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Interculturalité et indirection

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Année 2011 131 pp. 3-10
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L’Information grammaticale n° 131, octobre 2011 3 Sophie Anquetil INTERCULTURALItÉ ET INDIRECTION

La représentation sémantique des processus de dérivation illocutoire constitue un enjeu important pour la didactique des langues, car en elle réside la possibilité pour l’apprenant d’acquérir une des composantes de la compétence pragmatique 1 : l’interprétation des actes de langage indirects (dorénavant ALI). Dans l’apprentissage d’une langue étrangère, la difficulté est en effet de repérer ces contenus implicites par lesquels on accède au vouloir-dire du locuteur : comment l’auditeur non‑natif peut-il comprendre un acte de langage indirect si les stéréotypes linguistiques lui permettant de l’interpréter ne sont pas ceux qu’il associe aux unités lexicales de la phrase sous‑jacente ? Derrière le problème de l’interprétation des ALI par l’apprenant en FLE se profile une question plus épineuse encore : l’universalité des actes de langage. Les représentations sémantiques sur lesquelles repose la formulation des ALI sont‑elles toujours proprement culturelles ou existe-t-il un arrière-plan représentationnel commun qui favorise l’intercompréhension en situation interculturelle ? Au regard des recherches menées par la pragmatique contrastive, on admettra sans difficulté que certaines des représentations sémantiques qui sous-tendent les ALI dépendent de la communauté culturelle qui les exploite :

Il existe un niveau de culture sous-jacent, caché, et très structuré, un ensemble de règles de comportement et de pensée non dites, implicites, qui contrôlent tout ce que nous faisons (Hall, 1984 : 14-15).

Prenons l’exemple de l’enseignant en FLE qui, après avoir donné une explication sur un phénomène linguistique particulier, vérifie la compréhension de ses étudiants en disant (1) :

(1) Ça va ?

L’énonciation de cette question peut parfois susciter l’incompréhension, ou du moins l’amusement de l’apprenant qui voit en cet énoncé une demande impromptue de nouvelles. Cette difficulté tient au fait que l’apprenant a, dans sa construction de l’interlangue, associé au verbe aller des méta-prédicats abstraits comme se mettre en mouvement, ainsi que se porter bien, mais qu’il n’y a pas intégré celui de comprendre.

1. Représentation sémantique des processus de dérivation illocutoire

1.1. Le cadre théorique de la pragmatique intégrée

1.1.1. Une conception argumentative des phénomènes d’indirection

1. Selon le CECR, «la compétence pragmatique recouvre l’utilisation fonctionnelle des ressources de la langue (réalisation de fonctions langagières, d’actes de parole) en s’appuyant sur des scénarios ou des scripts d’échanges interactionnels. Elle renvoie également à la maîtrise du discours, à sa cohésion et à sa cohérence, au repérage des types et genres textuels, des effets d’ironie, de parodie » (http :// www. coe. int/ t/ dg4/ linguistic/ source/ framework_ FR. pdf, p. 18). 2. On notera tout de même quelques variations sémantiques entre ces énoncés : la valeur primitive (question sur le pouvoir faire) n’est pas absorbée par l’acte de langage indirect (requête de faire) en anglais alors qu’elle l’est généralement en français ; le faire semble aussi varier d’une langue à l’autre (donner ou passer en français, atteindre en anglais).

Dans le même temps, on observe que les communautés linguistiques exploitent des représentations sémantiques communes pour produire et interpréter les ALI. On trouve en effet dans de nombreuses langues, pour ne pas dire toutes, un équivalent sémantique 2 à Peux-tu me passer le sel ?,

comme en témoignent les énoncés (2) à (6) :

(2) Can you reach the salt ? (anglais) (3) Könnten Sie mir bitte das Salz reichen ? (allemand) (4) Puoi passarmi il sale, per favore ? (italien) (5) Puteţi să-mi dăţi sarea, vă rog ? (roumain) (6) Podeis pasarme la sal, por favor ? (espagnol)

L’objectif de notre article est précisément de proposer une description linguistique des représentations sémantiques au cúur de l’indirection qui transcendent les langues, et de fournir des outils théoriques et didactiques pour une compréhension interculturelle des actes de langage indirects. La méthodologie de notre recherche comportera trois étapes : – une étude proprement sémantique des processus de dérivation illocutoire ; – une analyse de la capacité des apprenants du FLE à repérer les contenus implicites ; – une réflexion sur les stratégies d’apprentissage favorisant la compréhension interculturelle.

Le concept d’acte de langage indirect introduit par Searle (1975), naît de l’observation d’un phénomène : il arrive que le locuteur énonce une phrase, veuille dire ce qu’il dit, mais veuille en même temps dire quelque chose d’autre. Dans (7), on observe par exemple un décalage entre le sens littéral de Je dois travailler pour mon examen (assertion d’une

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