BAMAKO (AFP) - samedi 22 mars 2008 - 0h59 - Cinq civils et trois militaires ont été tués ainsi que 33 militaires enlevés depuis jeudi dans l'extrême-nord du Mali, soulignant un regain de violences entre l'armée et les hommes de l'ex-rebelle touareg Ag Bahanga, très actifs dans cette zone frontalière de l'Algérie.
Ces événements interviennent au moment où de délicates négociations se poursuivent pour la libération de deux otages autrichiens enlevés le 22 février en Tunisie par la branche d'Al-Qaïda au Maghreb et qui se trouveraient dans le nord du Mali avec leurs ravisseurs.
Cinq civils ont été tués vendredi par l'explosion d'une mine au passage d'un camion qui les transportait près de Tinzaouatène, dans l'extrême-nord du Mali, a annoncé à l'AFP une source indépendante contactée par téléphone dans le nord.
Confirmant l'information, une source hospitalière a précisé sous couvert de l'anonymat qu'"un enfant (figurait) parmi les cinq personnes tuées".
Un véhicule de l'armée malienne avait déjà sauté jeudi sur une mine dans le même secteur, tuant trois militaires, selon le ministère malien de la Défense.
Trente-trois militaires maliens sont par ailleurs tombés aux mains des rebelles touaregs lors d'accrochages jeudi dans le nord du Mali qui ont fait plusieurs blessés de part et d'autre, a-t-on appris vendredi auprès de notables de la région.
"Lors de l'accrochage de jeudi, quatre militaires maliens ont été faits prisonniers par les rebelles dirigés par Ibrahim Ag Bahanga et 29 autres ont été enlevés comme otages", a déclaré à l'AFP un notable contacté dans le nord du Mali.
"Les prisonniers ont été arrêtés sur le théâtre des opérations", a précisé un autre notable.
"Mais ceux ont été pris comme otages faisaient partie d'un groupe de militaires maliens qui regagnaient la ville de Kidal, venant de Tinzaouatène. Les hommes de Bahanga les ont interceptés et ont enlevé 29 militaires", a ajouté cette source.
Les accrochages de jeudi entre les forces gouvernementales et les rebelles ont fait plusieurs blessés de part et d'autre, ont souligné plusieurs sources indépendantes.
La région de Tinzaouatène, localité d'accès difficile et carrefour de nombreux trafics dans la zone désertique et montagneuse de l'Adrar des Iforas, à plus de 2.000 km au nord de Bamako, est considérée comme le fief des hommes de Ibrahim Ag Bahanga.
Cet ex-rebelle touareg avait repris les armes en août 2007 en dépit de la signature en 2006 d'accords de paix à Alger qui avaient officiellement mis fin à la rébellion.
Il avait enlevé dans la foulée une cinquantaine de militaires et civils. Les derniers soldats détenus ont été libérés il y a moins de deux semaines, notamment grâce à une médiation libyenne.
Ces violences pourraient perturber les négociations pour la libération des Autrichiens Wolfgang Ebner, 51 ans, et Andrea Kloiber, 44 ans, enlevés alors qu'ils circulaient dans le sud de la Tunisie et auraient été conduits par leur ravisseurs d'Al-Qaïda dans le nord malien.
Le commandant militaire des ex-rebelles touaregs Hassan Fagaga a annoncé vendredi à l'hebdomadaire autrichien "Profil" que les otages étaient "actuellement dans le nord du Mali (...) certainement dans la région autour de Tombouctou" dans le nord-ouest.
De leur côté, les autorités maliennes n'ont toujours pas officiellement confirmé la présence des otages sur leur territoire.
Selon la presse autrichienne, les ravisseurs auraient réclamé une rançon de 5 millions d'euros d'ici dimanche prochain.
Vendredi, une source diplomatique a indiqué à l'AFP que les ravisseurs pourraient repousser cet ultimatum, après un premier report la semaine dernière.
AFP
|