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Romantisme frénétique — Wikipédia

Romantisme frénétique

courant littéraire français du XIXe siècle
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Le Romantisme frénétique français (ou frénétisme) est un courant littéraire de la première moitié du XIXe siècle (les alentours de l'année 1830 sont considérés comme son heure de gloire), inspiré par le gothique anglais (Horace Walpole, Matthew Gregory Lewis) dont il reprend les thèmes et parfois le ton, ainsi que par certaines œuvres de Lord Byron.

Illustration de Champavert, contes immoraux de Pétrus Borel (1833).

Caractéristiques

Quelques années seulement avant la publication des premières œuvres à proprement parler frénétiques, Victor Hugo justifie dans son poème A André Chénier[1] la recherche d'un romantisme plus brutal, plus sombre, désirant en finir avec l'idée d'un Romantisme lyrique et naïf fondé sur l'imitation d'une nature pathétique.

Le romantisme frénétique se caractérise par un désir d’absolu et une impossibilité de réaliser ce désir, dilemme existentiel dont la douleur s’exprime par une ironie féroce, un cynisme exacerbé, des sentiments poussés à leur paroxysme, le délire visuel (motivés par la consommation de substances hallucinogènes, haschich, opium, alcools).

Ainsi, on peut le considérer comme une « contrepartie à l'absurdité et à l'injustice du monde », exprimée par un « mélange intime du comique et du tragique, [...] des éclats de rire alternés ou combinés, ce que Flaubert en somme appellera plus tard le grotesque triste » (Jean Bruneau). Dans son analyse de Pièce de pièces, Temps perdu, de Xavier Forneret, Tristan Maya définit « les principales caractéristiques de la frénésie : la hantise de la mort, la décomposition charnelle, l'anéantissement dans le tombeau, la destruction de soi, mais aussi l'exaspération de l'horreur pour parvenir à des sensations fortes[2] ».

Font surtout partie des écrivains « frénétiques » ceux qui sont qualifiés de « petits romantiques », « bousingos » ou Jeune-France, tout particulièrement Pétrus Borel, considéré comme le frénétique par excellence[3], mais aussi Gérard de Nerval, Théophile Gautier, Philothée O'Neddy (Feu et flamme, 1833), Xavier Forneret (L'Homme Noir, 1835), Charles Lassailly (Les Roueries de Trialph, notre contemporain avant son suicide, 1833), Aloysius Bertrand (Gaspard de la nuit, 1842).

Postérité du frénétisme

Du grand nombre d'œuvres semblant appartenir à la veine frénétique, on peut penser qu'un grand nombre d'écrivains s'y sont essayés, notamment Victor Hugo, dont certains passages ou thèmes de L'Homme qui rit et de Notre-Dame de Paris[4] en paraissent directement inspirés, mais également Charles Nodier et Flaubert, dans quelques-unes de ses œuvres dites "de jeunesse" (Ivre et mort et Les Funérailles du docteur Mathurin)[5].

Le Romantisme frénétique connaîtra une influence souterraine sur un grand nombre d'œuvres et d'écrivains, dont le Comte de Lautréamont (Les Chants de Maldoror, 1869), Rimbaud (Une saison en enfer, 1873), Maurice Rollinat (Les Névroses, 1883), Iwan Gilkin (La Nuit, 1893), ou même Kierkegaard (Journal du Séducteur, 1843).

Bibliographie

Notes et références

  1. Ce n'est pas un pleureur que le vent en démence ;
    Le flot profond n'est pas un chanteur de romance ;
    Et la nature, au fond des siècles et des nuits,
    Accouplant Rabelais à Dante plein d'ennuis,
    Et l'Ugolin sinistre au Grandgousier difforme,
    Près de l'immense deuil montre le rire énorme.
    Les Contemplations, AUTREFOIS : 1830-1843, Livre premier – Aurore : À André Chénier (Juillet 1830) (1856)
  2. Tristan Maya 1984, p. 59
  3. « Il aurait outré, qui ? Petrus ? Là, vraiment, est-ce possible ? outrer du Petrus ! 0n pouvait tout au plus l'égaler en exagération. » Philothée O'Neddy, Lettre à Charles Asselineau sur les Bousingos
  4. Une étude sur le rire dans les œuvres de Victor Hugo
  5. Une étude sur la nouvelle Ivre et mort de Gustave Flaubert