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Georges Tronquart dans son ouvrage ''Trois patois de la colline inspirée'' donne quelques exemples de l'évolution de la langue régionale dans son village : « en 1890, les enfants de [[Saxon-Sion]] s'adressaient aux adultes en patois mais en 1900, ils répondaient aux adultes en français, y compris à ceux qui les interpellaient en patois ». « Les réunions du conseil municipal de [[Saxon-Sion]] se sont tenues en patois jusqu'en 1910 ». « Monsieur Thirion né et mort à [[Saxon-Sion]] n'a jamais prononcé un mot de français avant 1914 ; il n'a plus prononcé un mot de patois après 1918 ». En revanche, le même auteur s'étonne que les jeunes filles de [[Praye]] parlent patois entre elles en 1923.
 
La situation a évolué de manière sensiblement différente dans le [[département de la Moselle]]. Son [[Traité de Francfort|annexion en 1871]] a provoqué un regain d'intérêt pour les deux langues locales. Dans les deux cas cela permettait d'affirmer son identité locale, et offrait en plus l'avantage de ne pas être compris des "vieux-allemands" (pour le patois roman) et même de la plupart d'entre eux (pour les dialectes germaniques). Si l'allemand standard (Hochdeutsch) était la langue officielle du Reichsland, le français restait la langue de l'administration et de l'enseignement dans les communes réputées francophones, et son emploi restait toléré ailleurs (même si c'était mal vu par certains). Dans la biographie d'Hubert Vion, curé de [[Bazoncourt]] de 1869 à 1896 et auteur de plusieurs ouvrages sur le lorrain roman, on raconte qu'il eut l'audace d'adresser un compliment en patois roman à l'empereur [[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]] en visite dans la région<ref>''Commune de Bazoncourt : Bulletin Communal'', {{n°|72}}, Juilletjuillet 2017 ([http://www.bazoncourt.com/Telechargement/11-%20Bulletin%20communal%20Juillet%202017.pdf lire en ligne])</ref>. Ainsi, pendant que le lorrain roman subissait un très net et très rapide recul en [[Meurthe-et-Moselle]], [[Meuse (département)|Meuse]] et dans les [[Vosges (département)|Vosges]], il connaissait un certain regain en [[Moselle (département)|Moselle]]. C'est seulement à partir de 1945 que l'on cessa de le parler dans ce département.
 
== Toponymie ==
Dans l'ancien Lorrain, le phonème obtenu avec la lettre "<x"> et sa prononciation « à la française » n'existe pas. La lettre "<x"> présente dans de très nombreux toponymes et quelques patronymes lorrains est à l'origine une erreur de graphie. [[Émile Badel]] dans son ''Dictionnaire des noms de rues à Nancy'' dénonce « ''la corruption verbale des toponymes lorrains'' contenant une lettre "x" ». Il explique que cette lettre s'est substituée à la lettre grecque [<χかい]> ([[chi]]) dont la phonétique est totalement différente. Pour bien marquer sa désapprobation, il conclut le sujet par ces mots : « ''la mauvaise prononciation moderne n'est donc que le fait d'une sorte de pédantisme qui a la prétention de savoir lire correctement'' »<ref>Émile Badel, ''Dictionnaire historique des rues de Nancy de 1903 à 1905'', page 317, Nancy, Imprimerie Louis Kreis ([https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9618073x/f367.image.r=xermamenil lire en ligne])</ref>. D'autres pensent que c'est l'apparition de l'imprimerie avec un jeu limité de caractères qui a opéré la substitution entre [<χかい]> et "<x">.
 
À l'origine, le phonème lorrain aujourd'hui mal orthographié "<x"> était un son [x] ressemblant au [<ch]> [[allemand]] ou à la jota [[espagnol]]e ou encore au [<c'h]> [[breton]], son que l'on rencontre également par exemple en [[Arabe]] et en [[Russe]]. Dans les documents d'étude du Lorrain-roman de la fin du {{19e}} siècle et début du {{20e}}, ce phonème est écrit [<hh]> par les [[Philologie|philologues]] <small>(voir entre autres les ouvrages de [[Léon Zéliqzon]])</small>.
 
Dans les patronymes d'origine lorraine et dans les toponymes lorrains, la prononciation de la lettre <x> est, selon les cas, indiquée "<ch", "c", "s", "ss"> et "<z"> dans des ouvrages du {{s mini-|XVIII}} et du {{s-|XIX}} ; à titre d'exemple, les prononciations de [[Xertigny]] et [[Xivray-et-Marvoisin|Xivray]] sont indiquées {{citation|Certigny}} et {{citation|Sivray}} en 1756<ref>[[Augustin Calmet]], ''Notice de la Lorraine'', Nancy, 1756</ref>, les prononciations de [[Xocourt]] et [[Vaxy]] sont indiquées {{citation|Chocourt}} et {{citation|Vachi}} en 1861<ref name="Mémoires Lorr 1861">Société d'archéologie lorraine, ''Mémoires de la Société d'archéologie lorraine'', {{2e}} série, {{3e}} volume, 1861</ref>, quant au x de [[Saint-Max]] il est muet à cette époque : {{citation|mâ}}<ref name="Mémoires Lorr 1861" />. Concernant cette dernière ville, on entendait encore à la fin du {{s-|XX}} d'anciens habitants prononcer un [ʁ] [[guttural]] et très [[Consonne sourde|assourdi]], à peine audible, à la fin du toponyme. Exemple : Saint-Mâ<small>r</small>. Cet «assourdissement» de la dernière lettre n'était pas rare. Il se produisait sur le [e] final de [[Toul]] prononcé Tou<small>e</small><ref name=":1">{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Jean Vartier|titre=Sobriquets et quolibets de Lorraine|lieu=Jarville-la-Malgrange|éditeur=Éditions de l'Est|année=1989|pages totales=217|passage=pages 18 et 111|isbn=2-86955-065-0|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k33214773/f5.image.r=%22sobriquets%20et%20quolibets%20de%20Lorraine%22?rk=21459;2}}</ref>. Il est important de comprendre la différence entre cet "assourdissement" et l’élision que l'on rencontre à [[Foug]] (''Fou'' en lorrain), à [[Einville-au-Jard]] (''Einville-au-Ja'')<ref name=":1" /> et surtout à [[Art-sur-Meurthe]] (É-su-Meu)<ref name=":2">{{Ouvrage|auteur1=Emile Badel|titre=Le monument de Bosserville aux soldats morts pour la patrie|lieu=Mazéville|éditeur=Imprimerie E. Thomas|année=|pages totales=120|passage=note du bas de la page 43|isbn=|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56576269/f2.item.r=%22patois%20lorrain%22.zoom}}</ref>.
 
Autour de [[Charmes (Vosges)|Charmes]] et d'[[Épinal]], les toponymes avec "X"<x> se prononçaient [s] jusqu'à la fin du {{s-|XX}} : [[Nomexy]] se prononçait ''Nome'si'', [[Vaubexy]] se prononçait ''Vaube'si'', [[Ubexy]] se prononçait ''Ube'si''.
 
L'évolution de la prononciation des noms que nous constatons aux {{s2-|XIX|XX}} n'est probablement pas un phénomène nouveau. Il faut avoir à l'esprit que ces prononciations sont celles d'une période historique donnée et qu'elles étaient probablement très différentes plus tôt dans l'histoire.
 
Quelques exemples de localités en lorrain roman du {{s-|XIX}}<ref>Ernest de Bouteiller, ''Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle, rédigé en 1868 sous les auspices de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle'', Paris, Imprimerie nationale</ref>{{,}}<ref>Henri Lepage, ''Dictionnaire topographique du département de la Meurthe'', Paris, Imprimerie impériale, 1862</ref> : ''S'li en Sauneu'' ([[Silly-en-Saulnois]]), ''Aumanv'lé'' ([[Amanvillers]]), ''Auvlé'' ([[Avillers (Meurthe-et-Moselle)|Avillers]]), ''Circo'' ([[Xivry-Circourt|Circourt]]), ''Ronco'' ([[Roncourt (Moselle)|Roncourt]]), ''Ansrevelle'' ([[Ancerville (Moselle)|Ancerville]]), ''Fieuvelle'' ([[Fléville-Lixières|Fléville]]), ''Lech'ire'' ([[Fléville-Lixières|Lixières]]), ''Méch'ly'' ([[Marsilly (Moselle)|Marsilly]]), ''Ma-lai-tô'' ([[Mars-la-Tour]]), ''Mékieuf'' ([[Mécleuves]]), ''Bieu'' ([[Beux]]), ''Monteu'' ([[Montoy-Flanville|Montoy]]), ''Augondange''/''Agondanche'' ([[Hagondange]]), ''Souagsonche'' ([[Xouaxange]]), ''Chaméni'' ([[Xermaménil]]), ''Lovni'' ([[Louvigny (Moselle)|Louvigny]]), ''Coïni'' ([[Colligny]]), ''Ponteu'' ([[Pontoy]]), ''Pinaud'' ([[Épinal]]), ''Giromouè'' ([[Gérardmer]]), ''Rambièlè'' ([[Rambervillers]])'','' ''Nanceye'' ([[Nancy]]), Lâchou ([[Laxou]]), L'nainville ([[Lunéville]]), ''Tou''<sub>e</sub> ([[Toul]]), Sallebo ([[Sarrebourg]]), ''Ouëpy'' ([[Woippy]]), ''Virtang'' ([[Virton]]).
 
On trouve de nombreux mots lorrains dans les noms de rues à [[Metz]] avec le pont ''Sailli'', les rues ''Wad-Billy'', de ''la Baue'', ''aux Ossons'', ''Paille-Maille'', ''Chambière'', ''Coffe Millet'', ''Taison'', ''de Saulnerie'', ''en Fournirue'', ''en Chandelerue''. À [[Nancy]] : ''porte de la Craffe, sentier de la Teulotte, rues de la Boudière, de la Foucotte, des Michottes, de la croix d'Auyot, de l'Atrie''. À [[Malzéville]], rues de l'''Embanie, du Salvon, du Chazeau''. À [[Laxou]], rue ''Com des Chicottes ;'' dans cette ville, le nom lorrain rue ''du Chaucheu'' a été traduit en rue du Pressoir. À [[Épinal]], place de ''l'Atre'', rues ''du Boudiou'', ''Vautrin'' (patronyme lorrain), ''du Saulcy'', ''des Béguinettes'', de ''la Maix''. À [[Gerbéviller]], rue de ''la Deuil''. À Moyen, rue de ''la Ouette charrière''. À [[Dombasle-sur-Meurthe]], rue de ''l'Embanie'', du ''Couaroil'', de ''Behard''.
 
== Déclamation ==
Le nombre de locuteurs étant très réduit en 2019, il est possible d'écouter la fable d’[[Ésope]], « ''la bise et le soleil'' », dans plusieurs variantes du lorrain roman depuis la page de l{{'}}''Atlas sonore des langues régionales de France''<ref>{{lien web |titre=Atlas sonoro |url=https://atlas.limsi.fr/ |site=limsi.fr |consulté le=16-11-2023}}.</ref>, onglet ''France hexagonale''.
 
L'accent lorrain tend lui aussi à disparaître. Hormis quelques communes dans le Sud-Est de la Meurthe-et-Moselle et dans la campagne vosgienne, il n'est audible en 2019 que par des personnes très attentives. On peut cependant reconnaître certains lorrains qui, comme dans l'ancienne langue régionale, ont tendance à remplacer le pronom démonstratif par un adverbe enclitique. Exemple : ''l'objet {{Souligner|là}}'' au lieu de ''{{Souligner|cet}} objet''. Le genre des objets est aussi un piège pour les lorrains car l'ancien langage employait plus souvent le féminin que le français actuel. Des erreurs de genre sur les mots ''arrosoir, anse ou éclair'' sont encore fréquentes en 2020.
 
Les articles ''le'' et ''la'' qui étaient systématiquement placés devant les noms propres (par exemple : ''« le Jeannot », « la Marie »'') sont beaucoup moins fréquents mais n'ont pas disparu.
 
== Phonétique ==
Le phonème [χかい]/x/ très caractéristique a été abordé dans le paragraphe Toponymie.
 
La lettre [<h]> des mots lorrains est nettement expirée comme dans l'Anglais ''Harvard''. On ne doit en aucun cas faire de liaison siavec le second mot commence par [h]précédent.
 
[<Y]> constitue un autre particularisme. Certains philologues n'hésitent pas à le qualifier de « ''consonne lorraine'' » puisqu'il s'entend toujours. ; exemple avec [''paysHaye''], qui sesignifie prononcehaie, [''pé-lly'']est enun détachantautre nettementexemple phonétique avec [y]. ''Haye'',Le qui signifie haie,mot se prononceprononçait [''héilleeille''] comme soleildans veille.
 
Les philologues ont longuement débattu à propos du [in] lorrain qui n'existe pas non plus en français. C'Il est unprésent sonnotamment nasillard situé entredans [ie''roncin'']. etC'est [inn]<refun name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Lucienson Adam|titre=Les patois lorrains|lieu=25 quai Voltaire, Paris|éditeur=Maisonneuve et Cie|année=1881|pages totales=520|passage=XXXIX|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k295974?rk=21459;2}}</ref>nasillard que Lucien Adam rapproche du [''in''] latin de « ''in petto'' » prononcé de telle sorte que l'on entend à peine l'[n] final.
 
=== Voyelles lorraines ===
L'on s'est beaucoup moqué de l'accent lorrain avec ses [â], [ô] et [î] traînants et fortement accentués, souvent qualifiés de « paysannerie ». En réalité, il s'agit d'un accent de durée et de gravité qui joue dans la langue lorraine le rôle de l'[[accent tonique]] dans d'autres langues<ref>{{Ouvrage|auteur1=Alain Litaize|titre=Les langues dans les Vosges|éditeur=|année=1987|passage=226|isbn=}}</ref>. Les [â], [ô] et [î] seraient plutôt à considérer comme des voyelles supplémentaires car les voyelles non accentuées telles qu'on les emploie en français sont parfaitement connues et fréquemment utilisées en lorrain ; exemple, les deux [a] de ''margatte'' (mot lorrain signifiant boue) se prononcent exactement comme en français. Il en est de même pour le [o] de ''godot'' (verre). En revanche, le [î] traînant de ''rîge'' (crible) et de ''nîge'' (neige) semble plus rare.
 
Lucien Adam indique que le lorrain possède les 8 voyelles suivantes dites buccales : i, é, è, a, e, o, ou et u. Il y ajoute 4 voyelles dites nasales : ain, an, on et un<ref name=":0">{{Ouvrage|auteur1=Lucien Adam|titre=Les patois lorrains|passage=XXXIX|lieu=25 quai Voltaire, Paris|éditeur=Maisonneuve et Cie|année=1881|pages totales=520|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k295974?rk=21459;2}}</ref>.
 
Alors que le Larousse indique que le français moderne ne possède plus de diphtongue, Lucien Adam en recense plus de trente pour le lorrain mais cette remarque n'a plus guère de sens aujourd'hui puisqu'il n'y a plus assez de locuteurs pour faire entendre ces variations si compliquées.
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