Considérée comme l'une des stars et l'une des plus belles voix du Mali, Fatoumata Koné dite Babani vient de mettre sur le marché son tout nouvel opus, intitulé ''Gnoumadon'', où elle rend hommage à tous ses jatigiw. Dans l'interview qu'elle a bien voulu nous accorder pour l'occasion, Babani nous parle de cet album et de ses différents projets d'avenir.
Bamako Hebdo: Vous venez de mettre sur le marché discographique un nouvel album. Pourriez-vous nous présenter ce nouvel opus?
Babani Koné: Ce nouvel album s'intitule "Gnoumadon", ce qui veut dire tout simplement la reconnaissance. Dans cet album, j'exprime ma reconnaissance à mes jatigiw, qui m'ont soutenu depuis que je n'avais pas encore atteint ce niveau. J'ai donc fait cet album pour les remercier pour tout ce qu'ils ont fait pour moi et pour leur montrer que Sirani pense à eux, tout le temps.
Combien de titres compte Gnoumandon et de quoi parle-t-il?
L'album comporte dix titres, dont la plupart parlent uniquement de mes jatigiw. Sauf le titre "Ma vie a changé", qui est une composition de Jimmy Zoubéïga, grand guitariste et ex-sociétaire du Super Biton de Ségou.
Babani, avez-vous composé cet album dans le même style que les autres?
Non, j'y ai apporté de grands changements. Pour cette œuvre, je me suis basée uniquement sur le style acoustique, avec des instruments traditionnels de chez nous, comme le n'goni, la kora, le djembé, des instruments dont le son est très pur.
Pourquoi avoir fait ce choix de l'acoustique?
J'ai fait ce choix tout simplement parce qu'actuellement c'est le style qui s'impose dans le monde de la musique. Il est très écouté et aimé à travers le monde entier. Comme je l'ai dit, c'est un son pur et naturel.
L'une des singularités de Babani est que ses chansons sont, pour la plupart, en diverses langues nationales. Y a-t-il une raison particulière qui explique ce choix?
Il n'y a pas de raison particulière à cela. Une fois que les chansons sont écrites, quelle que soit la langue, je peux facilement les chanter. Mais cela ne veut pas dire que Babani parle ou comprend toutes les langues dans lesquelles elle chante.
On peut savoir d'où sort Babani tire son inspiration?
Je dirais tout simplement que Babani s'inspire de tout, plus particulièrement de la société. Surtout ici au Mali, car nous vivons dans une société où l'on est confronté à pas mal de choses tous les jours, par exemple les problèmes des enfants, des femmes, la santé et autres. Donc c'est de ces faits que je m'inspire pour écrire mes chansons.
Votre talent est-il un don ou est-ce le résultat de votre travail?
BK: Pour ma part, je dirais que c'est un don que Dieu m'a offert. Il est vrai que je suis née dans une famille de griots, mais personne, chez nous, n'est devenu un artiste musicien, à part moi. Je crois que c'est un don. Le travail est venu y ajouter un plus.
Donc, si je comprend bien, Babani peut chanter sur tous les rythmes?
BK: Evidemment, Babani peut chanter sur tous les rythmes. La preuve: en 2006 à Londres, j'ai fait un album avec le groupe "Dangerous", composé d'une Britannique et d'une Hindou. Auparavant, c'est Kandia Kouyaté qui l'avait fait, mais, compte tenu de son état de santé, j'ai été sollicitée pour réaliser un album avec le groupe.
Par qui ce nouvel opus de Babani a-t-il été produit et où a-t-il été réalisé?
Cette œuvre est une production de "Sirani Production", c'est à dire qu'il a été produit par moi-même et la plus grande partie a été réalisé au Mali. Après mon retour de Mexico, où j'étais en festival avec Cheick Tidiane Seck et d'autres artistes maliens, je suis allée faire le mixage à Paris.
Peut-on savoir le coût de sa réalisation?
Pour cet album, j'ai beaucoup dépensé. J'ai fait confectionner les affiches, les posters et la duplication des cassettes et des CD à Dubaï. J'ai ensuite du payer leur transport.
Tout cela m'a coûté énormément cher. Je peux estimer le coût à près de 25 millions de FCFA.
Babani a-t-elle collaboré avec d'autres artistes de la place ou de l'étranger pour Gnoumandon?
Non. Je n'ai travaillé avec aucun autre artiste, ni d'ici ni d'ailleurs. J'ai travaillé uniquement avec mon propre groupe.
Votre succès ne cesse de grandir. Qu'est-ce que cela vous fait, aujourd'hui, d'être considérée comme l'une des plus grandes stars de la musique malienne?
Je dis Dieu merci. Tout ce succès revient à Dieu et aussi aux relations humaines, autrement dit aux jatigiw. Ils sont très importants pour nous, ils font tout pour nous rehausser. C'est pour cela que j'ai fait cet album, pour leur dire merci.
C'est vrai que l'argent, l'or, le luxe en général, c'est bien, mais rien ne vaut les jatigiw et les fans.
On aimerait savoir pourquoi Babani n'arrive pas à signer avec une grande maison de production?
Pour ma part, je dirais que c'est une question de chance. Ce que Dieu n'a pas encore décidé, personne ne peut le faire. J'espère que, par la grâce de Dieu, cela se fera le plus rapidement possible. J'en profite aussi pour lancer un appel au ministère de la Culture afin qu'il propose des artistes à ces grandes maisons de distribution, qui viennent parfois en chercher au Mali pour leur faire signer des contrats.
Est-ce que Babani mène d'autres activités dans la vie, à part la musique?
Pour le moment, je ne fais rien que de la musique. Toute ma vie est centrée sur la musique.
Babani a-t-elle un rêve qu'elle voudrait voir se réaliser?
Je dirais que Babani à plusieurs rêves qu'elle veut voir se réaliser. J'envisage de créer une maison de production d'audiovisuel, qui sera spécialisée dans les tournages et les montages des clips, un studio d'enregistrement et aussi m'investir dans des œuvres humanitaires surtout en direction des enfants démunis. Je compte vraiment les aider afin qu'ils puissent jouir de tout le bien-être social.
Que prévoit le programme de Babani? Y a-t-il des concerts en vue?
Evidemment. J'ai prévu un concert, le 11 avril au CCF et la dédicace de l'album aura lieu les 9 et 10 mai prochains.
Votre mot de la fin à l'endroit de vos fans et de tous les mélomanes du Mali?
Tout d'abord, je remercie tous les responsables du Bureau malien des doits d'auteurs et M. Diaby du PSIC, qui ne cesse d'aider les artistes. Le ministère de la Culture m'a beaucoup aidé pour le transport de mes œuvres et je remercié aussi tous ceux qui m'ont aidé, de près ou de loin. Je salue tous mes jatigiw du Mali et du monde entier et j'exhorte tous mes fans et les mélomanes du Mali à acheter les cassettes avec sticker. Car c'est ce qui nous permet de vivre et de lutter contre la piraterie. Seuls les mélomanes peuvent nous aider à lutter contre ce fléau.
Réalisé par Bandiougou DIABATE
28 mars 2008
|