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{{Confusion|texte=Ne pas confondre avec le [[calmar géant]].}}
{{Confusion|texte=Ne pas confondre avec le [[calmar géant]].}}
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Le calmar colossal n'est pas un proche parent des [[calmar géant|calmars géants]] du genre ''{{langue|la|Architeuthis}}''. Bien que leurs dimensions soient gigantesques, leur [[anatomie]] et leur [[aire de répartition]] respectives sont très différentes.
Le calmar colossal n'est pas un proche parent des [[calmar géant|calmars géants]] du genre ''{{langue|la|Architeuthis}}''. Bien que leurs dimensions soient gigantesques, leur [[anatomie]] et leur [[aire de répartition]] respectives sont très différentes.


Cette espèce est la plus lourde, mais pas nécessairement la plus longue de toutes les espèces de calmar. Le plus grand spécimen connu mesure une dizaine de mètres de longueur, pour {{nombre|495|kg}}. Mais les estimations actuelles (en 2009) pour sa taille maximale sont de {{nombre|14|mètres}} ; elles sont fondées sur l’analyse de jeunes et petits individus et de restes retrouvés dans l'estomac de cachalots. Le calmar colossal est sans doute plus grand que les calmars géants, et donc le plus grand des [[invertébré]]s connus<ref name=body>{{en}} {{lien web|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/the-body-of-the-colossal-squid|titre=The body of calmar squid|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=squid.tepapa.govt.nz}}</ref>. Son bec est le plus volumineux de tous ceux des calmars connus et ses yeux sont probablement les plus grands du règne [[animal]].
Cette espèce est la plus lourde, mais pas nécessairement la plus longue de toutes les espèces de calmar. Le plus grand spécimen connu mesure une dizaine de mètres de longueur, pour {{nombre|495|kg}}. Mais les estimations actuelles (en 2009) pour sa taille maximale sont de {{nombre|14|mètres}} ; elles sont fondées sur l’analyse de jeunes et petits individus et de restes retrouvés dans l'estomac de cachalots. Le calmar colossal est sans doute plus grand que les calmars géants, et donc le plus grand des [[invertébré]]s connus<ref name=body>{{Lien web|langue=en|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/the-body-of-the-colossal-squid|titre=The body of calmar squid|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=squid.tepapa.govt.nz}}.</ref>. Son bec est le plus volumineux de tous ceux des calmars connus et ses yeux sont probablement les plus grands du règne [[animal]]. Quelques céphalopodes éteints, comme les [[Vampyromorphide]]s du [[Crétacé]] ''[[Tusoteuthis]]'', les [[Coleoidea|coleoïdes]] du Crétacé ''[[Yezoteuthis]]'' et les [[nautiloïde]]s de l'[[Ordovicien]] ''[[Cameroceras]]'' ont peut-être eu des mensurations comparables.


En date de 2009, aucun calmar colossal mâle adulte n'a été identifié. L'étude de cette espèce s'est donc appuyée uniquement sur des femelles, des juvéniles et des spécimens non sexés<ref name=giant/>{{,}}<ref name=tepapa/>.
En date de 2009, aucun calmar colossal mâle adulte n'a été identifié. L'étude de cette espèce s'est donc appuyée uniquement sur des femelles, des juvéniles et des spécimens non sexés<ref name=giant/>{{,}}<ref name=tepapa/>.
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Le calmar colossal est un cas de [[gigantisme abyssal]], puisqu'il affiche une taille supérieure à ses [[Homologie (évolution)|homologues]] de surface. Son corps est plus large et plus gros, et donc plus lourd, que celui du [[calmar géant]]. Le calmar colossal a un plus long [[Manteau (mollusque)|manteau]] et une plus grosse tête que le calmar géant, bien que ses tentacules soient plus courts. En apparence, son manteau ressemble à une sorte de gelée lourde et ronde, en vérité c’est une grande dalle de muscles qui tient tout le corps<ref name=Nouvian2008/>. La coloration rouge-rose de sa peau vient de petits pigments contenus dans des cellules appelées [[chromatophore]]s. Le calmar peut donc faire preuve de [[mimétisme]], sa peau fonçant lorsqu'il contracte ces cellules<ref name=body/>.
Le calmar colossal est un cas de [[gigantisme abyssal]], puisqu'il affiche une taille supérieure à ses [[Homologie (évolution)|homologues]] de surface. Son corps est plus large et plus gros, et donc plus lourd, que celui du [[calmar géant]]. Le calmar colossal a un plus long [[Manteau (mollusque)|manteau]] et une plus grosse tête que le calmar géant, bien que ses tentacules soient plus courts. En apparence, son manteau ressemble à une sorte de gelée lourde et ronde, en vérité c’est une grande dalle de muscles qui tient tout le corps<ref name=Nouvian2008/>. La coloration rouge-rose de sa peau vient de petits pigments contenus dans des cellules appelées [[chromatophore]]s. Le calmar peut donc faire preuve de [[mimétisme]], sa peau fonçant lorsqu'il contracte ces cellules<ref name=body/>.


Les huit [[bras (céphalopode)|bras]] du calmar colossal sont munis de ventouses, les plus grandes sont bordées de petites dents et de crochets tranchants lui permettant d'immobiliser sa proie. Une membrane de protection autour des crochets empêche le calmar de s’auto-mutiler. Le calmar colossal étire ses deux grands [[tentacule]]s pour capturer sa proie. Ceux-ci sont bordés, à l'extrémité, de deux rangées de crochets pivotants très acérés. Plus la proie se débat, plus les crochets s’enfoncent dans sa chair<ref>{{en}} {{lien web|url=http://blog.tepapa.govt.nz/2008/04/30/hooks-and-suckers/|titre=Hooks and suckers|auteur=Blog du Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=http://blog.tepapa.govt.nz}}</ref>.
Les huit [[bras (céphalopode)|bras]] du calmar colossal sont munis de ventouses, les plus grandes sont bordées de petites dents et de crochets tranchants lui permettant d'immobiliser sa proie. Une membrane de protection autour des crochets empêche le calmar de s’auto-mutiler. Le calmar colossal étire ses deux grands [[tentacule]]s pour capturer sa proie. Ceux-ci sont bordés, à l'extrémité, de deux rangées de crochets pivotants très acérés. Plus la proie se débat, plus les crochets s’enfoncent dans sa chair<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://blog.tepapa.govt.nz/2008/04/30/hooks-and-suckers/|titre=Hooks and suckers|auteur=Blog du Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=blog.tepapa.govt.nz}}.</ref>.
[[Fichier:Beccalmar.jpg|thumb|right|Croquis du bec [[chitine]]ux d'un calmar colossal.]]
[[Fichier:Beccalmar.jpg|thumb|right|Croquis du bec [[chitine]]ux d'un calmar colossal.]]
Comme tous les calmars, les poulpes et leurs proches, le calmar colossal a un [[bec]]. Il possède en outre le plus volumineux et le plus robuste de tous les becs de calmars. Il est analogue à celui du [[perroquet]], mais contrairement à ce dernier, la partie inférieure chevauche la partie supérieure. Il est composé de [[chitine]] et est entouré de tissu musculaire<ref name=tepapa/>.
Comme tous les calmars, les poulpes et leurs proches, le calmar colossal a un [[bec]]. Il possède en outre le plus volumineux et le plus robuste de tous les becs de calmars. Il est analogue à celui du [[perroquet]], mais contrairement à ce dernier, la partie inférieure chevauche la partie supérieure. Il est composé de [[chitine]] et est entouré de tissu musculaire<ref name=tepapa/>.


Le calmar colossal a besoin de grands yeux pour repérer ses proies dans la pénombre des [[abysse]]s. Ceux-ci peuvent mesurer près de {{nombre|27|cm}} de diamètre, ils sont donc les plus grands yeux du règne animal à ce jour. Contrairement au [[calmar géant]], aux yeux situés sur les côtés et donc doté d'un large champ de vision, le calmar colossal les possède vers l'avant, ce qui lui confère un champ de vision plus restreint, mais aussi une [[vision binoculaire]]. L'intérieur de l'œil présente un [[cristallin]] de 8 à {{nombre|9|cm}} de diamètre et un {{Lien|lang=en|trad=Photophore|fr=Photophore (zoologie)|texte=photophore}} oculaire, situé sur la bordure extérieure de la rétine. Lorsque le calmar colossal dirige ses yeux vers le bout de ses tentacules, les photophores fournissent assez de lumière pour qu'il puisse repérer une proie, et en estimer la taille et la distance grâce à sa vision binoculaire, permettant notamment de détecter, au-delà de {{unité|600|mètres}} de profondeur, jusqu'à {{unité|120|mètres}} de distance la [[bioluminescence]] du plancton stimulée par un important déplacement d'eau dû à un animal imposant<ref>{{lien web|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/the-eye-of-the-colossal-squid|titre=The eye of the colossal squid|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=http://squid.tepapa.govt.nz|consulté le=4 janvier 2010}}</ref>.
Le calmar colossal a besoin de grands yeux pour repérer ses proies dans la pénombre des [[abysse]]s. Ceux-ci peuvent mesurer près de {{nombre|27|cm}} de diamètre, ils sont donc les plus grands yeux du règne animal à ce jour. Contrairement au [[calmar géant]], aux yeux situés sur les côtés et donc doté d'un large champ de vision, le calmar colossal les possède vers l'avant, ce qui lui confère un champ de vision plus restreint, mais aussi une [[vision binoculaire]]. L'intérieur de l'œil présente un [[cristallin]] de 8 à {{nombre|9|cm}} de diamètre et un [[Photophore (zoologie)|photophore]] oculaire, situé sur la bordure extérieure de la rétine. Lorsque le calmar colossal dirige ses yeux vers le bout de ses tentacules, ses photophores fournissent assez de lumière pour qu'il puisse repérer une proie, en estimer la taille et la distance grâce à sa vision binoculaire, permettant notamment de détecter, au-delà de {{unité|600|mètres}} de profondeur, jusqu'à {{unité|120|mètres}} de distance la [[bioluminescence]] du plancton stimulée par un important déplacement d'eau dû à un animal imposant<ref>{{lien web|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/the-eye-of-the-colossal-squid|titre=The eye of the colossal squid|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=squid.tepapa.govt.nz|consulté le=4 janvier 2010}}.</ref>.


La plupart du temps, le calmar colossal se maintient en position stationnaire en utilisant simultanément sa paire de [[nageoire caudale|nageoires caudales]] et son [[Siphon (anatomie)|siphon]]. Mais lorsque le calmar doit nager, il ondule longitudinalement ses musculeuses et puissantes nageoires caudales, qui chez la plupart des autres espèces de calmars sont davantage utilisées pour changer de direction que pour se propulser.
La plupart du temps, le calmar colossal se maintient en position stationnaire en utilisant simultanément sa paire de [[nageoire caudale|nageoires caudales]] et son [[Siphon (anatomie)|siphon]]. Mais lorsque le calmar doit nager, il ondule longitudinalement ses musculeuses et puissantes nageoires caudales, qui chez la plupart des autres espèces de calmars sont davantage utilisées pour changer de direction que pour se propulser. Pour fuir rapidement, le calmar colossal se déplace vers l'arrière par réaction, en propulsant avec son siphon de puissants jets d'eau de manière saccadée<ref name=tepapa/>.
Pour fuir rapidement, le calmar colossal se déplace vers l'arrière par réaction, en propulsant avec son siphon de puissants jets d'eau de manière saccadée<ref name=tepapa/>.


=== Anatomie interne ===
=== Anatomie interne ===
Pour respirer, le calmar colossal élargit son manteau ; l'eau est alors aspirée dans l'ouverture du manteau, située autour de la tête, puis passe à travers sa paire de branchies, qui transfère le dioxygène dans le sang. Puis le manteau se contracte, l'eau est alors expulsée par le siphon.
Pour respirer, le calmar colossal élargit son manteau ; l'eau est alors aspirée dans l'ouverture du manteau, située autour de la tête, puis passe à travers sa paire de branchies, qui transfère le dioxygène dans le sang. Puis le manteau se contracte, l'eau est alors expulsée par le siphon.


Le sang du calmar colossal est de couleur bleue car il contient du [[cuivre]] sous la forme d'[[hémocyanine]]. Les calmars ont trois cœurs : deux cœurs branchiaux et un cœur systémique. Les deux cœurs branchiaux propulsent le sang vers les branchies pour qu'il se charge en [[dioxygène]], alors que le cœur systémique distribue le sang oxygéné au reste du corps<ref name=tepapa>{{Lien web|langue=en|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/interactive|titre=Schéma interactif du calmar colossal|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=squid.tepapa.govt.nz}}.</ref>.
Le sang du calmar colossal est de couleur bleue car il contient du [[cuivre]] sous la forme d'[[hémocyanine]].
Les calmars ont trois cœurs : deux cœurs branchiaux et un cœur systémique. Les deux cœurs branchiaux propulsent le sang vers les branchies pour qu'il se charge en [[dioxygène]], alors que le cœur systémique distribue le sang oxygéné au reste du corps<ref name=tepapa>{{en}} {{lien web|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/interactive|titre=Schéma interactif du calmar colossal|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=http://squid.tepapa.govt.nz}}</ref>.


Le calmar colossal possède un sac d'encre situé dans son manteau.
Le calmar colossal possède un sac d'encre situé dans son manteau. Attaqué par un [[Grand cachalot|cachalot]], il peut, avec son [[Siphon (anatomie)|siphon]], propulser un puissant [[jet d'eau]] ou un jet d’encre vers les yeux du prédateur et s'enfuir rapidement.
Lorsqu’il se bat contre un [[Grand cachalot|cachalot]], il peut, avec son [[Siphon (anatomie)|siphon]], propulser un puissant [[jet d'eau|jet d’eau]] ou un jet d’encre dans les yeux du prédateur et s'enfuir rapidement.


Dans son manteau, le calmar colossal a une sorte de coquille interne appelée « plume », véritable vestige de la [[Coquille (mollusque)|coquille]] des [[mollusque]]s. Cette longue structure semi-transparente et dure, qui a l'aspect d'une règle en plastique, passe au milieu du corps côté dorsal, juste sous le manteau, entre les nageoires caudales. Son rôle est de créer un soutien rigide. Elle est composée de [[chitine]] dure, qui est essentiellement un [[polysaccharide]]<ref name=body/>.
Dans son manteau, le calmar colossal a aussi une sorte de coquille interne appelée « plume », vestige de la [[Coquille (mollusque)|coquille]] des [[mollusque]]s. Cette longue structure semi-transparente et dure, qui a l'aspect d'une règle en plastique, passe au milieu du corps côté dorsal, juste sous le manteau, entre les nageoires caudales. Composée de [[chitine]] dure, qui est essentiellement un [[polysaccharide]], elle constitue un soutien musculaire rigide<ref name=body/>.


À l'intérieur du bec, juste avant le début de l'œsophage, les bouts d'aliments sont broyés par la [[radula (anatomie)|radula]], organe ressemblant à une langue garnie de dents. Des lignes de dents (dents [[os palatin|palatines]]) jalonnent de plus les joues ([[palpe]]s palatines). Ainsi la radula se déplace tel un tapis roulant qui tracte les aliments dans l'œsophage. Les aliments transformés en bouillie vont ensuite dans l'estomac, où la digestion commence. Ils passent ensuite dans un sac de stockage appelé le [[cæcum]], où les nutriments sont absorbés. Puis les [[matière fécale|matières fécales]] sortent de l'[[anus]] qui se trouve à droite entre les [[branchies]] du calmar, puis se jettent dans le siphon où elles sont expulsées<ref name=bec/>{{,}}<ref name=tepapa/>.
À l'intérieur du bec, juste avant le début de l'œsophage, les aliments sont finement broyés par la ''[[radula (anatomie)|radula]]'', organe ressemblant à une langue garnie de dents. Des lignes de dents (dents [[os palatin|palatines]]) jalonnent de plus les joues ([[palpe]]s palatines). Ainsi la ''radula'' se déplace tel un tapis roulant qui tracte les aliments dans l'œsophage. Les aliments transformés en bouillie vont ensuite dans l'estomac, où la digestion commence. Ils passent ensuite dans un sac de stockage appelé le [[cæcum]], où les nutriments sont absorbés. Puis les [[matière fécale|matières fécales]] sortent de l'[[anus]] qui se trouve à droite entre les [[branchies]] du calmar, puis se jettent dans le siphon où elles sont expulsées<ref name=bec/>{{,}}<ref name=tepapa/>.


Le [[cerveau]] du calmar colossal, de la forme d'un [[donut]], entoure l'œsophage. Il est très petit proportionnellement à la taille globale du corps ; un calmar colossal de {{unité|300|kilogrammes}} a un cerveau pesant moins de {{unité|100|grammes}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/colossal-squid-the-inside-story|titre=Colossal squid the inside story|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=http://squid.tepapa.govt.nz}}</ref>. Il possède d'énormes lobes optiques qui contrôlent la vision, facilitant l'observation dans l'obscurité des profondeurs.
Le [[cerveau]] du calmar colossal, de la forme d'un [[tore]], entoure l'œsophage. Il est très petit proportionnellement à la taille globale du corps ; un calmar colossal de {{unité|300|kilogrammes}} a un cerveau pesant moins de {{unité|100|grammes}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/colossal-squid-the-inside-story|titre=Colossal squid the inside story|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=squid.tepapa.govt.nz}}.</ref> mais possède d'énormes lobes optiques qui contrôlent la vision, facilitant l'observation dans l'obscurité des profondeurs.


== Répartition géographique et biotope ==
== Répartition géographique et biotope ==
[[Fichier:Mesonychoteuthis map.svg|thumb|Répartition géographique du calmar colossal.]]
[[Fichier:Mesonychoteuthis map.svg|thumb|Répartition géographique du calmar colossal.]]
Le calmar colossal vit au nord de l’[[Antarctique]], au sud de l'[[Amérique du Sud]], au sud de l’[[Afrique du Sud]] et à l’extrémité sud de la [[Nouvelle-Zélande]], ce qui en fait principalement un habitant de l’ensemble de l’[[océan Austral]]<ref name=review>Rosa, Rui & Lopes, Vanessa M. & Guerreiro, Miguel & Bolstad, Kathrin & Xavier, José C. 2017. Biology and ecology of the world's largest invertebrate, the colossal squid (Mesonychoteuthis hamiltoni): a short review. ''Polar Biology'', published online on March 30, 2017. {{DOI|10.1007/s00300-017-2104-5}}</ref>.
Le calmar colossal vit autour de l'[[Antarctique]], au sud de l'[[Amérique du Sud]], au sud de l'[[Afrique du Sud]] et à l'extrémité sud de la [[Nouvelle-Zélande]], ce qui en fait principalement un habitant de l’[[océan Austral]]<ref name=review>Rosa, Rui & Lopes, Vanessa M. & Guerreiro, Miguel & Bolstad, Kathrin & Xavier, José C. 2017. Biology and ecology of the world's largest invertebrate, the colossal squid (Mesonychoteuthis hamiltoni): a short review. ''Polar Biology'', published online on March 30, 2017. {{DOI|10.1007/s00300-017-2104-5}}</ref>.


En l'absence de nombreux échantillons prélevés dans différents endroits (à l'exception des ''paralarvae'' - juvéniles relativement minuscules - connues pour avoir une répartition [[circumpolaire]] Antarctique), la répartition géographique du calmar colossal doit être déduite de sources indirectes. Bien que la répartition géographique des proies et des prédateurs du calmar colossal puisse être utilisée pour déduire sa répartition et ses déplacements, ces informations se font uniquement à partir de spécimens retrouvés dans les estomacs. Or certains prédateurs du calmar colossal effectuent de grandes migrations ; ainsi le cachalot migre sur des milliers de kilomètres et l'albatros va en moyenne au-delà de {{unité|1200|km}} de son site de nidification pour chasser<ref name=giant>{{en}} {{lien web|url=http://www.tonmo.com/science/public/giantsquidfacts.php|titre=Giant Squid and Colossal Squid Fact Sheet|auteur=Dr. Steve O'Shea, Kat Bolstad|site=http://www.tonmo.com}}</ref>.
En l'absence de suffisamment d'échantillons prélevés dans différents endroits (à l'exception des ''paralarvae'' - juvéniles relativement minuscules - connues pour avoir une répartition [[circumpolaire]] Antarctique) la répartition géographique du calmar colossal doit être déduite de sources indirectes. Bien que la répartition géographique des proies et des prédateurs du calmar colossal puisse être utilisée pour déduire sa répartition et ses déplacements, ces informations se font uniquement à partir de spécimens retrouvés dans les estomacs. Or certains prédateurs du calmar colossal effectuent de grandes migrations ; ainsi le cachalot migre sur des milliers de kilomètres et l'albatros va en moyenne au-delà de {{unité|1200|km}} de son site de nidification pour chasser<ref name=giant>{{Lien web|langue=en|url=http://www.tonmo.com/science/public/giantsquidfacts.php|titre=Giant Squid and Colossal Squid Fact Sheet|auteur={{Dr}} Steve O'Shea, Kat Bolstad|site=tonmo.com}}.</ref>.


D’après les quelques spécimens capturés, ainsi que les restes trouvés dans l’estomac de [[Grand cachalot|cachalots]], les calmars adultes vivent au moins jusqu’à une profondeur de {{nombre|2200|mètres}} (zone [[bathypélagique]]), tandis que les jeunes ne peuvent aller qu’à {{nombre|1000|mètres}} de profondeur (zone [[mésopélagique]])<ref name="Nouvian2008">{{ouvrage|langue=fr|url=https://books.google.fr/books?id=3GdKAAAACAAJ&dq=Abysses&cd=1|éditeur=Fayard|titre=Abysses|date=2008|nom1=Nouvian|prénom1=Claire|isbn=9782213625737|page=122}}</ref>.
D’après les quelques spécimens capturés, ainsi que les restes trouvés dans l'estomac de [[Grand cachalot|cachalots]], les calmars adultes vivent au moins jusqu'à une profondeur de {{nombre|2200|mètres}} (zone [[bathypélagique]]), tandis que les jeunes ne peuvent aller qu'à {{nombre|1000|mètres}} de profondeur (zone [[mésopélagique]])<ref name="Nouvian2008">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Claire|nom1=Nouvian|titre=Abysses|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|année=2008|pages totales=252|passage=122|isbn=978-2-213-62573-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=3GdKAAAACAAJ&dq=Abysses}}</ref>.


== Écologie ==
== Écologie ==
=== Alimentation ===
=== Alimentation ===
[[Fichier:Toothfish.jpg|thumb|La [[légine australe]] est une proie potentielle pour le calmar colossal.]]
[[Fichier:Toothfish.jpg|thumb|La [[légine australe]] est une proie potentielle pour le calmar colossal.]]
Les [[éthologue]]s et les [[écologue]]s savent très peu de choses sur le mode de vie de cet animal. On suppose qu’il chasse principalement des proies telles que des [[Chaetognatha|chætognathes]], de grands poissons, comme la [[légine australe]] (''{{langue|la|Dissostichus eleginoides}}'') et d'autres petits [[calmar]]s dans les profondeurs de l’océan<ref name=food>{{en}} {{lien web|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/how-the-colossal-squid-feeds|titre=How the colossal squid feeds?|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=http://squid.tepapa.govt.nz}}</ref>.
Les [[éthologue]]s et les [[écologue]]s savent très peu de choses sur le mode de vie de cet animal. On suppose qu'il chasse principalement des proies telles que des [[Chaetognatha|chætognathes]], de grands poissons, comme la [[légine australe]] (''{{langue|la|Dissostichus eleginoides}}'') et d'autres petits [[calmar]]s dans les profondeurs de l’océan<ref name=food>{{Lien web|langue=en|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/how-the-colossal-squid-feeds|titre=How the colossal squid feeds?|auteur=Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa|site=squid.tepapa.govt.nz}}.</ref>.


=== Prédation ===
=== Prédation ===
Personne n'a jamais vu un calmar colossal attraper une proie, mais quelques suppositions peuvent être émises d'après le mode de prédation d'autres grands calmars. Les scientifiques pensent qu'il passe une grande partie de son temps avec ses bras et ses tentacules groupés au-dessus de sa tête, dans ce qu'on appelle la position « Cacatoès ». Le calmar colossal peut ainsi voir ses proies en face de lui avec l'aide de la lumière produite par les photophores de ses grands yeux. Pour attraper sa proie, il se propulse vers l'avant et abaisse ses bras et tentacules. Il étire très rapidement ses deux longs tentacules pour agripper sa proie. La rotation des crochets pivotants au bout de ses tentacules empêche la proie de s'échapper et leur permet de s'enfoncer progressivement dans sa chair. Puis le calmar écarte ses huit bras pour exposer une série de crochets et de ventouses. Il rétracte alors ses deux tentacules, jetant la proie dans ses bras, qui l'étreignent aussitôt. La proie immobilisée, le calmar commence à se nourrir en arrachant la chair, petit morceau par petit morceau, à l'aide de son bec. En effet, l'[[œsophage]] qui traverse son cerveau est si étroit ({{nombre|10|mm}} de diamètre), qu'une trop grosse bouchée pourrait provoquer des lésions cérébrales<ref name=food/>.
Personne n'a jamais vu un calmar colossal attraper une proie, mais quelques suppositions peuvent être émises d'après le mode de prédation d'autres grands calmars. Les scientifiques pensent qu'il passe une grande partie de son temps avec ses bras et ses tentacules groupés au-dessus de sa tête, dans ce qu'on appelle la position « crête de [[cacatoès]] ». Le calmar colossal peut ainsi voir ses proies en face de lui avec l'aide de la lumière produite par les photophores de ses grands yeux. Pour attraper sa proie, il se propulse vers l'avant et abaisse ses bras et tentacules. Il projette très rapidement ses deux longs tentacules pour agripper sa proie. La rotation des crochets pivotants au bout de ses tentacules empêche la proie de s'échapper et leur permet de s'enfoncer progressivement dans sa chair. Puis le calmar écarte ses huit bras pour exposer une série de crochets et de ventouses. Il rétracte alors ses deux tentacules, jetant la proie dans ses bras, qui l'étreignent aussitôt. La proie immobilisée, le calmar commence à se nourrir en broyant finement la chair dans son bec. En effet, l'[[œsophage]] qui traverse son cerveau est si étroit ({{nombre|1|cm}} de diamètre), qu'une trop grosse bouchée pourrait provoquer des lésions cérébrales<ref name=food/>.


Le Dr Rui Rosa de l'[[Université de Lisbonne]] affirme, après avoir étudié la physiologie et les habitudes alimentaires d'autres espèces abyssales, que le calmar colossal n'est pas un prédateur aussi vorace et rapide qu'on pourrait le penser. L'équipe a étudié le [[taux métabolique]] d'autres espèces de calmar puis extrapolé les données pour correspondre à la taille du calmar colossal, en prenant en compte la basse température de son milieu naturel. Ainsi, le calmar colossal a une consommation quotidienne d'énergie de 300 fois à 600 fois inférieure à celle d'autres grands prédateurs de l'océan austral, tels que les [[baleines à fanons]] et [[baleines à dents]]. Ces derniers ont le sang chaud et effectuent de grands déplacements contrairement au calmar colossal. Une [[légine antarctique]] de {{unité|5|kg}} suffit à un calmar colossal de {{unité|500|kg}} pour survivre pendant 200 jours. La température froide dans laquelle il vit affecte son taux métabolique, il doit donc économiser son énergie en limitant ses déplacements. Il chasse en embusquant ses proies dans la pénombre des abysses ne leur laissant aucune chance de s'échapper avec ses tentacules à crochets rotatifs<ref>{{en}} [http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=7577652&fulltextType=RA&fileId=S0025315409991494 journals cambridge] Document de recherche du Dr Rui Rosa de l'[[Université de Lisbonne]]</ref>.
Le Dr. Rui Rosa de l'[[Université de Lisbonne]] affirme, après avoir étudié la physiologie et les habitudes alimentaires d'autres espèces abyssales, que le calmar colossal n'est pas un prédateur aussi vorace et rapide qu'on pourrait le penser, car dans les abysses il dépense peu d'énergie. L'équipe a étudié le [[taux métabolique]] d'autres espèces de calmar puis extrapolé les données pour correspondre à la taille du calmar colossal, en prenant en compte la basse température de son milieu naturel. Ainsi, le calmar colossal a une consommation quotidienne d'énergie de 300 fois à 600 fois inférieure à celle d'autres grands prédateurs de l'océan austral, tels que les [[baleines à fanons]] et [[baleines à dents]]. Ces derniers ont le [[Homéothermie|sang chaud]] et effectuent de grands déplacements contrairement au calmar colossal. Une [[légine antarctique]] de {{unité|5|kg}} suffit à un calmar colossal de {{unité|500|kg}} pour survivre pendant 200 jours. La température froide dans laquelle il vit affecte son taux métabolique, il doit donc économiser son énergie en limitant ses déplacements. Il chasse en embusquant ses proies dans la pénombre des abysses ne leur laissant aucune chance de s'échapper avec ses tentacules à crochets rotatifs<ref>{{en}} [http://journals.cambridge.org/action/displayAbstract?fromPage=online&aid=7577652&fulltextType=RA&fileId=S0025315409991494 journals cambridge] Document de recherche du Dr Rui Rosa de l'[[Université de Lisbonne]]</ref>.


=== Prédateurs ===
=== Prédateurs ===
Beaucoup de [[grand cachalot|grands cachalots]] portent des cicatrices sur le dos susceptibles d’avoir été causées par les crochets d’un calmar colossal. En effet, le calmar colossal est une proie incluse dans le [[régime alimentaire]] du grand cachalot, 14 % des becs de calmars trouvés dans l’estomac de ces cachalots sont ceux de calmars colossaux, ce qui indique que le calmar colossal représente 77 % de la [[biomasse (écologie)|biomasse]] consommée par ces cétacés<ref>{{en}} M.R. Clarke, ''Cephalopoda in the diet of sperm whales of the southern hemisphere and their bearing on sperm whale biology'', ''Discovery Reports'' '''37''', 1980, pages 1-324.</ref>.
Beaucoup de [[grand cachalot|grands cachalots]] portent des cicatrices sur le dos susceptibles d'avoir été causées par les crochets d'un calmar colossal, proie incluse dans le [[régime alimentaire]] du grand cachalot. D'ailleurs 14 % des becs de calmars trouvés dans l'estomac de ces cachalots sont ceux de calmars colossaux, ce qui indique que cette espèce représente 77 % de la [[biomasse (écologie)|biomasse]] consommée par ces cétacés<ref>{{en}} M.R. Clarke, ''Cephalopoda in the diet of sperm whales of the southern hemisphere and their bearing on sperm whale biology'', ''Discovery Reports'' '''37''', 1980, pages 1-324.</ref>.


Beaucoup d’autres animaux chassent ce calmar, notamment les [[Ziphiidae|baleines à bec]], la [[baleine pilote]], l’[[éléphant de mer]] du Sud, la [[légine australe]], le [[requin dormeur du Pacifique]], et l’[[Diomedeidae|albatros]] (par exemple, l’[[Albatros hurleur]] et l’[[Albatros fuligineux à dos clair]]). Toutefois, le bec des adultes n’a été récupéré que chez le cachalot et le [[Requin dormeur du Pacifique|requin dormeur]] du Pacifique, assez grands pour prendre une telle proie, tandis que les autres prédateurs sont limités à la consommation de jeunes spécimens<ref>{{en}} Y. Cherel, G. Duhamel, [http://www.cephbase.utmb.edu/refdb/pdf/8114.pdf Antarctic jaws: cephalopod prey of sharks in Kerguelen waters.] ''Deep-Sea Res I'' '''51''', 2004, pages 17-31.</ref>.
Beaucoup d'autres animaux chassent ce calmar, notamment lorsqu'il est juvénile : les [[Ziphiidae|baleines à bec]], la [[baleine pilote]], l'[[éléphant de mer du sud]], la [[légine australe]], le [[requin dormeur du Pacifique]] et l'[[Diomedeidae|albatros]] (par exemple, l'[[Albatros hurleur]] et l'[[Albatros fuligineux à dos clair]]). Des becs de calmars colossaux adultes n'ont été récupérés que chez le cachalot et le [[Requin dormeur du Pacifique|requin dormeur]] du Pacifique, assez grands pour prendre une telle proie<ref>{{en}} Y. Cherel, G. Duhamel, [http://www.cephbase.utmb.edu/refdb/pdf/8114.pdf Antarctic jaws: cephalopod prey of sharks in Kerguelen waters.] ''Deep-Sea Res I'' '''51''', 2004, pages 17-31.</ref>.


=== Reproduction ===
=== Reproduction ===
La reproduction de l'espèce reste inconnue car aucun adulte mâle n'a été capturé ou observé vivant. Le calmar colossal n'ayant pas d'[[hectocotyle]]<ref name="nz">{{Lien web | auteur = | titre = Topic: Colossal squid Mesonychoteuthis hamiltoni | Collections Online - Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa | jour = | mois = | année = | url = http://collections.tepapa.govt.nz/topic/588 | site = | consulté le = 13 mai 2016}}</ref>, il serait doté d'un [[pénis]]<ref name="ADW">{{Lien web | auteur = | titre = Mesonychoteuthis hamiltoni| jour = | mois = | année = | url = http://animaldiversity.org/accounts/Mesonychoteuthis_hamiltoni/ | site = Animal Diversity Web | consulté le = 13 mai 2016}}</ref>.
La reproduction de l'espèce reste inconnue car aucun adulte mâle n'a été capturé ou observé vivant. Le calmar colossal n'ayant pas d'[[hectocotyle]]<ref name="nz">{{Lien web | titre = Topic: Colossal squid Mesonychoteuthis hamiltoni | Collections Online - Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa | url = http://collections.tepapa.govt.nz/topic/588 | consulté le = 13 mai 2016}}.</ref>, on le suppose doté d'un [[pénis]]<ref name="ADW">{{Lien web | titre = Mesonychoteuthis hamiltoni| url = http://animaldiversity.org/accounts/Mesonychoteuthis_hamiltoni/ | site = Animal Diversity Web | consulté le = 13 mai 2016}}.</ref>.


== Chronologie des principales captures ==
== Chronologie des principales captures ==
Les spécimens de calmar colossal sont rarement capturés, seules quelques captures de grands spécimens entiers ont été rapportées.
Les spécimens de calmar colossal sont rarement capturés : seules quelques captures de grands spécimens entiers ont été rapportées.
Bien que les grands cachalots s'alimentent essentiellement de cette espèce, les tissus des calmars sont très rapidement dissous dans les [[suc gastrique|sucs gastriques]] du cétacé, seul le bec dur subsiste. Ainsi un grand nombre de becs ont été trouvés dans les contenus stomacaux des cachalots échoués. Le plus grand bec trouvé dans l'estomac d'un cachalot avait une longueur rostrale inférieure (LRL) de {{nombre|49|mm}}<ref name=bec/>.
Bien que les grands cachalots s'alimentent essentiellement de cette espèce, les tissus des calmars sont très rapidement dissous dans les [[suc gastrique|sucs gastriques]] du cétacé, seul le bec dur subsiste. Ainsi un grand nombre de becs ont été trouvés dans les contenus stomacaux des cachalots échoués. Le plus grand bec trouvé dans l'estomac d'un cachalot avait une longueur rostrale inférieure (LRL) de {{nombre|49|mm}}<ref name=bec/>.
* En 1925, l’espèce est découverte grâce à deux tentacules trouvés dans l’estomac d’un cachalot<ref>{{en}} G.C. Robson, On ''Mesonychoteuthis'', a new genus of oegopsid, Cephalopoda. ''Annals and Magazine of Natural History'', Series 9, '''16''', 1925, pages 272–277.</ref>.
* En 1925, l'espèce est découverte grâce à deux tentacules trouvés dans l'estomac d'un cachalot<ref>{{en}} G.C. Robson, On ''Mesonychoteuthis'', a new genus of oegopsid, Cephalopoda. ''Annals and Magazine of Natural History'', Series 9, '''16''', 1925, pages 272–277.</ref>.
* En 1981, un chalutier russe qui pêchait en [[mer de Ross]], au large des côtes de l’Antarctique, prend dans ses filets un calmar d’une longueur totale de {{nombre|4|mètres}}. Celui-ci est identifié comme une femelle immature de ''Mesonychoteuthis hamiltoni''<ref>{{en}} R. Ellis, ''The Search for the Giant Squid'', The Lyons Press, 1998</ref>.
* En 1981, un chalutier russe qui pêchait en [[mer de Ross]], au large des côtes de l'Antarctique, prend dans ses filets un calmar d'une longueur totale de {{nombre|4|mètres}}, identifié comme une femelle immature de ''Mesonychoteuthis hamiltoni''<ref>{{en}} R. Ellis, ''The Search for the Giant Squid'', The Lyons Press, 1998</ref>.
* En 2003, un spécimen complet d’une femelle presque adulte, d’une longueur totale de {{nombre|6|m}} et d’un manteau d’une longueur de {{nombre|2.5|m}}, est trouvé près de la surface, dans la [[mer de Ross]]<ref>{{en}} Kim Griggs [http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/2910849.stm "Super squid surfaces in Antarctic"]. BBC News, April 2, 2003.</ref>.
* En 2003, un cadavre frais et complet d'une femelle presque adulte, d'une longueur totale de {{nombre|6|m}} et d'un manteau d'une longueur de {{nombre|2.5|m}}, est trouvé près de la surface, dans la [[mer de Ross]]<ref>{{en}} Kim Griggs [http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/2910849.stm "Super squid surfaces in Antarctic"]. BBC News, April 2, 2003.</ref>.
* En 2005, un spécimen est capturé à une profondeur de {{nombre|1625|m}}, en pêchant la [[légine australe]] au large d’une île de [[Géorgie du Sud]] en [[mer de Scotia]]. Bien que le manteau n’ait pas été hissé à bord, la longueur de celui-ci est estimée à plus de {{nombre|2.5|m}}, et les tentacules devaient atteindre {{nombre|2.3|m}}. L’animal devait peser entre 150 et {{nombre|200|kg}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://www.sgisland.gs/pages/main/news23.htm|titre=''Very Rare Giant Squid Caught Alive South Georgia Newsletter''|auteur=South Georgia Island Newsletter|date=juin 2005|site=http://www.sgisland.gs}}</ref>.
* En 2005, un spécimen est capturé à une profondeur de {{nombre|1625|m}}, en pêchant la [[légine australe]] au large d'une île de [[Géorgie du Sud]] en [[mer de Scotia]]. Bien que le manteau n'ait pas été hissé à bord, la longueur de celui-ci est estimée à plus de {{nombre|2.5|m}}, et les tentacules devaient atteindre {{nombre|2.3|m}}. L'animal devait peser entre 150 et {{nombre|200|kg}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.sgisland.gs/pages/main/news23.htm|titre=''Very Rare Giant Squid Caught Alive South Georgia Newsletter''|auteur=South Georgia Island Newsletter|date=juin 2005|site=sgisland.gs}}.</ref>.
* En 2007, le plus grand spécimen enregistré est capturé par un bateau de pêche de la [[Nouvelle-Zélande]] au large de l’Antarctique (initialement estimé à {{nombre|10|m}} de longueur pour {{nombre|450|kg}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://www.news.com.au/story/0,23599,21269277-2,00.html|titre=''Colossal squid may be largest ever caught''|site=http://www.news.com.au|auteur=Xavier La Canna|date=22 février 2007}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/3370019.stm|titre=''New giant squid predator found''|site=news.bbc.co.uk}}</ref>). Il est ramené en Nouvelle-Zélande pour y être disséqué. Les analyses du spécimen ont montré que son poids réel était de {{nombre|495|kg}} et qu’il mesurait {{nombre|4.2|m}} du fait du rétrécissement des tentacules {{langue|la|''[[:wikt:post-mortem|post mortem]]''}}.
* En 2007, le plus grand spécimen enregistré est capturé par le bateau de pêche [[Nouvelle-Zélande|néozélandais]] ''San Aspiring'' appartenant à la société de pêche ''Sanford'', dans les eaux glacées de la [[mer de Ross]] au large de l'[[Antarctique]]. Initialement estimé à {{nombre|10|m}} de longueur pour {{nombre|450|kg}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.news.com.au/story/0,23599,21269277-2,00.html|titre=''Colossal squid may be largest ever caught''|site=news.com.au|auteur=Xavier La Canna|date=22 février 2007}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/3370019.stm|titre=''New giant squid predator found''|site=news.bbc.co.uk}}.</ref>), il est ramené en Nouvelle-Zélande pour y être disséqué.


== Plus grand spécimen connu ==
== Plus grand spécimen connu ==
=== Capture ===
=== Capture ===
L'animal capturé par le ''San Aspiring'' fut remonté à la surface tenant une [[légine australe]] prise par une longue ligne. Comme il ne lâchait pas sa proie et ne pouvait être enlevé de la ligne, les pêcheurs le tuèrent, l'enveloppèrent dans un filet, le sortirent de l'eau et le congelèrent à bord. Ce calmar colossal éclipse le précédent record d’un spécimen pêché en 2003 pesant environ {{nombre|195|kg}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.nzherald.co.nz/section/1/story.cfm?c_id=1&objectid=10430435|titre="NZ's colossal squid to be microwaved" ''The New Zealand Herald''}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/3370019.stm|titre=New giant squid predator found|site=BBC News|date=8 janvier 2004}}.</ref>. L'échantillon a été congelé dans un mètre cube d'eau et transporté au musée national de [[Nouvelle-Zélande]] ''[[Te Papa Tongarewa]]'' à [[Wellington]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.iht.com/articles/ap/2007/03/22/asia/AS-ODD-New-Zealand-Colossal-Squid.php|titre="Colossal squid may be headed for the oven in New Zealand"|éditeur=Associated Press (''International Herald Tribune'')|date=22 mars 2007}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/asia-pacific/6453997.stm|titre="Colossal squid's headache for science"|site=BBC News|date=15 mars 2007}}.</ref>.
[[Fichier:N20090116 120650--pan.jpg|thumb|upright=2|Le spécimen exposé au musée Te Papa Tongarewa de Wellington en Nouvelle-Zélande.]]
Le {{Date|22|février|2007}}, les autorités de Nouvelle-Zélande ont annoncé que le plus grand calmar colossal connu avait été capturé. Le spécimen pesait {{nombre|495|kg}} et a été initialement estimé à {{nombre|10|m}} de longueur totale. Les pêcheurs à bord du navire ''San Aspiring'' appartenant à la société de pêche Sanford Limited, ont capturé l’animal dans les eaux glacées de la [[mer de Ross]]. Il fut remonté à la surface en attrapant une [[légine australe]] qui avait été prise par une longue ligne. Comme il ne lâchait pas sa proie et ne pouvait être enlevé de la ligne, les pêcheurs décidèrent de le tuer. Ils l'ont enveloppé dans un filet, remonté puis congelé à bord. Ce calmar colossal éclipse le précédent record d’un spécimen pêché en 2003 pesant environ {{nombre|195|kg}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://www.nzherald.co.nz/section/1/story.cfm?c_id=1&objectid=10430435|titre="NZ's colossal squid to be microwaved" ''The New Zealand Herald''}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/science/nature/3370019.stm|titre=New giant squid predator found|site=BBC News|date=8 janvier 2004}}</ref>. L’échantillon a été congelé dans un mètre cube d’eau et transporté au musée national de Nouvelle-Zélande [[Te Papa Tongarewa]]<ref>{{en}} {{lien web|url=http://www.iht.com/articles/ap/2007/03/22/asia/AS-ODD-New-Zealand-Colossal-Squid.php|titre="Colossal squid may be headed for the oven in New Zealand"|éditeur=Associated Press (''International Herald Tribune'')|date=22 mars 2007}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/world/asia-pacific/6453997.stm|titre="Colossal squid's headache for science"|site=BBC News|date=15 mars 2007}}</ref>.


=== Décongélation et dissection, avril-mai 2008 ===
=== Décongélation et dissection, avril-mai 2008 ===
Intrigués par cette découverte inattendue, les journalistes ont supposé que la décongélation d'un si gros calmar nécessiterait un micro-onde géant car la décongélation du calmar à température ambiante prendrait des jours et il serait probablement victime de pourrissement, tandis que le noyau resterait gelé. Les chercheurs du Muséum ont finalement opté pour l’approche la plus classique de décongélation c'est-à-dire de plonger le bloc de glace dans un bain d’eau salée<ref name=Black>{{en}} {{lien web|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/7374297.stm|titre="Colossal squid's big eye revealed"|site=BBC News|date=30 avril 2008}}</ref>.
Intrigués par cette découverte inattendue, les journalistes ont supposé que la décongélation d'un si gros calmar nécessiterait un [[Four à micro-ondes|micro-onde]] géant car la décongélation du calmar à température ambiante prendrait des jours et il serait probablement victime de pourrissement, tandis que le noyau resterait gelé. Les chercheurs du Muséum ont finalement opté pour l'approche la plus classique de décongélation c'est-à-dire de plonger le bloc de glace dans un bain d'eau salée<ref name=Black>{{Lien web|langue=en|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/sci/tech/7374297.stm|titre="Colossal squid's big eye revealed"|site=BBC News|date=30 avril 2008}}.</ref>.


La décongélation et la dissection du spécimen ont eu lieu au musée Te Papa Tongarewa de Wellington en Nouvelle-Zélande, sous la direction du biologiste principal Chris Paulin, avec le technicien Mark Fenwick, le biologiste marin et toxicologue néerlandais Olaf Blaauw, les biologistes Steve O’Shea, Tsunemi Kubodera et Kat Bolstad.
La décongélation et la dissection du spécimen ont eu lieu au musée ''Te Papa Tongarewa'' de Wellington en Nouvelle-Zélande, sous la direction du biologiste principal Chris Paulin, avec le technicien Mark Fenwick, le biologiste marin et toxicologue néerlandais Olaf Blaauw, les biologistes Steve O’Shea, Tsunemi Kubodera et Kat Bolstad.
[[Fichier:Colossal squid at Te Papa.jpg|thumb|upright=2|Le spécimen exposé au musée ''[[Te Papa Tongarewa]]'' de [[Wellington]] en [[Nouvelle-Zélande]].]]
Certaines parties de l'échantillon ont été examinées en détail :
* le bec est considérablement plus petit ({{nombre|42.5|mm}} de longueur [[Rostrum (anatomie)|rostrale]] inférieure<ref name=bec>{{Lien web|langue=en|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/the-beak-of-the-colossal-squid|titre=The beak of colossal squid}}.</ref>) que certains retrouvés dans l’estomac de [[Physeteroidea|cachalots]], suggérant qu’il existe des spécimens beaucoup plus grands que celui-ci<ref name=Tepapa>{{Lien web|langue=en|url=http://squid.tepapa.govt.nz/the-squid-files/article/how-big-is-the-colossal-squid|titre=How big is the colossal squid?}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.radionz.co.nz/news/latest/200804301626/21bc986a|titre=Thawing colossal squid continues to reveal information|éditeur=''Radio New Zealand''|brisé le = 2023-10-28}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.thestar.co.za/index.php?fArticleId=4379450|titre=Massive squid may be just a babe|éditeur=The Star, Afrique du Sud}}.</ref> ;
* l'œil mesure {{nombre|27|cm}} de diamètre, avec une lentille de {{nombre|12 cm}} de diamètre. C'est le plus grand œil d'animal connu. Ces mesures sont issues de l'échantillon en partie abîmé : l'œil mesurait probablement de 30<ref name=Black/> à {{nombre|40|cm}} de diamètre à l’origine<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://afp.google.com/article/ALeqM5ipR6P2N6xG6MDAYbpLi1FJ7aOVKA|titre=World's biggest squid reveals 'beach ball' eyes|éditeur=AFP, via Google|brisé le = 2023-10-28}}.</ref> ;
* il fut d'abord identifié comme un mâle, mais l'inspection interne du calmar avec un [[endoscope]] a révélé des [[ovaire (anatomie)|ovaire]]s contenant des milliers d'œufs<ref name=Black/> ;
* le calmar ne mesurait plus que {{nombre|4.2|m}} de longueur totale, ses tentacules ayant diminué {{langue|la|''[[:wikt:post-mortem|post mortem]]''}} de façon significative. Les analyses du spécimen ont montré que son poids réel était de {{nombre|495|kg}} ;
* la couleur initiale de son tégument est rouge [[pourpre]] (code 6B1C23), mais il s'est partiellement décoloré en rose dans le [[formol]] où il est conservé.


Des expériences menées sur des [[Nototodarus sloanii|calmars flèches]] par les chercheurs du ''Te Papa Tongarewa'' ont démontré que le volume des spécimens frais peut diminuer de 22 % lors d'une déshydratation avec des solutions d'alcool. Ainsi le grand spécimen de calmar colossal déshydraté, durant les 14 mois passés dans un congélateur, s'est considérablement rétréci<ref name=Tepapa/>.
Certaines parties de l’échantillon ont été examinées en détail :
* le bec est considérablement plus petit ({{nombre|42.5|mm}} de longueur rostrale inférieure<ref name=bec>{{en}} {{lien web|url=http://squid.tepapa.govt.nz/anatomy/article/the-beak-of-the-colossal-squid|titre=The beak of colossal squid}}</ref>) que certains retrouvés dans l’estomac de cachalots, suggérant qu’il existe des spécimens beaucoup plus grands que celui-ci<ref name=Tepapa>{{en}} {{lien web|url=http://squid.tepapa.govt.nz/the-squid-files/article/how-big-is-the-colossal-squid|titre=How big is the colossal squid?}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://www.radionz.co.nz/news/latest/200804301626/21bc986a|titre=Thawing colossal squid continues to reveal information|éditeur=''Radio New Zealand''}}</ref>{{,}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://www.thestar.co.za/index.php?fArticleId=4379450|titre=Massive squid may be just a babe|éditeur=The Star, Afrique du Sud}}</ref> ;
* l’œil mesure {{nombre|27|cm}} de diamètre, avec une lentille {{nombre|de|12}} cm de diamètre. C’est le plus grand œil d’animal connu. Ces mesures sont issues de l’échantillon en partie abîmé : l’œil mesurait probablement de 30<ref name=Black/> à {{nombre|40|cm}} de diamètre à l’origine<ref>{{en}} {{lien web|url=http://afp.google.com/article/ALeqM5ipR6P2N6xG6MDAYbpLi1FJ7aOVKA|titre=World's biggest squid reveals 'beach ball' eyes|éditeur=AFP, via Google}}</ref> ;
* il fut d’abord identifié comme un mâle, mais l’inspection interne du calmar avec un [[endoscope]] a révélé des [[ovaire (anatomie)|ovaire]]s contenant des milliers d’œufs<ref name=Black/> ;
* le calmar ne mesurait plus que {{nombre|4.2|m}} de longueur totale, ses tentacules ayant diminué de façon significative.

Des expériences menées sur des calmars flèches (''[[Nototodarus sloanii|Nototodarus sloani]]'') par les chercheurs du Te Papa Tongarewa ont démontré que le volume des spécimens frais peut diminuer de 22 % lors d'une déshydratation avec des solutions d'alcool. Ainsi le grand spécimen de calmar colossal déshydraté, durant les 14 mois passés dans un congélateur, s'est considérablement rétréci<ref name=Tepapa/>.


=== Exposition ===
=== Exposition ===
Le musée Te Papa Tongarewa de Wellington en Nouvelle-Zélande expose le plus gros spécimen connu à ce jour, conservé dans du [[formol]]. L'exposition qui lui est consacrée s’est ouverte le {{Date|13|décembre|2008}}. Un site web sur ce calmar a été mis en place<ref>{{en}} {{lien web|url=http://squid.tepapa.govt.nz/|titre=The Colossal Squid Exhibition|site=le site du Te papa dédié au calmar colossal}}</ref>.
Le musée ''Te Papa Tongarewa'' de [[Wellington]] en Nouvelle-Zélande expose ce plus gros spécimen connu à ce jour, conservé dans du [[formol]]. L'exposition qui lui est consacrée s'est ouverte le {{Date|13|décembre|2008}}. Un site web sur ce calmar a été mis en place<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://squid.tepapa.govt.nz/|titre=The Colossal Squid Exhibition|site=le site du Te papa dédié au calmar colossal}}.</ref>.


== Culture ==
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== Notes et références ==
== Notes et références ==
* {{Traduction/Référence|en|Colossal squid|313159193}}
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* {{CatalogueofLife | 5PV4 | ''Mesonychoteuthis'' | consulté le=11 décembre 2020 }}
* {{CatalogueofLife | 7P8RH | ''Mesonychoteuthis'' G. C. Robson, 1925 | consulté le=7 avril 2023 }}
* {{ITIS|555783|''Mesonychoteuthis'' Robson, 1925}}
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* {{UICN|163170|''Mesonychoteuthis hamiltoni'' Robson, 1925|consulté le=16 mai 2015}}
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Mesonychoteuthis hamiltoni

Le calmar colossal (Mesonychoteuthis hamiltoni) est une espèce de mollusques de la famille des Cranchiidés. Il est le seul représentant du genre Mesonychoteuthis, du grec mesos (« milieu »), onyx (« griffe ») et teuthis (« calmar »).

Cette espèce mésopélagique est connue depuis 1925 grâce aux quelques parties de grands spécimens retrouvées dans l'estomac de cachalots, mais son étude a été possible à partir des prises accidentelles par des navires de pêche à la palangre flottante[1].

Le calmar colossal n'est pas un proche parent des calmars géants du genre Architeuthis. Bien que leurs dimensions soient gigantesques, leur anatomie et leur aire de répartition respectives sont très différentes.

Cette espèce est la plus lourde, mais pas nécessairement la plus longue de toutes les espèces de calmar. Le plus grand spécimen connu mesure une dizaine de mètres de longueur, pour 495 kg. Mais les estimations actuelles (en 2009) pour sa taille maximale sont de 14 mètres ; elles sont fondées sur l’analyse de jeunes et petits individus et de restes retrouvés dans l'estomac de cachalots. Le calmar colossal est sans doute plus grand que les calmars géants, et donc le plus grand des invertébrés connus[2]. Son bec est le plus volumineux de tous ceux des calmars connus et ses yeux sont probablement les plus grands du règne animal. Quelques céphalopodes éteints, comme les Vampyromorphides du Crétacé Tusoteuthis, les coleoïdes du Crétacé Yezoteuthis et les nautiloïdes de l'Ordovicien Cameroceras ont peut-être eu des mensurations comparables.

En date de 2009, aucun calmar colossal mâle adulte n'a été identifié. L'étude de cette espèce s'est donc appuyée uniquement sur des femelles, des juvéniles et des spécimens non sexés[3],[4].

Anatomie[modifier | modifier le code]

Anatomie externe[modifier | modifier le code]

Un calmar colossal adulte.
Bec chitineux d'un jeune calmar colossal.

Le calmar colossal est un cas de gigantisme abyssal, puisqu'il affiche une taille supérieure à ses homologues de surface. Son corps est plus large et plus gros, et donc plus lourd, que celui du calmar géant. Le calmar colossal a un plus long manteau et une plus grosse tête que le calmar géant, bien que ses tentacules soient plus courts. En apparence, son manteau ressemble à une sorte de gelée lourde et ronde, en vérité c’est une grande dalle de muscles qui tient tout le corps[1]. La coloration rouge-rose de sa peau vient de petits pigments contenus dans des cellules appelées chromatophores. Le calmar peut donc faire preuve de mimétisme, sa peau fonçant lorsqu'il contracte ces cellules[2].

Les huit bras du calmar colossal sont munis de ventouses, les plus grandes sont bordées de petites dents et de crochets tranchants lui permettant d'immobiliser sa proie. Une membrane de protection autour des crochets empêche le calmar de s’auto-mutiler. Le calmar colossal étire ses deux grands tentacules pour capturer sa proie. Ceux-ci sont bordés, à l'extrémité, de deux rangées de crochets pivotants très acérés. Plus la proie se débat, plus les crochets s’enfoncent dans sa chair[5].

Croquis du bec chitineux d'un calmar colossal.

Comme tous les calmars, les poulpes et leurs proches, le calmar colossal a un bec. Il possède en outre le plus volumineux et le plus robuste de tous les becs de calmars. Il est analogue à celui du perroquet, mais contrairement à ce dernier, la partie inférieure chevauche la partie supérieure. Il est composé de chitine et est entouré de tissu musculaire[4].

Le calmar colossal a besoin de grands yeux pour repérer ses proies dans la pénombre des abysses. Ceux-ci peuvent mesurer près de 27 cm de diamètre, ils sont donc les plus grands yeux du règne animal à ce jour. Contrairement au calmar géant, aux yeux situés sur les côtés et donc doté d'un large champ de vision, le calmar colossal les possède vers l'avant, ce qui lui confère un champ de vision plus restreint, mais aussi une vision binoculaire. L'intérieur de l'œil présente un cristallin de 8 à 9 cm de diamètre et un photophore oculaire, situé sur la bordure extérieure de la rétine. Lorsque le calmar colossal dirige ses yeux vers le bout de ses tentacules, ses photophores fournissent assez de lumière pour qu'il puisse repérer une proie, en estimer la taille et la distance grâce à sa vision binoculaire, permettant notamment de détecter, au-delà de 600 mètres de profondeur, jusqu'à 120 mètres de distance la bioluminescence du plancton stimulée par un important déplacement d'eau dû à un animal imposant[6].

La plupart du temps, le calmar colossal se maintient en position stationnaire en utilisant simultanément sa paire de nageoires caudales et son siphon. Mais lorsque le calmar doit nager, il ondule longitudinalement ses musculeuses et puissantes nageoires caudales, qui chez la plupart des autres espèces de calmars sont davantage utilisées pour changer de direction que pour se propulser. Pour fuir rapidement, le calmar colossal se déplace vers l'arrière par réaction, en propulsant avec son siphon de puissants jets d'eau de manière saccadée[4].

Anatomie interne[modifier | modifier le code]

Pour respirer, le calmar colossal élargit son manteau ; l'eau est alors aspirée dans l'ouverture du manteau, située autour de la tête, puis passe à travers sa paire de branchies, qui transfère le dioxygène dans le sang. Puis le manteau se contracte, l'eau est alors expulsée par le siphon.

Le sang du calmar colossal est de couleur bleue car il contient du cuivre sous la forme d'hémocyanine. Les calmars ont trois cœurs : deux cœurs branchiaux et un cœur systémique. Les deux cœurs branchiaux propulsent le sang vers les branchies pour qu'il se charge en dioxygène, alors que le cœur systémique distribue le sang oxygéné au reste du corps[4].

Le calmar colossal possède un sac d'encre situé dans son manteau. Attaqué par un cachalot, il peut, avec son siphon, propulser un puissant jet d'eau ou un jet d’encre vers les yeux du prédateur et s'enfuir rapidement.

Dans son manteau, le calmar colossal a aussi une sorte de coquille interne appelée « plume », vestige de la coquille des mollusques. Cette longue structure semi-transparente et dure, qui a l'aspect d'une règle en plastique, passe au milieu du corps côté dorsal, juste sous le manteau, entre les nageoires caudales. Composée de chitine dure, qui est essentiellement un polysaccharide, elle constitue un soutien musculaire rigide[2].

À l'intérieur du bec, juste avant le début de l'œsophage, les aliments sont finement broyés par la radula, organe ressemblant à une langue garnie de dents. Des lignes de dents (dents palatines) jalonnent de plus les joues (palpes palatines). Ainsi la radula se déplace tel un tapis roulant qui tracte les aliments dans l'œsophage. Les aliments transformés en bouillie vont ensuite dans l'estomac, où la digestion commence. Ils passent ensuite dans un sac de stockage appelé le cæcum, où les nutriments sont absorbés. Puis les matières fécales sortent de l'anus qui se trouve à droite entre les branchies du calmar, puis se jettent dans le siphon où elles sont expulsées[7],[4].

Le cerveau du calmar colossal, de la forme d'un tore, entoure l'œsophage. Il est très petit proportionnellement à la taille globale du corps ; un calmar colossal de 300 kilogrammes a un cerveau pesant moins de 100 grammes[8] mais possède d'énormes lobes optiques qui contrôlent la vision, facilitant l'observation dans l'obscurité des profondeurs.

Répartition géographique et biotope[modifier | modifier le code]

Répartition géographique du calmar colossal.

Le calmar colossal vit autour de l'Antarctique, au sud de l'Amérique du Sud, au sud de l'Afrique du Sud et à l'extrémité sud de la Nouvelle-Zélande, ce qui en fait principalement un habitant de l’océan Austral[9].

En l'absence de suffisamment d'échantillons prélevés dans différents endroits (à l'exception des paralarvae - juvéniles relativement minuscules - connues pour avoir une répartition circumpolaire Antarctique) la répartition géographique du calmar colossal doit être déduite de sources indirectes. Bien que la répartition géographique des proies et des prédateurs du calmar colossal puisse être utilisée pour déduire sa répartition et ses déplacements, ces informations se font uniquement à partir de spécimens retrouvés dans les estomacs. Or certains prédateurs du calmar colossal effectuent de grandes migrations ; ainsi le cachalot migre sur des milliers de kilomètres et l'albatros va en moyenne au-delà de 1 200 km de son site de nidification pour chasser[3].

D’après les quelques spécimens capturés, ainsi que les restes trouvés dans l'estomac de cachalots, les calmars adultes vivent au moins jusqu'à une profondeur de 2 200 mètres (zone bathypélagique), tandis que les jeunes ne peuvent aller qu'à 1 000 mètres de profondeur (zone mésopélagique)[1].

Écologie[modifier | modifier le code]

Alimentation[modifier | modifier le code]

La légine australe est une proie potentielle pour le calmar colossal.

Les éthologues et les écologues savent très peu de choses sur le mode de vie de cet animal. On suppose qu'il chasse principalement des proies telles que des chætognathes, de grands poissons, comme la légine australe (Dissostichus eleginoides) et d'autres petits calmars dans les profondeurs de l’océan[10].

Prédation[modifier | modifier le code]

Personne n'a jamais vu un calmar colossal attraper une proie, mais quelques suppositions peuvent être émises d'après le mode de prédation d'autres grands calmars. Les scientifiques pensent qu'il passe une grande partie de son temps avec ses bras et ses tentacules groupés au-dessus de sa tête, dans ce qu'on appelle la position « crête de cacatoès ». Le calmar colossal peut ainsi voir ses proies en face de lui avec l'aide de la lumière produite par les photophores de ses grands yeux. Pour attraper sa proie, il se propulse vers l'avant et abaisse ses bras et tentacules. Il projette très rapidement ses deux longs tentacules pour agripper sa proie. La rotation des crochets pivotants au bout de ses tentacules empêche la proie de s'échapper et leur permet de s'enfoncer progressivement dans sa chair. Puis le calmar écarte ses huit bras pour exposer une série de crochets et de ventouses. Il rétracte alors ses deux tentacules, jetant la proie dans ses bras, qui l'étreignent aussitôt. La proie immobilisée, le calmar commence à se nourrir en broyant finement la chair dans son bec. En effet, l'œsophage qui traverse son cerveau est si étroit (1 cm de diamètre), qu'une trop grosse bouchée pourrait provoquer des lésions cérébrales[10].

Le Dr. Rui Rosa de l'Université de Lisbonne affirme, après avoir étudié la physiologie et les habitudes alimentaires d'autres espèces abyssales, que le calmar colossal n'est pas un prédateur aussi vorace et rapide qu'on pourrait le penser, car dans les abysses il dépense peu d'énergie. L'équipe a étudié le taux métabolique d'autres espèces de calmar puis extrapolé les données pour correspondre à la taille du calmar colossal, en prenant en compte la basse température de son milieu naturel. Ainsi, le calmar colossal a une consommation quotidienne d'énergie de 300 fois à 600 fois inférieure à celle d'autres grands prédateurs de l'océan austral, tels que les baleines à fanons et baleines à dents. Ces derniers ont le sang chaud et effectuent de grands déplacements contrairement au calmar colossal. Une légine antarctique de 5 kg suffit à un calmar colossal de 500 kg pour survivre pendant 200 jours. La température froide dans laquelle il vit affecte son taux métabolique, il doit donc économiser son énergie en limitant ses déplacements. Il chasse en embusquant ses proies dans la pénombre des abysses ne leur laissant aucune chance de s'échapper avec ses tentacules à crochets rotatifs[11].

Prédateurs[modifier | modifier le code]

Beaucoup de grands cachalots portent des cicatrices sur le dos susceptibles d'avoir été causées par les crochets d'un calmar colossal, proie incluse dans le régime alimentaire du grand cachalot. D'ailleurs 14 % des becs de calmars trouvés dans l'estomac de ces cachalots sont ceux de calmars colossaux, ce qui indique que cette espèce représente 77 % de la biomasse consommée par ces cétacés[12].

Beaucoup d'autres animaux chassent ce calmar, notamment lorsqu'il est juvénile : les baleines à bec, la baleine pilote, l'éléphant de mer du sud, la légine australe, le requin dormeur du Pacifique et l'albatros (par exemple, l'Albatros hurleur et l'Albatros fuligineux à dos clair). Des becs de calmars colossaux adultes n'ont été récupérés que chez le cachalot et le requin dormeur du Pacifique, assez grands pour prendre une telle proie[13].

Reproduction[modifier | modifier le code]

La reproduction de l'espèce reste inconnue car aucun adulte mâle n'a été capturé ou observé vivant. Le calmar colossal n'ayant pas d'hectocotyle[14], on le suppose doté d'un pénis[15].

Chronologie des principales captures[modifier | modifier le code]

Les spécimens de calmar colossal sont rarement capturés : seules quelques captures de grands spécimens entiers ont été rapportées. Bien que les grands cachalots s'alimentent essentiellement de cette espèce, les tissus des calmars sont très rapidement dissous dans les sucs gastriques du cétacé, seul le bec dur subsiste. Ainsi un grand nombre de becs ont été trouvés dans les contenus stomacaux des cachalots échoués. Le plus grand bec trouvé dans l'estomac d'un cachalot avait une longueur rostrale inférieure (LRL) de 49 mm[7].

  • En 1925, l'espèce est découverte grâce à deux tentacules trouvés dans l'estomac d'un cachalot[16].
  • En 1981, un chalutier russe qui pêchait en mer de Ross, au large des côtes de l'Antarctique, prend dans ses filets un calmar d'une longueur totale de 4 mètres, identifié comme une femelle immature de Mesonychoteuthis hamiltoni[17].
  • En 2003, un cadavre frais et complet d'une femelle presque adulte, d'une longueur totale de 6 m et d'un manteau d'une longueur de 2,5 m, est trouvé près de la surface, dans la mer de Ross[18].
  • En 2005, un spécimen est capturé à une profondeur de 1 625 m, en pêchant la légine australe au large d'une île de Géorgie du Sud en mer de Scotia. Bien que le manteau n'ait pas été hissé à bord, la longueur de celui-ci est estimée à plus de 2,5 m, et les tentacules devaient atteindre 2,3 m. L'animal devait peser entre 150 et 200 kg[19].
  • En 2007, le plus grand spécimen enregistré est capturé par le bateau de pêche néozélandais San Aspiring appartenant à la société de pêche Sanford, dans les eaux glacées de la mer de Ross au large de l'Antarctique. Initialement estimé à 10 m de longueur pour 450 kg[20],[21]), il est ramené en Nouvelle-Zélande pour y être disséqué.

Plus grand spécimen connu[modifier | modifier le code]

Capture[modifier | modifier le code]

L'animal capturé par le San Aspiring fut remonté à la surface tenant une légine australe prise par une longue ligne. Comme il ne lâchait pas sa proie et ne pouvait être enlevé de la ligne, les pêcheurs le tuèrent, l'enveloppèrent dans un filet, le sortirent de l'eau et le congelèrent à bord. Ce calmar colossal éclipse le précédent record d’un spécimen pêché en 2003 pesant environ 195 kg[22],[23]. L'échantillon a été congelé dans un mètre cube d'eau et transporté au musée national de Nouvelle-Zélande Te Papa Tongarewa à Wellington[24],[25].

Décongélation et dissection, avril-mai 2008[modifier | modifier le code]

Intrigués par cette découverte inattendue, les journalistes ont supposé que la décongélation d'un si gros calmar nécessiterait un micro-onde géant car la décongélation du calmar à température ambiante prendrait des jours et il serait probablement victime de pourrissement, tandis que le noyau resterait gelé. Les chercheurs du Muséum ont finalement opté pour l'approche la plus classique de décongélation c'est-à-dire de plonger le bloc de glace dans un bain d'eau salée[26].

La décongélation et la dissection du spécimen ont eu lieu au musée Te Papa Tongarewa de Wellington en Nouvelle-Zélande, sous la direction du biologiste principal Chris Paulin, avec le technicien Mark Fenwick, le biologiste marin et toxicologue néerlandais Olaf Blaauw, les biologistes Steve O’Shea, Tsunemi Kubodera et Kat Bolstad.

Le spécimen exposé au musée Te Papa Tongarewa de Wellington en Nouvelle-Zélande.

Certaines parties de l'échantillon ont été examinées en détail :

  • le bec est considérablement plus petit (42,5 mm de longueur rostrale inférieure[7]) que certains retrouvés dans l’estomac de cachalots, suggérant qu’il existe des spécimens beaucoup plus grands que celui-ci[27],[28],[29] ;
  • l'œil mesure 27 cm de diamètre, avec une lentille de 12 cm de diamètre. C'est le plus grand œil d'animal connu. Ces mesures sont issues de l'échantillon en partie abîmé : l'œil mesurait probablement de 30[26] à 40 cm de diamètre à l’origine[30] ;
  • il fut d'abord identifié comme un mâle, mais l'inspection interne du calmar avec un endoscope a révélé des ovaires contenant des milliers d'œufs[26] ;
  • le calmar ne mesurait plus que 4,2 m de longueur totale, ses tentacules ayant diminué post mortem de façon significative. Les analyses du spécimen ont montré que son poids réel était de 495 kg ;
  • la couleur initiale de son tégument est rouge pourpre (code 6B1C23), mais il s'est partiellement décoloré en rose dans le formol où il est conservé.

Des expériences menées sur des calmars flèches par les chercheurs du Te Papa Tongarewa ont démontré que le volume des spécimens frais peut diminuer de 22 % lors d'une déshydratation avec des solutions d'alcool. Ainsi le grand spécimen de calmar colossal déshydraté, durant les 14 mois passés dans un congélateur, s'est considérablement rétréci[27].

Exposition[modifier | modifier le code]

Le musée Te Papa Tongarewa de Wellington en Nouvelle-Zélande expose ce plus gros spécimen connu à ce jour, conservé dans du formol. L'exposition qui lui est consacrée s'est ouverte le . Un site web sur ce calmar a été mis en place[31].

Culture[modifier | modifier le code]

Dans la culture occidentale, les grands calmars ont grandement nourri l'imagination des marins et inspiré les auteurs de la littérature fantastique comme en témoignent les écrits autour de la légende scandinave du Kraken, monstre marin à l'allure d'une pieuvre géante. Jules Verne décrivit dans Vingt mille lieues sous les mers en 1869 « un calmar de dimensions colossales ayant huit mètres de longueur », il parle alors d'un calmar géant dont le genre fut établi en 1857, non pas d'un calmar colossal dont on ne connaissait même pas l'existence[1]. En raison de son aire de répartition extrême et isolée, le calmar colossal ne fut décrit pour la première fois qu'en 1925. C'est sans doute pour cela qu'il n'a jamais vraiment figuré dans la culture occidentale.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Claire Nouvian, Abysses, Fayard, , 252 p. (ISBN 978-2-213-62573-7, lire en ligne), p. 122
  2. a b et c (en) Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, « The body of calmar squid », sur squid.tepapa.govt.nz.
  3. a et b (en) Dr Steve O'Shea, Kat Bolstad, « Giant Squid and Colossal Squid Fact Sheet », sur tonmo.com.
  4. a b c d et e (en) Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, « Schéma interactif du calmar colossal », sur squid.tepapa.govt.nz.
  5. (en) Blog du Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, « Hooks and suckers », sur blog.tepapa.govt.nz.
  6. Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, « The eye of the colossal squid », sur squid.tepapa.govt.nz (consulté le ).
  7. a b et c (en) « The beak of colossal squid ».
  8. (en) Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, « Colossal squid the inside story », sur squid.tepapa.govt.nz.
  9. Rosa, Rui & Lopes, Vanessa M. & Guerreiro, Miguel & Bolstad, Kathrin & Xavier, José C. 2017. Biology and ecology of the world's largest invertebrate, the colossal squid (Mesonychoteuthis hamiltoni): a short review. Polar Biology, published online on March 30, 2017. DOI 10.1007/s00300-017-2104-5
  10. a et b (en) Museum of New Zealand Te Papa Tongarewa, « How the colossal squid feeds? », sur squid.tepapa.govt.nz.
  11. (en) journals cambridge Document de recherche du Dr Rui Rosa de l'Université de Lisbonne
  12. (en) M.R. Clarke, Cephalopoda in the diet of sperm whales of the southern hemisphere and their bearing on sperm whale biology, Discovery Reports 37, 1980, pages 1-324.
  13. (en) Y. Cherel, G. Duhamel, Antarctic jaws: cephalopod prey of sharks in Kerguelen waters. Deep-Sea Res I 51, 2004, pages 17-31.
  14. « Topic: Colossal squid Mesonychoteuthis hamiltoni » (consulté le ).
  15. « Mesonychoteuthis hamiltoni », sur Animal Diversity Web (consulté le ).
  16. (en) G.C. Robson, On Mesonychoteuthis, a new genus of oegopsid, Cephalopoda. Annals and Magazine of Natural History, Series 9, 16, 1925, pages 272–277.
  17. (en) R. Ellis, The Search for the Giant Squid, The Lyons Press, 1998
  18. (en) Kim Griggs "Super squid surfaces in Antarctic". BBC News, April 2, 2003.
  19. (en) South Georgia Island Newsletter, « Very Rare Giant Squid Caught Alive South Georgia Newsletter », sur sgisland.gs, .
  20. (en) Xavier La Canna, « Colossal squid may be largest ever caught », sur news.com.au, .
  21. (en) « New giant squid predator found », sur news.bbc.co.uk.
  22. (en) « "NZ's colossal squid to be microwaved" The New Zealand Herald ».
  23. (en) « New giant squid predator found », sur BBC News, .
  24. (en) « "Colossal squid may be headed for the oven in New Zealand" », Associated Press (International Herald Tribune), .
  25. (en) « "Colossal squid's headache for science" », sur BBC News, .
  26. a b et c (en) « "Colossal squid's big eye revealed" », sur BBC News, .
  27. a et b (en) « How big is the colossal squid? ».
  28. (en) « Thawing colossal squid continues to reveal information »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Radio New Zealand.
  29. (en) « Massive squid may be just a babe », The Star, Afrique du Sud.
  30. (en) « World's biggest squid reveals 'beach ball' eyes »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), AFP, via Google.
  31. (en) « The Colossal Squid Exhibition », sur le site du Te papa dédié au calmar colossal.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références taxinomiques[modifier | modifier le code]

Genre Mesonychoteuthis[modifier | modifier le code]
Espèce Mesonychoteuthis hamiltoni[modifier | modifier le code]

Sites[modifier | modifier le code]

Vidéos[modifier | modifier le code]