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Alphonse Gent — Wikipédia

Alphonse Gent

personnalité politique française

Alphonse Gent[1], né le à Roquemaure et mort le à Paris, franc-maçon, avocat et homme politique républicain, est maire d'Avignon, député de Vaucluse, puis sénateur.

Alphonse Gent
Illustration.
Portrait d'Alphonse Gent
Fonctions
Sénateur français

(12 ans et 18 jours)
Circonscription Vaucluse
Député français

(3 ans, 9 mois et 19 jours)
Élection 7 avril 1878
Réélection 21 août 1881
Circonscription Vaucluse
Législature IIe et IIIe (Troisième République)
Groupe politique Union républicaine
Prédécesseur Raoul de Billioti
Successeur Jules Gaillard

(6 ans, 4 mois et 17 jours)
Élection 8 février 1871
Réélection 20 février 1876
Circonscription Vaucluse
Législature Ire (Troisième République)
Groupe politique Union républicaine
Successeur Raoul de Billioti

(11 mois et 22 jours)
Circonscription Vaucluse
Groupe politique Gauche
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Roquemaure (Gard)
Date de décès (à 80 ans)
Lieu de décès 6e arrondissement de Paris
Résidence Vaucluse

Biographie

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Né le , il fait ses études à Nîmes, commence son droit à Paris[2], le termine à Aix-en-Provence[3]. Il commence sa carrière comme avocat et est d'abord inscrit au barreau de Nîmes puis à celui d'Avignon[4].

Maire, député et commissaire général d'Avignon

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Lors de la révolution de 1848, il devient maire provisoire d'Avignon entre mars et [5]. Nommé commissaire du gouvernement provisoire dans le Vaucluse après le [4], c'est alors qu'il fonde une loge maçonnique « Les Vrais Amis » qui est affilée au Grand Orient de France[5].

La même année, Agricol Perdiguier est élu député dans le Vaucluse et à Paris, il choisit de siéger pour la capitale[4]. En remplacement, Gent est élu le , en tant que représentant de Vaucluse à l'Assemblée constituante, il devance Albert-Joseph-Augustin d'Olivier de Pezet, de Bédarrides[6] et Victor Courtet, de L'Isle-sur-la-Sorgue[7].

Cette élection ayant été annulée par l'Assemblée, sous l'accusation d'avoir, en tant que fonctionnaire d'autorité, exercé pression sur certains de ses électeurs[8], ceux-ci furent convoqués à nouveau le , et confirment son mandat[2]. Mais sa venue à Paris est retardée par des blessures consécutives à deux duels qu'il a avec ses adversaires politiques[3]. Pour le premier, c'est le comte Raousset-Boulbon, rédacteur en chef du journal légitimiste La Liberté d'Avignon, qu'il a battu aux élections, pour le second, Léo de Laborde, qui lui casse le bras d'un coup de pistolet. Gent ne peut siéger à l'Assemblée qu'au mois de [2].

Non réélu, il reste à Paris pour collaborer à la Révolution démocratique et sociale, journal dont le directeur est Charles Delescluze, qui ne réussit pas à le faire élire à l’Assemblée législative lors d’une partielle[8]. Il participe à l'émeute du boulevard des Capucines, lors de la journée du 13 juin 1849, mais n'est pas inquiété car il sauve la vie à Théobald de Lacrosse, ministre des travaux publics, pris à partie par les manifestants devant l'Ambigu[2],[8].

Le complot des républicains du Sud-Est

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Il se rend à Lyon pour défendre quelques-uns des accusés de l'émeute du et obtient plusieurs acquittements. Cette notoriété gagnée, il reste sur place à la demande de ses amis politiques. Ses positions fermement républicaines lui font organiser la résistance dans plusieurs départements[3]. Son dessein est de fédérer toutes les forces éparses sous le nom de « Nouvelle Montagne »[8]. Ce qui ne tarde pas à éveiller l'attention de la police qui le met sous étroite surveillance. Il est suivi dans tous ses déplacements dans le Lyonnais, la Drôme et le Vaucluse et les indicateurs découvrent ses relations avec les responsables démocrates de ces départements[8].

Gent met sur pied, dès la fin de l'année 1849, un rassemblement politique dit du « Sud-Est »[2]. Une réunion des délégués montagnards des départements fédérés se tient, le , à Mâcon, portant à leur direction Mathieu de la Drôme[8]. Gent est alors mandaté pour se rendre en Suisse afin de rallier les républicains exilés[2]. Il se rend le 16 octobre, à Genève, avec Amédée Bruys, député montagnard de Bourgogne[8]. De retour à Lyon le 28 octobre, il est arrêté sous l'accusation de complot contre la sûreté de l'État[2].

Gent loge alors chez un dénommé Borel, aubergiste de son état, qui loge des compagnons. La police apprend, par ses indicateurs, que du courrier lui arrive régulièrement sous double enveloppe, au nom de ceux-ci. Elle saisit plusieurs de ces lettres avant de procéder à son coup de filet[8].

Peu après, les responsables connus des départements du Sud-Est sont arrêtés dont, parmi d'autres, Louis Langomazino, journaliste à Digne, Albert Ode, avocat et ancien procureur de la République à Uzès, Isidore Gent, son frère. À Paris, ce sont une jeune actrice du Théâtre français, Maria Lopez[9], Henri Delescluze (frère de Charles Delescluze) puis Jean-Charles de Lesseps, rédacteur en chef du journal Le Vote Universel. Un peu plus tard, la presse gouvernementale annonce des ramifications en Suisse et en Angleterre[8].

Le procès de Lyon

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L'acte d'accusation devant le conseil de guerre explique que Gent a comploté afin de renverser le gouvernement par une insurrection programmée le , date de la rentrée de l'Assemblée. D'après le rapport du procureur général, elle devait d’abord éclater dans le pays d'Apt, où 6 000 hommes devaient se regrouper dans le Luberon, sous les ordres de l'horloger Hubert, le chef montagnard local. À ce signal, Marseille et Toulon se seraient soulevés, les insurgés s’emparant des ports pour tenter de rallier les marins de la Flotte et l'Algérie. Le mouvement s'amplifiant, les frontières suisse et savoyarde passaient sous le contrôle des réfugiés de Genève[8].

Après dix mois de prison préventive, au cours du printemps et l'été 1851, Gent, principal accusé, passe en jugement à Lyon en compagnie d'un autre vauclusien le docteur Étienne Daillan, maire de Bédarrides, qui s'est opposé en tant qu'élu au prince-président[10]. Avec eux sont jugés, par le 2e Conseil de guerre de la 6e division militaire, cinquante républicains accusés d'attentat contre la sûreté de l'État et d'affiliation à des sociétés secrètes afin de renverser le gouvernement[11]. Afin d'en mieux convaincre l'opinion, le procès est placé sous haute surveillance militaire[8].

Les débats sont présidés par le colonel Couston. Les prévenus sont assistés par nombre d'avocats sous la direction de Michel de Bourges et de Madier de Montjau. Ceux-ci ont recours à une méthode qui est jugée déplorable. Gent ayant voulu questionner un témoin, le président s’y oppose et la défense tout entière se retire des débats. Les accusés sont donc jugés et condamnés sans avoir été défendus[8].

Gent, convaincu d'être l'instigateur du complot en tant que chef de l'association secrète de la Nouvelle Montagne est condamné, le , à la déportation[2], Ode et Louis Langomazino à la même peine, Henri Delescluze à dix ans de détention, les autres, à la prison. Ils sont reconduits dans leurs cellules au cri de : « Vive la République ! »[8].

Le gouvernement souhaite aggraver la sentence. En vertu de la loi du , il décide que tous les condamnés devraient purger leurs peines, aux îles Marquises. Mais, à cause du coût du voyage, ils sont déportés en Algérie. Les cas de Gent, Ode et Langomazino sont réservés et ils doivent partir en Océanie, ce qui provoque de vives interpellations à l’Assemblée de la part d'Adolphe Crémieux et de Désiré Bancel[8].

Accompagné de Louis Langomazino et d'Albert Ode, Gent est contraint de se rendre à pied de Lyon à Brest[12]. Là les trois hommes sont embarqués, le 21 décembre, pour purger leur peine dans une forteresse de Nouka-Hiva où ils arrivent en juin 1852. Ils sont les premiers déportés des Marquises[13]. Ils y restent jusqu'en novembre 1854, les îles Marquises ayant été déclassées comme lieu de déportation. Gent voit alors sa peine commuée en vingt ans de bannissement[2], et est contraint de s'exiler au Chili[4] où il devient avocat à Valparaíso[3].

Retour en grâce

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Sa peine est partiellement élargie et il peut rentrer en Europe pour vivre tout d'abord en Italie, en 1861, puis à Madrid où il devient le correspondant des journaux Le Siècle et Le Temps en 1863. L'autorisation de rentrer en France lui est accordée.

Décidé à entrer à nouveau en politique, Gent se présente, dans le Vaucluse, en tant que candidat d'opposition aux législatives du . C'est un échec face au candidat officiel. Le de la même année, il se soumet une seconde fois au suffrage des électeurs dans la 8e circonscription de la Seine et se fait battre par Emmanuel Arago[2].

Disponible, il lui est proposé, le , la charge gouvernementale de Commissaire de la Défense Nationale dans le Vaucluse, il refuse mais accepte une mission en Algérie. Il est rappelé, en novembre, par Gambetta pour être en poste comme administrateur à la préfecture de Marseille[2].

La Ligue du Midi

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Il y rejoint Alphonse Esquiros, l'administrateur supérieur des Bouches-du-Rhône. Le , Gent est élu « Commissaire Général de la Ligue du Midi pour la défense de la République » qui regroupe quinze départements[14]. Le conflit qui règne au sein du Conseil municipal de Marseille entre républicains modérés et révolutionnaires est arbitré sinon attisé par la Garde nationale (bourgeoise) et la Garde civique (ouvrière). De plus, tous savent qu'Esquiros s'oppose à Gambetta et au gouvernement provisoire de Tours. Cela suffit pour provoquer une réaction populaire. Le , l'Hôtel de Ville est occupé et la Commune proclamée. La popularité de l'administrateur général qui préside en fait un véritable gouvernement reste intacte. Il demande à Gent de rejoindre Tours pour tenter de convaincre Gambetta d'adhérer à la Ligue, mais le délégué marseillais est retenu par le chef du gouvernement comme membre du « Comité de guerre ». C'est alors qu'Esquiros, effondré par la mort de son fils qui vient de succomber à la typhoïde, fait savoir qu'il souhaite être remplacé par Alphonse Gent qui rejoint aussitôt Marseille[4].

Les circonstances jouent en faveur de celui-ci. Victime d'un attentat de la part d'un communaliste qui le blesse légèrement au bas ventre d'un coup de pistolet[2], il reçoit immédiatement le soutien populaire. Cette sympathie à son égard lui permet de reprendre le pouvoir en main au nom du Gouvernement. Et le , le nouvel administrateur général, qui a rôle de préfet, peut télégraphier à Tours que l'ordre régnait à Marseille. Après la capitulation de Paris, le , il donne sa démission, après avoir proclamé « Alors, gardez les Prussiens comme gendarmes » et s'engage dans l'armée de Garibaldi[3].

Député et sénateur

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Statue d'Alphonse Gent au cimetière de Saint-Véran d'Avignon, Buste sculpté en 1896 par Louis Cosme Demaille, (Gigondas 1837- Paris 1906)

Décidé de revenir à la vie politique, il se présente aux élections du , et est élu représentant de Vaucluse à l'Assemblée nationale. Comme elles sont invalidées en bloc et une enquête ordonnée, de nouvelles élections ont lieu le , et Gent est réélu. Siégeant à l'extrême-gauche, il s'inscrit à l'Union républicaine dont il est vice-président et président[2].

Il est désormais député de Vaucluse de 1871[3] à 1881[5], ce qui lui permet de soutenir la politique coloniale et scolaire de Jules Ferry. Candidat dans son département aux élections sénatoriales du , il échoue mais est plus heureux aux élections législatives du 20 février suivant où il est élu député de l'arrondissement d'Orange. Il reprend sa place à l'Union républicaine. Au cours de cette législature, il vote pour la protestation des gauches, le , et est des 363 députés qui se prononcent contre le ministère de Broglie-Fourtou[2].

Aux élections du qui suivent la dissolution de la Chambre, Gent échoue, à Orange face au candidat officiel et légitimiste[2]. Mais la nouvelle majorité de la Chambre invalide cette élection à cause des fraudes de la part du candidat élu[15]et, au scrutin du , il retrouve son siège[2].

Le , Alphonse Gent démissionne de son mandat pour accepter le poste de gouverneur de la Martinique qui lui est offert. Mais la presse bonapartiste se déchaîne contre lui mettant en cause sa vie privée, vieille accusation datant de 1848 et dont un jury d'honneur l'avait déjà blanchi. Pourtant le ministère revient sur sa nomination le 25 novembre. Gent se représente à nouveau et ses électeurs lui renouvellent leur confiance le 21 décembre suivant[2].

Réélu lors des élections du face à son principal concurrent Eugène Raspail, il profite du renouvellement triennal pour entrer au Sénat, le , en tant que sénateur de Vaucluse[16]. Siégeant à l'extrême-gauche, il vote pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement, le et pour la procédure sénatoriale à suivre pour juger le général Boulanger[2].

Il meurt le et est inhumé au cimetière Saint-Véran d'Avignon[17]. C'est Félix Devaux qui réalise, en 1895, le buste qui orne sa tombe. Son second buste au rocher des Doms d'Avignon est sculpté en 1897 par Louis Demaille.

Bibliographie

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  • « Alphonse Gent », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • Marc Maynègre, Alphonse Gent in De la Porte Limbert au Portail Peint, histoire et anecdotes d’un vieux quartier d’Avignon, Sorgues, 1991, (ISBN 2950554903)  
  • Marcel Dessal, Le Complot de Lyon et la résistance au coup d'État dans les départements du Sud-Est, Revue d'histoire du XIXe siècle, 2001, mis en ligne le 27 juin 2005. Consulté le  
  • Sudhir Hazareesingh, Republicanism, War and Democracy : The Ligue du Midi in France's War Against Prussia, in French History, vol. 17, no 1, .  

Notes et références

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  1. Pour l'État civil, il est déclaré Alphonse-Antoine-Joseph Gent.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r Carrière politique d'Alphonse Gent
  3. a b c d e et f Rubrique nécrologique d'Alphonse Gent, publiée dans le New York Times, le 11 février 1894
  4. a b c d et e Biographie d'Alphonse Gent
  5. a b et c Marc Maynègre, op. cit., p. 135
  6. Le comte Olivier de Pezet, gros propriétaire foncier, avait été maire d'Avignon de 1841 à 1843.
  7. Cet écrivain saint-simonien est un prédécesseur de Gobineau avec son ouvrage La science politique fondée sur la science de l'homme ou Étude des races humaines sous le rapport philosophique, historique et social
  8. a b c d e f g h i j k l m et n Marcel Dessal, op. cit.
  9. Maria Lopez fut libérée après un mois de prison préventive. Elle avait simplement été arrêté pour avoir reçu une lettre d'Alphonse Gent disant « Je me suis attelé à une besogne rude, difficile, à laquelle j'ai donné ma vie, à laquelle, je sacrifierai toutes mes espérances de bonheur. Je l'accomplirai si les forces d'un homme peuvent y suffire et ne m'abandonnent pas en chemin. Je te dis cela à toi, à toi seule ».
  10. « 16-17 août 1851 Compte-rendu dans le Journal de Toulouse du procès de Lyon intenté contre Étienne Daillan et Alphonse Gent »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) consulté le 6 septembre 2009
  11. Biographie de Pierre Édouard Désiré Toscan du Terrail, juge au « Procès du Complot de Lyon »
  12. La déportation d'Alphonse Gent, in Mémoires de Georges Cavalier, dit Pipe-en-bois
  13. Les trois premiers déportés aux Marquises
  14. Sudhir Hazareesingh, op. cit., p. 48-78.
  15. Biographie de Raoul-Victor-Pierre-Hippolyte-Joachim, marquis de Bilotti
  16. fiche d'Alphonse Gent au Sénat
  17. Personnages illustres inhumés au cimetière Saint-Véran d'Avignon

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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