Historien
Un historien est un homme mort, comme par exemple le sont Suétone, Taine, Michelet et Alain Decaux. Il existe pourtant quelques exceptions à cette règle : les historiens vivants. Maigres, chauves, portant d’épaisses lunettes et plongés en permanence dans la lecture d’ouvrages en grec ou en latin, ces derniers sont vieux et dégagent sous les bras une entêtante odeur de papier moisi.
Définition de l’historien
À l’historien revient la tâche grandiose d'inventer le passé puis de le retranscrire, et ce avec le moins de fautes d'orthographe possible. Ce dernier point est important car il en va de sa crédibilité.
Deux confusions peuvent se présenter que nous nous devons de signaler. On ne compte pas pour un historien celui qui invente un passé trop récent : on parle alors plutôt d’un mythomane. Ensuite, il existe un autre individu qui, comme l’historien, parle sans savoir de quoi il en retourne pour la bonne raison qu’il n’y était pas : le journaliste. Pour bien faire la distinction, le journaliste aurait eu la possibilité d’y être mais il prenait un pot au bistrot du coin ; alors que l’impossibilité totale d’être présent sur les lieux est nécessaire pour définir l’historien.
Très nouvellement est apparue une sous-classe de l’historien qui, au lieu de raconter comment un événement ancien s’est déroulé, raconte comment il ne s’est pas déroulé : c’est le révisionniste. Le révisionniste semble représenter l’avenir de la profession car il est beaucoup plus aisé et passionnant de nier toutes sortes d’événements surprenants, comme la découverte du pôle Nord par Jeanne d'Arc, l’invention de la poêle à frire par Charlemagne ou du port des moustaches par Astérix. D’autres trouvent cependant que cette solution de facilité risque de miner la bonne réputation de l’historien.
Mœurs de l’historien et dégâts collatéraux
À ce propos, nombreux sont ceux qui se sont creusés la tête pour savoir pourquoi on tenait l’historien en une telle considération. Dans les faits, ses mœurs sont douteuses et quelque peu répugnantes : pour s’adonner au vice de l’Histoire, il se rend en cachette la nuit dans les archives des bibliothèques où il dévore avec avidité de vieux bouquins sales, pleins de crottes de nez et de souris (qu’on appelle incunables pour bien signifier à quel point ils sont dégoûtants).
Cette activité constitue une concurrence déloyale vis-à-vis des mites et des poissons d’argent dont c’est la nourriture habituelle. Cela doit aussi contribuer indirectement au réchauffement de la planète, à coup sûr. L’association Mites Blattes Poux et Vers de livres a déposé une plainte à ce sujet devant la Commission européenne.
En outre, il s’avère que l’historien, individu à la personnalité maladive et compulsive, ne s’intéresse qu’à l’Histoire - et parfois aux autres historiens - au détriment du football, des sites pornographiques et des séries télévisées. De cette tendance vaguement dépressive il découle que ses histoires ne sont jamais drôles et se terminent toujours mal, comme on peut le vérifier sur les rares chaînes de télévision consacrées à ce sujet.
Les préhistoriens et protohistoriens
Par déduction et sans trop de risque, on peut affirmer que l’historien est vaguement nuisible au bon fonctionnement de la société. Pour contrer cette tendance néfaste et remonter le moral des troupes, les gouvernements des pays civilisés font de plus en plus confiance à des préhistoriens et protohistoriens réputés (comme Alain Chabat) pour évoquer les grands événements du passé, plutôt qu’à des historiens.
Avant l’apparition du cinéma, la vie des préhistoriens et des protohistoriens était âpre et harassante : ils devaient pour se nourrir se contenter des débris d’os qu’ils trouvaient en grattant le sol. Aujourd’hui, ils ont délaissé cette activité peu profitable pour le tournage de films à happy end où un jeune pharaon celte délivre la princesse des griffes du méchant tyrannosaure, et se marie avec elle à la fin.
Histoire des historiens
Il n'y eut pas beaucoup d'historiens durant l'Antiquité car le passé était beaucoup plus court qu'aujourd'hui. Du seul historien connu de cette époque, le nom que lui attribuaient ses contemporains et qu'en a conservé la postérité, Hiradote, témoigne du peu de crédibilité accordée à cette discipline naissante. De même, on connaît peu d'historiens au Moyen-Âge : les seuls qui savaient bien tailler une plume étaient les moines ; mais comme d’autre part la confection d'un excellent camembert était très preneuse de temps, dans l’ensemble les moines ont fort peu écrit. L'historicité est donc une activité très récente.
Devenir historien en trois coups de cuillère à pot
Le terme « historien » ne désigne pas vraiment une catégorie socioprofessionnelle. C'est avant tout une activité de loisirs pratiquée par des amateurs, comme la belote coinchée ou le sauter de crêpes à la Chandeleur. On peut parfois se demander pourquoi il y a un mot spécifique pour désigner les premiers et pas pour les autres.
Quelle qu’en soit la raison, toujours est-il qu’il n'existe pas de formation d'historien. Cela se justifie car l’exercice de l'Histoire est assez facile. Quelques vieux livres, un peu d'imagination et un stylo de qualité moyenne le plus souvent suffisent. On préconise aux débutants d'acheter les vieux livres d'occasion au lieu d'attendre que les neufs vieillissent ; s'il l'on se sent en manque d'imagination, de s'inspirer des films de Jean-Jacques Annaud ; enfin d'utiliser un stylo bic plutôt que des stylos encre qui nécessitent d'être fréquemment rechargés et dont les cartouches reviennent à la longue assez cher.
Le principal écueil consiste alors dans la vérification de l'orthographe : un livre d'histoire bourré de fautes ne fait pas sérieux. Ce problème est malheureusement des plus délicats à résoudre. Les grands historiens modernes utilisent d’ordinaire le correcteur orthographique de Word ou d'Open Office. Dans ce contexte précis, l’obstacle majeur à l'activité de l'historien moderne tient à ce que Word est assez onéreux et qu’Open Office ne contient pas de correcteur d’origine. Un module complémentaire peut néanmoins être rapidement téléchargé.
Pour finir nous devons prévenir contre un faux-ami : de nombreux débutants pensent bien faire en s'orientant vers des études supérieures d'histoire, à cause justement de l’utilisation trompeuse du terme « histoire ». En vérité, ce sont des formations spécialisées conduisant aux professions de vendeur de brioches au porte à porte et de chauffeur de taxi.
Un constat accablant
Les statistiques concernant les historiens sont inquiétantes : une étude récente a montré que près de 100% des historiens sont déjà morts. Ces chiffres impressionnants semblent toucher en premier lieu les historiens célèbres. Une seconde étude tout aussi préoccupante a montré que les femmes ne trouvent pas les historiens assez sexy.
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