études critiques

a propos des w7 thèses erronées sur l'amérique latine"*

SAMIR AMIN

Le développement de la science sociale en Amérique latine au cours des vingt dernières années a transféré sur ce continent le centre de gravité de la réflexion critique sur notre société contemporaine. On ignore encore trop souvent en Amérique du Nord et en Europe l'importance, la signification et la portée de ce fait.

Toute l'histoire de l'humanité nous enseigne que le déroulement de celle-ci n'est pas Unéaire. Les plus anciennes et les plus grandes civiUsations du monde précapitaUste, celles de la Chine et de l'Egypte, sont organisées d'une manière qui leur assure à la fois la stabiUté et la souplesse nécessaire pour absorber un progrès continu, mais lent et Umité, des forces productives. C'est en ce sens que leur modèle mérite d'être quaUfié d'achevé. Par contre, les civilisations précapitaUstes qui se constituent indépendamment, à partir de ces sociétés, à leur périphérie, n'ont pas ce caractère achevé. Moins brillantes, ces civiUsations sont aussi, pour cette raison même, mieux placées pour inventer des formes d'organisation nouvelles, plus adaptées aux exigences d'un niveau de développement supérieur des forces productives. Ainsi l'histoire de la naissance du capitaUsme suggère déjà une loi du développement inégal selon laquelle un système n'est pas dépassé en son centre mais à partir de sa périphérie.

L'analyse du développement des formations capitaUstes, de l'évolution de leurs contradictions et de la constitution d'un centre et d'une périphérie du système capitaUste mondial suggère une seconde expression de cette loi du développement inégal.

La contradiction principale du mode de production capitaUste est ceUe qui oppose le niveau de développement des forces productives, lequel exige une socialisation de la gestion, c'est-à-dire la Ubération de l'humanité de

l'homme et la société n. 27-12