Sâo Paulo La fragmentation sécuritaire d'une mégapole

Philippe Haeringer

megapoles, "montrer la ville pour la comparer- est un groupe de rencontres et de recherches comparatives mettant à profit la visibilité de la ville. Depuis 1988, dix journées d'études consacrées respectivement à Shanghai, Jakarta et Singapour, Bangkok, Le Caire, Tunis, Nouakchott, Dakar et Conakry, Sâo Paulo, Lima, Berlin Est et Ouest, ont permis de mettre en lumière différences et convergences, de repérer de nombreux signes singuliers et problématiques, et de s'interroger sur la signification profonde du passage de la ville à la mégapole. L'un des objectifs poursuivis est d'identifier les modèles résidentiels majoritaires propres à chaque ville, d'en apprécier l'évolution, et de les situer dans les enjeux de politique urbaine pour le siècle prochain.

Initiées par l'Institut français de recherche scientifique pour le développement en coopération (ORSTOM), en collaboration avec l'Institut français d'urbanisme (IFU), ces rencontres rassemblent des chercheurs appartenant à diverses disciplines et institutions.

Chaque nouvel exemple abordé amène de nouveaux thèmes forts. Consacrant récemment un débat à l'urbanisation brésilienne, le groupe fut conduit à prendre la mesure d'un réflexe sécuritaire qui, aujourd'hui, va jusqu'à imprimer profondément sa marque dans la morphologie urbaine. Les modes d'habiter en sont parfois bouleversés. C'est ce que nous montre et nous annonce la mégapole de Sâo Paulo, qui n'est pourtant pas la plus insecure des grandes villes du Brésil.

Le modèle pauliste ne saurait, toutefois, se réduire à ce seul aspect. On y retrouvera, mêlées à ce thème récurrent, de nombreux autres thèmes caractéristiques des situations mégapolitaines. Malgré cela, Sâo Paulo ne peut être confondu avec aucune des autres villes étudiées jusqu'ici par le groupe. Une fois de plus, les différences sont considérables.

Enfermements aristocratiques

Les vieux habitants de Sâo Paulo se plaisent à rappeler leur mythe fondateur, celui du pionnier ou bandeirante. Une Casa do Bandeirante est toujours là pour la démonstration. Mais les sociologues d'aujourd'hui assurent que l'esprit pionnier demeure. Le migrant nordestin, maintenant majoritaire, débarque toujours à Sâo Paulo avec un projet d'établissement individuel, tout modeste soit-il. Voilà pourquoi, sans doute, malgré les

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