Chrisme
Le chrisme est un symbole chrétien datant du christianisme primitif. Il est formé des deux lettres grecques I (iota) et
Le chrisme est surtout présent en Orient, plus spécifiquement dans la partie orientale de l'ancien Empire romain.
Histoire
Le monogramme composé des lettres chi et rhô préexiste au christianisme : on le trouve en effet tant sur des amphores pour en indiquer le contenu que dans des manuscrits païens grecs comme égyptien comme abréviation[1] du mot χρηστός (chrêstos), qui signifie « utile, de bon augure » et indiquant soit un souhait soit un commentaire approbateur.
Si les manuscrits grecs connaissent la contraction du nom du Christ depuis le IIIe siècle[2], celle-ci n'a pas encore en tant que tel une valeur divine[3]. Cette dimension correspond à l'apparition du chrisme dans l'iconographie chrétienne à la suite de l'épisode de la conversion de l'empereur Constantin Ier au christianisme, qui influence l'art et les symboles impériaux romains[2].
D'après Lactance[4], Constantin aurait reçu dans un songe l'injonction de marquer du « signe céleste de Dieu » les boucliers de ses troupes[5] la veille de la bataille qui l'oppose à son rival Maxence à la bataille du pont Milvius, aux portes de Rome en 312. Eusèbe de Césarée, hagiographe de Constantin, rapporte lui dans son Histoire ecclésiastique[6]- parmi plusieurs relations différentes qu'il décrit des faits - que Constantin, déjà converti, aurait eu la vision, partagées par ses soldats et confirmée par un songe, d'une croix apparaissant dans le ciel et accompagnée du message : « In hoc signo vinces » (« par ce signe tu vaincras »)[2]. Constantin aurait alors fait reporter ce signe sur son enseigne militaire, le labarum, mais ce signe reste ambigu[7] et il s'agirait alors plutôt de la croix[2]. Le chrisme, signe magique et divin révélé personnellement à Constantin lui confère de la sorte une puissance d'origine divine[3].
Une première - et timide - apparition du chrisme figure sur le casque de l'empereur sur une pièce frappée en 315 à Ticinum pour célébrer la decennalia de Constantin[8]. Il apparait encore occasionnellement à quelques reprises, utilisé par Constantin comme symbole victorieux[7], mais la première apparition « officielle » du chrisme figure sur des pièces de monnaie - des nummi - qui figurent le labarum constantinien, frappées en 327 à Constantinople : au revers de ces pièces, un chrisme couronné est placé au sommet du labarum dont la hampe, qui transperce un serpent symbolisant l'ennemi[8], est traversée par la phrase SPES PVBLIC(a)[2]. Ce chrisme figurant sur l'étendard est décrit par Eusèbe dans sa Vie de Constantin[9], qui précise qu'il est en or, cerclé et serti de pierres précieuses. Il faut attendre près 25 ans pour retrouver une nouvelle occurrence du chrisme sur une frappe monétaire et la personnification des pièces disparait au profit du monogramme christique qui renvoie à sa personne même[2].
Le symbole est ensuite adopté par le christianisme et il sert d'emblème aux empereurs chrétiens qui succédèrent à Constantin mais, à partir du Ve siècle, il est progressivement supplanté par la croix[10].
Graphie
Le chrisme connait différentes graphies qui, chacune, peuvent être entourés d’un cercle. Le « chrisme simple »[11] est composé des deux lettres grecques I (iota) et
Le chrisme constitue l'un des monogrammes du Christ, et on le trouve souvent accompagné des lettres
Unicode
Le caractère du chrisme « ☧ » correspond au code Unicode « U+2627 »
Art
Le chrisme figure très souvent sur les peintures, les monnaies byzantines, les médailles, les mosaïques, les vitraux et les sculptures d'inspiration chrétienne. Il est parfois inscrit dans un cercle, ou un carré.
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majorina de l'usurpateur Décence présentant au revers un chrisme datant de 353.
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Chrisme iota-chi figurant sur un sarcophage de Constantinople, IIIe ou IVe siècle
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Chrisme sur la cuve d'un sarcophage du VIe siècle
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On retrouve le chrisme, représenté sur le bouclier de la mosaïque byzantine de la basilique Saint-Vital de Ravenne
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Saint-Christophe des Templiers XIIe siècle Montsaunès
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Entrée de l'église de Sers (Hautes-Pyrénées)
Notes et références
- Anne-Orange Poilpré, Maiestas Domini: une image de l'Eglise en Occident, Ve-IXe siècle, Cerf, (ISBN 9782204075718, lire en ligne), p. 52
- Anne-Orange Poilpré, Maiestas Domini: une image de l'Eglise en Occident, Ve-IXe siècle, Cerf, (ISBN 9782204075718, lire en ligne), p. 53
- Anne-Orange Poilpré, Maiestas Domini: une image de l'Eglise en Occident, Ve-IXe siècle, Cerf, (ISBN 9782204075718, lire en ligne), p. 54
- De la mort des persécuteurs, 44 ; daté de 215-316
- Jean-Pierre Martin, Alain Chauvot et Mireille Cébeillac-Gervasoni, Histoire romaine, Armand Colin, (ISBN 9782200291037, lire en ligne), p. 290
- Histoire ecclésiastique, IX, 9, 5-11
- Pierre Maraval, Constantin le Grand, Tallandier, (ISBN 978-2847347531, lire en ligne), p. 126-129
- Jean-Michel Spieser, Cécile Morrisson et Georg-D. Schaaf, Byzance et sa monnaie (IVe-XVe siècles), Lethielleux, (ISBN 9782249623677, lire en ligne), p. 33
- Vie de Constantin, I, 27-32
- Jean-Michel Spieser, Cécile Morrisson et Georg-D. Schaaf, Byzance et sa monnaie (IVe-XVe siècles), Lethielleux, (ISBN 9782249623677, lire en ligne), p. 34
- Jacques Viret, « Un cryptogramme carolingien du Christ–Soleil », dans La soleil, la lune et les étoiles au Moyen Âge, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, (ISBN 9782821835931, DOI 10.4000/books.pup.2918, lire en ligne), p. 419-435
- Michel Feuillet, Lexique des symboles chrétiens, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 3697), (ISBN 9782130795179, lire en ligne), p. 31
- Christian Godin, La totalité, Editions Champ Vallon, (ISBN 9782876732490, lire en ligne), p. 333