sauf que je n'aurais jamais imaginé une telle popularité planétaire. » Mais au fait, comment tout cela a-t-il commencé ? « Enfant, j'étais fan du petit robot Astro Boy. Quand je me suis lancé dans les mangas, je rêvais de créer ma propre série de robots, mais le genre étant saturé, il fallait que je trouve quelque chose d'original. Un jour, dans un embouteillage à Tokyo, j'ai commencé à imaginer que la voiture devant moi allait bouger en extrayant de sa carrosserie des bras et des jambes : l'idée était née. »

    L'une des particularités de la démesure de Goldorak, c'est qu'il se bat contre ses ennemis robots tout aussi énormes, à coup de projectiles trouvés sur place : voitures, camions, immeubles entiers. « Je suis né en 1946 dans un Japon ravagé par la guerre. Quand j'ai débuté dans le dessin, les images du Tokyo dévasté de mon enfance me hantaient encore. D'où, sans doute, ces scènes de destruction. Mais j'avais aussi en mémoire la reconstruction de ces immeubles immenses de Tokyo. Le gigantisme est important pour moi. » En témoignent les premières images, impressionnantes, du futur « Mazinger Z » qu'il a montré mercredi : encore des robots monumentaux, encore des immeubles détruits... Go Nagai est vraiment un géant.