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DUCLAIR, son canton, les communes voisines

En 1885 et 1890 Mgr Léon-Benoit-Charles Thomas vint visiter le doyenné de Duclair. Le compte-rendu de la presse diocésaine...

Né à Paray le Monial le 29 mai 1826. Léon Thomas fut nommé évêque de La Rochelle en mars 1867. Le plus jeune de France ! D'un tempérament libéral, il va s'opposer aux autorités quand seront promulguées les premières mesures anticléricales du gouvernement républicain.
Fait archevêque de Rouen en mars 1884, il nous vient l'année suivante. Sa tournée débuta par Sainte-Marguerite. La Semaine religieuse :

Mercredi matin, 6 mai 1885, de nombreux cavaliers venaient au devant de Monseigneur, et, après lui en avoir demandé la permission avec une grâce parfaite, l'accompagnaient jusqu'au presbytère de Betteville.


Le soir même commença à Sainte-Marguerite la visite du doyenné de Duclair. L'église de Sainte-Marguerite a été rebâtie dans de vastes proportions ; tenue avec goût, elle se prête aisément, nous en avons eu la preuve, aux plus belles solennités.

Le lendemain, Monseigneur arrivait à Jumièges. Il est difficile de prononcer sans émotion le nom de cette abbaye, autrefois si glorieuse et dont l'histoire se lie étroitement à celle du diocèse de Rouen et de la monarchie française. Ses ruines majestueuses, mais condamnées à une inévitable destruction, s'élèvent au milieu de la riante vallée de la Seine, comme pour mieux opposer la perpétuelle fécondité de la nature au néant des œuvres humaines.
Les souvenirs du passé devaient avoir leur place dans la fête du jeudi matin; répondant à la remarquable allocution de M. le curé, Monseigneur sut mêler à d'affectueuses paroles les plus hautes leçons, et ranimer dans les âmes le goût, l'amour de ce que le temps ne peut détruire, de tout ce qui est éternel et divin.
Au retour de la cérémonie, les fidèles et les enfants de la Confirmation se groupent, suivant l'usage, dans le jardin du presbytère, afin d'y attendre encore la bénédiction du premier Pasteur. Le regard embrasse alors un spectacle ravissant : au premier plan, la foule gracieusement échelonnée ; à gauche, l'église de la paroisse ; plus bas, les deux tours de l'abbaye, et au fond, le beau fleuve avec ses contours charmants et ses rives fertiles.

Noyon, le doyen du clergé

Il fallut rester peu de temps à Jumièges : vers trois heures de l'après-midi, après une courte station à l'église d'Yainville, Monseigneur confirmait 208 personnes dans l'église de Duclair, en présence d'une assemblée nombreuse et recueillie. Parmi les paroisses convoquées au chef-lieu du doyenné se trouvait celle d'Anneville, dont le curé, M. l'abbé Noyon, né en 1799, est aujourd'hui le doyen d'âge du clergé diocésain. Pour honorer ce bon vieillard, Monseigneur lui avait remis la veille la rosette de chapelain de la Métropole, en lui recommandant de la porter le jour même de la cérémonie. Tous seront heureux de la faveur accordée au vénérable prêtre, et partageront la joie de ses fidèles paroissiens.

Le lendemain 8 mai, Monseigneur était à Saint-Martin-de-Boscherville. L'ancienne abbatiale, aujourd'hui église de la paroisse, est trop connue, trop admirée, pour que nous ayons besoin d'en rappeler les magnificences. Disons-le seulement, grâce à une excellente organisation, la fête de vendredi a été digne en tous points de la vieille basilique, et l'une des plus belles que nous puissions signaler à nos lecteurs.

La visite de 1890

Le 20 juin 1890, Monseigneur commence à Saint-Martin-de-Boscherville la visite du doyenné de Duclair.
L'abbatiale de Saint-Georges, déjà si majestueuse lorsque le voyageur la parcourt dans la solitude et le silence, a besoin d'être vue au jour d'une grande fête. Vendredi dernier, les confirmants de cinq paroisses et une assistance nombreuse remplissaient presque entièrement les vastes nefs. Le passé glorieux de l'antique monument semblait alors revivre, mais la présence de tous ces heureux enfants ajoutait un charme aux souvenirs austères des âges lointains. Dans un beau langage, Monseigneur a célébré les grandeurs d'autrefois et encouragé les fidèles à se montrer toujours jaloux, comme leur digne curé, de la conservation et de l'honneur de leur église.

A Duclair, à Saint-Paër...

Nous avons dit qu'à Saint-Martin-de-Boscherville l'affluence était considérable. Semblable manifestation s'est produite le lendemain samedi, grâce à la bonne volonté du plus grand nombre, à Duclair et à Saint-Paër. Les églises de ces deux paroisses sont intéressantes ; les travaux qui ont été exécutés dans la seconde font désirer plus vivement encore une complète restauration ; œuvre difficile, mais dont il est permis d'espérer la réalisation.


A Jumièges, à Hénouville...

Le dernier dimanche de la visite pastorale était réservé à Jumièges, dont la vaste église peut devenir facilement hospitalière. La population avait répondu à l'appel du pasteur, et tout le pays était en fête. Il semble même que là, comme dans plusieurs autres localités de la région, le résultat obtenu :cette année ait été meilleur qu'en 1885, c'est-à-dire à l'époque du premier passage de Monseigneur.
Après la cérémonie, Sa Grandeur a visité pour la seconde fois les ruines de l'abbaye, magnifique débris que des soins intelligents savent du moins protéger contre l'action délétère du temps.
Lundi, avant de s'éloigner des bords de la Seine, où, près d'une gracieuse chapelle et dans une famille amie, il avait reçu un respectueux et cordial accueil, Monseigneur a voulu voir l'église d'Hénouville, à laquelle des libéralités récentes ont rendu sa primitive beauté. Il y a trouvé réunis, sous l'inspiration d'un sentiment de reconnaissance et de foi, tous ceux que des travaux nécessaires ne retenaient ni dans les champs, ni au foyer.

Thomas le Magnifique fut créé cardinal par Léon XIII lors du consistoire du 16 janvier 1893. Il meurt le 9 mars 1894 d'une congestion pulmonaire à Rouen.

Nota bene : ce que la presse épiscopale de nit pas, c'est qu'à Duclair, en 1890, le cardinal fut reçu au presbytère par le maire, son conseil et les principaux fonctionnaires du canton. Après avoir revêtu ses ornements épiscopaux, il est conduit en procession jusqu'à l'église par le maire, le juge de Paix, le président du conseil de fabrique et Charles Darcel, conseille général qui tiennent les cordons du dais. En chaire, le prélat brosse surtout le panégyrique de Darcel. 

S'il déjeune chez le curé doyen, il dînera le soir chez de Joigny, à Saint-Paër avant d'aller dormir chez Jean Darcel, au château de la Fontaine, maire d'Hénouville alors révoqué pour malversations électorales.

SOURCES

Bulletin religieux de l'archidiocèse de Rouen, mai 1885, juin 1890.
Journal de Duclair.