le commerce pré-colonial
et le développement de l'esclavage
à gûbu du sahel (mali)
*
CLAUDE MEILLASSOUX
Gûbu, capitale de l'ancienne seigneurie guerrière des Sonlke du Wagadu, se situe au Mali, au centre de la plaine dunaire qui s'étend entre le Kigi et le Masina, à hauteur de 14ème degré de latitude nord qui marque presque exactement la limite du peuplement des agriculteurs sédentaires ( 1 ).
La région qui l'entoure, de Nioro à Sokolo, est à l'écart des grandes routes marchandes du XIXème siècle, qui empruntaient les bassins du Sénégal et du Niger pour converger vers la région de Segu et de Sikaso ; l'une en provenance de la côte ouest (Saint-Louis en particulier) par Médine, Kayes et Nioro ; l'autre venant de Tombouctou par Bâjagara et Jenné. Au sud, les principaux centres collecteurs de ces deux courants étaient Banâba, Namina et Bamako.
(*) Ce texte, que nous publions avec l'autorisation de l'Institut International Africain, est l'exposé fait par Claude Meillassoux au Colloque international sur le développement du commerce et des marchés africains en Afrique occidentale depuis la deuxième moitié du XIXème siècle organisé par l'Institut International Africain et placé sous la présidence de Claude Meillassoux, à Fourah Bay College, Sierra en décembre 1969.
Freetown, Leone,
(1) Les renseignements relatifs à cet article ont été recueillis au cours de missions entreprises entre 1963 et 1969 au Mali, sous l'égide du C.N.R.S., dans le cadre d'une étude plus générale sur les clans, castes et classes en Afrique Sahélo-Soudanienne. Bien que le présent travail se réfère surtout à Gûbu, les enquêtes sur le commerce et l'esclavage ont été entreprises depuis le Gajaga jusqu'à Jenné. Les informations concernant les régions en contact avec les Maures ont été recueillies à Gûbu (Wagadu), Nogumera (Gijume), Turugiïbe (Kîgi), Sofara (Kusata), Jige-Jariso (Labalaxe), Alaso (Girgâke) ; celles concernant les marchés de savanes à Banâba, Tuba, Kiba (Markaduguworoula), Bamako, Duguba, Sasadin, Ja, Jenné. En outre, J. L. Amselle a bien voulu me communiquer les informations qu'il avait recueillies sur ce sujet à Nara, Gũbu, Banâba et Tuba. Nous devons les principales informations sur le commerce et l'esclavage à Gubu, à MM. Amadou Dou coure, Jaje Tamoura, Barkary Doucouré, Lassana Dou coure, Ibrahima Tounkara, Tidjani Dicko et Bassi Coulibaly.