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"Partir avec Erasmus a fait sauter mes barrières" - Phosphore

« Partir avec Erasmus a fait sauter mes barrières »

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L’histoire d’Anaïs, 23 ans

J’ai toujours eu cette envie de découvrir une envie d’ailleurs. J’aime aussi beaucoup les situations complexes, sortir de ma zone de confort, c’est comme ça qu’on apprend à mieux connaitre les autres. J’avais donc depuis longtemps le projet d’étudier à l’étranger. Et puis, j’ai toujours eu un problème avec le système éducatif français. Je trouve qu’on est très peu encouragés, qu’on est jugés en permanence, et surtout, qu’on est très infantilisés. C’est comme ça que je percevais les choses, autant au lycée que plus tard, en classe préparatoire. Je me demandais si le problème venait de moi, de mon rapport à l’autorité.

J’ai fait des voyages scolaire en Allemagne et en Suède et j’ai vu qu’il existait des méthodes d’enseignement qui me correspondaient mieux. On y donne aux élèves beaucoup plus de liberté et d’indépendance. on ne va pas vous pointer du doigt si vous n’avez pas fait votre travail : c’est juste tant pis pour vous. Et ça, ça me convenait. Non pas que je ne travaillais pas ! J’ai toujours beaucoup travaillé par que j’avais une motivation : avoir un bon dossier pour pouvoir partir dans un programme d’échanges.

Après le bac, j’ai choisi la voie littéraire, avant de me réorienter vers des études de langues. Mais j’avais déjà un an et demi d’école préparatoire dans les pattes et j’étouffais dans ce système ! Arrivée en LEA, j’en ai parlé à ma prof d’allemand, et elle m’a dit que j’avais la possibilité d’aller étudier en Allemagne pendant six mois dans le cadre d’un partenariat et, en 3eme année, de partir un an avec Erasmus. Au final, je ferais 50 % de ma licence à l’étranger. Le rêve ! A ce moment-là, je vivais à Angers. Pour la 2eme année, j’ai transmis mon dossier à la Sorbonne, parce qu’ils avaient un partenariat avec Erasmus.

C’est comme ça que je suis partie faire ma 3eme année à Manchester. Et j’ai adoré. L’université de Manchester est une université exigeante, mais qui correspond à ma personnalité : on est indépendant à 100 %. Les professeurs vous donnent des guidelines en début de semestre, et c’est à vous d’organiser votre emploi du temps de façon à rendre vos essais et à préparer vos examens en temps et en heure. Les essais laissent une grande place à la créativité, on peut prendre n’importe quelle ressource, s’appuyer sur différents méthodes de travail…

J’avais enfin la sensation d’être maitresse de mon travail. Au quotidien, il y bien un petit mois d’adaptation, mais on vous met tout de suite dans le bain car il y a plein d’événements organisés par les « internationaux » qui viennent d’arriver : des Meet and Speak (on se retrouve dans les bars pour faire connaissance), des soirées clubbing, bowling, cinéma… J’avais eu, grâce à Erasmus, la chance d’obtenir une place dans une résidence universitaire, ou j’ai fait de belles rencontres. Sans compter qu’en tout début d’année, je suis allée seule dans un pub irlandais, où il y avait tellement peu de monde qu’on a commencé à tous se parler… et j’ai rencontré mon copain actuel. Il est du Yorkshire ; j’ai connu sa famille, ses amis… et je me suis vite sentie intégrée. Cette année à Manchester m’a changée, c’est sûr. J’ai toujours été anxieuse, et dans l’auto-analyse permanente. Mais quand tu te retrouves à l’étranger, il y a tellement d’informations à emmagasiner que ton cerveau, à un moment, n’en peut plus. Il dit « Stop ! Arrête de penser à toi et écoute les autres ». Comme tout le monde est loin de ses petites habitudes, de sa famille, des amis, on se jette dans le grand bain, sans préjugés, les barrières sautent. On fait des rencontres tous les jours.

L’année Erasmus, c’est vraiment la découverte de l’autre. Aujourd’hui, je suis moins centrée sur moi-même, davantage tournée vers les autres. Moins stressée aussi. Les Anglais sont très posés, polis, ils évitent le conflit au maximum. A leur contact je me suis détendue, je suis plus dans la communication et moins dans la réaction, et ça, c’est un super atout dans tous les domaines. Ça a été dur de rentrer, mais j’avais l’excitation d’avoir été sélectionnée pour partir à Bangkok faire ma première année de master. Je pense que l’année Erasmus a joué en ma faveur. D’une part parce qu’après une année au Royaume-Uni, j’avais le niveau d’anglais nécessaire pour étudier dans cette université anglophone. Et puis j’avais prouvé que je savais m’adapter à la vie à l’étranger tout en étudiant : j’ai fini l’année avec 15 de moyenne. Beaucoup de gens me disent qu’ils ont arrêté leurs études pour voyager, et que c’est ce qu’il faut faire si on veut être libre, mais je ne suis pas d’accord. Cela me tenait à cœur de voyager tout en continuant mes études. Avec Erasmus, tu ne paies pas tes frais de scolarité, c’est quand même une chance inouïe ! Il faut travailler pour être sélectionné.e, mais ça vaut le coup de s’accrocher.

Texte : Angélique Adagio – Illustrations : Anne-Lise Nalin