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Phonétique d’un parler irlandais de Kerry/3-2

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Troisième partie. Le groupe. La syllabe. Le mot. La phrase.
Chapitre II. — Assimilation, différenciation et chute dans les groupes consonantiques


Chapitre II
Assimilation, différenciation et chute dans les groupes consonantiques

§ 233. L’assimi­lation dans les groupes consonan­tiques porte ou sur la qualité vélaire ou palatale, ou sur la sonorité.

§ 234. En principe, deux consonnes appar­tenant au même groupe explosif ou implosif sont toutes deux vélaires ou toutes deux palatales. Cette règle comporte des excep­tions, qui ont été signalées à propos de chaque phonème ; c’est ainsi que :

Les guttu­rales k, g, ŋ, χかい, ǥ ne sont pas palatales devant , , (§§ 35 et 61).

C’est s, non ʃ, que l’on a devant b̬ʹ et (§ 72).

χかい se maintient devant (§ 30).

r est vélaire devant dentale palatale (§ 81).

Dans l’état actuel de la langue, on n’a plus guère l’occasion d’observer les tendances assimi­latrices à l’œuvre dans les groupes explosifs ou implosifs, les groupes anciens étant assimilés de longue date, et la formation de nouveaux groupes initiaux ou finaux étant un phénomène excep­tionnel.

§ 235. Il arrive cependant que, l’accent frappant la deuxième syllabe du mot, la voyelle de la première syllabe tende à être syncopée, laissant en contact les consonnes qui la précé­daient et la suivaient (cf. § 279 sq.) ; dans ce cas, lorsque ces deux consonnes sont de qualité diffé­rente au point de vue de la palata­lisation, on voit se produire des assimi­lations régres­sives. C’est ainsi qu’on a :

Palatalisation d’une consonne initiale vélaire sous l’influence d’une consonne palatale suivante :

kʹⁱmʲɑ꞉d, de kəmʲɑ꞉d (coimeád) « conserver » ; mʹinʲɑ꞉l de mʷɩnʲɑ꞉l (muineál) « eou ».

On peut encore entendre occasion­nellement, e. g., kəmʲɑ꞉d ; en revanche c’est toujours la forme assimilée qu’on entend dans : fʹⁱnʲo꞉g (fuinneóg) « fenêtre » ; fʹrʹiʃtʹɩ (fuiriste) « facile », où la voyelle inter­médiaire a laissé peu ou pas de résidu. Cf. également dʹrʹe꞉rʹ, à côté de dərʹe꞉rʹ (do réir) « d’après ».

Vélarisation d’une consonne initiale palatale sous l’influence d’une consonne vélaire suivante :

tᵊmɑ̃꞉ⁱnʹtʹ de tʹᵊmɑ̃꞉ⁱnʹtʹ (tiomáint) « conduire (une voiture) » ; mais bʹᵊnaꞏχかいt (beannacht) « béné­diction ».

Palatalisation progressive ; bʹⁱrʹɑ꞉n (biorán) « aiguille » ; gʹⁱrʹɑ̃꞉n (gearán) « plainte ».

§ 236. Dans les groupes implosivo-explosifs la qualité des consonnes n’est pas toujours la même : c’est pourtant générale­ment le cas dans les groupes anciens, compte tenu des excep­tions signalées plus haut § 234 et qui sont également valables pour les groupes implosivo-explosifs. En revanche, là où la flexion ou la compo­sition amènent en contact deux consonnes de qualité diffé­rente, chacune d’elles conserve sa qualité propre, ainsi dans :

1º les désinences verbales commençant par une consonne, soit par ‑t- ou ‑f‑ ; ainsi :

tɪkʹtər (tuigtear) « on comprend » (aussi tɪkʹtʹər) ; tɪkʹfʹər (tuigfear) « on com­prendra » ; hikʹfɑ꞉ (thuigfeà) « tu compren­drais » ; hikʹfʷi꞉ et tɪkʹfʷi꞉ (tuigfí) « on compren­drait ».

2º les composés : ɑ꞉rdlʹᴇʃg̬ʹu꞉ⁱlʹ (árd-leisc­eamhail) « très paresseux » ; ᴀᴜnçαあるふぁrt (anncheart) « injustice » ; lᴀᴜmçαあるふぁrt (lomcheart) « droit strict » ; cf. le proverbe is kᴜmə no꞉ ᴀᴜnçαあるふぁrt lᴀᴜmçαあるふぁrt (is cuma nó anncheart lomcheart) « summum jus summa injuria » ; kɔləmkʹilʹɩ (Colum Cille) « Colum­cille » ; mʷᴇ̈꞉ᵊlvʹrʹiʃtʹɩ (maol­bhriste) « brisée, qui a déferlé (en parlant d’une vague) ».

Mais on dit : bᴜnöʃg̬ʲᴜ꞉n (bun-ós-cionn) « cul par dessus tête » ; et, dans le cas de n précédant une dentale bɑ̃꞉ⁱnʹdʹαあるふぁrəg (bándearg) « rose, rouge pâle », cf. § 303.

§ 237. Au point de vue de la sonorité, une occlusive sourde ou une spirante assimile une occlusive sonore précé­dente, comme il paraît aux formes verbales dont la désinence commence par ‑f- ou ‑t- (voir plus haut) et dans les composés, où l’assimi­lation est facul­tative et dépend du tempo du langage, et du sentiment que le sujet a de la compo­sition :

to꞉kfər (tógfar) « on élèvera », de to꞉gʷɩmʹ (tógaim) « j’élève » ; to꞉ktər (tógtar) « on élève » ; krʹᴇtʹfər (creidfear) « on croira », de krᴇdʹɩmʹ (creidim) « je crois » ; lᴜ꞉pfər (lúbfar) « on courbera », de lᴜ꞉bʷɩmʹ (lúbaim) « je courbe » ; fɑtχかいəsaχかい (fad­chosach) « qui a de longues jambes », de fɑd- « long » ; ì꞉ag̬sᴜ꞉ⁱlʹ ou ì꞉agsu꞉ⁱlʹ (éag­samhail) « différent » ; ʃe꞉tʹfᴜ꞉ⁱlʹ (séidfúil) « saigne­ment de nez».

lɑg̬sb̬rʹidʹ ou lɑgsb̬rʹidʹ (lagsprid) « mou, qui manque de courage ».

§ 238. Les consonnes qui suivent, ou précèdent, un h sont plus ou moins assour­dies, même si ces consonnes ne com­portent pas régulière­ment de forme sourde dans la langue (liquides ou nasales) ; la liquide ou la nasale n’est au reste que partielle­ment assourdie (ou, pour mieux dire, chuchée, cf. § 87), dans une mesure qui varie consi­dérable­ment, l’h étant prononcé d’autant plus distincte­ment, et la sonorité de la consonne voisine étant d’autant plus complète que l’élocution est plus lente, et aussi, que la syllabe dont h fait partie a plus d’impor­tance dans le mot phoné­tique (voir plus bas).

Ce type d’assimilation peut être progressive, régres­sive ou bi­latérale.

§ 239. L’assimilation est progressive lors de la mutation gramma­ticale de groupes initiaux commen­çant par t, , s, ʃ :

hn̬ɑ̃꞉ⁱvʹ ʃeꞏ (shnáimh sé) « il nagea » ; mə hl̬ɑ̃꞉ⁱnʹtʹɩ (mo shláinte) « ma santé » ; ɑnəhl̬ɑ꞉h (anathlàth) « très affable » ; ɑnəhl̬äλらむだⁱnʹ (ana­shleamhain) « très glissant » ; ɑnəhr̬ᴇ̈꞉ᵊχかい (ana­thraochta) « complète­ment épuisé ».

La combinaison hm, hmʹ ne se rencontre pas, s ou ʃ ne se modifiant pas gramma­ticale­ment devant m, .

§ 240. Assimilation régressive : Une nasale ou une liquide est d’ordinaire partielle­ment assourdie devant un h : krᴀᴜm̬həd (cromfad) « je courberai », de krɔmʷɩmʹ (cromaim) « je courbe » ; l’assour­dissement de m est plus sensible encore dans krᴀᴜm̬ʰɩ ʃeꞏ (cromfaidh sé) « il courbera », quand un pronom accentué postposé à la forme verbale a pour effet de diminuer la durée en même temps que l’énergie de la syllabe finale.

kᴜ꞉m̥hə (cumtha) « bien fait » ; brᴀᴜn̬hɩ ʃeꞏ (bronn­faidh sé) « il fera présent de », de brɔnɩmʹ (bronnaim) « je fais présent » ; tan̬ʹhi꞉mʹ (taith­nighim) « je plais » ; tan̬ʹhəvəχかい (taith­neamhach) « plaisant » ; do꞉l̬həχかい ʃeꞏ (d’ólfadh sé) « il boirait » ; buꞏɛl̬ʹhɩ ʃeꞏ (buailfidh sé) « il frappera » ; bᴜꞏər̬hə (buadhar­tha) « contrarié » ; ʌr̬hə (ortha) « sur eux » ; ɛr̬ʹhɩ (uirthi) « sur elle » ; kõ꞉r̬hə (comhartha) « signe » ; aᴜr̬hə (leabhar­tha), plur. de aᴜr (leabhar) « livre ».

bi-latérale : un h inséré entre r et liquide ou nasale palatale, assourdit partielle­ment les consonnes précé­dente et suivante :

bɑ꞉r̬hn̬ʲəχかい (báirneach) « palourde » ; kʹᴇr̬hl̬i꞉nʹ (ceirtlín) « peloton » ; to꞉r̬hn̬ʲəχかい (tóirneach) « tonnerre ».

§ 241. Différenciation (fermeture sous l’influence de la nasali­sation ?).

Quand le préfixe, de sens négatif ou péjoratif, qui se présente devant voyelle sous la forme αあるふぁv- ou αあるふぁ̃- (neamh-), ainsi dans αあるふぁvaʃtʹⁱrʹəχかい (neamh­aistir­each) « insou­ciant, paresseux », précède un mot dont l’initiale modifiée (« aspirée ») serait v ou le résultat de la rencontre des deux spirantes est un m (cf. § 309).

αあるふぁmʹrʹɑ꞉, ou aussi αあるふぁvʹrʹɑ꞉ (neamhbhreágh) « laid » ; αあるふぁmʷᴇ̈꞉ᵊχかい (neamh­bhuidh­each) « ingrat », de bʷᴇ̈꞉ᵊχかい, forme modifiée : vʷᴇ̈꞉ᵊχかい (buidheach, bhuidh­each) « reconnais­sant » ; αあるふぁäλらむだⁱrʹ (neamh-mheabhair) « folie », de äλらむだⁱrʹ, forme modifiée äλらむだʹⁱrʹ (meabhair, mheabhair) « raison ».

On a un exemple de fermeture de ǥ en g, dans lʲo꞉rgo꞉hɩnʹtʹ (leor­dhóthain) « quantité largement suffi­sante ».

§ 242. Chutes de consonnes :

‑h terminant les préfixes qui se présen­tent devant voyelles sous la forme αあるふぁh- (leath‑) « demi », ah- (ath-) « de nouveau », drʌh- (droch-) « mauvais », tombe devant consonne.

αあるふぁvro꞉g (leathbhróg) « un soulier (d’une paire) » ; αあるふぁçaᴜn (leath­cheann) « position penchée » ; αあるふぁsg̬ʹì꞉al (leath­scéal) « excuse » ; mais αあるふぁhì꞉an (leathéan) « un oiseau (d’une paire) », d’où « un vieux garçon ».

aχかいɔgʷɩnʹtʹ (athchogaint) « ruminer », mais ahᴜꞏɛrʹ (athuair) « une seconde fois » ; drʌvʹαあるふぁn (droich­bhean) « mauvaise femme » ; drʌrɪbʹɩ (droch­ruibe) « mauvaise humeur », litt. « mauvais poil », mais drʌhᴀᴜrəs (droch­amhras) « suspicion ».

‑v terminant les préfixes dᴜv- (dubh‑) « noir », αあるふぁv- (neamh-), négatif et péjoratif, tombe devant consonnes :

dᴜ꞉həmɑ̃꞉ⁱnʹtʹ (dubh-thiomáint) « conduire à toute allure » ; dᴜ꞉hɔləs (dubh­sholas) « clair-obscur » ; mais dᴜvǥʌrəm (dubhghorm) « bleu sombre », où le sentiment de la compo­sition est net.

αあるふぁǥlɑ̃꞉n (neamhghlán) « malpropre » ; αあるふぁhɔkʷɩrʹ (neamh­shocair) « agité » ; αあるふぁsg̬rʌpəl (neamh­scrupall) « manque de consci­ence ».

§ 243. Simplification d’une consonne géminée, due à la rencontre de deux consonnes sembla­bles à la finale du premier terme et à l’initiale du deuxième terme d’un composé ; le résultat est une consonne de longueur normale (cf. § 4).

bʹì꞉aλらむだχかい (béalfhliuch) « humide, cracho­tant (en parlant du temps) », de bʹì꞉al (béal) « bouche », et λらむだχかい, forme modifiée de fʹlʲλらむだχかい (fliuch) « humide ». Ici la fusion des deux liquides compor­tait une assimi­lation régres­sive au point de vue de la palata­lisation.

En revanche, bʹì꞉allɑ꞉ⁱdʹɩrʹ (béalláidir) « fort en gueule », avec l géminé (que nous notons ll) maintenu par le sentiment de la compo­sition.