« Solution petite-allemande » : différence entre les versions

Navigation interactive dans l’historique

Contenu supprimé Contenu ajouté

Intégrés

Dernière version du 27 avril 2024 à 14:39

La solution petite-allemande (en allemand : kleindeutsche Lösung) était au XIX^e siècle l’une des réponses avancées à la « question allemande », et consistait en l’unité nationale de l’Allemagne autour de la Prusse des Hohenzollern et sans l'empire d'Autriche. Elle s’opposait à la solution dite « grande-allemande » (großdeutsche Lösung), qui consistait en l’inclusion des territoires germanophones où régnaient les Habsbourg.

Cette solution était guidée à la fois par :

des considérations nationales, car les Habsbourg n’avaient pas l’intention de se séparer de la Hongrie et de leurs autres possessions d’Europe centrale ;
des considérations stratégiques de la part de la Prusse, qui voyait dans l’exclusion de l’Autriche la condition de son hégémonie dans le futur empire ;
des considérations religieuses, car elle permettait de limiter le rôle de l'Allemagne du Sud (de) et d'exclure l'Autriche, deux zones géographiques à majorité catholique.

C’est cette solution dite « petite-allemande » qui fut mise en place en 1871 lors de la création de l’Empire allemand.

Le mouvement national au XIX^e siècle[modifier | modifier le code]

Formulée dans la première moitié du siècle, elle était défendue par les libéraux, tandis que la gauche démocrate préférait une grande Allemagne républicaine. Elle prévalut lors de la réunion du parlement de Francfort après le départ de la délégation autrichienne, mais le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV, rejeta le 3 avril 1849 la proposition de couronne impériale associée à la monarchie constitutionnelle.

Après l’échec de la révolution de mars en 1850, Frédéric-Guillaume de Prusse tenta de former une confédération avec le roi de Hanovre, le roi de Saxe et dix-sept autres souverains à l’exclusion de la monarchie des Habsbourg, et réunit à cette fin un « parlement d’union » à Erfurt, mais la pression de l’Autriche et de la Russie mirent fin au projet lors de la Conférence d'Olmütz.

L’unification autour de la Prusse fut dans les années 1860 le grand objectif de la politique d’Otto von Bismarck, ministre-président de Prusse, qui entreprit d’écarter l’Autriche pour consacrer l’hégémonie de la Prusse. La seconde guerre des Duchés en 1864, puis la guerre austro-prussienne en 1866 provoquèrent la dissolution de la Confédération germanique et la marginalisation de l’Autriche sur la scène politique allemande, et le ralliement des États protestants à la Prusse permit la création de la Confédération de l’Allemagne du Nord en 1867. La guerre franco-prussienne de 1870 permit de rallier les États du Sud – la Bavière, le Wurtemberg, la Bade et la Hesse – à la cause de l’unification petite-allemande, et le Reich allemand (Deutsches Reich) fut fondé en janvier 1871 par la proclamation du roi Guillaume I^er de Prusse comme empereur d’Allemagne.

Le XX^e siècle[modifier | modifier le code]

Le choix de la « petite Allemagne » prévalut encore après la Première Guerre mondiale, lorsque le rattachement de l’Autriche allemande au Reich fut interdit par les vainqueurs lors des traités de Versailles et de Saint-Germain-en-Laye, malgré les vœux d’une grande partie de la population et du personnel politique d’Autriche de l'époque.

Elle fut de nouveau consacrée après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’Autriche retrouva son indépendance perdue lors de l’Anschluss de 1938 ; l’anéantissement du Reich provoqua également une nouvelle réduction du territoire de l’Allemagne et sa division en quatre zones d’occupation, puis deux États séparés (RFA et RDA). L’Allemagne réunifiée en 1990 ne correspond plus à l’ancienne « petite Allemagne », puisque les territoires orientaux de la Prusse sont désormais des terres polonaises et russes.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Jacques Droz (direction), Histoire de l’Allemagne, t. 1 La Formation de l’unité allemande (1789–1871), Hatier, Paris, 1970, 224 p.
Joseph Rovan, Histoire de l’Allemagne des origines à nos jours (1994), édition revue et augmentée, Éditions du Seuil, coll. « Points / Histoire », Paris, 1999 (ISBN 2-02-018296-3), p. 465–556

@@ Ligne 1 : / Ligne 1 : @@
-[[Image:Deutsches Reich1.png|thumb|275px|'''Carte du [[Reich allemand]] sous l’[[Empire allemand|Empire]]''', fondé en 1871 et consacrant l’[[Unité allemande|unité nationale]] dans le cadre de la solution dite {{citation|petite-allemande}}. Le [[Prusse|royaume de Prusse]], en bleu, est la puissance dominante du nouvel État, tant du point de vue territorial, puisque son territoire couvre plus de la moitié de l’Empire, que du point de vue constitutionnel, puisque l’empereur est le roi de Prusse. L’[[Empire d'Autriche|empire d’Autriche]], en jaune-orange, a été écartée de la formation du premier État-nation de l’histoire allemande.]]
+[[Image:Deutsches Reich (1871-1918)-fr.svg|thumb|275px|'''Carte du [[Reich allemand]] sous l’[[Empire allemand|Empire]]''', fondé en [[1871]] et consacrant l’[[Unité allemande|unité nationale]] dans le cadre de la solution dite {{citation|petite-allemande}}. Le [[Prusse|royaume de Prusse]], en bleu, est la puissance dominante du nouvel État, tant du point de vue territorial, puisque son territoire couvre plus de la moitié de l’Empire, que du point de vue constitutionnel, puisque l’empereur est le roi de Prusse. L’[[empire d'Autriche]], en jaune-orange, a été écarté de la formation du premier État-nation de l’histoire allemande.]]
-La '''solution petite-allemande''' ({{lang|de|''kleindeutsche Lösung''}}) était au {{XIXe siècle}} l’une des réponses avancées à la {{citation|[[question allemande]]}}, et consistait en l’[[État-nation|unité nationale]] de l’[[Allemagne]] autour de la [[Prusse]] des [[Hohenzollern]] et sans l’[[Empire d'Autriche|empire d’Autriche]]. Elle s’opposait à la [[Solution grande-allemande|solution dite {{citation|grande-allemande}}]] ({{lang|de|''großdeutsche Lösung''}}), qui consistait en l’inclusion des territoires germanophones où régnaient les [[Habsbourg]].
+La '''solution petite-allemande''' (en [[allemand]] : {{lang|de|''kleindeutsche Lösung''}}) était au {{s|XIX|e}} l’une des réponses avancées à la {{citation|[[question allemande]]}}, et consistait en l’[[État-nation|unité nationale]] de l’[[Allemagne]] autour de la [[Prusse]] des [[Maison de Hohenzollern|Hohenzollern]] et sans l'[[empire d'Autriche]]. Elle s’opposait à la [[Solution grande-allemande|solution dite {{citation|grande-allemande}}]] ({{lang|de|''großdeutsche Lösung''}}), qui consistait en l’inclusion des territoires [[germanophone]]s où régnaient les [[Maison de Habsbourg|Habsbourg]].
 Cette solution était guidée à la fois par :
-* des considérations nationales, car les [[Habsbourg]] n’avaient pas l’intention de se séparer de la [[Hongrie]] et de ses autres possessions d’[[Europe centrale]] ;
+* des considérations nationales, car les [[Maison de Habsbourg|Habsbourg]] n’avaient pas l’intention de se séparer de la [[Hongrie]] et de leurs autres possessions d’[[Europe centrale]] ;
 * des considérations stratégiques de la part de la Prusse, qui voyait dans l’exclusion de l’Autriche la condition de son hégémonie dans le futur empire ;
-* des considérations [[Religion en Allemagne|religieuses]], car elle permettait de limiter le rôle du [[Allemagne du Sud|Sud]] [[Catholicisme|catholiques]].
+* des considérations [[Religion en Allemagne|religieuses]], car elle permettait de limiter le rôle de l'{{lien|lang=de|trad=Süddeutschland|fr=Allemagne du Sud}} et d'exclure l'Autriche, deux zones géographiques à majorité [[Catholicisme|catholique]].
+C’est cette solution dite {{citation|petite-allemande}} qui fut mise en place en [[1871]] lors de la création de l’[[Empire allemand]].
 == Le mouvement national au {{s-|XIX|e}} ==
+Formulée dans la première moitié du siècle, elle était défendue par les [[Fraction Casino|libéraux]], tandis que la [[Fraction Donnersberg|gauche démocrate]] préférait une grande Allemagne républicaine. Elle prévalut lors de la réunion du [[parlement de Francfort]] après le départ de la délégation autrichienne, mais le roi de Prusse, [[Frédéric-Guillaume IV de Prusse|Frédéric-Guillaume IV]], rejeta le {{date-|3|avril|1849}} la [[Kaiserdeputation|proposition de couronne impériale]] associée à la [[monarchie constitutionnelle]].
+Après l’échec de la [[révolution de mars]] en [[1850]], Frédéric-Guillaume de Prusse tenta de former une confédération avec le [[Royaume de Hanovre|roi de Hanovre]], le [[Royaume de Saxe|roi de Saxe]] et dix-sept autres souverains à l’exclusion de la monarchie des Habsbourg, et réunit à cette fin un [[Parlement d'Erfurt|{{citation|parlement d’union}} à Erfurt]], mais la pression de l’[[Autriche]] et de la [[Russie]] mirent fin au projet lors de la [[Conférence d'Olmütz]].
-Formulée dans la première moitié du siècle, elle était défendue par les [[Libéralisme en Allemagne|libéraux]], tandis que la gauche démocrate préférait une grande Allemagne républicaine. Elle prévalut lors de la réunion du [[parlement de Francfort]] après la départ de la délégation autrichienne, mais le roi de Prusse, [[Frédéric-Guillaume IV de Prusse|Frédéric-Guillaume IV]], rejeta en 1849 la proposition de couronne impériale associée à la [[monarchie constitutionnelle]].
+L’unification autour de la Prusse fut dans les [[années 1860]] le grand objectif de la politique d’[[Otto von Bismarck]], [[Ministre-président (Prusse)|ministre-président de Prusse]], qui entreprit d’écarter l’Autriche pour consacrer l’hégémonie de la Prusse. La [[Guerre_des_Duchés|seconde guerre des Duchés]] en [[1864]], puis la [[guerre austro-prussienne]] en [[1866]] provoquèrent la dissolution de la [[Confédération germanique]] et la marginalisation de l’Autriche sur la scène politique allemande, et le ralliement des États [[protestantisme|protestants]] à la Prusse permit la création de la [[Confédération de l'Allemagne du Nord|Confédération de l’Allemagne du Nord]] en [[1867]]. La [[guerre franco-prussienne de 1870]] permit de rallier les États du Sud – la [[Royaume de Bavière|Bavière]], le [[Royaume de Wurtemberg|Wurtemberg]], la [[Grand-duché de Bade|Bade]] et la [[Grand-duché de Hesse|Hesse]] – à la cause de l’[[Unité allemande|unification petite-allemande]], et le [[Reich allemand]] (''{{lang|de|Deutsches Reich}}'') fut fondé en janvier [[1871]] par la proclamation du roi [[Guillaume Ier de Prusse|Guillaume I{{er}}]] de Prusse comme [[Liste des empereurs allemands|empereur d’Allemagne]].
-Après l’échec de la révolution en 1850, Frédéric-Guillaume de Prusse tenta de former une confédération avec le [[Royaume de Hanovre|roi de Hanovre]], le [[Royaume de Saxe|roi de Saxe]] et dix-sept autre souverains à l’exclusion de la monarchie des Habsbourg, et réunit à cette fin un [[Parlement d'Erfurt|{{citation|parlement d’union}} à Erfurt]], mais la pression de l’Autriche et de la Russie mirent fin au projet.
-L’unification autour de la Prusse fut dans les années 1860 le grand objectif de la politique d’[[Otto von Bismarck]], ministre-président de Prusse, qui entreprit d’écarter l’Autriche pour consacrer l’hégémonie de la Prusse. La [[guerre des Duchés]] en 1864, puis la [[Guerre austro-prussienne]] en 1866 provoquèrent la dissolution de la [[Confédération germanique]] et la marginalisation de l’Autriche sur la scène politique allemande, et le ralliement des États protestants à la Prusse permit la création de la [[Confédération de l'Allemagne du Nord|Confédération de l’Allemagne du Nord]] en 1867. La [[guerre franco-allemande de 1870]] permit de rallier les États du Sud — la [[Royaume de Bavière|Bavière]], le [[Royaume de Wurtemberg|Wurtemberg]], la [[Grand-duché de Bade|Bade]] et la [[Grand-duché de Hesse|Hesse]] — à la cause de l’[[Unité allemande|unification petite-allemande]], et le [[Reich allemand]] (''Deutsches Reich'') fut fondé en janvier 1871 par la proclamation du roi [[Guillaume Ier de Prusse|Guillaume I{{er}}]] de Prusse comme empereur d’Allemagne.
 == Le {{s-|XX|e}} ==
+Le choix de la {{citation|petite Allemagne}} prévalut encore après la [[Première Guerre mondiale]], lorsque le rattachement de l’[[République d'Autriche allemande|Autriche allemande]] au [[Reich]] fut interdit par les [[Alliés de la Première Guerre mondiale|vainqueurs]] lors des [[Traité de Versailles (1919)|traités de Versailles]] et [[Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919)|de Saint-Germain-en-Laye]], malgré les vœux d’une grande partie de la population et du personnel politique d’Autriche de l'époque.
+Elle fut de nouveau consacrée après la [[Seconde Guerre mondiale]], lorsque l’Autriche retrouva son indépendance perdue lors de l’''{{lang|de|[[Anschluss]]}}'' de [[1938]] ; l’anéantissement du Reich provoqua également une [[Anciens territoires de l'Est de l'Allemagne|nouvelle réduction du territoire de l’Allemagne]] et sa [[Occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale|division en quatre zones d’occupation]], puis deux États séparés ([[Allemagne de l'Ouest|RFA]] et [[République démocratique allemande|RDA]]). L’[[Réunification allemande|Allemagne réunifiée]] en [[1990]] ne correspond plus à l’ancienne {{citation|petite Allemagne}}, puisque les [[Prusse-Orientale|territoires orientaux de la Prusse]] sont désormais des terres [[Pologne|polonaises]] et [[Russie|russes]].
-Le choix de la {{citation|petite Allemagne}} prévalut encore après la [[Première Guerre mondiale]], lorsque le rattachement de l’[[République d'Autriche allemande|Autriche allemande]] au Reich fut interdit par les [[Alliés de la Première Guerre mondiale|vainqueurs]] par les [[Traité de Versailles (1919)|traités de Versailles]] et [[Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919)|de Saint-Germain-en-Laye]], malgré les vœux d’une grande partie de la population et du personnel politique d’Autriche.
-Elle fut de nouveau consacrée après la [[Deuxième Guerre mondiale]], lorsque l’Autriche retrouva son indépendance perdue lors de l’''{{lang|de|[[Anschluss]]}}'' de 1938 ; l’anéantissement du Reich provoqua également une [[Changements territoriaux de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale|nouvelle réduction du territoire de l’Allemagne]] et sa [[Occupation de l'Allemagne après la Seconde Guerre mondiale|division en quatre zones d’occupation]], puis deux États séparés. L’[[Réunification allemande|Allemagne réunifiée]] en 1990 correspond approximativement à l’ancienne {{citation|petite Allemagne}}, exception faite des [[Anciens territoires orientaux de l'Allemagne|territoires orientaux de la Prusse]], aujourd’hui terres [[Pologne|polonaises]].
 == Bibliographie ==
-* [[Jacques Droz]] (direction), ''Histoire de l’Allemagne'', t. 1 ''La Formation de l’unité allemande (1789–1871)'', [[Hatier]], Paris, 1970, 224&nbsp;p.
+* [[Jacques Droz]] (direction), ''Histoire de l’Allemagne'', {{nobr|t. 1}} ''La Formation de l’unité allemande (1789–1871)'', [[Hatier]], Paris, 1970, {{nobr| 224 p}}.
-* [[Joseph Rovan]], ''Histoire de l’Allemagne des origines à nos jours'' (1994), édition revue et augmentée, [[Éditions du Seuil]], coll. {{citation|Points / Histoire}}, Paris, 1999 {{ISBN|2-02-18296-3}}, p.&nbsp;465–556
+* [[Joseph Rovan]], ''Histoire de l’Allemagne des origines à nos jours'' (1994), édition revue et augmentée, [[Éditions du Seuil]], coll. {{citation|Points / Histoire}}, Paris, 1999 {{ISBN|2-02-018296-3}}, {{p.}}465–556
+{{Portail|Royaume de Prusse|nationalisme|XIXe siècle}}
 [[Catégorie:Histoire moderne de l'Allemagne]]
+[[Catégorie:Histoire politique de l'Allemagne]]
 [[Catégorie:Histoire de l'Autriche]]
-[[Catégorie:Prusse]]
+[[Catégorie:Histoire de la Prusse]]
+[[Catégorie:Pan-nationalisme]]
+[[Catégorie:Relations entre l'Allemagne et l'Autriche]]
-{{multi bandeaux|portail Allemagne|portail histoire}}
-[[de:Kleindeutsche Lösung]]
-[[en:Kleindeutsche Lösung]]
-[[it:Kleindeutsche Lösung]]
-[[nl:Klein-Duitse richting]]
-[[ja:小しょうドイツ主義しゅぎ]]
-[[no:Den lilletyske løsning]]
-[[zh:小しょう德とく意志いし]]

Dernière version du 27 avril 2024 à 14:39

Le mouvement national au XIXe siècle[modifier | modifier le code]

Le XXe siècle[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Le mouvement national au XIX^e siècle[modifier | modifier le code]

Le XX^e siècle[modifier | modifier le code]