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Lorrain — Wikipédia

Lorrain

ensemble des dialectes d'oïl parlés en Lorraine
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Le lorrain ou plus précisément le lorrain roman est une langue d'oïl. Ce terme désigne l'ensemble des dialectes romans de Lorraine qui sont par ailleurs devenus très peu usités au début du XXIe siècle, sachant qu'ils sont en sérieux déclin depuis les années 1930. Malgré cela, de plus en plus de personnes s'y intéressent au XXIe siècle[1] dont des linguistes qui l'étudient.

Lorrain
Lorin
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Drapeau de la France France
Région Lorraine et Lorraine belge (Gaume)
Typologie SVO
Classification par famille
Statut officiel
Langue officielle langue régionale endogène de Belgique
Type Langue régionale
État de conservation
Éteinte

EXÉteinte
Menacée

CREn situation critique
SESérieusement en danger
DEEn danger
VUVulnérable
Sûre

NE Non menacée
Langue sérieusement en danger (SE) au sens de l’Atlas des langues en danger dans le monde
Carte
Image illustrative de l’article Lorrain
Situation du lorrain parmi les langues d'oïl.

Le lorrain déborde sur la frontière belge où il est appelé gaumais. Il était également parlé dans les hautes vallées des Vosges et il gardait là des formes archaïques comme la conservation des affriquées (tchaté pour château[2]) ; du côté alsacien (Pays welche), on distingue le patois welche apparenté aux parlers de l'Est vosgien.

D'autre part, le lorrain roman se distingue du francique lorrain, appellation utilisée depuis le XXe siècle pour désigner les divers dialectes germaniques de Lorraine.

Classification Linguasphere

 

L'observatoire linguistique Linguasphere distingue sept variantes du lorrain :

Après 1870, les membres de l'académie Stanislas de Nancy ont relevé 132 variantes de patois lorrain entre Thionville au nord et Rupt-sur-Moselle au sud, ce qui signifie que les variantes principales se déclinent en sous-variantes.

Toponymie

Dans l'ancien Lorrain, le phonème obtenu avec la lettre [x] et sa prononciation « à la française » n'existe pas. A l'origine, le phonème lorrain [x] était un son ressemblant à la [jota] espagnole ou au [c'h] breton ou au [ch] allemand que l'on rencontre également en Arabe et en Russe. Dans les documents d'étude du Lorrain-roman de la fin du 19e siècle et début du 20e, ce phonème est écrit [hh] par les philologues (voir entre autres les ouvrages de Léon Zéliqzon).

Dans les patronymes d'origine lorraine et dans les toponymes lorrains, la prononciation de la lettre [x] est, selon les cas, indiquée [ch], [c] et [s] dans des ouvrages du XVIIIe et du XIXe siècle ; à titre d'exemple, les prononciations de Xertigny et Xivray sont indiquées « Certigny » et « Sivray » en 1756[3], les prononciations de Xocourt et Vaxy sont indiquées « Chocourt » et « Vachi » en 1861[4], quant au [x] de Saint-Max il n'est pas prononcé à cette époque : « mâ »[4]. Concernant cette dernière ville, on entendait encore à la XXe siècle d'anciens habitants de prononcer un [r] guttural et très assourdi, à peine audible, à la fin du toponyme. Exemple : Saint-Mâr. Cet "assourdissement" de la dernière lettre n'est pas rare. Il se produit sur le [e] final de Toul prononcé Toue[5] et sur le [e] final de Crévic prononcé Crévie. Il est important de comprendre la différence entre cet "assourdissement" et l’élision totale que l'on rencontre à Foug (Fou en lorrain), à Einville-au-Jard (Einville-au-Ja)[5] et surtout à Art-sur-Meurthe (E-su-Meu)[6].

Autour de Charmes et d'Épinal, les toponymes avec [X] se prononçaient [S] jusqu'à la fin du XXe siècle  : Nomexy se prononçait Nome'si, Vaubexy se prononçait Vaube'si, Ubexy se prononçait Ube'si. Emile Badel dans son Dictionnaire des noms de rues à Nancy dénonce « la corruption verbale des toponymes lorrains contenant une lettre [X] ». Il explique que cette lettre s'est substituée à la lettre grecque [χかい] (chi) dont la phonétique est totalement différente[7].

Émile Badel dans son Dictionnaire des noms de rues à Nancy dénonce « la corruption verbale des toponymes lorrains contenant une lettre [X] ». Il explique que cette lettre s'est substituée à la lettre grecque [χかい] (chi) dont la phonétique est totalement différente[8].

A l'origine, le phonème lorrain [χかい] ou [hh] était un son ressemblant à la [jota] espagnole ou au [c'h] breton ou au [ch] allemand que l'on rencontre également en Arabe et en Russe. Dans les documents d'étude du Lorrain-roman de la fin du 19e siècle et début du 20e, ce phonème est écrit [hh] par les philologues (voir entre autres les ouvrages de Léon Zéliqzon).

Quelques exemples de localités en lorrain roman du XIXe siècle[9],[10] : S'li en Sauneu (Silly-en-Saulnois), Aumanv'lé (Amanvillers), Auvlé (Avillers), Circo (Circourt), Ronco (Roncourt), Ansrevelle (Ancerville), Fieuvelle (Fléville), Lech'ire (Lixières), Méch'ly (Marsilly), Ma-lai-tô (Mars-la-Tour), Mékieuf (Mécleuves), Bieu (Beux), Monteu (Montoy), Augondange/Agondanche (Hagondange), Souagsonche (Xouaxange), Chaméni (Xermaménil), Lovni (Louvigny), Coïni (Colligny), Ponteu (Pontoy), Pinaud (Épinal), Giromouè (Gérardmer), Rambièlè (Rambervillers), Nanceye (Nancy), L'nainville (Lunéville), Toue (Toul), Sallebo (Sarrebourg), Ouëpy (Woippy), Virtang (Virton).

Déclamation

Le nombre de locuteurs étant très réduit en 2019, il est possible d'écouter la fable d’Ésope, la bise et le soleil, dans plusieurs variantes du lorrain roman depuis la page de l'Atlas sonore des langues régionales de France[11], onglet France hexagonale. La fable traduite dans la langue locale étant disponible, il est plus facile de suivre le locuteur pour un non initié.

L'accent lorrain tend lui aussi à disparaître. Hormis quelques communes dans le Sud de la Meurthe-et-Moselle et dans la campagne vosgienne, il n'est audible en 2019 que par des personnes très attentives. On peut cependant reconnaître certains lorrains qui, comme dans l'ancienne langue régionale, ont tendance à remplacer le pronom démonstratif par un adverbe enclitique. Exemple : l'objet au lieu de cet objet.

Les articles le et la qui étaient systématiquement placés devant les noms propres sont beaucoup moins fréquents mais n'ont pas complètement disparus.

Phonétique

le phonème [χかい] a été abordé partiellement dans le paragraphe Toponymie. Techniquement, certains expliquent que c'est l'apparition de l'imprimerie avec un jeu limité de caractères qui serait à l'origine de sa substitution. C'est plausible mais pas formellement démontré. Cependant, l'observation chronologique des écrits conforte cette hypothèse. Les anciens documents lorrains manuscrits utilisent effectivement la lettre [χかい] (chi) mais sa ressemblance avec [x], a pu entraîner la confusion. Dès l'apparition de l'imprimerie, [χかい] est systématiquement remplacée soit par la lettre [x], soit par les suivantes : [ch], [s], [ss] et [j].

La lettre [h] des mots lorrains est nettement expirée comme dans l'Anglais Harvard.

[Y] constitue un autre particularisme. Certains philologues n'hésitent pas à le qualifier de "consonne lorraine" puisqu'il s'entend toujours ; exemple dans pays, le mot se prononce [pé-lly] en détachant nettement [y]. Haye, qui signifie haie, se prononce [héille] comme soleil.

Les philologues ont longuement débattu à propos du [in] lorrain qui n'existe pas non plus en Français. C'est un son très nasillard situé entre [ie] et [inn][12] que Lucien Adam rapproche du [in] latin comme dan in petto.

Voyelles lorraines: L'on s'est beaucoup moqué de l'accent lorrain avec ses [â], [ô] et [î] traînants et fortement accentués, souvent qualifiés de "paysannerie". En réalité, elle jouent dans la langue lorraine le rôle de l'accent tonique dans d'autres langues. Les [â], [ô] et [î] seraient plutôt à considérées comme des voyelles supplémentaires car les voyelles non accentuées telles qu'on les emploie en Français sont parfaitement connues et fréquemment utilisées en lorrain ; exemple, les deux [a] de margatte (mot lorrain signifiant boue) se prononcent exactement comme en Français. Il en est de même pour le [o] de godot (verre). En revanche, le [î] traînant de rîge (crible) et de nîge (neige) semble plus rare.

Lucien Adam indique 8 voyelles dites buccales : i, é, è, a, e, o, ou et u. Il ajoute 4 voyelles dites nasales : ain, an, on et un[12].

Dictionnaires lorrains

Le Lorrain roman a fait l'objet de nombreuses études, particulièrement pendant période de la fin du 18e siècle au début du 20e. Voici par ordre chronologique les principaux dictionnaires faisant références : 1775 : Essai sur le patois lorrain des environs du comté du Ban de la Roche par Jérémie-Jacques Oberlin ; 1881 : les patois lorrains par Lucien Adam ; 1887 : Essai sur un patois vosgien par Nicolas Haillant ; 1922-1924 : dictionnaire des patois romans de la Moselle par Léon Zéliqzon. Celui de Lucien Adam fut critiqué lors de sa parution mais c'est surtout l'origine historique qu'il donne à la langue régionale qui fit débat.

Notes et références

  1. Pierre-Jean Brassac, Les Histoires extraordinaires de mon grand-père : Lorraine, Éditions CPE, (ISBN 9782365729253, lire en ligne)
  2. Louis Remacle, La différenciation dialectale en Belgique romane avant 1600, Bibliothèque de la faculté de philosophie et lettres de l’université de Liège, Presses universitaires de Liège, Librairie DROZ S.A, 1971 ; la Revue de Philologie française, au tome 18, p. 258, ne parle pas directement des Vosges mais cite « tchité » et « tchaté » en Haute-Saône pour « château ».
  3. Augustin Calmet, Notice de la Lorraine, Nancy, 1756
  4. a et b Société d'archéologie lorraine, Mémoires de la Société d'archéologie lorraine, 2e série, 3e volume, 1861
  5. a et b Jean Vartier, Sobriquets et quolibets de Lorraine, Jarville-la-Malgrange, Éditions de l'Est, , 217 p. (ISBN 2-86955-065-0, lire en ligne), pages 18 et 111
  6. Emile Badel, Le monument de Bosserville aux soldats morts pour la patrie, Mazéville, Imprimerie E. Thomas, 120 p. (lire en ligne), note du bas de la page 43
  7. Émile Badel, Dictionnaire historique des rues de Nancy de 1903 à 1905, Nancy, Imprimerie Louis Kreis (lire en ligne)
  8. Émile Badel, Dictionnaire historique des rues de Nancy de 1903 à 1905, Nancy, Imprimerie Louis Kreis (lire en ligne)
  9. Ernest de Bouteiller, Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle, rédigé en 1868 sous les auspices de la Société d'archéologie et d'histoire de la Moselle, Paris, Imprimerie nationale
  10. Henri Lepage, Dictionnaire topographique du département de la Meurthe, Paris, Imprimerie impériale, 1862
  11. https://atlas.limsi.fr/
  12. a et b Lucien Adam, les patois lorrains, 25 quai Voltaire, Paris, Maisonneuve et Cie, , 520 p. (lire en ligne), pages 62

Voir aussi

Bibliographie

  • Louis Jouve, Bibliographie du patois lorrain, 1866 (BNF 30664822)
  • Atlas linguistique et ethnographique de la Lorraine romane, 4 vol., 1979-1988 (OCLC 6764918)
  • Jean Lanher, Les Contes de Fraimbois, 1991. Recueil de contes humoristiques en lorrain.
  • Brondex & Mory, Chan Heurlin ou les fiançailles de Fanchon, éditions Serpenoise, Metz. Poème en patois messin en sept chants, illustré par Clément Kieffer.
  • Georges L'Hôte, Les fitabôles du pâpiche Contes de Lorraine-Moselle, Imprimerie Morin, Sarrebourg 1946.
  • Mory, D., Lo baitomme don piat fei de Chan Heurlin, Nouv. éd. par J. Th. Baron, Annuaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie lorraine, Metz, XX, 1908, p. 121-151
  • Léon Zéliqzon, Dictionnaire des patois romans de la Moselle, éditions Serpenoise, Metz. Dictionnaire très complet et très sérieux sur une langue aujourd'hui presque disparue.
  • Patois de La Bresse, in Bulletin de la Société philomatique vosgienne, par J. Hingre (1903-1924).
  • Régis Watrinet, Patois romans de la Lorraine. Recueil d’expressions, proverbes, dictons, coutumes et traditions avec illustrations, imprimerie Léon Louis, Boulay, septembre 2008.
  • Henri Adolphe Labourasse, Glossaire abrégé du patois de la Meuse, notamment de celui des Vouthons, 1887 (voir en ligne)
  • Varlet (abbé), Dictionnaire du patois meusien, 1896

Articles connexes

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