(Translated by https://www.hiragana.jp/)
« Lorrain » : différence entre les versions — Wikipédia

« Lorrain » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m v2.05 - Correction syntaxique (Orthographe et typographie - Espace insécable)
 
(19 versions intermédiaires par 15 utilisateurs non affichées)
Ligne 34 :
}}
 
Le '''lorrain''', ou plus précisément le '''lorrain roman''', est une [[langue d'oïl]]. Ce terme désigne l'ensemble des [[dialecte]]s [[roman (langue)|romans]] de [[Lorraine]] qui sont par ailleurs devenus très peu usités au début du {{s-|XXI}}, sachant qupuisqu'ils sont en sérieux déclin depuis les années 1930. Malgré cela, de plus en plus de personnes s'y intéressent au {{s-|XXI}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre-Jean|nom1=Brassac|titre=Les Histoires extraordinaires de mon grand-père|sous-titre=Lorraine|éditeur=[[Éditions CPE]]|date=2013-01-17|isbn=978-2-36572-925-3|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=2n4SCwAAQBAJ&pg=PT132&dq=des+personnes+s%27y+int%C3%A9ressent+le+lorrain|consulté le=2019-02-19}}</ref> dont des [[linguiste]]s qui l'étudient.
 
Le lorrain déborde sur la [[Frontièrefrontière franco-belge|frontière belge]], où il est appelé [[gaumais]]. Il était également parlé dans les hautes vallées des [[Massif des Vosges|Vosges]], et il gardait là des formes archaïques comme la conservation des [[affriquée]]s (''tchaté'' pour ''château''<ref>[[Louis Remacle (philologue)|Louis Remacle]], [http://books.openedition.org/pulg/369?lang=fr ''La différenciation dialectale en Belgique romane avant 1600''], Bibliothèque de la faculté de philosophie et lettres de l’université de Liège, Presses universitaires de Liège, Librairie DROZ S.A, 1971 ; la [http://ia311327.us.archive.org/2/items/revuedephilolog18pariuoft/revuedephilolog18pariuoft.pdf ''Revue de Philologie française''], au tome 18, {{p.|258}}, ne parle pas directement des Vosges mais cite « tchité » et « tchaté » en Haute-Saône pour « château ».</ref>) ; du côté [[alsace|alsacien]] ([[Pays welche]]), on distingue le [[patois]] [[welche]] apparenté aux parlers de l'Est [[vosgien]].
 
D'autre part, le lorrain roman se distingue du [[francique lorrain]], appellation utilisée depuis le {{s-|XX}} pour désigner les divers [[Langueslangues germaniques|dialectes germaniques]] de Lorraine.
 
== Classification Linguasphere ==
Ligne 50 :
* [[vosgien|spinalien]] ([[Épinal]], [[Vosges (département)|Vosges]] centrales)
* [[vosgien|déodatien]] ([[Saint-Dié]], Hautes-Vosges)
 
Après 1870, les membres de l'[[académie Stanislas]] de Nancy ont relevé 132 variantes de patois lorrain entre [[Thionville]] au nord et [[Rupt-sur-Moselle]] au sud, ce qui signifie que les variantes principales se déclinent en sous-variantes.
 
== Histoire ==
Sous l'[[Société d'Ancien Régime|ancien régime]], comme en Lorraine encore indépendante, l'enseignement était une affaire religieuse. Dès le début de {{s-|XVII}}, Ll'[[évêque de Toul]] exigea que chaque paroisse ait une école, ce qui fut fait. Les « régents d'écoles » formés en français enseignèrent à leur tour en français. Si les enfants continuaient à parler le patois, ils intégrèrent beaucoup de néologismes d'origine française dans leur langue maternelle. Il est probable que beaucoup de mots lorrains phonétiquement proches du français ont vu leur prononciation s'infléchir en faveur de ce dernier à partir de ce moment. Il y a donc eut une sorte de dénaturation de la langue dès cette époque.
 
La [[Révolution française|Révolution]] française avait pour leitmotiv « une nation, une langue » que certains interprétèrent « une nation, une seule langue ». Les langues régionales seront ainsi l'objet de violentes attaques sous les formes les plus diverses depuis la période révolutionnaire jusqu'au début du {{s-|XX}}. En revanche, il est très injuste de faire porter la responsabilité de la déchéance des langues régionales aux seuls instituteurs laïcs, fussent-ils « ''grognards de la République'' ». C'est leur prêter plus d'influence qu'ils n'en avaient réellement même si certains d'entre eux usaient de moyens très coercitifs. D'autres fonctionnaires de l'éducation ont beaucoup œuvré pour transmettre ce patrimoine immatériel. [[Léon Zéliqzon]] était professeur d'université quand il publia son œuvre magistrale «: le dictionnaire''Dictionnaire des patois romans de Moselle »''. Il avait été précédé en cela par [[Lucien Adam]] qui a écrit son lexique « les''Les patois lorrains »'' en s'appuyant sur les contributions de correspondants locaux, majoritairement instituteurs. Henri Labourasse, qui est l'auteur du « glossaire''Glossaire abrégé des patois de la Meuse ».'', était aussi officier de l'Instruction publique.
 
L'abandon définitif du lorrain roman est principalement d'ordre économique et social. Le début de la deuxième moitié du {{s-|XIX}} voit se mettre en place un immense exode interne. La population jusque là essentiellement rurale se déplace vers les villes à la recherche de travail dans la toute nouvelle industrie. Si la langue ne gènegêne pas trop l'obtention d'un travail en usine en période de plein emploi, il est indispensable de parler la langue nationale pour gravir quelques échelons dans la hiérarchie de l'entreprise. Il en est de même pour obtenir un très convoité poste dans la fonction publique du {{s-|XIX}}. Les Lorrains, mais surtout les mamans lorraines vont très vite comprendre que le français est la langue de la promotion sociale et l'imposer aux enfants dès leur plus jeune âge. Les monographies écrites dans chaque commune en prévision de l'[[exposition universelle de 1889]] fournissent de précieux renseignements pour évaluer l'état de la langue régionale. AÀ ce moment -là, le lorrain roman est encore connu de tous mais la majeure partie des ruraux lorrains parlent français, hors [[Lorraine allemande|zone francique]].
 
Georges Tronquart dans son ouvrage « trois''Trois patois de la colline inspirée »'' donne quelques exemples de l'évolution de la langue régionale dans son village : « en 1890, les enfants de [[Saxon-Sion]] s'adressaient aux adultes en patois mais en 1900, ils répondaient aux adultes en français, y compris à ceux qui les interpellaient en patois ». « Les réunions du conseil municipal de [[Saxon-Sion]] se sont tenues en patois jusqu'en 1910 ». « Monsieur Thirion né et mort à [[Saxon-Sion]] n'a jamais prononcé un mot de français avant 1914 ; il n'a plus prononcé un mot de patois après 1918 ». En revanche, le même auteur s'étonne que les jeunes filles de [[Praye]] parlent patois entre elles en 1923.
 
La situation a évolué de manière sensiblement différente dans le [[département de la Moselle]]. Son [[Traité de Francfort|annexion en 1871]] a provoqué un regain d'intérêt pour les deux langues locales. Dans les deux cas cela permettait d'affirmer son identité locale, et offrait en plus l'avantage de ne pas être compris des "vieux-allemands" (pour le patois roman) et même de la plupart d'entre eux (pour les dialectes germaniques). Si l'allemand standard (Hochdeutsch) était la langue officielle du Reichsland, le français restait la langue de l'administration et de l'enseignement dans les communes réputées francophones, et son emploi restait toléré ailleurs (même si c'était mal vu par certains). Dans la biographie d'Hubert Vion, curé de [[Bazoncourt]] de 1869 à 1896 et auteur de plusieurs ouvrages sur le lorrain roman, on raconte qu'il eut l'audace d'adresser un compliment en patois roman à l'empereur [[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]] en visite dans la région<ref>''Commune de Bazoncourt : Bulletin Communal'', {{n°|72}}, Juilletjuillet 2017 ([http://www.bazoncourt.com/Telechargement/11-%20Bulletin%20communal%20Juillet%202017.pdf lire en ligne])</ref>. Ainsi, pendant que le lorrain roman subissait un très net et très rapide recul en [[Meurthe-et-Moselle]], [[Meuse (département)|Meuse]] et dans les [[Vosges (département)|Vosges]], il connaissait un certain regain en [[Moselle (département)|Moselle]]. C'est seulement à partir de 1945 que l'on cessa de le parler dans ce département.
 
== Toponymie ==
Dans l'ancien Lorrain, le phonème obtenu avec la lettre "<x"> et sa prononciation « à la française » n'existe pas. La lettre "<x"> présente dans de très nombreux toponymes et quelques patronymes lorrains est à l'origine une erreur de graphie. [[Émile Badel]] dans son ''Dictionnaire des noms de rues à Nancy'' dénonce « ''la corruption verbale des toponymes lorrains'' contenant une lettre "x" ». Il explique que cette lettre s'est substituée à la lettre grecque [<χかい]> ([[chi]]) dont la phonétique est totalement différente. Pour bien marquer sa désapprobation, il conclut le sujet par ces mots : « ''la mauvaise prononciation moderne n'est donc que le fait d'une sorte de pédantisme qui a la prétention'' ''de savoir lire correctement'' »<ref>Émile Badel, ''Dictionnaire historique des rues de Nancy de 1903 à 1905'', page 317, Nancy, Imprimerie Louis Kreis ([https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9618073x/f367.image.r=xermamenil lire en ligne])</ref>. D'autres pensent que c'est l'apparition de l'imprimerie avec un jeu limité de caractères qui a opéré la substitution entre [<χかい]> et "<x">.
 
AÀ l'origine, le phonème lorrain aujourd'hui mal orthographié "<x"> était un son [x] ressemblant au [<ch]> [[allemand]] ou à la jota [[espagnol]]e ou encore au [<c'h]> [[breton]], son que l'on rencontre également par exemple en [[Arabe]] et en [[Russe]]. Dans les documents d'étude du Lorrain-roman de la fin du {{19e}} siècle et début du {{20e}}, ce phonème est écrit [<hh]> par les [[Philologie|philologues]] <small>(voir entre autres les ouvrages de [[Léon Zéliqzon]])</small>.
 
Dans les patronymes d'origine lorraine et dans les toponymes lorrains, la prononciation de la lettre <x> est, selon les cas, indiquée "<ch", "c", "s", "ss"> et "<z"> dans des ouvrages du {{s mini-|XVIII}} et du {{s-|XIX}} ; à titre d'exemple, les prononciations de [[Xertigny]] et [[Xivray-et-Marvoisin|Xivray]] sont indiquées {{citation|Certigny}} et {{citation|Sivray}} en 1756<ref>[[Augustin Calmet]], ''Notice de la Lorraine'', Nancy, 1756</ref>, les prononciations de [[Xocourt]] et [[Vaxy]] sont indiquées {{citation|Chocourt}} et {{citation|Vachi}} en 1861<ref name="Mémoires Lorr 1861">Société d'archéologie lorraine, ''Mémoires de la Société d'archéologie lorraine'', {{2e}} série, {{3e}} volume, 1861</ref>, quant au x de [[Saint-Max]] il est muet à cette époque : {{citation|mâ}}<ref name="Mémoires Lorr 1861" />. Concernant cette dernière ville, on entendait encore à la fin du {{s-|XX}} d'anciens habitants prononcer un [ʁ] [[guttural]] et très [[Consonne sourde|assourdi]], à peine audible, à la fin du toponyme. Exemple : Saint-Mâ<small>r</small>. Cet «assourdissement» de la dernière lettre n'était pas rare. Il se produisait sur le [e] final de [[Toul]] prononcé Tou<small>e</small><ref name=":1">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean Vartier|titre=Sobriquets et quolibets de Lorraine|lieu=Jarville-la-Malgrange|éditeur=Éditions de l'Est|année=1989|pages totales=217|passage=pages 18 et 111|isbn=2-86955-065-0|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33214773/f5.image.r=%22sobriquets%20et%20quolibets%20de%20Lorraine%22?rk=21459;2}}</ref>. Il est important de comprendre la différence entre cet "assourdissement" et l’élision que l'on rencontre à [[Foug]] (''Fou'' en lorrain), à [[Einville-au-Jard]] (''Einville-au-Ja'')<ref name=":1" /> et surtout à [[Art-sur-Meurthe]] (É-su-Meu)<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=Emile Badel|titre=Le monument de Bosserville aux soldats morts pour la patrie|lieu=Mazéville|éditeur=Imprimerie E. Thomas|année=|pages totales=120|passage=note du bas de la page 43|isbn=|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56576269/f2.item.r=%22patois%20lorrain%22.zoom}}</ref>.
 
Autour de [[Charmes (Vosges)|Charmes]] et d'[[Épinal]], les toponymes avec "X"<x> se prononçaient [s] jusqu'à la fin du {{s-|XX}} : [[Nomexy]] se prononçait ''Nome'si'', [[Vaubexy]] se prononçait ''Vaube'si'', [[Ubexy]] se prononçait ''Ube'si''.
 
L'évolution de la prononciation des noms que nous constatons aux {{s2-|XIX|XX}} n'est probablement pas un phénomène nouveau. Il faut avoir à l'esprit que ces prononciations sont celles d'une période historique donnée et qu'elles étaient probablement très différentes plus tôt dans l'histoire.
 
Quelques exemples de localités en lorrain roman du {{s-|XIX}}<ref>Ernest de Bouteiller, ''Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle, rédigé en 1868 sous les auspices de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle'', Paris, Imprimerie nationale</ref>{{,}}<ref>Henri Lepage, ''Dictionnaire topographique du département de la Meurthe'', Paris, Imprimerie impériale, 1862</ref> : ''S'li en Sauneu'' ([[Silly-en-Saulnois]]), ''Aumanv'lé'' ([[Amanvillers]]), ''Auvlé'' ([[Avillers (Meurthe-et-Moselle)|Avillers]]), ''Circo'' ([[Xivry-Circourt|Circourt]]), ''Ronco'' ([[Roncourt (Moselle)|Roncourt]]), ''Ansrevelle'' ([[Ancerville (Moselle)|Ancerville]]), ''Fieuvelle'' ([[Fléville-Lixières|Fléville]]), ''Lech'ire'' ([[Fléville-Lixières|Lixières]]), ''Méch'ly'' ([[Marsilly (Moselle)|Marsilly]]), ''Ma-lai-tô'' ([[Mars-la-Tour]]), ''Mékieuf'' ([[Mécleuves]]), ''Bieu'' ([[Beux]]), ''Monteu'' ([[Montoy-Flanville|Montoy]]), ''Augondange''/''Agondanche'' ([[Hagondange]]), ''Souagsonche'' ([[Xouaxange]]), ''Chaméni'' ([[Xermaménil]]), ''Lovni'' ([[Louvigny (Moselle)|Louvigny]]), ''Coïni'' ([[Colligny]]), ''Ponteu'' ([[Pontoy]]), ''Pinaud'' ([[Épinal]]), ''Giromouè'' ([[Gérardmer]]), ''Rambièlè'' ([[Rambervillers]])'','' ''Nanceye'' ([[Nancy]]), Lâchou ([[Laxou]]), L'nainville ([[Lunéville]]), ''Tou''<sub>e</sub> ([[Toul]]), Sallebo ([[Sarrebourg]]), ''Ouëpy'' ([[Woippy]]), ''Virtang'' ([[Virton]]).
 
On trouve de nombreux mots lorrains dans les noms de rues à [[Metz]] avec le pont ''Sailli'', les rues ''Wad-Billy'', de ''la Baue'', ''aux Ossons'', ''Paille-Maille'', ''Chambière'', ''Coffe Millet'', ''Taison'', ''de Saulnerie'', ''en Fournirue'', ''en Chandelerue''. À [[Nancy]] : ''porte de la Craffe, sentier de la Teulotte, rues de la Boudière, de la Foucotte, des Michottes, de la croix d'Auyot, de l'Atrie''. À [[Malzéville]], rues de l'''Embanie, du Salvon, du Chazeau''. À [[Laxou]], rue ''Com des Chicottes ;'' dans cette ville, le nom lorrain rue ''du Chaucheu'' a été traduit en rue du Pressoir. À [[Épinal]], place de ''l'Atre'', rues ''du Boudiou'', ''Vautrin'' (patronyme lorrain), ''du Saulcy'', ''des Béguinettes'', de ''la Maix''. À [[Gerbéviller]], rue de ''la Deuil''. À Moyen, rue de ''la Ouette charrière''. À [[Dombasle-sur-Meurthe]], rue de ''l'Embanie'', du ''Couaroil'', de ''Behard''.
 
== Déclamation ==
Le nombre de locuteurs étant très réduit en 2019, il est possible d'écouter la fable d’[[Ésope]], « ''«la bise et le soleil»'' », dans plusieurs variantes du lorrain roman depuis la page de l{{'}}''Atlas sonore des langues régionales de France''<ref>{{lien web |titre=Atlas sonoro |url=https://atlas.limsi.fr/ |site=limsi.fr |consulté le=16-11-2023}}.</ref>, onglet ''France hexagonale''. La fable traduite dans la langue locale étant disponible, il est plus facile de suivre le locuteur pour un non initié.
 
L'accent lorrain tend lui aussi à disparaître. Hormis quelques communes dans le Sud-Est de la Meurthe-et-Moselle et dans la campagne vosgienne, il n'est audible en 2019 que par des personnes très attentives. On peut cependant reconnaître certains lorrains qui, comme dans l'ancienne langue régionale, ont tendance à remplacer le pronom démonstratif par un adverbe enclitique. Exemple : ''l'objet {{Souligner|là}}'' au lieu de ''{{Souligner|cet}} objet''. Le genre des objets est aussi un piège pour les lorrains car l'ancien langage employait plus souvent le féminin que le français actuel. Des erreurs de genre sur les mots ''arrosoir, anse ou éclair'' sont encore fréquentes en 2020.
 
Les articles ''le'' et ''la'' qui étaient systématiquement placés devant les noms propres (par exemple : ''« le Jeannot », « la Marie »'') sont beaucoup moins fréquents mais n'ont pas disparu.
 
== Phonétique ==
Le phonème [χかい]/x/ très caractéristique a été abordé dans le paragraphe Toponymie.
 
La lettre [<h]> des mots lorrains est nettement expirée comme dans l'Anglais ''Harvard''. On ne doit en aucun cas faire de liaison siavec le second mot commence par [h]précédent.
 
[<Y]> constitue un autre particularisme. Certains philologues n'hésitent pas à le qualifier de "« ''consonne lorraine''" » puisqu'il s'entend toujours. ; exemple avec [''paysHaye''], qui sesignifie prononcehaie, [''pé-lly]''est enun détachantautre nettementexemple phonétique avec [y]. ''Haye'',Le qui signifie haie,mot se prononceprononçait [''héille]eille''] comme soleildans veille.
 
Les philologues ont longuement débattu à propos du [in] lorrain qui n'existe pas non plus en français. C'Il est unprésent sonnotamment nasillard situé entredans [ie''roncin'']. etC'est [inn]<refun name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Lucienson Adam|titre=Les patois lorrains|lieu=25 quai Voltaire, Paris|éditeur=Maisonneuve et Cie|année=1881|pages totales=520|passage=XXXIX|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k295974?rk=21459;2}}</ref>nasillard que Lucien Adam rapproche du [''in''] latin de « ''in petto'' » prononcé de telle sorte que l'on entend à peine l'[n] final.
 
Les patois n'ayant pas d'orthographe. Il n'y a donc pas de liaison à faire avec les pluriels.
 
=== Voyelles lorraines ===
L'on s'est beaucoup moqué de l'accent lorrain avec ses [â], [ô] et [î] traînants et fortement accentués, souvent qualifiés de "« paysannerie" ». En réalité, il s'agit d'un accent de durée et de gravité qui joue dans la langue lorraine le rôle de l'[[accent tonique]] dans d'autres langues<ref>{{Ouvrage|auteur1=Alain Litaize|titre=Les langues dans les Vosges|éditeur=|année=1987|passage=226|isbn=}}</ref>. Les [â], [ô] et [î] seraient plutôt à considérer comme des voyelles supplémentaires car les voyelles non accentuées telles qu'on les emploie en français sont parfaitement connues et fréquemment utilisées en lorrain ; exemple, les deux [a] de ''margatte'' (mot lorrain signifiant boue) se prononcent exactement comme en français. Il en est de même pour le [o] de ''godot'' (verre). En revanche, le [î] traînant de ''rîge'' (crible) et de ''nîge'' (neige) semble plus rare.
 
Lucien Adam indique que le lorrain possède les 8 voyelles suivantes dites buccales : i, é, è, a, e, o, ou et u. Il y ajoute 4 voyelles dites nasales : ain, an, on et un<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Lucien Adam|titre=Les patois lorrains|passage=XXXIX|lieu=25 quai Voltaire, Paris|éditeur=Maisonneuve et Cie|année=1881|pages totales=520|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k295974?rk=21459;2}}</ref>.
 
Alors que le Larousse indique que le français moderne ne possède plus de diphtongue, Lucien Adam en recense plus de trente pour le lorrain mais cette remarque n'a plus guère de sens aujourd'hui puisqu'il n'y a plus assez de locuteurs pour faire entendre ces variations si compliquées.
 
== Grammaire ==
[[File:Carte Bounne Annaye Bounne Santé.jpg|thumb|Carte de vœux en lorrain de [[Meuse (département)|Meuse]] ([[Barrois]]) : ''Bounne Annaye, Bounne Santé'', écrit parfois ''Bounne Annaïe'' / ''Bounne Anneye''...]]
Si le lorrain n'a pas d'orthographe, il a une grammaire et elle est assez complexe. [[Léon Zéliqzon]] recense trois groupes de verbes ayant chacun des verbes irréguliers ainsi que des verbes forts et des verbes faibles. Les verbes pronominaux se conjuguent toujours avec l'auxiliaire avoir<ref name=":0" />.
 
Là où le français a gardé toutesune lesgrande partie des désinences verbales personnelles du latin (dans la langue écrite), la plupart des verbes lorrains se conjuguent avec seulement deux flexions, : une pour le singulier et une pour le pluriel ce qui au passage, lui fait faire l'économie d'un pronom pour la première personne du pluriel. Exemple de conjugaison à l'imparfait du verbe parler : « ''dje prakè, te prakè, è prakè, dje prakonne, vos prakonne, è prakonne'' »<ref name=":0" />.
 
=== Imparfait proche et imparfait lointain ===
Là où le français n'a qu'un imparfait, le lorrain a développé un système lui permettant d'exprimer une nuance dans cette temporalité par l'adjonction ou non de l'adverbe ''or'' (''or'' ou ''ores'' signifiait ''maintenant'' ou ''à l'instant'' en ancien français) après le verbe à l'imparfait. Le lorrain distingue en effet une action passée exprimée à l'imparfait proche dans le temps d'une située plus loin ou d'ordre plus générale. Par exemple, là où le français utilisera le même imparfait pour parler des ''nuages qui passaient dans le ciel hier'' de ceux qui ''passaient dans le ciel quand Louis XIV regardait la construction de Versailles'', le lorrain, lui, sera mesure d'exprimer ici cette nuance et de dire que ''les nuages passaient <u>or</u> dans le ciel hier'', cepandantcependant que d'autres ''passaient_passaient dans le ciel quand Louis XIV regardait <u>or</u> la construction de Versailles'' (les nuages passant désignent une action générale, passive et périphérique, tandis que le nœud de l'action proche est celle de Louis XIV regardant la construction de Versailles).
 
''J'étais or sorti du bus quand on me vola mon sac, et nul ne broncha de ceux qui étaient là !''
Ligne 117 :
''Vous aviez plus de biens que vous n'en paraissiez or avoir''
 
AÀ de rares exceptions près, le lorrain n'utilise pas d'adjectif déterminatif qu'il remplace par un article et un adverbe enclitique. Encore aujourd'hui en 2020 et en français, il n'est pas exceptionnel d'entendre un lorrain dire : « l'homme là » au lieu de « cet homme ».
 
Les adverbes de lieux sont toujours emphatiques : « ''to ci'' » et « ''to lè'' » pour [ici] et [là]. Sauf rares exceptions, il en est de même pour les pronoms interrogatifs.
 
Les noms communs ne subissent pas de modification, ou très rarement, en passant du singulier au pluriel.
 
== Dictionnaires lorrains ==
Le Lorrain roman a fait l'objet de nombreuses études, particulièrement de la fin du {{s-|XVIII}} jusqu'au début du {{s-|XX}}. Voici par ordre chronologique les principaux dictionnaires faisant référencesréférence :
* 1775 : ''[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63505943.texteImage Essai sur le patois lorrain des environs du comté du Ban de la Roche]'' par [[Jérémie-Jacques Oberlin]] ;
* 1881 : ''[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k295974 lesLes patois lorrains]'' par {{Lien|trad=Lucien_Adam|fr=[[Lucien Adam|texte=Lucien Adam}}]] ;
* 1887 : ''Essai sur un patois vosgien'' par Nicolas Haillant ;
* 1922-1924 : dictionnaire des patois romans de la Moselle par [[Léon Zéliqzon]].

Celui de Lucien Adam fut très critiqué lors de sa parution mais c'est surtout l'origine historique qu'il donne à la langue régionale qui fit débat.
 
== Notes et références ==
Ligne 130 ⟶ 136 :
 
== Voir aussi ==
{{Autres projets|wikiversity=Département:Lorrain|wikiversity titre=Département de lorrain|wiktionary=lorrain}}
 
=== Bibliographie ===
* {{bibliographie|Q115124294}}
* Louis Jouve, ''Bibliographie du patois lorrain'', 1866 {{BNF|cb306648224}}
* ''Atlas linguistique et ethnographique de la Lorraine romane'', 4 vol., 1979-1988 {{OCLC|6764918}}
* Jean Lanher, ''Les [[Contes de Fraimbois]]'', 1991. Recueil de contes humoristiques en lorrain.
* Brondex & Mory, <cite>''Chan Heurlin ou les fiançailles de Fanchon</cite>'', éditions Serpenoise, Metz. Poème en patois messin en sept chants, illustré par Clément Kieffer.
* Georges L'Hôte, <cite>''Les fitabôles du pâpiche Contes de Lorraine-Moselle</cite>'', Imprimerie Morin, Sarrebourg 1946.
* Mory, D., ''[http://ehrenfriedstoeber.tripod.com/chanheurlin.html Lo baitomme don piat fei de Chan Heurlin]'', Nouv. éd. par J. Th. Baron, Annuaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie lorraine, Metz, XX, 1908, {{p.|121-151}}
* [[Léon Zéliqzon]], <cite>''Dictionnaire des patois romans de la Moselle</cite>'', éditions Serpenoise, Metz. Dictionnaire très complet et très sérieux sur une langue aujourd'hui presque disparue.
* ''Patois de La Bresse'', in ''Bulletin de la Société philomatique vosgienne'', par Jean Hingre (1903-1924).
* Régis Watrinet, ''Patois romans de la Lorraine. Recueil d’expressions, proverbes, dictons, coutumes et traditions avec illustrations'', imprimerie Léon Louis, [[Boulay-Moselle|Boulay]], {{date-|septembre 2008}}.
Ce document provient de « https://fr.wikipedia.org/wiki/Lorrain ».