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L'entretien mérite d'être exhumé, ne serait-ce que parce qu'une interview d'Alain Juppé dans Lui, le magazine masculin célèbre surtout pour ses femmes dénudées en une, est un concept qui ne manque pas de piquant. Et puis parce que les propos tenus par celui qui, à l'époque, est député de Paris tranchent avec ceux énoncés aujourd'hui par le candidat à la primaire des Républicains.
L'intégration, "un problème permanent et gigantesque"
Nous sommes en octobre 1990 et alors que le journaliste le questionne sur les éventuels problèmes d'intégration auxquels il est confronté dans le 18e arrondissement parisien, le futur père de "l'identité heureuse" répond : "C'est un problème permanent et gigantesque. [...] Il y a beaucoup d'écoles de ma circonscription où 80 à 90 % des petits enfants qui sont dans les classes primaires sont d'origine étrangère et souvent assez peu francophones. Il y a aussi des problèmes d'insertion sociale, familiale, des problèmes de crèche. [...] J'ai, à l'heure actuelle, dans mon arrondissement, des quartiers très chauds où la coexistence entre les communautés devient de plus en plus difficile, parce que les gens ont le sentiment que ça continue à se dégrader. Si on pouvait leur dire : Bon, maintenant, on a arrêté le flux, on va essayer de vivre en bonne intelligence..., les Français de ces quartiers, qui ne sont pas spontanément racistes, seraient tout à fait prêts à jouer le jeu avec des populations venues d'ailleurs. Mais ils ont le sentiment que ça continue et qu'ils sont totalement submergés."
Un discours assez éloigné de celui tenu par Alain Juppé aujourd'hui. Contre le concept d'assimilation, le maire de Bordeaux préfère à présent pointer exclusivement du doigt les apports de l'immigration. Alors, Alain Juppé formulerait-il les choses de la même façon aujourd'hui ? "Je crois que oui, je redirais qu'il faut accueillir les nouveaux arrivants, mais qu'on ne peut pas les accueillir tous. Mais 1990 ce n'est pas 2015, on ne peut pas comparer tout à fait les situations", estime le candidat à la primaire des Républicains.
Il est assez cocasse de constater qu'en 1990, les propos d'Alain Juppé au sujets des enfants des écoles du 18e arrondissement de Paris qu'il disait être jusqu'à 90 % d'origine étrangère, n'avaient pas déclenché une polémique au moins comparable à celle qu'a dû subir dernièrement Bernard Ménard, maire de Béziers, avec, pourtant, le même constat politiquement incorrect.
Définitivement un homme du passé. Aucune imagination, aucune idée nouvelle ; tous le monde il est beau il est gentil avec Juppé...
Si M. Juppé se déjuge aussi souvent, c'est qu'il n'a pas de conviction.
Cela dit, il est plaisant de lire un article datant de quelques années dans lequel il tient des propos qui provoqueraient un tollé si Nicolas Sarkozy les tenait aujourd'hui... Et M. Juppé serait en tête de ceux qui se précipiteraient sur les médias pour faire entendre sa différence.
Il est vrai que quand il s'est présenté à nouveau, aux municipales de Bordeaux, il s'était engagé à se consacrer uniquement à sa ville et à ses habitants.
On voit ce qu'il en est, il consacre depuis 6 mois l'essentiel de son temps à la primaire, en vue d'une élection qui se tiendra en 2017.
Si N. S ne l'avait pas "repêché" en le nommant ministre des affaires étrangères, il ne serait pas en situation de lui tirer dans les pattes, y compris la veille du congrès fondateur de son propre parti.
Il ne suffit pas d'avoir l'air élégant, il faut l'être réellement, au-delà de l'apparence.