Manolete
Manuel Laureano Rodríguez Sánchez dit « Manolete », né le à Cordoue (Espagne), mort le à Linares (Espagne, province de Jaén), est un célèbre matador espagnol.
Statue de Manolete devant les arènes de Linares | |
Présentation | |
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Nom de naissance | Manuel Laureano Rodríguez Sánchez |
Apodo | Manolete |
Naissance | Cordoue |
Décès | (à 30 ans) Linares, province de Jaén |
Nationalité | Espagnol |
Carrière | |
Alternative | 2 juillet 1939 à Séville Parrain, Chicuelo |
Confirmation d'alternative | 12 octobre 1939 à Madrid Parrain, Marcial Lalanda |
Invention | Il laisse son nom à la Manoletina |
Fin de carrière | 28 août 1947 |
Mort dans l'arène | Arènes de Linares |
Tué par | Islero, de la ganadería Miura. |
Escalafón général | Premier de l’escalafón en 1943 et 1944 |
Distinction | Nommé « Quatrième Calife de la Tauromachie » |
Entourage familial | |
Père | Manuel Rodriguez y Rodriguez (Manolete père) |
Mère | Angustias Sánchez |
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Biographie
modifierIl est issu d'une longue lignée de toreros : son grand-père et son père étaient eux-mêmes des matadors sous l’apodo (« pseudonyme ») « Manolete » ; en outre, sa mère Angustias Sanchez était mariée en premières noces à Lagartijo Chico, neveu de Lagartijo.
Il fait ses débuts en public à Barcelone le dans la partie sérieuse d’un spectacle de toreo comique. Il débute en novillada avec picadors à Cordoue le aux côtés de Bienvenido Sánchez « Niño de Palma del Río » et Antoñito Flores. Novillos de la ganadería de Flores Albarrán. Présentation à Madrid : aux côtés des mexicains Liborio Ruiz, Silverio Perez et de l'espagnol Bonifacio Fresnillo « Valerito chico ». Novillos de Estebán Hernández
Alternative à Séville le . Son parrain est « Chicuelo » son témoin, « Gitanillo de Triana ». Taureaux de la ganadería de Clemente Tassara. Le taureau de la cérémonie s’appelait Comunista (« Communiste »), mais compte tenu des circonstances (la guerre civile s’achevait à peine), il fut rebaptisé Mirador (« Examinateur »). Confirmation d’alternative à Madrid : . Parrain, Marcial Lalanda ; témoin Juan Belmonte Campoy qui confirmait également son alternative. Taureaux de la ganadería de Antonio Pérez. Il est premier de l’escalafón en 1943 et 1944.
Le , « Manolete » est grièvement blessé dans les arènes de Linares par le taureau « Islero » de la ganadería de Don Eduardo Miura. Lors de l’estocade, l'une des cornes pénètre dans l'artère fémorale et provoque une hémorragie qui lui sera fatale. « Manolete » décède le lendemain à cinq heures du matin. Il repose au cimetière Nuestra Señora de la Salud de Cordoue[1].
Style
modifierIl révolutionna la tauromachie et est considéré comme le fondateur de la corrida moderne. « Manolete » fut le premier torero à privilégier dans la corrida la faena de muleta et à proposer des faenas sobres, liées, allongées, mais introduisant la recherche de l’esthétique. On lui attribue souvent l'invention d'une passe, la manoletina qu'il a contribué à populariser au point que son nom y est désormais attaché[2],[3].
Sa corrida, qui consiste en une recherche de la position idéale, le sitio, ce lieu géométrique qui déclenche la charge et où l'homme se doit de l'attendre, puis de l'esquiver, et aussi du temple, dans lequel le rythme de l'homme s'accorde au rythme de la charge, introduit une évolution irréversible de la corrida.
Postérité
modifierIl a été nommé par la vox populi « Quatrième Calife de la Tauromachie » après « Lagartijo », « Guerrita » et « Machaquito ».
« Manolete » a influencé une longue lignée de toreros qui, à ce jour, culmine probablement dans la figure de José Tomás. Même ceux, dont le plus emblématique est sans doute « El Cordobés », qui ont rompu avec ce modèle, ne peuvent être compris que par la rupture qu'ils introduisent avec « Manolete ». Selon François Zumbiehl : « La vérité, à mon sens, est que, par sa personnalité artistique et humaine, Manolete est peut-être la figura la plus marquante du XXe siècle — ce qui ne veut pas dire obligatoirement le plus grand torero — et qu'il a ouvert la voie à d'autres personnalités majeures : El Cordobès, Paco Ojeda, José Tomás. Tous ceux en un mot qui ont privilégié le sitio, l'enchaînement, l'aguante »[4].
Sa faena, qui consiste en une recherche de la position idéale, le sitio, ce lieu géométrique qui déclenche la charge et où l'homme se doit de l'attendre puis de l'esquiver, et aussi du temple, dans lequel le rythme de l'homme s'accorde au rythme de la charge, a introduit une évolution irréversible de la corrida[5].
Certains déplorent cette évolution qui entraînerait monotonie, évolution vers des taureaux plus dociles, tremendisme et parfois aussi du cabotinage. « Les aficionados éclairés n'ont jamais cessé de lui reprocher son toreo de profil (…) à la frontière même du classicisme et du romantisme tremendiste »[6].
Dans une critique du livre d'Anne Plantagenet Le Calife foudroyé, parue dans L'Express, l'écrivain Michel del Castillo affirme que « Manolete fut la figure symbolique, adulée et détestée, de cette Espagne de l'après-guerre, habitée par un peuple exsangue »[7].
Référence culturelle
modifierMusique
modifier- La Muerte de Manolete est un paso doble espagnol dont les paroles sont de Jacinto Guerrero, la musique de Torcuato Luca de Tena Brunet (es), et chanté notamment par Antoñita Moreno en 1947[8].
- Manolete est un instrumental jazz fusion du groupe Weather Report, extrait de l'album Sweetnighter paru en 1973.
- Manolete est une chanson contre la corrida de Henri Tachan de 1979.
- Manolo Manolete est une chanson interprétée par Vanessa Paradis sur le matador sortie en 1987.
Documentaire
modifier- Emilio Maillé Jacques Durand, Manolete, Le Plus Célèbre Des Toreros production : La Femme Endormie 1997, coproduit par Canal+.
Film
modifier- Manolete, film de Menno Meyjes sorti en France le . Il raconte, en montage parallèle, la dernière journée du matador et les dix-huit mois de sa liaison passionnée avec la sulfureuse comédienne Lupe Sino.
Bibliographie
modifier- Sur Manolete
- José Vincente Puente, Manolete ou le délire d'un peuple, Éditions Del duca, Paris, 1961
- Anne Plantagenet, Le Calife foudroyé : Manolete, La Laune, Au Diable Vauvert, , 324 p. (ISBN 978-2-84626-246-0 et 2-84626-246-2)
- Jean Chalvidan, Manolete, une histoire, Pau, Cairn, , 177 p. (ISBN 978-2-35068-069-9, BNF 41202197)
- Ouvrages de référence
- Claude Popelin et Yves Harté, La Tauromachie, Paris, Seuil, 1970 et 1994 (ISBN 978-2-02-021433-9 et 2-02-021433-4) (préface Jean Lacouture et François Zumbiehl)
- Paul Casanova et Pierre Dupuy, Toreros pour l'histoire, Besançon, La Manufacture, (ISBN 2-7377-0269-0)
- Robert Bérard (dir.), Histoire et dictionnaire de la Tauromachie, Paris, Bouquins Laffont, , 1056 p. (ISBN 2-221-09246-5)
Notes et références
modifier- Cordoue, Cimetière Notre-Dame de la Santé (Cementerio Nuestra Señora De La Salud) sur le site de Bertrand Beyern.
- Auguste Lafront -Paco Tolosa: Encyclopédie de la corrida, éditions Prisma, 1950, p.159-160
- Casanova et Dupuy, Dictionnaire Tauromachique, Jeanne Laffitte, 1981, p.101-102
- article de François Zumbiehl dans Bérard 2003, p. 818
- Casanova et Dupuy 1991, p. 116-117
- Popelin et Harté 1970 et 1994, p. 179
- « Un martyr dans l'arène », sur L'Express, (consulté le )
- (es) « La muerte de Manolete : romance-canción », sur Fundación Guerrero (consulté le ).