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{{Ébauche|localité d'Irak|Kurdistan}}

{{Infobox Commune d'Irak
{{Infobox Commune d'Irak
| nom = Mossoul
| nom = Mossoul
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'''Mossoul''' (en {{lang-ar|الموصل}} / {{lang|ar-Latn|''al-mawṣil''}} ; en [[kurde]] : {{lang|ku|''Mûsil''}}) est la seconde ville d'[[Irak]] par son importance, chef-lieu de la [[Ninive (province)|province de Ninive]], en [[Haute Mésopotamie]], dans le Nord du pays.
'''Mossoul''' (en {{lang-ar|الموصل}} / {{lang|ar-Latn|''al-mawṣil''}} ; en [[kurde]] : {{lang|ku|''Mûsil''}}) est la deuxième ville d'[[Irak]] par son importance, chef-lieu de la [[Ninive (province)|province de Ninive]], en [[Haute Mésopotamie]], dans le Nord du pays.


Pour ce qui est de son histoire récente, la ville est prise par l'organisation terroriste [[État islamique (organisation)|État islamique]] à l'été 2014, [[Abou Bakr al-Baghdadi]] s'y proclame calife, et elle devient la « capitale » de l'EI, jusqu'à sa reprise par les forces armées irakiennes en 2017, après combats et bombardements qui l'ont partiellement détruite. Toute la vieille ville, où se trouvait le patrimoine culturel, est quant à elle totalement détruite.
En ce qui concerne son histoire récente, la ville est prise par l'organisation terroriste [[État islamique (organisation)|État islamique]] à l'été 2014, [[Abou Bakr al-Baghdadi]] s'y proclame calife, et elle devient la « capitale » de l'EI, jusqu'à sa reprise par les [[forces armées irakiennes]] en 2017, après des combats et des bombardements qui l'ont partiellement détruite. La vieille ville, où se trouvait le patrimoine culturel, est quant à elle totalement détruite.


[[Fichier:Nineveh_-_Mashki_Gate.jpg|vignette|Ninive – porte de Mashki.]]
[[Fichier:Nineveh_-_Mashki_Gate.jpg|vignette|Ninive – porte de Mashki.]]
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== Géographie ==
== Géographie ==
Mossoul se trouve sur les rives du [[Tigre (fleuve)|Tigre]] (cinq ponts permettaient avant la guerre de franchir le fleuve), à environ {{unité|350|km}} au nord de [[Bagdad]] et à une centaine de kilomètres des frontières [[Frontière entre l'Irak et la Syrie|syrienne]] et [[Frontière entre l'Irak et la Turquie|turque]].
Mossoul se trouve sur les rives du [[Tigre (fleuve)|Tigre]] (cinq ponts permettaient avant la guerre de franchir le fleuve), à environ {{unité|350|km}} au nord de [[Bagdad]] et à une centaine de kilomètres des frontières [[Frontière entre l'Irak et la Syrie|syrienne]] et [[Frontière entre l'Irak et la Turquie|turque]].
La partie est de la ville est parcourue par la rivière [[Khosr]] qui se jette dans le Tigre au niveau du premier pont (ou « vieux pont », ou « pont de fer »).[[Fichier:Ffgfhfhg_(23).jpg|vignette|Vue de Mossoul.|alt=|centré]]
La partie est de la ville est parcourue par la rivière [[Khosr]] qui se jette dans le Tigre au niveau du premier pont (ou « vieux pont », ou « pont de fer »).[[Fichier:Ffgfhfhg_(23).jpg|vignette|Vue de Mossoul.|alt=|centré]]


== Démographie ==
== Démographie ==
Avant la [[Seconde guerre civile irakienne]]{{laquelle}}, la ville comptait environ 2,7 millions d'habitants, ce qui en faisait la deuxième ville irakienne en termes de population, après [[Bagdad]] et avant [[Bassorah]].
Avant la [[Seconde guerre civile irakienne]], la ville comptait environ 2,7 millions d'habitants, ce qui en faisait la deuxième ville irakienne au regard de la population, après [[Bagdad]] et avant [[Bassorah]].


== Toponymie ==
== Toponymie ==
[[Fichier:Philadelphia-Story-Stage-1.jpg|vignette|Robe en mousseline de soie portée par [[Katharine Hepburn]], 1939]]
[[Fichier:Philadelphia-Story-Stage-1.jpg|vignette|Robe en mousseline de soie portée par [[Katharine Hepburn]], 1939]]
Son nom arabe de Mossoul, ''Al-Mawssil'' (ou ''Al-Moussel''), lui a été attribué par ces derniers lorsqu'ils ont conquis la région au {{s-|VII|e}} et fait référence à un ancien pont de bateaux qui permettait de traverser le [[Tigre (fleuve)|Tigre]], puisqu'en [[arabe]] le verbe ''waSala'' signifie « relier »<ref>[[Louis Deroy]] et [[Marianne Mulon]], ''Dictionnaire des noms de lieux'', [[Dictionnaires Le Robert|Le Robert]], 1994 {{ISBN|285036195X}}, p. 326.</ref>.
Son nom arabe de Mossoul, ''Al-Mawssil'' (ou ''Al-Moussel''), lui a été attribué par ces derniers lorsqu'ils ont conquis la région au {{s-|VII|e}} et fait référence à un ancien pont de bateaux qui permettait de traverser le [[Tigre (fleuve)|Tigre]], puisqu'en [[arabe]] le verbe ''waSala'' signifie « relier »<ref>[[Louis Deroy]] et [[Marianne Mulon]], ''Dictionnaire des noms de lieux'', [[Dictionnaires Le Robert|Le Robert]], 1994 {{ISBN|285036195X}}, {{p.|326}}.</ref>.


Auparavant, la ville se nommait ''Ninuwa'' ou ''Ninwa'', selon les formes [[akkadien]]nes ou [[assyrien]]nes retrouvées sur des tablettes cunéiformes, transcrit en ''[[Ninive]]'' en français, et dont l'étymologie est obscure<ref>[[Louis Deroy]] et [[Marianne Mulon]], ''Dictionnaire des noms de lieux'', [[Dictionnaires Le Robert|Le Robert]], 1994 {{ISBN|285036195X}}, p. 342.</ref>. Le nom de ''Ninawa'' est mentionné à 34 reprises dans la [[Bible]].
Auparavant, la ville se nommait ''Ninuwa'' ou ''Ninwa'', selon les formes [[akkadien]]nes ou [[assyrien]]nes retrouvées sur des tablettes cunéiformes, transcrit en ''[[Ninive]]'' en français, et dont l'étymologie est obscure<ref>[[Louis Deroy]] et [[Marianne Mulon]], ''Dictionnaire des noms de lieux'', [[Dictionnaires Le Robert|Le Robert]], 1994 {{ISBN|285036195X}}, p. 342.</ref>. Le nom de ''Ninawa'' est mentionné à 34 reprises dans la [[Bible]].
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On appelle aussi cette ville du nom de ''Oumou Rabïain'' qui veut dire littéralement « mère de deux printemps » parce qu’elle bénéficie en [[automne]] d'une deuxième saison printanière.
On appelle aussi cette ville du nom de ''Oumou Rabïain'' qui veut dire littéralement « mère de deux printemps » parce qu’elle bénéficie en [[automne]] d'une deuxième saison printanière.


De Mossoul dérive le nom de [[mousseline]], désignant d'abord une étoffe fine et transparente originaire de cette ville, terme qui, par analogie, passa en cuisine pour qualifier une préparation légère à laquelle est généralement ajoutée de la crème fouettée.
De Mossoul dérive le nom de [[mousseline]] (une autre origine du nom de ce tissu peut être aussi [[Machilipatnam|Maisolos]], le port indien qui exportait les tissus produits à Mossoul<ref>{{Lien web |langue= en
|url = http://www.fordham.edu/halsall/ancient/periplus.asp
|titre = The Periplus of the Erythraean Sea: Travel and Trade in the Indian Ocean by a Merchant of the First Century
|série = Ancient History Sourcebook
|date = octobre 2000
|site = fordham.edu Internet History Sourcebooks Project
|éditeur = Paul Halsall
|brisé le = 2023-11-26}}, point 62.</ref>), désignant d'abord une étoffe fine et transparente originaire de cette ville<ref>{{Ouvrage
|prénom1=Daniel
|nom1=Weidmann
|titre=Guide pratique des textiles
|sous-titre=Tissés, tricotés, techniques
|éditeur=[[Dunod]]
|année=2015
|pages totales=200
|passage=16
|isbn=978-2-10-072677-6
|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=zLfFCQAAQBAJ&pg=PA16
}}</ref>. Par analogie, le terme est passé en cuisine pour qualifier une préparation légère à laquelle est généralement ajoutée de la crème fouettée.

== Histoire ==
== Histoire ==
=== Antiquité ===
=== Antiquité ===
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{{Loupe|Ninive}}
{{Loupe|Ninive}}


Cité liée à l'histoire biblique du prophète [[Jonas]], la capitale de l'[[Empire assyrien]], Ninive située dans les quartiers de la rive est du [[Tigre (fleuve)|Tigre]], connu son âge d'or durant le {{-s-|VIII|e}} L'héritage archéologique de la ville témoigne de la vitalité de la culture assyrienne dont la grande bibliothèque d’[[Assurbanipal]] fut l'illustration.
Cité liée à l'histoire [[Bible|biblique]] du prophète [[Jonas]], la capitale de l'[[Empire assyrien]], Ninive située dans les quartiers de la rive est du [[Tigre (fleuve)|Tigre]], connut son âge d'or durant le {{-s-|VIII|e}} L'héritage archéologique de la ville témoigne de la vitalité de la culture assyrienne dont la grande bibliothèque d’[[Assurbanipal]] fut l'illustration.


Ninive est tombée dans les mains des [[Chaldée]]ns en l'an [[-611|611 av. J.-C.]], marquant la fin de l'Empire assyrien. [[File:BnF MS pers. 1113 f. 190r.jpg|thumb|Siège de Mossoul en 1261-1262, manuscrit de l'''Histoire universelle'' de [[Rashid al-Din]], 1430.]]Les invasions se succèdent ensuite : la ville tombe successivement entre les mains par les [[Perses]] [[Achéménides]] de [[Cyrus le Grand]] en [[-539|539 av. J.-C.]] ; les troupes [[grecs]] d'[[Alexandre le Grand]] en [[-331|331 av. J.-C.]], puis les [[Parthes]], les [[Romains]] et enfin de nouveau les Perses [[Sassanides]].
Ninive est tombée dans les mains des [[Chaldée]]ns en l'an [[-611|611 av. J.-C.]], marquant la fin de l'Empire assyrien. [[File:BnF MS pers. 1113 f. 190r.jpg|thumb|Siège de Mossoul en 1261-1262, manuscrit de l'''Histoire universelle'' de [[Rashid al-Din]], 1430.]]Les invasions se succèdent ensuite : la ville tombe successivement entre les mains par les [[Perses]] [[Achéménides]] de [[Cyrus le Grand]] en [[-539|539 av. J.-C.]] ; les troupes [[grecs|grecques]] d'[[Alexandre le Grand]] en [[-331|331 av. J.-C.]], puis les [[Parthes]], les [[Romains]] et enfin de nouveau les Perses [[Sassanides]].


À la veille de la conquête musulmane, Ninive devient une importante métropole régionale. Peuplée essentiellement de [[christianisme|chrétiens]] d'obédience [[nestorianisme|nestorienne]], elle abrite les tombes de plusieurs évangélisateurs.
À la veille de la conquête musulmane, Ninive devient une importante métropole régionale. Peuplée essentiellement de [[christianisme|chrétiens]] d'obédience [[nestorianisme|nestorienne]], elle abrite les tombes de plusieurs évangélisateurs.


Aujourd'hui, le nom de Ninive est donné à la fois au site archéologique de la ville et à la province qui s'étend sur une vaste [[plaine de Ninive|plaine aux alentours de Mossoul]].[[Fichier:Grand_mosque_of_Mosul_.jpg|vignette|[[Grande mosquée de Mossoul]].|alt=|centré]]
Aujourd'hui, le nom de Ninive est donné à la fois au site archéologique de la ville et à la province qui s'étend sur une vaste [[plaine de Ninive|plaine aux alentours de Mossoul]].[[Fichier:Grand_mosque_of_Mosul_.jpg|vignette|[[Grande mosquée de Mossoul]].|alt=|centré]]

=== Empires musulmans ===
=== Empires musulmans ===
{{Article détaillé|Hamdanides|Zengides|Qara Qoyunlu|Aq Qoyunlu|Eyalet de Mossoul}}
{{Article détaillé|Hamdanides|Zengides|Qara Qoyunlu|Aq Qoyunlu|Eyalet de Mossoul}}
Prise en [[641]] par les [[Arabe]]s, l'antique cité de Ninive est peu à peu délaissée au profit de sa voisine Mossoul, établie de l'autre côté du Tigre. Celle-ci devient alors le principal pôle commercial de la région en raison de son emplacement, au carrefour des routes de caravanes entre la [[Syrie]] et la [[Perse]]. C'est à cette époque que Mossoul devient réputée grâce à ses tissus fins de [[coton]], les ''mousselines'', ainsi que pour son [[marbre]].
Prise en [[641]] par les [[Arabe]]s, l'antique cité de Ninive est peu à peu délaissée au profit de sa voisine Mossoul, établie de l'autre côté du Tigre. Celle-ci devient alors le principal pôle commercial de la région en raison de son emplacement, au carrefour des routes de caravanes entre la [[Syrie]] et la [[empire perse|Perse]]. C'est à cette époque que Mossoul devient réputée grâce à ses tissus fins de [[coton]], les ''mousselines'', ainsi que pour son [[marbre]].


Au {{s-|X|e}}, sous la dynastie arabe des [[Hamdanides]], l'émirat de Mossoul, vassal du [[califat]] [[Abbassides|abbasside]], acquiert une quasi-indépendance. Au {{s-|XI|e}}, il forme une des principautés soumises à la dynastie turque des [[Seldjoukides]], puis à celle des [[Zengides]].
Au {{s-|X|e}}, sous la dynastie arabe des [[Hamdanides]], l'émirat de Mossoul, vassal du [[califat]] [[Abbassides|abbasside]], acquiert une quasi-indépendance. Au {{s-|XI|e}}, il forme une des principautés soumises à la dynastie turque des [[Seldjoukides]], puis à celle des [[Zengides]].
[[Fichier:Street scene in Mosul, 1915.jpg|vignette|Scène de rue à Mossoul, XIX{{È}} s.]]
[[Fichier:Street scene in Mosul, 1915.jpg|vignette|Scène de rue à Mossoul, {{s-|XIX}}.]]
Au {{s-|XIII|e}}, elle est conquise et pillée par les [[Mongols]]. Après [[1262]], elle passe sous une série de dynasties turques marquées de culture [[Iran|perse]], les [[Qara Qoyunlu]], [[Aq Qoyunlu]], [[Séfévides]], puis [[Empire ottoman|Ottomans]]. Elle est la capitale d'une province, l'[[eyalet de Mossoul]] devenu au {{s-|XIX|e}} le [[vilayet de Mossoul]].
Au {{s-|XIII|e}}, elle est conquise et pillée par les [[Mongols]]. Après [[1262]], elle passe sous une série de dynasties turques marquées de culture [[Iran|perse]], les [[Qara Qoyunlu]], [[Aq Qoyunlu]], [[Séfévides]], puis [[Empire ottoman|Ottomans]]. Elle est la capitale d'une province, l'[[eyalet de Mossoul]] devenu au {{s-|XIX|e}} le [[vilayet de Mossoul]].
[[Fichier:M54 dirham Zengides MWI1131 1ar85 (8594794281).jpg|centré|vignette|Une monnaie d'un dirham de bronze de Badr al-din Lulu, un [[mamelouk]], vizir de l'émir Nasir al din Mahmoud (1234-1259), dernier représentant de la dynastie des [[Zengides]] turcs de Mossoul, {{s-|XIII}}.]]

Elle est traversée par le [[chemin de fer Berlin-Bagdad]], construit avec des capitaux allemands, avant d'être prise par les [[Britanniques]] en 1918 lors de la [[campagne de Mésopotamie]].
Elle est traversée par le [[chemin de fer Berlin-Bagdad]], construit avec des capitaux allemands, avant d'être prise par les [[Britanniques]] en 1918 lors de la [[campagne de Mésopotamie]].


=== Période contemporaine ===
=== Période contemporaine ===
==== Du mandat britannique à la république ====
==== Du mandat britannique à la république ====
[[File:خليل جاسم مع الملك فيصل الثاني والوصي عبد الاله.jpg|thumb|Le roi [[Fayçal II]] à l'aéroport de Mossoul, 1958.]]
{{Article détaillé|Mandat britannique de Mésopotamie|Royaume d'Irak|Oléoduc de Mossoul à Haïfa|République d'Irak (1958-1968)}}
{{Article détaillé|Mandat britannique de Mésopotamie|Royaume d'Irak|Oléoduc de Mossoul à Haïfa|République d'Irak (1958-1968)}}
Promise à la souveraineté française par les [[accords Sykes-Picot]] de 1916, ce sont les Britanniques qui l'occupent en 1918, puis l'administrent. La France, aux termes de nombreuses tergiversations, renonce à ses droits sur le ''[[vilayet]]'' en échange d'une participation aux bénéfices pétroliers du bassin de [[Kirkouk]], et le Royaume-Uni l'intègre au [[mandat britannique de Mésopotamie]]. La [[Turquie]] proteste contre cette annexion mais la [[Société des Nations]] confirme l'action britannique en [[1925]]. Le mandat est remplacé en 1932 par le [[royaume d'Irak]], nominalement indépendant mais soumis aux intérêts britanniques. Mossoul est le point de départ de l'[[oléoduc de Mossoul à Haïfa]] en [[Palestine mandataire]], ouvert en 1934, une des voies essentielles du commerce du [[pétrole au Moyen-Orient]].
Promise à la souveraineté française par les [[accords Sykes-Picot]] de 1916, ce sont les Britanniques qui l'occupent en 1918, puis l'administrent. La France, aux termes de nombreuses tergiversations, renonce à ses droits sur le ''[[vilayet]]'' en échange d'une participation aux bénéfices pétroliers du bassin de [[Kirkouk]], et le Royaume-Uni l'intègre au [[mandat britannique de Mésopotamie]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Matthieu Auzanneau|titre=Or noir La grande histoire du pétrole|passage=pages 160 à 164Paris|lieu=Paris|éditeur=Editions La Découverte|date=2015|pages totales=885|isbn=978-2-348-06728-0}}</ref>. La [[Turquie]] proteste contre cette annexion mais la [[Société des Nations]] confirme l'action britannique en [[1925]]. La commission d’enquête constituée par la SDN était pourtant parvenue à la conclusion que la population souhaitait la création d'un État kurde indépendant. La SDN promis la création d'une administration autonome kurde, mais cette promesse ne fut jamais honorée et les révoltes visant à exiger son respect furent écrasées par l'aviation britannique. Les [[États-Unis]], tout comme la France, reçurent chacun en échange de leur soutien à cette annexion 23,75 % des actions de la compagnie [[Iraq Petroleum Company|Iraq Petroleum]]<ref name=":02">{{Article |auteur1=Kendal Nezan |titre=Les dures leçons de l'histoire |périodique=Manière de Voir |date=février 2020 |lire en ligne= |pages= }}</ref>.


Le mandat est remplacé en 1932 par le [[royaume d'Irak]], nominalement indépendant mais soumis aux intérêts britanniques. Mossoul est le point de départ de l'[[oléoduc de Mossoul à Haïfa]] en [[Palestine mandataire]], ouvert en 1934, une des voies essentielles du commerce du [[pétrole au Moyen-Orient]].
Le massacre du Farhoud a été confiné à la seule ville de Bagdad. Des sources indiquent cependant que si les assassinats n'ont effectivement eu lieu qu'à Bagdad, les violences physiques contre les Juifs et le pillage de leurs biens se sont produits à [[Mossoul]], [[Kirkouk]], [[Erbil]], [[Bassorah]], Amara et [[Falloujah|Fallujah]] où vivaient de moins grandes communautés juives qu'à Bagdad - et évidemment à Bagdad.

En juin [[1941]], la population arabe de Mossoul (et d'autres villes d'Irak) s'en prend physiquement à la [[communauté juive]] et pille ses biens ; le ''[[Farhoud]]'' (du nom de ce [[pogrom]] irakien) est autrement plus sanglant à Bagdad<ref name=":0">{{Lien web |titre=The Farhud (Farhoud). MIDRASH ben ish hai lecture. |url=http://www.midrash.org/articles/farhud/ |site=www.midrash.org |consulté le=2019-06-26 }}</ref>.


En mars 1959, après la proclamation de la [[République d'Irak (1958-1968)|république d'Irak]] par le général [[Abdul Karim Qasim]], celui-ci écrase un soulèvement des militaires panarabes [[Nassérisme|nassériens]] à Mossoul avec l'aide des milices [[kurdes]]<ref>Chris Kutschera, ''Le Mouvement national kurde'', Flammarion, 1979, p.205-206.</ref>. La ville subit ensuite les contrecoups du [[conflit kurde en Irak]] à partir de 1961 puis de la [[guerre Iran-Irak]] entre 1980 et 1988.
En mars 1959, après la proclamation de la [[République d'Irak (1958-1968)|république d'Irak]] par le général [[Abdul Karim Qasim]], celui-ci écrase un soulèvement des militaires panarabes [[Nassérisme|nassériens]] à Mossoul avec l'aide des milices [[kurdes]]<ref>Chris Kutschera, ''Le Mouvement national kurde'', Flammarion, 1979, p.205-206.</ref>. La ville subit ensuite les contrecoups du [[conflit kurde en Irak]] à partir de 1961 puis de la [[guerre Iran-Irak]] entre 1980 et 1988.
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[[File:General riyadh mosul 2008.jpg|thumb|Troupes gouvernementales irakiennes dans la bataille de Mossoul, février 2008.]]
[[File:General riyadh mosul 2008.jpg|thumb|Troupes gouvernementales irakiennes dans la bataille de Mossoul, février 2008.]]
{{Article détaillé|Bataille de Mossoul (2004)}}
{{Article détaillé|Bataille de Mossoul (2004)}}
Durant l'[[Opération Liberté irakienne|opération ''Liberté irakienne'']] qui entraîne la chute du régime dictatorial de [[Saddam Hussein]], le [[Musée de Mossoul|musée archéologique de Mossoul]], comme [[Musée national d'Irak|celui de Bagdad]], est victime de pillages et beaucoup d'objets sont perdus ou détruits<ref>[http://www.liberation.fr/planete/2015/02/27/l-etat-islamique-deverse-sa-haine-sur-les-antiquites-de-mossoul_1211249 "L’Etat islamique déverse sa haine sur les antiquités de Mossoul", Libération, 27 février 2015.]</ref>. Mossoul passe sous le contrôle des [[peshmergas]] kurdes qui, bien qu'ils ne la revendiquent pas comme partie de leur [[Kurdistan irakien|région autonome du Kurdistan]], s'y maintiennent jusqu'en 2005 comme alliés des [[États-Unis|Américains]] puis du gouvernement provisoire irakien<ref>[https://www.cairn.info/revue-critique-internationale-2005-4-page-25.htm Hamit Bozarslan, « Le Kurdistan d'Irak aujourd'hui », Critique internationale, 2005/4 (no 29), p. 25-36.]</ref>. Le {{Date|15|avril|2003}}, les troupes américaines ouvrent le feu sur des manifestants dénonçant leur présence en Irak : la fusillade fait au moins dix victimes. Trois mois plus tard, en juillet [[2003]], les deux fils de Saddam Hussein, [[Oudaï Hussein|Oudaï]] et [[Qoussaï Hussein|Qoussaï]] sont tués à Mossoul lors d'une opération commando des forces spéciales.
Durant l'[[Opération Liberté irakienne|opération ''Liberté irakienne'']] qui entraîne la chute du régime dictatorial de [[Saddam Hussein]], le [[Musée de Mossoul|musée archéologique de Mossoul]], comme [[Musée national d'Irak|celui de Bagdad]], est victime de pillages et beaucoup d'objets sont perdus ou détruits<ref>[http://www.liberation.fr/planete/2015/02/27/l-etat-islamique-deverse-sa-haine-sur-les-antiquites-de-mossoul_1211249 « L’Etat islamique déverse sa haine sur les antiquités de Mossoul », Libération, 27 février 2015.]</ref>. Mossoul passe sous le contrôle des [[peshmergas]] kurdes qui, bien qu'ils ne la revendiquent pas comme partie de leur [[Kurdistan irakien|région autonome du Kurdistan]], s'y maintiennent jusqu'en 2005 comme alliés des [[États-Unis|Américains]] puis du gouvernement provisoire irakien<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=[[Hamit Bozarslan]] |titre=Le Kurdistan d'Irak aujourd'hui |périodique=Critique internationale |numéro=29 |date=2005 |pages=25-36 |issn=1290-7839 |e-issn=1777-554X |doi=10.3917/crii.029.002 }}.</ref>. Le {{Date|15|avril|2003}}, les troupes américaines ouvrent le feu sur des manifestants dénonçant leur présence en Irak : la fusillade fait au moins dix victimes. Trois mois plus tard, en juillet [[2003]], les deux fils de Saddam Hussein, [[Oudaï Hussein|Oudaï]] et [[Qoussaï Hussein|Qoussaï]] sont tués à Mossoul lors d'une opération commando des forces spéciales.


La période de l'occupation américaine est marquée par de nombreux attentats avec cinq journalistes assassinés pour la seule année 2005<ref>[https://rsf.org/fr/actualites/mossoul-deuxieme-ville-du-pays-la-plus-dangereuse-pour-les-journalistes Reporters sans Frontières, "Mossoul : deuxième ville du pays la plus dangereuse pour les journalistes", 8 novembre 2005.]</ref>. La même année, un attentat lors des funérailles d'un leader chiite fait 50 morts et 90 blessés<ref>{{en}} [http://www.rferl.org/content/article/1057917.html "Suicide Bombing Kills At Least 47 In Iraq ", RFE/RL, 10 mars 2005]</ref>{{,}}<ref>[https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A23448-2005Mar10.html "Suicide Bomber Kills 47 in Mosul", Washington Post, 11 mars 2005.]</ref>{{,}}<ref>[http://www.politiqueinternationale.com/revue/article.php?id_revue=21&id=53&content=synopsis Jean-Pierre Luizard, "Les surprises du nouvel Irak", Politique internationale, {{n°|107}}, printemps 2005]</ref>.
La période de l'occupation américaine est marquée par de nombreux attentats avec cinq journalistes assassinés pour la seule année 2005<ref>[https://rsf.org/fr/actualites/mossoul-deuxieme-ville-du-pays-la-plus-dangereuse-pour-les-journalistes Reporters sans Frontières, « Mossoul : deuxième ville du pays la plus dangereuse pour les journalistes », 8 novembre 2005.]</ref>. La même année, un attentat lors des funérailles d'un leader chiite fait 50 morts et 90 blessés<ref>{{en}} [http://www.rferl.org/content/article/1057917.html « Suicide Bombing Kills At Least 47 In Iraq », RFE/RL, 10 mars 2005]</ref>{{,}}<ref>[https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/articles/A23448-2005Mar10.html « Suicide Bomber Kills 47 in Mosul », Washington Post, 11 mars 2005.]</ref>{{,}}<ref>[http://www.politiqueinternationale.com/revue/article.php?id_revue=21&id=53&content=synopsis Jean-Pierre Luizard, « Les surprises du nouvel Irak », Politique internationale, {{n°|107}}, printemps 2005]</ref>.


En 2008, la ville est disputée entre les forces américaines et gouvernementales et les groupes insurgés lors de la {{Lien|langue=en|trad=Ninawa campaign|fr=Bataille de Mossoul (2008)|texte=campagne de Ninive}}.
En 2008, la ville est disputée entre les forces américaines et gouvernementales et les groupes insurgés lors de la {{Lien|langue=en|trad=Ninawa campaign|fr=Bataille de Mossoul (2008)|texte=campagne de Ninive}}.
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En {{date||juin|2014}}, durant la [[seconde guerre civile irakienne]], Mossoul [[Bataille de Mossoul (2014)|tombe aux mains des jihadistes]] de l'[[État islamique (organisation)|État islamique]], après quatre jours de combat lors d'une offensive de grande ampleur de ces derniers dans le nord du pays et avec la complicité d'anciens cadres du [[Parti Baas#Baassisme irakien|Parti Baas]] de Saddam Hussein<ref>[https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/10/le-gouvernement-irakien-perd-le-controle-de-mossoul_4435203_3218.html « Offensive sans précédent des djihadistes en Irak »], lemonde.fr, 10 juin 2014.</ref>{{,}}<ref>[http://orientxxi.info/magazine/a-mossoul-une-alliance-contre,0616 « À Mossoul, une alliance contre nature entre le Baas et les djihadistes »], orientxxi.info, 12 juin 2014.</ref>. Selon une ONG, cinq cent mille civils fuient la ville<ref>Cécile Hennion, [https://www.lemonde.fr/international/article/2014/06/11/les-djihadistes-s-emparent-de-la-deuxieme-ville-d-irak_4435918_3210.html « Après la prise de Mossoul par les djihadistes, l'Irak est au bord de l'implosion »], lemonde.fr, 11 juin 2014.</ref>.
En {{date||juin|2014}}, durant la [[seconde guerre civile irakienne]], Mossoul [[Bataille de Mossoul (2014)|tombe aux mains des jihadistes]] de l'[[État islamique (organisation)|État islamique]], après quatre jours de combat lors d'une offensive de grande ampleur de ces derniers dans le nord du pays et avec la complicité d'anciens cadres du [[Parti Baas#Baassisme irakien|Parti Baas]] de Saddam Hussein<ref>[https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2014/06/10/le-gouvernement-irakien-perd-le-controle-de-mossoul_4435203_3218.html « Offensive sans précédent des djihadistes en Irak »], lemonde.fr, 10 juin 2014.</ref>{{,}}<ref>[http://orientxxi.info/magazine/a-mossoul-une-alliance-contre,0616 « À Mossoul, une alliance contre nature entre le Baas et les djihadistes »], orientxxi.info, 12 juin 2014.</ref>. Selon une ONG, cinq cent mille civils fuient la ville<ref>Cécile Hennion, [https://www.lemonde.fr/international/article/2014/06/11/les-djihadistes-s-emparent-de-la-deuxieme-ville-d-irak_4435918_3210.html « Après la prise de Mossoul par les djihadistes, l'Irak est au bord de l'implosion »], lemonde.fr, 11 juin 2014.</ref>.


Après avoir vu leurs maisons marquées de la lettre de l'[[alphabet arabe]] {{lang|ar|[[Nūn|ن]]}}, signifiant ''{{lang|ar-Latn|Nazrani}}'' ([[Nazôréen (titre)|Nazaréen]]), les chrétiens de Mossoul {{Incise|environ {{formatnum:10000}} personnes principalement présentes dans les quartiers d'Alzehours et de Dargazliya}} doivent choisir entre se convertir, payer un impôt de [[capitation]] (''[[jizya]]'') aux islamistes ou quitter la ville ; ils fuient en masse, se faisant par ailleurs souvent racketter leurs biens<ref>Laurence Desjoyaux, [http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/le-rideau-tombe-sur-mossoul-18-07-2014-54926_16.php « Le rideau tombe sur Mossoul »], lavie.fr, 18 juillet 2014.</ref>{{,}}<ref>Inès Daif, [http://lefigaro.fr/international/2017/12/22/01003-20171222ARTFIG00276--mossoul-des-eglises-souillees-par-daech-remises-en-etat-par-des-musulmans.php « À Mossoul, des églises souillées par Daech remises en état par des musulmans »], ''Le Figaro'', 22 décembre 2017.</ref>.
Après avoir vu leurs maisons marquées de la lettre de l'[[alphabet arabe]] {{lang|ar|[[Nūn|ن]]}}, signifiant ''{{lang|ar-Latn|Nazrani}}'' ([[Nazôréen (titre)|Nazaréen]]), les chrétiens de Mossoul {{Incise|environ {{nombre|10000|personnes}} principalement présentes dans les quartiers d'Alzehours et de Dargazliya}} doivent choisir entre se convertir, payer un impôt de [[capitation]] (''[[jizya]]'') aux islamistes ou quitter la ville ; ils fuient en masse, se faisant par ailleurs souvent racketter leurs biens<ref>Laurence Desjoyaux, [http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/le-rideau-tombe-sur-mossoul-18-07-2014-54926_16.php « Le rideau tombe sur Mossoul »], lavie.fr, 18 juillet 2014.</ref>{{,}}<ref>Inès Daif, [http://lefigaro.fr/international/2017/12/22/01003-20171222ARTFIG00276--mossoul-des-eglises-souillees-par-daech-remises-en-etat-par-des-musulmans.php « À Mossoul, des églises souillées par Daech remises en état par des musulmans »], ''Le Figaro'', 22 décembre 2017.</ref>.


[[Fichier:Map of Mosul.svg|vignette|Carte des quartiers de Mossoul.]]
[[Fichier:Map of Mosul.svg|vignette|Carte des quartiers de Mossoul.]]


Plusieurs monuments historiques sont démolis par les djihadistes de l'État islamique. Le 24 juillet 2014, deux mosquées sont détruites à l'aide d'explosifs, dont celle qui contenait la tombe du prophète [[Jonas]], ainsi que d'autres restes archéologiques datant du {{-s-|VIII|e}} et de l'antique [[Ninive]]<ref name="gardian">{{Lien web |langue=en |url=https://www.theguardian.com/world/2014/jul/24/isis-militants-blow-up-jonah-tomb |titre=Isis militants blow up Jonah's tomb |date=24 juillet 2014 |site= |éditeur=[[The Guardian]] |consulté le=25 juillet 2014}}.</ref>. En février 2015, les djihadistes détruisent à la [[masse (outil)|masse]] et au [[marteau-piqueur]], des statues et des fresques [[Assyrie|assyriennes]] et [[parthes]] du [[musée de Mossoul]]<ref name="F24a">{{Lien web|url=http://www.france24.com/fr/20150226-irak-mossoul-organisation-etat-islamique-demolit-statues-paiennes-vieilles-plus-2000-ans/ |titre=Mossoul : l’EI démolit des statues vieilles de plus de 2 000 ans |site=France 24 |auteur= |année=26 février 2015 |consulté le= }}.</ref>, dans le même temps la [[Bibliothèque de Mossoul|bibliothèque de la ville]] est volontairement incendiée, environ {{formatnum:8000}} ouvrages anciens partent alors en fumée<ref name="nouvelobs 25/02/15">{{Article |titre=L'État islamique brûle 8 000 livres rares à Mossoul |périodique=[[Le Nouvel observateur]] |lien éditeur=Le nouvel observateur |jour=25 |mois=février |année=2015 |lire en ligne=http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150225.OBS3327/irak-l-etat-islamique-brule-8-000-livres-rares-a-mossoul.html |consulté le=27 février 2015}}.</ref>.
Plusieurs monuments historiques sont démolis par les djihadistes de l'État islamique. Le 24 juillet 2014, deux mosquées sont détruites à l'aide d'explosifs, dont celle qui contenait la tombe du prophète [[Jonas]]<ref name=":1">{{En}} [https://static1.squarespace.com/static/587e46d129687f2d2ff30d8f/t/5a6a2edef9619ae405d685d1/1516908255975/2017_04OCT_PG+50-51+SEPHARDI.pdf « The vanished synagogues of Mosul »], JEWISHRENAISSANCE.ORG.UK, octobre 2017 (Extrait de Ethel Sara Wolper, ''Synagogues and the Hebrew prophets: the architecture of convergence, coexistence and conflict in pre-modern Iraq'' in ''Synagogues of the Islamic World'', edited by Mohammad Gharipour, [[Edinburgh University Press]], 2017</ref>, ainsi que d'autres restes archéologiques datant du {{-s-|VIII|e}} et de l'antique [[Ninive]]<ref name="gardian">{{Lien web |langue=en |url=https://www.theguardian.com/world/2014/jul/24/isis-militants-blow-up-jonah-tomb |titre=Isis militants blow up Jonah's tomb |date=24 juillet 2014 |éditeur=[[The Guardian]] |consulté le=25 juillet 2014}}.</ref>. En février 2015, les djihadistes détruisent à la [[masse (outil)|masse]] et au [[marteau-piqueur]], des statues et des fresques [[Assyrie|assyriennes]] et [[parthes]] du [[musée de Mossoul]]<ref name="F24a">{{Lien web|url=http://www.france24.com/fr/20150226-irak-mossoul-organisation-etat-islamique-demolit-statues-paiennes-vieilles-plus-2000-ans/ |titre=Mossoul : l’EI démolit des statues vieilles de plus de 2 000 ans |site=France 24 |année=26 février 2015 }}.</ref>, dans le même temps, la [[Bibliothèque de Mossoul|bibliothèque de la ville]] est volontairement incendiée, environ {{formatnum:8000}} ouvrages anciens partent alors en fumée<ref name="nouvelobs 25/02/15">{{Article |titre=L'État islamique brûle 8 000 livres rares à Mossoul |périodique=[[Le Nouvel observateur]] |lien éditeur=Le nouvel observateur |jour=25 |mois=février |année=2015 |lire en ligne=http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20150225.OBS3327/irak-l-etat-islamique-brule-8-000-livres-rares-a-mossoul.html |consulté le=27 février 2015}}.</ref>.


Le 17 octobre 2016, le gouvernement irakien annonce le lancement de l'opération pour la [[Bataille de Mossoul (2016-2017)|reprise de la ville de Mossoul]]. Outre la participation des [[peshmerga|peshmergas kurdes]] dans l'offensive terrestre en attaquant à l'est de Mossoul, les forces irakiennes comptent sur le soutien militaire des États-Unis<ref>[http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/l-armee-irakienne-a-lance-l-operation-reconquete-de-mossoul-fief-de-daech_1841472.html « La bataille pour la reconquête de Mossoul, fief de Daech, a commencé », lexpress.fr, 17 octobre 2016].</ref>. Alors que les combats empêchent l'accès de la ville, les habitants souffrent de malnutrition<ref>{{Article|langue=fr|titre=Irak. À Mossoul, « des personnes meurent de malnutrition »|périodique=Courrier international|date=2017-02-21|lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/article/irak-mossoul-des-personnes-meurent-de-malnutrition|consulté le=2017-03-26}}.</ref>.
Le 17 octobre 2016, le gouvernement irakien annonce le lancement de l'opération pour la [[Bataille de Mossoul (2016-2017)|reprise de la ville de Mossoul]]. Outre la participation des [[peshmerga|peshmergas kurdes]] dans l'offensive terrestre en attaquant à l'est de Mossoul, les forces irakiennes comptent sur le soutien militaire des États-Unis<ref>[http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/l-armee-irakienne-a-lance-l-operation-reconquete-de-mossoul-fief-de-daech_1841472.html « La bataille pour la reconquête de Mossoul, fief de Daech, a commencé », lexpress.fr, 17 octobre 2016].</ref>. Alors que les combats empêchent l'accès de la ville, les habitants souffrent de malnutrition<ref>{{Article|langue=fr|titre=Irak. À Mossoul, « des personnes meurent de malnutrition »|périodique=Courrier international|date=2017-02-21|lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/article/irak-mossoul-des-personnes-meurent-de-malnutrition|consulté le=2017-03-26}}.</ref>.


En mars 2017, Mossoul est victime de plusieurs attaques aériennes sous l'égide du gouvernement américain, qui causent la mort d'au moins 150 personnes. Le nombre de civils morts aurait doublé depuis la prise de pouvoir du président [[Donald Trump|Trump]] aux États-Unis en raison du comportement des forces américaines depuis lors<ref>{{Article|langue=fr|titre=Irak. À Mossoul, une attaque meurtrière de la coalition anti-Daech|périodique=Courrier international|date=2017-03-26|lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/une/irak-mossoul-une-attaque-meurtriere-de-la-coalition-anti-daech|consulté le=2017-03-26}}.</ref>.
En mars 2017, Mossoul est victime de plusieurs attaques aériennes sous l'égide du gouvernement américain, qui causent la mort d'au moins 150 personnes. Le nombre de civils morts aurait doublé depuis la prise de pouvoir du président [[Donald Trump|Trump]] aux États-Unis en raison du comportement des forces américaines depuis lors<ref>{{Article|langue=fr|titre=Irak. À Mossoul, une attaque meurtrière de la coalition anti-Daech|périodique=Courrier international|date=2017-03-26|lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/une/irak-mossoul-une-attaque-meurtriere-de-la-coalition-anti-daech|consulté le=2017-03-26}}.</ref>.
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==== Reconstruction de la ville ====
==== Reconstruction de la ville ====
Au cours de la bataille, près de {{nombre|20000|maisons}} et six des cinquante-quatre quartiers que compte la partie ouest de la ville ont été presque entièrement détruits, et une dizaine d'autres quartiers gravement endommagés. C'est pourquoi plus de {{nombre|900000}} Mossouliotes, soit la moitié de la population, sont privés de leur logement, obligeant un tiers d'entre eux à vivre dans des camps humanitaires, les autres étant hébergés chez des amis ou des voisins<ref name="Les Échos">{{Article|langue=fr-FR|titre=La reconstruction de Mossoul sera coûteuse et politiquement à haut risque|périodique=lesechos.fr|date=2017-07-10|lire en ligne=https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/030438929887-la-reconstruction-de-mossoul-sera-couteuse-et-politiquement-a-haut-risque-2101135.php|consulté le=2017-07-24}}.</ref>.

Au cours de la bataille, près de {{formatnum:20000}} maisons et six des cinquante-quatre quartiers que compte la partie ouest de la ville ont été presque entièrement détruits, et une dizaine d'autres quartiers gravement endommagés. C'est pourquoi plus de {{nombre|900000}} Mossouliotes, soit la moitié de la population, sont privés de leur logement, obligeant un tiers d'entre eux à vivre dans des camps humanitaires, les autres étant hébergés chez des amis ou des voisins<ref name="Les Échos">{{Article|langue=fr-FR|titre=La reconstruction de Mossoul sera coûteuse et politiquement à haut risque|périodique=lesechos.fr|date=2017-07-10|lire en ligne=https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/030438929887-la-reconstruction-de-mossoul-sera-couteuse-et-politiquement-a-haut-risque-2101135.php|consulté le=2017-07-24}}.</ref>.


D'après une évaluation de l'ONU effectuée en {{Date-|juillet 2017}}, la reconstruction des seules infrastructures d'eau, d'électricité, des égouts, des routes, des ponts, des universités, des hôpitaux, des chemins de fer, devrait prendre cinq ans et coûter 700 millions de dollars. Le ministère irakien du Plan a évalué fin mai 2017 à 100 milliards de dollars sur dix ans la reconstruction des infrastructures et logements, en incluant toutes les zones qui ont été tenues par l'EI dans le pays<ref name="Les Échos"/>.
D'après une évaluation de l'ONU effectuée en {{Date-|juillet 2017}}, la reconstruction des seules infrastructures d'eau, d'électricité, des égouts, des routes, des ponts, des universités, des hôpitaux, des chemins de fer, devrait prendre cinq ans et coûter 700 millions de dollars. Le ministère irakien du Plan a évalué fin mai 2017 à 100 milliards de dollars sur dix ans la reconstruction des infrastructures et logements, en incluant toutes les zones qui ont été tenues par l'EI dans le pays<ref name="Les Échos"/>.
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Dans la partie orientale de la ville, des habitants ont pris en main le nettoyage de leurs quartiers, tandis que des écoles et des commerces ont rouvert, même si l'alimentation en électricité demeure aléatoire<ref name="Les Échos"/>.
Dans la partie orientale de la ville, des habitants ont pris en main le nettoyage de leurs quartiers, tandis que des écoles et des commerces ont rouvert, même si l'alimentation en électricité demeure aléatoire<ref name="Les Échos"/>.


De nombreuses [[Organisation non gouvernementale|ONG]] sont sur le terrain pour venir en aide aux populations marquées par la guerre et la présence de l'[[Etat islamique (Etat)|EI]]<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=|titre=Retour à Mossoul, ville de décombres et d’espoirs|périodique=LeMonde.fr|date=2018-06-07|issn=|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/06/07/retour-a-mossoul-ville-de-decombres-et-d-espoirs_5310814_3218.html|consulté le=2019-05-21|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Près de Mossoul, l’ONG Triangle vient en aide aux enfants déplacés|url=http://www.rfi.fr/moyen-orient/20170224-irak-camp-khazir-mossoul-ong-triangle-vient-aide-enfants-deplaces|site=RFI|date=2017-02-24|consulté le=2019-05-21}}</ref>.
De nombreuses [[Organisation non gouvernementale|ONG]] agissent sur place pour aider les populations marquées par la guerre et par les exactions de l'[[Etat islamique (Etat)|EI]]<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=|titre=Retour à Mossoul, ville de décombres et d’espoirs|périodique=LeMonde.fr|date=2018-06-07|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2018/06/07/retour-a-mossoul-ville-de-decombres-et-d-espoirs_5310814_3218.html|consulté le=2019-05-21|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Près de Mossoul, l’ONG Triangle vient en aide aux enfants déplacés|url=http://www.rfi.fr/moyen-orient/20170224-irak-camp-khazir-mossoul-ong-triangle-vient-aide-enfants-deplaces|site=RFI|date=2017-02-24|consulté le=2019-05-21}}.</ref>.


== Monuments ==
== Monuments ==
=== Édifices religieux musulmans ===
=== Édifices religieux musulmans ===
[[Fichier:مرقد الإمام يحيى أبو القاسم قبل تفجيره من قبل داعش.jpg|vignette|Le sanctuaire de l'Imam Yahya Abu Al Qasim.]]
[[Fichier:مرقد الإمام يحيى أبو القاسم قبل تفجيره من قبل داعش.jpg|vignette|Le sanctuaire de l'Imam Yahya Abu Al Qasim.]]
* La [[grande mosquée d'al-Nuri]], bâtie au {{s-|XII|e}}, elle était notamment célèbre pour son minaret incliné. Elle est détruite par l'[[État islamique (organisation)|État islamique]] en juin 2017 ;
* La [[grande mosquée d'al-Nuri]], bâtie à l'origine au {{s-|XII|e}} mais reconstruite en 1942, était notamment célèbre pour son minaret incliné. Elle est détruite par l'[[État islamique (organisation)|État islamique]] en juin 2017 ;
* la [[grande mosquée de Mossoul]], la plus grande de la ville, située sur la rive est du [[Tigre (fleuve)|Tigre]]. Sa construction a débuté sous [[Saddam Hussein]] et elle reste inachevée à ce jour.
* la [[grande mosquée de Mossoul]], la plus grande de la ville, située sur la rive est du [[Tigre (fleuve)|Tigre]]. Sa construction a débuté sous [[Saddam Hussein]] et elle reste inachevée à ce jour.


=== Édifices religieux chrétiens ===
=== Édifices religieux chrétiens ===
[[File:Latin Church, Mosul 1980s-1.jpg|thumb|L'[[église Notre-Dame de l'Heure]] dans les années 1980.]]
[[File:Latin Church, Mosul 1980s-1.jpg|thumb|L'[[église Notre-Dame de l'Heure]] dans les années 1980.]]
* Le [[Monastère de Saint-Élie de Mossoul|monastère Saint-Élie]] (''Dair Mar Alia''), bâti entre 582 et 590, le plus ancien édifice chrétien d'Irak, a été démoli en 2014 par l'[[État islamique (organisation)|État islamique]]. Il contenait des manuscrits et des livres liturgiques inestimables volés peu avant le dynamitage{{Quand ?|date=7 août 2019}} du sanctuaire qui appartenait à l'[[Église syriaque orthodoxe]] ;
* Le [[Monastère de Saint-Élie de Mossoul|monastère Saint-Élie]] (''Dair Mar Alia''), bâti entre 582 et 590 et appartenant à l'[[Église syriaque orthodoxe]], le plus ancien édifice chrétien d'Irak a été démoli en 2014 par l'[[État islamique (organisation)|État islamique]] ;
* l'[[église Notre-Dame de l'Heure]], construite par les pères [[Ordre des Prêcheurs|dominicains]], possédait un clocher dont l'horloge avait été offerte en 1870 par l'[[impératrice Eugénie]]. Le 24 avril 2016, le monument est détruit à l'explosif par l'État islamique<ref>[http://fr.radiovaticana.va/news/2016/04/26/irak__daesh_fait_sauter_l%E2%80%99%C3%A9glise_notre-dame_de_lheure_%C3%A0_mossoul/1225706 « Irak : Daesh fait sauter l’église « Notre-Dame de l'Heure » à Mossoul »], Radio Vatican, 26 avril 2016.</ref> ;
* L'[[église Notre-Dame de l'Heure]], construite par les pères [[Ordre des Prêcheurs|dominicains]], possède un clocher dont l'horloge avait été offerte en 1870 par l'[[impératrice Eugénie]]. Contrairement à des informations erronées faisant état de la destruction à l'explosif par l'État islamique en 2016<ref>{{Lien web|url=http://fr.radiovaticana.va/news/2016/04/26/irak__daesh_fait_sauter_l%E2%80%99%C3%A9glise_notre-dame_de_lheure_%C3%A0_mossoul/1225706|titre=Irak : Daesh fait sauter l’église « Notre-Dame de l'Heure » à Mossoul|site=[[Radio Vatican]]|date=26 4 2016}}.</ref>, celui-ci, bien qu'endommagé, est toujours debout et est en voie de restauration sous l'égide de l'Unesco<ref>{{Lien web|url=https://www.op.org/lunesco-leglise-du-couvent-notre-dame-de-lheure-a-mossoul-irak/?lang=fr|titre=A la suite de l’accord formel de l’Ordre Dominicain, l’UNESCO lance la stabilisation et la réhabilitation de l’église du couvent Notre-Dame de l’Heure à Mossoul (Irak)}}, site de l'Ordre dominicain</ref> ;
* l'[[église de la Vierge Marie de Mossoul]], située dans les quartiers est, fut incendiée par l'État islamique le {{date-|22|février|2015}}.
* L'[[église de la Vierge Marie de Mossoul]], située dans les quartiers Est, a été incendiée par l'État islamique le {{date-|22|février|2015}}.
* L'église syriaque-orthodoxe Mar Touma située dans le vieux Mossoul. Célèbre pour son portail en marbre orné de bas reliefs représentant les douze apôtres entourant le Christ<ref>{{Lien web |titre=Eglise syriaque-orthodoxe Mar Touma de Mossoul |url=https://www.mesopotamiaheritage.org/monuments/leglise-syriaque-orthodoxe-mar-touma-de-mossoul/ |site=mesopotamiaheritage.org |date=Avril 2018 |consulté le=24 mai 2022}}.</ref>.

=== Édifices religieux juifs ===
[[Yehuda Alharizi]], rabbin et poète d'[[Espagne]] qui visite le Kurdistan en [[1230]] est impressionné par la splendeur des synagogues de Mossoul<ref name="Shwartz">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Ora Shwartz-Be'eri|titre=The Jews of Kurdistan|sous-titre=daily life, customs, arts and crafts|lieu=Jérusalem|éditeur=UPNE|année=2000|pages totales=271|passage=25-34|isbn=965-278-238-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=2Tf7G9nAXuIC}}</ref>. Aujourd'hui, il semble qu'elles ont toutes été détruites<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Moše|nom1=Gîl|titre=Jews in Islamic Countries in the Middle Ages|éditeur=BRILL|date=2004-01-01|pages totales=828|passage=513|isbn=978-90-04-13882-7|lire en ligne=https://books.google.il/books?id=8vTTCwG0nKIC&pg=PA513&dq=synagogue+mossoul|consulté le=2019-08-07}}</ref>, comme la synagogue Sassoun<ref>{{Lien web |titre=Sassoon Synagogue (בית כנסת ששון), Mosul, Iraq {{!}} Archive {{!}} Diarna.org |url=http://archive.diarna.org/site/detail/public/2700/ |site=archive.diarna.org |consulté le=2019-08-07 }}.</ref>, ou converties en mosquées comme celle du prophète [[Ézéchiel]]<ref name=":1" />. Cependant une ancienne synagogue désaffectée depuis les années 1950, transformée en dépôt de munitions et d’obus par l'État islamique, subsiste à l'état de ruine dans la vieille ville de Mossoul<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=À Mossoul, une synagogue en ruine face au défi de la reconstruction |url=https://www.france24.com/fr/20190423-irak-mossoul-synagogue-ruine-defi-reconstruction-etat-islamique |site=France 24 |date=2019-04-23 |consulté le=2019-08-07 }}.</ref>{{,}}<ref name=":2">{{Lien web |auteur1=Bernard-Henri Lévy |titre=Il reste une synagogue à Mossoul : il faut la sauver ! |url=https://laregledujeu.org/2018/09/24/34308/il-reste-une-synagogue-a-mossoul-il-faut-la-sauver/ |site=La Règle du Jeu |date=2018-09-24 |consulté le=2019-08-07 }}.</ref>.


== Religion ==
== Religion ==
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La ville est le siège de l’archidiocèse [[Église syriaque orthodoxe|syriaque orthodoxe]] de Mossoul dont l’archevêque est, en 2015, Mor [[Nicodemus Daoud Sharaf]]<ref>[https://mospat.ru/fr/2015/11/10/news125025/ Le Patriarche Cyrille a reçu le Primat de l'Église syro-jacobite].</ref>.
La ville est le siège de l’archidiocèse [[Église syriaque orthodoxe|syriaque orthodoxe]] de Mossoul dont l’archevêque est, en 2015, Mor [[Nicodemus Daoud Sharaf]]<ref>[https://mospat.ru/fr/2015/11/10/news125025/ Le Patriarche Cyrille a reçu le Primat de l'Église syro-jacobite].</ref>.


Une communauté juive existait à Mossoul depuis l'Antiquité, qui a émigré au milieu du XX{{E}} siècle, dont il ne reste quasiment plus personne.
Une communauté juive existait à Mossoul depuis l'Antiquité, « forte de plusieurs dizaines de milliers d’âmes » quand elle a dû émigrer au milieu du {{s-|XX}}, dont il ne reste quasiment plus personne<ref name=":2" />{{,}}<ref name="Shwartz" />.


== Économie ==
== Économie ==
D'importants gisements de [[pétrole]] à proximité assurent une bonne partie de son activité (raffineries). C'est également le principal marché agricole de la région ([[céréale]]s, plantes textiles, [[fruit (alimentation humaine)|fruit]]s).
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== Transports ==
== Transports ==
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== Personnalités liées à Mossoul ==
== Personnalités liées à Mossoul ==
* [[Ziriab|Abu Al-Hassan Ali ben Nafi dit ''Ziriab'']] (ce qui signifie « or » en [[kurde]]), né dans un village kurde de Mossoul en [[789]] et mort à [[Cordoue]] en [[857]], l'une des principales figures de l'histoire de la [[musique arabo-andalouse]] au {{IXe siècle}}.
* [[Ziriab|Abu Al-Hassan Ali ben Nafi dit ''Ziriab'']] (ce qui signifie « or » en [[kurde]]), né dans un village kurde de Mossoul en [[789]] et mort à [[Cordoue]] en [[857]], l'une des principales figures de l'histoire de la [[musique arabo-andalouse]] au {{IXe siècle}}.
* [[Abu Tammam]] ([[804]]-[[845]]), poète arabe.
* [[Abu Tammam]] ([[804]]-[[845]]), poète arabe.
* [[Ignace Éphrème II Rahmani]] (1848-1929), patriarche de l'[[Église catholique syriaque]].
* [[Ignace Éphrème II Rahmani]] (1848-1929), patriarche de l'[[Église catholique syriaque]].
* [[Vian Dakhil]], femme politique irakienne.
* [[Vian Dakhil]], femme politique irakienne.
* [[Ibn al-Ṭiqṭaqī]] (1262-1310), historien.
* [[Sliwa Bar Yuhanna]] (1315), chroniqueur chrétien.
* [[Sliwa Bar Yuhanna]] (1315), chroniqueur chrétien.
* {{Mgr|[[Faraj Rahou]]}}, archevêque [[Église catholique chaldéenne|chaldéen]] de Mossoul, enlevé le 29 février 2008 et retrouvé mort quelques jours plus tard.
* {{Mgr|[[Faraj Rahou]]}}, archevêque [[Église catholique chaldéenne|chaldéen]] de Mossoul, enlevé le 29 février 2008 et retrouvé mort quelques jours plus tard.
* [[Abou Sayyaf (bourreau)|Abou Sayyaf]], bourreau.
* {{Mgr|[[Yousif Thomas Mirkis]]}} (1949), archevêque chaldéen de Kirkouk.
* {{Mgr|[[Yousif Thomas Mirkis]]}} (1949), archevêque chaldéen de Kirkouk.
* [[Brigitte Findakly]] (1959), coloriste française de bande dessinée.
* [[Brigitte Findakly]] (1959), coloriste française de bande dessinée.
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{en}} Habibollah Atarodi, ''Great powers, oil and the Kurds in Mosul (Southern Kurdistan/Northern Iraq), 1910-1925'', University Press of America, Lanham, MA, 2003, 233 p. {{ISBN|0-7618-2536-3}}.
* {{en}} Habibollah Atarodi, ''Great powers, oil and the Kurds in Mosul (Southern Kurdistan/Northern Iraq), 1910-1925'', University Press of America, Lanham, MA, 2003, 233 p. {{ISBN|0-7618-2536-3}}.
* Percy Kemp, ''Territoires d'Islam : le monde vu de Mossoul au {{XVIIIe}} siècle'', Sindbad, Paris, 1982, 184 p. {{ISBN|9782727400752}} (texte remanié d'une thèse de {{3e|cycle}}).
* Percy Kemp, ''Territoires d'Islam : le monde vu de Mossoul au {{s-|XVIII}}'', Sindbad, Paris, 1982, 184 p. {{ISBN|9782727400752}} (texte remanié d'une thèse de {{3e|cycle}}).
* {{en}} Dina Rizk Khoury, ''State and provincial society in the Ottoman empire: Mosul, 1540-1834'', Cambridge University Press, Cambridge, New York, 1997 (rééd. 2002), 253 p. {{ISBN|978-0-521-89430-2}}.
* {{en}} Dina Rizk Khoury, ''State and provincial society in the Ottoman empire: Mosul, 1540-1834'', [[Cambridge University Press]], Cambridge, New York, 1997 (rééd. 2002), 253 p. {{ISBN|978-0-521-89430-2}}.
* Louis Le Fur, « L'affaire de Mossoul », ''Revue générale de droit international public'', A. Pedone, Paris, 1927, 85 p.
* Louis Le Fur, « L'affaire de Mossoul », ''Revue générale de droit international public'', A. Pedone, Paris, 1927, 85 p.
* Jean-Marie Mérigoux, ''Va à Ninive ! : un dialogue avec l'Irak, Mossoul et les villages chrétiens, pages d'histoire dominicaine'', Cerf, Paris, 2000, 482 p. {{ISBN|2-204-06522-6}}.
* [[Jean-Marie Mérigoux]], ''Va à Ninive ! : un dialogue avec l'Irak, Mossoul et les villages chrétiens, pages d'histoire dominicaine'', Cerf, Paris, 2000, 482 p. {{ISBN|2-204-06522-6}}.
* Jean Richard, « La confrérie des Mosserins d'Acre et les marchands de Mossoul au {{XIIIe}} siècle », ''Orient syrien'', 1966, vol. XI, fascicule 4, {{p.|451-460}}.
* Jean Richard, « La confrérie des Mosserins d'Acre et les marchands de Mossoul au {{s-|XIII}} », ''Orient syrien'', 1966, vol. XI, fascicule 4, {{p.|451-460}}.
* {{en}} Sarah D. Shields, ''An economic history of nineteenth-century Mosul'', University of Chicago, Illinois, 1986, 230 p. (thèse).
* {{en}} Sarah D. Shields, ''An economic history of nineteenth-century Mosul'', University of Chicago, Illinois, 1986, 230 p. (thèse).
* {{en}} Sarah D. Shields, ''Mosul before Iraq: like bees making five-sided cells'', State University of New York Press, Albany, NY, 2000, 278 p. {{ISBN|0-7914-4488-0}}.
* {{en}} Sarah D. Shields, ''Mosul before Iraq: like bees making five-sided cells'', State University of New York Press, Albany, NY, 2000, 278 p. {{ISBN|0-7914-4488-0}}.
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Version du 22 avril 2024 à 15:20

Mossoul
(ku) Mûsil
(ar) الموصل
Mossoul
Un pont sur le Tigre, à Mossoul.
Administration
Pays Drapeau de l'Irak Irak
Province Ninive
Démographie
Gentilé Mossouliotes
Population 2 721 096 hab. (estimation de 2008)
Géographie
Coordonnées 36° 20′ 14″ nord, 43° 08′ 09″ est
Altitude 228 m
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Irak
Voir sur la carte topographique d'Irak
Mossoul
Géolocalisation sur la carte : Irak
Voir sur la carte administrative d'Irak
Mossoul

Mossoul (en arabe : الموصل / al-mawṣil ; en kurde : Mûsil) est la deuxième ville d'Irak par son importance, chef-lieu de la province de Ninive, en Haute Mésopotamie, dans le Nord du pays.

En ce qui concerne son histoire récente, la ville est prise par l'organisation terroriste État islamique à l'été 2014, Abou Bakr al-Baghdadi s'y proclame calife, et elle devient la « capitale » de l'EI, jusqu'à sa reprise par les forces armées irakiennes en 2017, après des combats et des bombardements qui l'ont partiellement détruite. La vieille ville, où se trouvait le patrimoine culturel, est quant à elle totalement détruite.

Ninive – porte de Mashki.

Géographie

Mossoul se trouve sur les rives du Tigre (cinq ponts permettaient avant la guerre de franchir le fleuve), à environ 350 km au nord de Bagdad et à une centaine de kilomètres des frontières syrienne et turque.

La partie est de la ville est parcourue par la rivière Khosr qui se jette dans le Tigre au niveau du premier pont (ou « vieux pont », ou « pont de fer »).

Vue de Mossoul.

Démographie

Avant la Seconde guerre civile irakienne, la ville comptait environ 2,7 millions d'habitants, ce qui en faisait la deuxième ville irakienne au regard de la population, après Bagdad et avant Bassorah.

Toponymie

Robe en mousseline de soie portée par Katharine Hepburn, 1939

Son nom arabe de Mossoul, Al-Mawssil (ou Al-Moussel), lui a été attribué par ces derniers lorsqu'ils ont conquis la région au VIIe siècle et fait référence à un ancien pont de bateaux qui permettait de traverser le Tigre, puisqu'en arabe le verbe waSala signifie « relier »[1].

Auparavant, la ville se nommait Ninuwa ou Ninwa, selon les formes akkadiennes ou assyriennes retrouvées sur des tablettes cunéiformes, transcrit en Ninive en français, et dont l'étymologie est obscure[2]. Le nom de Ninawa est mentionné à 34 reprises dans la Bible.

On appelle aussi cette ville du nom de Oumou Rabïain qui veut dire littéralement « mère de deux printemps » parce qu’elle bénéficie en automne d'une deuxième saison printanière.

De Mossoul dérive le nom de mousseline (une autre origine du nom de ce tissu peut être aussi Maisolos, le port indien qui exportait les tissus produits à Mossoul[3]), désignant d'abord une étoffe fine et transparente originaire de cette ville[4]. Par analogie, le terme est passé en cuisine pour qualifier une préparation légère à laquelle est généralement ajoutée de la crème fouettée.

Histoire

Antiquité

Fouilles archéologiques de Ninive, dessin d'Austen Henry Layard, 1852.

Cité liée à l'histoire biblique du prophète Jonas, la capitale de l'Empire assyrien, Ninive située dans les quartiers de la rive est du Tigre, connut son âge d'or durant le VIIIe siècle av. J.-C. L'héritage archéologique de la ville témoigne de la vitalité de la culture assyrienne dont la grande bibliothèque d’Assurbanipal fut l'illustration.

Ninive est tombée dans les mains des Chaldéens en l'an 611 av. J.-C., marquant la fin de l'Empire assyrien.

Siège de Mossoul en 1261-1262, manuscrit de l'Histoire universelle de Rashid al-Din, 1430.

Les invasions se succèdent ensuite : la ville tombe successivement entre les mains par les Perses Achéménides de Cyrus le Grand en 539 av. J.-C. ; les troupes grecques d'Alexandre le Grand en 331 av. J.-C., puis les Parthes, les Romains et enfin de nouveau les Perses Sassanides.

À la veille de la conquête musulmane, Ninive devient une importante métropole régionale. Peuplée essentiellement de chrétiens d'obédience nestorienne, elle abrite les tombes de plusieurs évangélisateurs.

Aujourd'hui, le nom de Ninive est donné à la fois au site archéologique de la ville et à la province qui s'étend sur une vaste plaine aux alentours de Mossoul.

Grande mosquée de Mossoul.

Empires musulmans

Prise en 641 par les Arabes, l'antique cité de Ninive est peu à peu délaissée au profit de sa voisine Mossoul, établie de l'autre côté du Tigre. Celle-ci devient alors le principal pôle commercial de la région en raison de son emplacement, au carrefour des routes de caravanes entre la Syrie et la Perse. C'est à cette époque que Mossoul devient réputée grâce à ses tissus fins de coton, les mousselines, ainsi que pour son marbre.

Au Xe siècle, sous la dynastie arabe des Hamdanides, l'émirat de Mossoul, vassal du califat abbasside, acquiert une quasi-indépendance. Au XIe siècle, il forme une des principautés soumises à la dynastie turque des Seldjoukides, puis à celle des Zengides.

Scène de rue à Mossoul, XIXe siècle.

Au XIIIe siècle, elle est conquise et pillée par les Mongols. Après 1262, elle passe sous une série de dynasties turques marquées de culture perse, les Qara Qoyunlu, Aq Qoyunlu, Séfévides, puis Ottomans. Elle est la capitale d'une province, l'eyalet de Mossoul devenu au XIXe siècle le vilayet de Mossoul.

Une monnaie d'un dirham de bronze de Badr al-din Lulu, un mamelouk, vizir de l'émir Nasir al din Mahmoud (1234-1259), dernier représentant de la dynastie des Zengides turcs de Mossoul, XIIIe siècle.

Elle est traversée par le chemin de fer Berlin-Bagdad, construit avec des capitaux allemands, avant d'être prise par les Britanniques en 1918 lors de la campagne de Mésopotamie.

Période contemporaine

Du mandat britannique à la république

Promise à la souveraineté française par les accords Sykes-Picot de 1916, ce sont les Britanniques qui l'occupent en 1918, puis l'administrent. La France, aux termes de nombreuses tergiversations, renonce à ses droits sur le vilayet en échange d'une participation aux bénéfices pétroliers du bassin de Kirkouk, et le Royaume-Uni l'intègre au mandat britannique de Mésopotamie[5]. La Turquie proteste contre cette annexion mais la Société des Nations confirme l'action britannique en 1925. La commission d’enquête constituée par la SDN était pourtant parvenue à la conclusion que la population souhaitait la création d'un État kurde indépendant. La SDN promis la création d'une administration autonome kurde, mais cette promesse ne fut jamais honorée et les révoltes visant à exiger son respect furent écrasées par l'aviation britannique. Les États-Unis, tout comme la France, reçurent chacun en échange de leur soutien à cette annexion 23,75 % des actions de la compagnie Iraq Petroleum[6].

Le mandat est remplacé en 1932 par le royaume d'Irak, nominalement indépendant mais soumis aux intérêts britanniques. Mossoul est le point de départ de l'oléoduc de Mossoul à Haïfa en Palestine mandataire, ouvert en 1934, une des voies essentielles du commerce du pétrole au Moyen-Orient.

En mars 1959, après la proclamation de la république d'Irak par le général Abdul Karim Qasim, celui-ci écrase un soulèvement des militaires panarabes nassériens à Mossoul avec l'aide des milices kurdes[7]. La ville subit ensuite les contrecoups du conflit kurde en Irak à partir de 1961 puis de la guerre Iran-Irak entre 1980 et 1988.

Occupation américaine

Troupes gouvernementales irakiennes dans la bataille de Mossoul, février 2008.

Durant l'opération Liberté irakienne qui entraîne la chute du régime dictatorial de Saddam Hussein, le musée archéologique de Mossoul, comme celui de Bagdad, est victime de pillages et beaucoup d'objets sont perdus ou détruits[8]. Mossoul passe sous le contrôle des peshmergas kurdes qui, bien qu'ils ne la revendiquent pas comme partie de leur région autonome du Kurdistan, s'y maintiennent jusqu'en 2005 comme alliés des Américains puis du gouvernement provisoire irakien[9]. Le , les troupes américaines ouvrent le feu sur des manifestants dénonçant leur présence en Irak : la fusillade fait au moins dix victimes. Trois mois plus tard, en juillet 2003, les deux fils de Saddam Hussein, Oudaï et Qoussaï sont tués à Mossoul lors d'une opération commando des forces spéciales.

La période de l'occupation américaine est marquée par de nombreux attentats avec cinq journalistes assassinés pour la seule année 2005[10]. La même année, un attentat lors des funérailles d'un leader chiite fait 50 morts et 90 blessés[11],[12],[13].

En 2008, la ville est disputée entre les forces américaines et gouvernementales et les groupes insurgés lors de la campagne de Ninive (en).

Seconde guerre civile irakienne

En , durant la seconde guerre civile irakienne, Mossoul tombe aux mains des jihadistes de l'État islamique, après quatre jours de combat lors d'une offensive de grande ampleur de ces derniers dans le nord du pays et avec la complicité d'anciens cadres du Parti Baas de Saddam Hussein[14],[15]. Selon une ONG, cinq cent mille civils fuient la ville[16].

Après avoir vu leurs maisons marquées de la lettre de l'alphabet arabe ن, signifiant Nazrani (Nazaréen), les chrétiens de Mossoul — environ 10 000 personnes principalement présentes dans les quartiers d'Alzehours et de Dargazliya — doivent choisir entre se convertir, payer un impôt de capitation (jizya) aux islamistes ou quitter la ville ; ils fuient en masse, se faisant par ailleurs souvent racketter leurs biens[17],[18].

Carte des quartiers de Mossoul.

Plusieurs monuments historiques sont démolis par les djihadistes de l'État islamique. Le 24 juillet 2014, deux mosquées sont détruites à l'aide d'explosifs, dont celle qui contenait la tombe du prophète Jonas[19], ainsi que d'autres restes archéologiques datant du VIIIe siècle av. J.-C. et de l'antique Ninive[20]. En février 2015, les djihadistes détruisent à la masse et au marteau-piqueur, des statues et des fresques assyriennes et parthes du musée de Mossoul[21], dans le même temps, la bibliothèque de la ville est volontairement incendiée, environ 8 000 ouvrages anciens partent alors en fumée[22].

Le 17 octobre 2016, le gouvernement irakien annonce le lancement de l'opération pour la reprise de la ville de Mossoul. Outre la participation des peshmergas kurdes dans l'offensive terrestre en attaquant à l'est de Mossoul, les forces irakiennes comptent sur le soutien militaire des États-Unis[23]. Alors que les combats empêchent l'accès de la ville, les habitants souffrent de malnutrition[24].

En mars 2017, Mossoul est victime de plusieurs attaques aériennes sous l'égide du gouvernement américain, qui causent la mort d'au moins 150 personnes. Le nombre de civils morts aurait doublé depuis la prise de pouvoir du président Trump aux États-Unis en raison du comportement des forces américaines depuis lors[25].

Le 21 juin, la grande mosquée d'Al-Nouri est détruite par l'État islamique, alors que les soldats de l'armée irakienne ne sont plus qu'à une cinquantaine de mètres de l'édifice[26],[27]. C'est dans ce lieu qu'Abou Bakr al-Baghdadi était apparu pour la première fois le , quelques jours après la proclamation du califat par son organisation[26],[28].

Le 9 juillet 2017, l'Irak annonce la libération de Mossoul[29].

Reconstruction de la ville

Au cours de la bataille, près de 20 000 maisons et six des cinquante-quatre quartiers que compte la partie ouest de la ville ont été presque entièrement détruits, et une dizaine d'autres quartiers gravement endommagés. C'est pourquoi plus de 900 000 Mossouliotes, soit la moitié de la population, sont privés de leur logement, obligeant un tiers d'entre eux à vivre dans des camps humanitaires, les autres étant hébergés chez des amis ou des voisins[30].

D'après une évaluation de l'ONU effectuée en , la reconstruction des seules infrastructures d'eau, d'électricité, des égouts, des routes, des ponts, des universités, des hôpitaux, des chemins de fer, devrait prendre cinq ans et coûter 700 millions de dollars. Le ministère irakien du Plan a évalué fin mai 2017 à 100 milliards de dollars sur dix ans la reconstruction des infrastructures et logements, en incluant toutes les zones qui ont été tenues par l'EI dans le pays[30].

Dans la partie orientale de la ville, des habitants ont pris en main le nettoyage de leurs quartiers, tandis que des écoles et des commerces ont rouvert, même si l'alimentation en électricité demeure aléatoire[30].

De nombreuses ONG agissent sur place pour aider les populations marquées par la guerre et par les exactions de l'EI[31],[32].

Monuments

Édifices religieux musulmans

Le sanctuaire de l'Imam Yahya Abu Al Qasim.

Édifices religieux chrétiens

L'église Notre-Dame de l'Heure dans les années 1980.
  • Le monastère Saint-Élie (Dair Mar Alia), bâti entre 582 et 590 et appartenant à l'Église syriaque orthodoxe, le plus ancien édifice chrétien d'Irak a été démoli en 2014 par l'État islamique ;
  • L'église Notre-Dame de l'Heure, construite par les pères dominicains, possède un clocher dont l'horloge avait été offerte en 1870 par l'impératrice Eugénie. Contrairement à des informations erronées faisant état de la destruction à l'explosif par l'État islamique en 2016[33], celui-ci, bien qu'endommagé, est toujours debout et est en voie de restauration sous l'égide de l'Unesco[34] ;
  • L'église de la Vierge Marie de Mossoul, située dans les quartiers Est, a été incendiée par l'État islamique le .
  • L'église syriaque-orthodoxe Mar Touma située dans le vieux Mossoul. Célèbre pour son portail en marbre orné de bas reliefs représentant les douze apôtres entourant le Christ[35].

Édifices religieux juifs

Yehuda Alharizi, rabbin et poète d'Espagne qui visite le Kurdistan en 1230 est impressionné par la splendeur des synagogues de Mossoul[36]. Aujourd'hui, il semble qu'elles ont toutes été détruites[37], comme la synagogue Sassoun[38], ou converties en mosquées comme celle du prophète Ézéchiel[19]. Cependant une ancienne synagogue désaffectée depuis les années 1950, transformée en dépôt de munitions et d’obus par l'État islamique, subsiste à l'état de ruine dans la vieille ville de Mossoul[39],[40].

Religion

La ville compte 80 % de musulmans sunnites[réf. nécessaire].

La ville est le siège de l’archidiocèse syriaque orthodoxe de Mossoul dont l’archevêque est, en 2015, Mor Nicodemus Daoud Sharaf[41].

Une communauté juive existait à Mossoul depuis l'Antiquité, « forte de plusieurs dizaines de milliers d’âmes » quand elle a dû émigrer au milieu du XXe siècle, dont il ne reste quasiment plus personne[40],[36].

Économie

D'importants gisements de pétrole à proximité assurent une bonne partie de son activité (raffineries). C'est également le principal marché agricole de la région (céréales, plantes textiles, fruits).

Transports

Mossoul est desservie par un aéroport international situé au sud centre-ville.

Personnalités liées à Mossoul

Notes et références

  1. Louis Deroy et Marianne Mulon, Dictionnaire des noms de lieux, Le Robert, 1994 (ISBN 285036195X), p. 326.
  2. Louis Deroy et Marianne Mulon, Dictionnaire des noms de lieux, Le Robert, 1994 (ISBN 285036195X), p. 342.
  3. (en) « The Periplus of the Erythraean Sea: Travel and Trade in the Indian Ocean by a Merchant of the First Century »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Ancient History Sourcebook, sur fordham.edu Internet History Sourcebooks Project, Paul Halsall, , point 62.
  4. Daniel Weidmann, Guide pratique des textiles : Tissés, tricotés, techniques, Dunod, , 200 p. (ISBN 978-2-10-072677-6, lire en ligne), p. 16
  5. Matthieu Auzanneau, Or noir La grande histoire du pétrole, Paris, Editions La Découverte, , 885 p. (ISBN 978-2-348-06728-0), pages 160 à 164Paris
  6. Kendal Nezan, « Les dures leçons de l'histoire », Manière de Voir,‎
  7. Chris Kutschera, Le Mouvement national kurde, Flammarion, 1979, p.205-206.
  8. « L’Etat islamique déverse sa haine sur les antiquités de Mossoul », Libération, 27 février 2015.
  9. Hamit Bozarslan, « Le Kurdistan d'Irak aujourd'hui », Critique internationale, no 29,‎ , p. 25-36 (ISSN 1290-7839, e-ISSN 1777-554X, DOI 10.3917/crii.029.002).
  10. Reporters sans Frontières, « Mossoul : deuxième ville du pays la plus dangereuse pour les journalistes », 8 novembre 2005.
  11. (en) « Suicide Bombing Kills At Least 47 In Iraq », RFE/RL, 10 mars 2005
  12. « Suicide Bomber Kills 47 in Mosul », Washington Post, 11 mars 2005.
  13. Jean-Pierre Luizard, « Les surprises du nouvel Irak », Politique internationale, no 107, printemps 2005
  14. « Offensive sans précédent des djihadistes en Irak », lemonde.fr, 10 juin 2014.
  15. « À Mossoul, une alliance contre nature entre le Baas et les djihadistes », orientxxi.info, 12 juin 2014.
  16. Cécile Hennion, « Après la prise de Mossoul par les djihadistes, l'Irak est au bord de l'implosion », lemonde.fr, 11 juin 2014.
  17. Laurence Desjoyaux, « Le rideau tombe sur Mossoul », lavie.fr, 18 juillet 2014.
  18. Inès Daif, « À Mossoul, des églises souillées par Daech remises en état par des musulmans », Le Figaro, 22 décembre 2017.
  19. a et b (en) « The vanished synagogues of Mosul », JEWISHRENAISSANCE.ORG.UK, octobre 2017 (Extrait de Ethel Sara Wolper, Synagogues and the Hebrew prophets: the architecture of convergence, coexistence and conflict in pre-modern Iraq in Synagogues of the Islamic World, edited by Mohammad Gharipour, Edinburgh University Press, 2017
  20. (en) « Isis militants blow up Jonah's tomb », The Guardian, (consulté le ).
  21. « Mossoul : l’EI démolit des statues vieilles de plus de 2 000 ans », sur France 24, .
  22. « L'État islamique brûle 8 000 livres rares à Mossoul », Le Nouvel observateur,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. « La bataille pour la reconquête de Mossoul, fief de Daech, a commencé », lexpress.fr, 17 octobre 2016.
  24. « Irak. À Mossoul, « des personnes meurent de malnutrition » », Courrier international,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  25. « Irak. À Mossoul, une attaque meurtrière de la coalition anti-Daech », Courrier international,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  26. a et b « La mosquée Al-Nouri, emblème du vieux Mossoul, détruite par l’EI », Le Monde avec AFP, AP et Reuters, 21 juin 2017.
  27. Hélène Sallon, « L’État islamique fait exploser la mosquée Al-Nouri, emblème historique de Mossoul », Le Monde, 22 juin 2017.
  28. « Depuis l'Irak, le « calife » jihadiste appelle les musulmans à lui obéir », Le Nouvel Obs, 5 juillet 2014.
  29. « La reprise de Mossoul signe la fin du califat de Daech », Les Échos, 9 juillet 2017.
  30. a b et c « La reconstruction de Mossoul sera coûteuse et politiquement à haut risque », lesechos.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. « Retour à Mossoul, ville de décombres et d’espoirs », LeMonde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. « Près de Mossoul, l’ONG Triangle vient en aide aux enfants déplacés », sur RFI, (consulté le ).
  33. « Irak : Daesh fait sauter l’église « Notre-Dame de l'Heure » à Mossoul », sur Radio Vatican, .
  34. « A la suite de l’accord formel de l’Ordre Dominicain, l’UNESCO lance la stabilisation et la réhabilitation de l’église du couvent Notre-Dame de l’Heure à Mossoul (Irak) », site de l'Ordre dominicain
  35. « Eglise syriaque-orthodoxe Mar Touma de Mossoul », sur mesopotamiaheritage.org, (consulté le ).
  36. a et b (en) Ora Shwartz-Be'eri, The Jews of Kurdistan : daily life, customs, arts and crafts, Jérusalem, UPNE, , 271 p. (ISBN 965-278-238-6, lire en ligne), p. 25-34
  37. (en) Moše Gîl, Jews in Islamic Countries in the Middle Ages, BRILL, , 828 p. (ISBN 978-90-04-13882-7, lire en ligne), p. 513
  38. « Sassoon Synagogue (בית כנסת ששון), Mosul, Iraq | Archive | Diarna.org », sur archive.diarna.org (consulté le ).
  39. « À Mossoul, une synagogue en ruine face au défi de la reconstruction », sur France 24, (consulté le ).
  40. a et b Bernard-Henri Lévy, « Il reste une synagogue à Mossoul : il faut la sauver ! », sur La Règle du Jeu, (consulté le ).
  41. Le Patriarche Cyrille a reçu le Primat de l'Église syro-jacobite.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

  • (en) Habibollah Atarodi, Great powers, oil and the Kurds in Mosul (Southern Kurdistan/Northern Iraq), 1910-1925, University Press of America, Lanham, MA, 2003, 233 p. (ISBN 0-7618-2536-3).
  • Percy Kemp, Territoires d'Islam : le monde vu de Mossoul au XVIIIe siècle, Sindbad, Paris, 1982, 184 p. (ISBN 9782727400752) (texte remanié d'une thèse de 3e cycle).
  • (en) Dina Rizk Khoury, State and provincial society in the Ottoman empire: Mosul, 1540-1834, Cambridge University Press, Cambridge, New York, 1997 (rééd. 2002), 253 p. (ISBN 978-0-521-89430-2).
  • Louis Le Fur, « L'affaire de Mossoul », Revue générale de droit international public, A. Pedone, Paris, 1927, 85 p.
  • Jean-Marie Mérigoux, Va à Ninive ! : un dialogue avec l'Irak, Mossoul et les villages chrétiens, pages d'histoire dominicaine, Cerf, Paris, 2000, 482 p. (ISBN 2-204-06522-6).
  • Jean Richard, « La confrérie des Mosserins d'Acre et les marchands de Mossoul au XIIIe siècle », Orient syrien, 1966, vol. XI, fascicule 4, p. 451-460.
  • (en) Sarah D. Shields, An economic history of nineteenth-century Mosul, University of Chicago, Illinois, 1986, 230 p. (thèse).
  • (en) Sarah D. Shields, Mosul before Iraq: like bees making five-sided cells, State University of New York Press, Albany, NY, 2000, 278 p. (ISBN 0-7914-4488-0).

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