Version officielle
La version officielle, c'est ce que vous savez. Mais notre version officielle à nous, c'est que votre version officielle à vous c'est plutôt ce que vous pensez savoir. Mais ce n'est pas officiel.
Vous l'aurez compris, toute la problématique de la version officielle repose sur le fait que vous n'y comprenez rien. Tout ce que l'on sait, c'est qu'elle masque une autre version, appelons-la subtilement vérité, souvent beaucoup plus substantielle (cf. illustration ci-contre).
Cette vérité, perdue dans les méandres des versions officielles superposées à nos yeux hypnotisés par le charisme intrépide de la moumoute de David Pujadas, jamais n'atteint notre oreille ou notre rétine. Et comme le disait le poète « on nou di pa tous »[1]
Alors, puisqu'on ne nous dit pas qu'on ne nous dit pas tout, comment faire émerger la vraie vérité du faux vraisemblable ?
Nous allons donc présentement tenter d'appréhender l'inappréhendable, de soumettre l'insoumis, de violer l'inviolable, de sonder l'insondanable.
Brève genèse de la version officielle
Hors les journaux intimes, qui n'avaient rien d'officiel avant la création du Blog par Kevin, les premiers torche-culs ayant reçu le nom de journal datent du XVIIe siècle.
Passée cette ennuyante mais nécessaire précision, faisons-en une autre non moins nécessaire : si la version officielle peut parfois masquer une vérité plus belle, par exemple que le caverneux Batman se cache sous le bling-bling de l'agaçant Bruce Wayne ou que Calimero est roux sous sa coquille, nous partons subversivement du postulat que toute vérité officielle cache une triste vérité. Pourquoi 'triste' me direz-vous ? Parce que c'est l'expression qui est comme ça.
Revenons à nos moutons du XVIIe siècle et à leurs lectures d'une seule page. Pratiquant déjà des versions basiques de la version officielle par troncature, les journaux devinrent les fleurons de la dÉsinformation avant toute pression des autorités. Mais il ne fallait pas leur en vouloir, le papier provenant des arbres, ils en avaient encore besoin pour respirer à l'époque.
Mais aujourd'hui tout a changé. Dématérialisée sur l'Internet (en fait ça veut dire : encore plus succinct), gratuite à la sortie des métros (ce qui sous-entend de mauvaise qualité de nos jours, soi-disant), débattue au café du commerce (c'est-à-dire des troquets aux amphithéâtres), l'information s'est parée de son armure de mithril, la tant attendue version officielle.
Plusieurs versions officieuses de la version officielle
On ne le dira jamais, ou en tout cas jamais assez :
Certes, c'est de la merde, mais cette critique constructive n'élève pas le débat. Alors que l'actualité se construit au jour le jour, les techniques de version officielle, elles, transcendent les siècles et sont peu ou prou les mêmes depuis toujours. Ce simple fait nécessiterait une étude plus approfondie (mais nous ne demanderons pas à Pascal Sevran qui recevra plus bas sa place dans cet article et risquerait prématurément de pénétrer des alcôves réservées).
Une classification, osée par Becdeliev, a été proposée lors de la conférence pour la Grande Réécriture de l'Histoire de 2001.
L'absence de version officielle
Que dire... ? C'est la technique primordiale par excellence et la plus évidente, mais il est intéressant de souligner cette manœuvre très osée, à l'époque d'Internet. Et il fallait y penser. Pour cela, rien de mieux que nos chinois du FBI, qui peuplent ce gigantesque vivier d'expériences sociologiques à grande échelle qu'est la Chine.
Résultat des courses : le grand Google, forcé de ne pouvoir proposer que du porno non subversif à ses utilisateurs, préféra chastement se retirer avant de venir.
La technique de l'absence de version officielle, c'est le coïtus interrompus de l'information. Elle n'est donc pas une version officielle à proprement parler, mettons donc cette première technique pour nous endormir entre charenthèses.
Version tronquée
Nous avons vu plus haut que les premiers journaux, par commodité ou par choix, pratiquaient une forme atténuée d'obscurantisme. Ne comportant qu'une seule feuille, on voit mal comment ils pouvaient clôturer leurs investigations sans les bâcler. La troncature était monnaie courante.
L'évolution de la version officielle par troncature, à l'âge du saint téraoctet, peut laisser perplexe. Quel avenir donner à une information tronquée lorsque l'espace pour l'exprimer est infini ?
Le développement de l'information dite par SMS explique le renouveau de cette tendance : 6 minutes, 20 minutes, Minute, Direct Soir, Matin Plus, flashs-infos à-peu-prèistes sur le modèle de la breaking news ou d'un communiqué de presse de l'Élysée, etc... Au final, le gain de temps vaut bien ce petit sacrifice de la vérité ! Peut-être bien que ce n'est pas si important, et vous pensez sûrement compenser cet abysse brutal avec quelques judicieux conseils.
À votre aise. Il est donc crucial que vous sachiez que
Version négationniste/nihiliste
Autrement appelée technique du pet buccal, cette version est en déclin aujourd'hui car elle prend vraiment trop les gens pour des jambons.
C'est la technique de cour d'école par excellence. Nier une chose fermement, surtout devant l'évidence, ou proclamer dans une excrétion publicitaire une chose dont on sait pertinent qu'elle est fausse ou ne se produira jamais. Quelques exemples :
- Bush : Nous fermerons Guantanamo.
- Jean-Marie Le Pen : Les chambres à gaz n'ont jamais existé.
- Karl Marx : Je vous jure que je suis droitier !
- Brian Joubert : Je ne suis pas mort.
- Sidaction : Nous vaincrons le Sida grâce à vos dons.
- Toi : Je ne me suis jamais masturbé.
Version partiale/partielle
Deux méthodes peuvent être suivies pour deux versions partiales/partielles différentes.
La première consiste à occulter en permanence le point de vue adverse. Le magazine Chasse & Pêche en est l'illustration-type. Prenant de façon répétée le parti des chasseurs, cette feuille de chou s'approprie chacune des polémiques les plus abjectes afin de démontrer qu'enfoncer une barre de fer forgée dans la bouche d'un poisson c'est plutôt bien, ou que tirer un obus sur un oiseau de la taille d'un yorkshire-nain c'est plutôt judicieux.
La seconde méthode, plus pernicieuse, est sensiblement différente puisqu'elle consiste, pour la personne désireuse de pernicier donc, à avouer au monde une de ses tares pour en éluder d'autres plus moches. Le philosophe pacifiste Eric Zemmour l'a expérimentée en 2010 en sortant du placard et en avouant son racisme patenté devant les caméras. OK ! Mais qu'en est-il de son antiféminisme, de son conservatisme primaire, de son onanisme compulsif, de son mépris des droits de l'homme et des dealers ? Et Jean Passe (silencieusement) ! De notre point de vue, on ne peut dire grand chose d'osé aujourd'hui dans les médias. Sauf quand c'est super(p)osé. Ainsi, quand il faut s'élever, le mal-élevé Eric a montré qu'il était bon élève. Résistant de la dernière heure, il dévoile enfin sans ambiguïté son soutien à une politique de droite (à la stupéfaction générale).
Version gouvernementale
Ce serait sous-estimer les gouvernements que de s'imaginer qu'ils ne se cantonnent qu'à une seule et unique technique de version officielle. Eux, ils ont lu tous les livres. L'art de la guerre de Sun Tzu, Le Prince de Machiavel, La sexualité selon Jean-Paul II de Semen ou Le bon sens sur son arbre perché de Bernard-Levy. Tout y est passé.
Il faut donc se reporter à l'ensemble des méthodes exposées dans le présent article, mais les imaginer appliquées par des fonctionnaires, qui ne laissent comme chacun le sait aucune place au hasard (...). C'est cette petite chance dans l'exécution de la machine qu'il faut saisir pour ne pas se laisser 'fonctionner'.
Une chose est à retenir, c'est qu'en matière de version officielle les gouvernements ne se permettent pas d'innover. Tout au plus ils empruntent les bonnes bonnes idées de leurs voisins, mais dans la majorité des cas ils copient leurs mauvaises bonnes.
Jo-Jo l'astuce conseille, gratuitement : Quel gouvernement n'a pas rêvé de zouker sous les tropiques d'une radio comme celle des mille collines, qui relayait dans les années 90 les entraînantes mélopées génocidaires prônées par le gouvernement rwandais ? Certainement pas celui de Jo-Jo l'astuce, toujours en quête d'idées nouvelles à puiser chez les autres. Son conseil est de vous emparer de ces idées inattendues pour faire zouker vos électeurs. Des pourparlers seraient même actuellement en cours avec les animateurs de l'époque en vu du remplacement de Laurence Ferrari. Chuuuuuut... |
Néanmoins, à leur décharge, on peut citer l'exemple d'échec que fut la reprise des essais par Nicolas Sarkozy d'une nouvieille technique, dite de la première chose qui me passe par la tête, qui n'a malheureusement pas fait l'unanimité. Éprouvée là encore il y a peu par le désinvolte humanisme d'Eric Zemmour, cette manœuvre a de nouveau confirmé son manque d'avenir.
Version brékine niouz
La breaking news, c'est le nec plus ultra groove de l'information. En 6 secondes, une équipe de journalistes-d'investigation-au-culot-rarement-osé-de-nos-jours s'empare de la fin d'une course poursuite entre la police et deux violeurs de banque multi-récidivistes.
C'est cela la breaking news : la force de synthèse de France Info couplée à la pertinence de Nikos Aliagas, et ce au moment où l'on s'y attend le plus. En période d'élection diront les mauvaises langues. Mais ce n'est pas la version officielle.
Version 'offichal'
C'est celle des fumeurs de gazon de la caste des Rastamen-Reggaemen. Ceux-ci sont offichal, c'est à dire qu'ils posent des skeuds peace avec de la bonne basse, habillés en arbre de noël, pour faire mover les booties des go sur le dancefloor.
Cela n'a rien à voir avec le thème du présent article, mais dans un souci d'exhaustivité l'auteur de cet article a souhaité l'inclure dans son analyse. Savez-vous ce qu'il pense de votre opinion de merde à ce sujet ? La réponse est contenue dans la question.
Enterrer la vérité
Si on demandait à un des techniciens géniteurs de cette pratique, appelés versiofficiellistes, ce qu'est le secret de la réussite d'une bonne version officielle il répondrait inévitablement : arriver à enterrer la vérité par une brève expéditive formulée dans un vocabulaire neutre et pourtant sensibilisateur. Enterrer la vérité, c'est donc la funeste vocation de la version officielle, et comme nous l'avons vu tous les moyens sont exploitables.
Un champ lexical à part
De plus on reconnaît aisément une version officielle à deux choses : tout d'abord, c'est celle dont on prend connaissance le plus facilement (un exemple pris au hasard, au pif, cash, direct, à la volée : en tapant 'actualité' sur Google) ; ensuite, c'est un texte utilisant un langage versiofficielliste aux allures hermétiques mais parfaitement compréhensible.
C'est là, le grand génie des petits génies ! Faire croire à n'importe qui qu'il a compris l'abscons langage (prenons un exemple de référence : 'un dramatique attentat', non revendiqué, a été perpétré sans qu'aucun suspect ne soit appréhendé' ), éjaculer sa poudre-aux-yeux sur des téléspectateurs boursouflés de suffisance devant leur propre éclair neuronal cryptanalytique (faut-il souligner pourquoi...), mais ne faire passer qu'un message simple :
L'attentat a été dramatique.
Les termes ne sont pas blancs comme Michael Jackson. Pensions-nous, a priori, apprendre ces mots de trois syllabes, lorsque personne ne sait réellement ce que veulent dire certains plus usuels comme 'nature', 'schizophrène', 'kilocalorie' ou 'ithyphallophobique' (non, celui-là, c'est une blague) ? Sans conteste non. Par contre, dramatique c'est vachement triste affreux horrible. Cette seule chose très simple aurait suffi, mais tout le mécanisme est bien plus élaboré.
Seule et unique contrainte : la version officielle sera à jamais gravée dans l'Histoire...
Faites attention !
Ce court passage, en tant qu'il énonce un lieu apparemment commun pour le commun, risque d'être soporifique. Il faut tenir bon.
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C'est, disons a priori, ce qu'on pourrait penser d'une version réfléchie et repensée qui a fait fléchir officiellement l'Histoire. En théorie donc, on voit mal comment la version officielle bien ingérée et digérée puisqu'imposée, criée, hurlée, chantée, breaking newsée et offichalisée, pourrait revirer à notre nez et à notre barbe.
Théoriquement, a priori, raisonnablement, la version officielle DOIT rencontrer, tôt ou tard, cette limite.
...à moins que l'Histoire soit du beurre chaud
Mais alors que nous croyions naïvement, à l'instant (si si...), et à juste titre que la version officielle allait perdurer et rester officielle...eh ben non en fait ! [3]
Cependant, cet article n'ayant pas vocation à lister toutes les versions officielles refondues et réécrites, ce qui prendrait une paire de siècle, il nous faut impérativement abréger cette sous-section-ci. Ne soyez pas tristes pour autant, beaucoup d'autres secrets vont quand même vous être révélés par la suite, et nous nous épargnons de cette manière de laborieuses analyses politiques qui nous feraient saigner des yeux et du clavier.
Soulignons tout de même que le journal des Guignols de l'info, quoiqu'un peu trop sérieux, a déjà dénoncé cette pratique en mettant en scène un ancien ministre, dont nous tairons le nom pour ne pas faire de tort à la carrière politique de Rachida Dati, démentant dans la même phrase les propos qu'il venait de formuler :
La démonstration est claire, le vocable aussi : l'usage du démenti est très fréquent parmi les huiles. Et ça glisse tout seul.
À propos de l'accès à la véritable information
Un matin d'avril Wilde a déclaré : « L'homme est moins lui-même quand il est sincère, donnez-lui un masque et il dira la vérité ». Sans nul doute ne l'a-t-il pas dit fort, ou parlait-il d'MSN, mais certainement pas du masque de la version officielle, qui EN AUCUN CAS NE SERT LA VERITE. Un tel commentaire, qu'il aurait dû retenir comme un Abdullah de fin de repas à une bar mitzvah, n'est pas du nombre de ceux qui ont fait de Wilde une figure littéraire. Dénué de fondement (contrairement à son formulateur qui, lui, en avait bien un et faisait ce qu'il voulait avec on est pas raciste), cette affirmation mérite de recevoir le léger erratum de son émule de toujours, Pascal Sevran :
Résumons cela en disant juste que ladite vérité fait mal. En conséquence de quoi l'introduire ici serait vraiment très douloureux.
Conclusion lapidaire sur la version officielle
Par un malheureux hasard de la coïncidence, peut-être osons-nous ces conseils à l'instant précis où vous attendiez de nous que nous fermions notre g... Mais cela dit, il paraît opportun de souligner quelques petites choses :
- En premier lieu, ne prenez jamais une version officielle pour argent comptant. Nous ne croyons pas nécessaire de préciser davantage pourquoi, mais si vous insistez, bon. Parce que ! Il faut pas ! Voilà ! (si vous n'avez pas encore compris...adressez-vous à la capitainerie, au port ! Vous êtes peut-être bien parmi nous mais on vous a mal informé moussaillon.)
- En second lieu, si vous vous demandez maintenant comment s'enquérir de faits nouveaux sans en prendre une bien profond, sachez que ce n'est pas possible. Inévitablement, soit vous rencontrerez par définition une version tronquée de la version officielle, soit carrément une absence de version officielle sur le sujet qui vous intéresse. Et nous avons vu plus haut qu'en dehors de la version officielle, seule à être officiellement diffusée, il faut être au moins mi-Chuck ou mi-Norris pour pouvoir ne serait-ce qu'entrevoir la vérité. Et ça aussi, c'est impossible.
- Enfin, ne désespérez pas. Peut-être faites-vous, et c'est bof, des études de sciences politiques, de droit ou d'histoire. Peut-être vous sentez-vous, et c'est bien, assez matures pour prendre l'officiel pour ce qu'il est, un fait donné pour vrai par les autorités en la matière (mon Dieu que c'est chiant tous ces termes...heureusement que c'est bientôt fini.). Ou peut-être, et c'est mieux, que vous vous en fichez pas mal de toute cette pantomime bien pensante. Un iconoclaste, hein ? Nous n'y croyons pas une seconde, vous êtes bien venus lire cet article.
Et encore d'autres petites choses, pour ceux que les premières auraient profondément indifférés:
- La chauve souris mâle est l'espèce comportant le plus grand taux d'homosexualité parmi les mammifères (ce n'est donc pas l'Italien du Sud).
- L' ithyphallophobie est la peur du pénis en érection (et non la peur de l'Intifada).
- 111,111,111 x 111,111,111 = 12,345,678,987,654,321 (étonnant non ? )
- En Islande, les moutons sont 3 fois plus nombreux que les habitants (en France aussi).
Retenez, au final, que les apparences sont souvent trompeuses !
Mais alors comment tout ceci, qui est fort intéressant au demeurant, pourrait-il nous aider à conclure sur une pratique aussi grave que répandue, plébiscitée par plus d'adeptes dans le monde que le christianisme ?
Très simplement, en ne le faisant pas. Parce que le cas échéant, notre groupe devrait ensuite subir les outrages de la censure, ce qui entraînerait un épurement plus que considérable de cet article : la version officielle serait alors résumée par cet unique adage, bien pensé et techniquement sans faille :
La version officielle c'est la vérité.
Et qui cela intéresse-t-il de ne pas se prendre la tête ? Sûrement pas nous. Alors concluons juste en exprimant notre profond mépris envers ceux qui, achevant la lecture de cet article, n'ont toujours pas compris de quoi il retourne.
Références
- ↑ Vanessa, dans un élan de lucidité sur la relation zoophile entre les androgynes Tom et Bill Caulitz.
- ↑ Celui qui plaça entre les lèvres de Romeo l'anacoluthe synchronique d'une complexité telle que son exégèse serait forcément incomplète : aimer, c'est c'qui y a d'plus beau'.'
- ↑ « Quand tout à coup, il fait toujours beau. »~ Sabri à propos du temps.
- ↑ "La méfiance, elle est méfiante", Jean-Claude Vandamme.
Articles connexes
Voir aussi :
- Sodomie
- Analogie
- Chroniqueur, dont la seconde partie du mot est, selon les mots de l'auteur, révélatrice de la haute estime avec laquelle le lecteur [est] considéré.
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