#Investigation dévoile les coulisses de la campagne électorale ou l’anatomie d’une rupture

De l’autre côté de l’échiquier politique, c’est la même surprise. Les caméras de la RTBF suivent Georges-Louis Bouchez qui n’imaginait pas une victoire aussi éclatante. Au cœur de la journée du 9 juin, le président du MR comprend que le MR a gagné du terrain sur des terres généralement acquises aux socialistes. Dans l’ascenseur du bureau du parti, il s’étonne : "Les remontées de terrain sont bonnes mais La Louvière et Binche, ça me surprend". L’autre coup de théâtre sera la "remontada" des Engagés. Qui aurait pu imaginer ce dénouement ?

Autant le dire avec beaucoup d’honnêteté, ce n’était pas le scénario attendu par l’équipe d’#Investigation.

L’histoire annoncée, c’était la poussée des extrêmes. À Commencer par la Flandre. Tous les sondages allaient dans le même sens. On annonçait un dimanche noir au nord du pays. Fin avril, le Vlaams Belang, le parti d’extrême droite était annoncé grand vainqueur avec 26,9% des intentions de vote. Il était en passe de supplanter la N-VA qui n’obtenait à l’époque que 20,9%.

Lors de son discours du 1er mai, Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang annonce qu’il veut atteindre le million de voix et devenir par la même occasion le premier parti de Flandre.

Les caméras d'#Investigation sont au cœur du combat pour la première place dans le Brabant flamand. D’un côté, Britt Huybrechts, une prof d’histoire de 25 ans qui se retrouve catapultée tête de liste à la chambre. Cette candidate extrémiste joue sur les thèmes de prédilection de son parti : l’immigration. Durant la campagne, elle n’hésite pas à tenir des propos racistes et xénophobes condamnables sur le plan pénal : "Ce ne sont jamais des gentils petits Johan, mais plutôt des vilains petits Mohammed qui viennent pour chercher les ennuis".

De l’autre côté, Théo Francken, l’ancien secrétaire d’Etat à l’asile et la migration, emmène la liste de la N-VA dans la même circonscription. En 2019, il est le champion en termes de voix de préférence. Plus de 120.000. Malgré cette force électorale, on sent le nationaliste flamand redouter une potentielle suprématie du Belang.

Pour lui, la cause, c’est la Vivaldi, la coalition fédérale sortante : "La démocratie flamande n’est pas respectée. Le plus grand parti, c’est la N-VA, puis le Vlaams Belang. Tous les autres partis, ce sont des petits partis. Ils ont joué un jeu avec 7 nains pour devenir un géant. On va payer la facture. Quand tu parles d’un dimanche noir, c’est de la faute de la Vivaldi".

En Wallonie, à l’extrême gauche, on annonçait une vague rouge foncée du PTB qui pouvait devenir confortablement la 3e formation politique francophone. L’équipe d'#Investigation suit la jeune juriste de formation, Sofia Touhami, 4e sur la liste du parti marxiste à la chambre pour la circonscription de Liège. Une place de combat. Son mandat à la chambre est loin d’être acquis : "C’est une bataille constante chaque jour pour se battre contre les idées libérales, l’austérité et le fatalisme et ça donne beaucoup de joie".

En parallèle, Grégory Philippin, le bourgmestre d’Ans, occupe la 5e place pour le parti socialiste dans la même circonscription. À la question de savoir si les voix du parti socialiste allaient être siphonnées par le PTB, la réponse est non. Les deux partis se tassent en Wallonie et perdent plusieurs sièges. Aucun de ces deux candidats de gauche ne sera élu. "On sent un rapport de force et un centre de gravité qui se déplace un petit peu. Ça n’est pas positif," nous confie Grégory Philippin. Ce sera beaucoup plus qu’un petit peu.

Finalement, le séisme annoncé et la fuite vers les extrêmes n’auront pas lieu. Certes, le Vlaams Belang se renforce et atteint le million de voix. Mais, il n’est pas devenu le premier parti de Flandre. Il n’a donc pas la main.

La rupture est devenue celle d’un virage à droite et de la débâcle de la gauche. Un basculement complètement inattendu.