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Henri Labroue

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Henri Labroue
Illustration.
Fonctions
Député français

(3 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 29 avril 1928
Circonscription Gironde
Législature XIVe (Troisième République)
Groupe politique Gauche radicale

(5 ans, 6 mois et 6 jours)
Élection 10 mai 1914
Circonscription Gironde
Législature XIe (Troisième République)
Groupe politique RRRS
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Bergerac
Date de décès (à 84 ans)
Lieu de décès Nice

Henri Labroue est un universitaire, un avocat et un homme politique français né le à Bergerac (Dordogne) et mort le à Nice (Alpes-Maritimes).

Biographie

Fils d'Émile Labroue, professeur d'histoire au lycée de Bergerac, devenu proviseur à Foix, à Périgueux et au lycée Lakanal de Sceaux, et de Marie Joséphine Jeanne Ursule Brugère.

Henri Labroue est admissible à l'École normale supérieure mais finalement non admis. Il suit des études supérieures à la Sorbonne et à l'école pratique des hautes études. Il est agrégé d'histoire et géographie (1905)[1] et docteur ès lettres (~1911/12). Il parcourt de nombreux pays de 1907 à 1909, lauréat d'une bourse « Autour du monde » délivrée par l'Université de Paris grâce au mécénat du banquier Albert Kahn.

Professeur en classe préparatoire à Limoges, Toulouse puis Bordeaux, il tient une chaire libre à la faculté des lettres de Bordeaux de 1909 à 1914. Franc-maçon depuis 1904 et membre de la Ligue des droits de l'homme[2], il est député de la Gironde de 1914 à 1919, siégeant à gauche sur les bancs radicaux. Battu en 1919, il devient avocat à la cour d'Appel de Paris. Il retrouve un siège de député de 1928 à 1932. Il s'est alors éloigné de la gauche et a rompu avec la franc-maçonnerie[2]. Battu en 1932, il est avocat à Bordeaux.

Sous l'Occupation, il dirige l'institut aux questions juives de Bordeaux, fondé en [3],[2]. Cette année-là, il participe activement à l'organisation de l'exposition antisémite « Le Juif et la France » à Bordeaux.

Il sollicite sans succès le ministre Jérôme Carcopino pour que soit créée une chaire d'Histoire du judaïsme à la Sorbonne. Henri Labroue est un familier de Pierre Laval. Quand ce dernier devient chef du gouvernement, le , il lui demande la création d'une chaire d'histoire du judaïsme à la Sorbonne. Il va obtenir l'appui d'un autre de ses amis, Pierre Cathala, secrétaire d'État aux finances, pour obtenir de Pierre Laval la signature du décret no 3247, le , créant la chaire d'histoire du judaïsme de la Sorbonne et Abel Bonnard l'attribue à Henri Labroue le [2]. Louis Darquier de Pellepoix lui envoie un télégramme : « Particulièrement heureux de vous féliciter de votre nomination et d'avoir pu y participer. Stop. Suis également heureux d'avoir pu ainsi combler grave lacune de notre éducation nationale[4] ». Cette création a été imposée par le gouvernement contre l'avis des universitaires. Le , le doyen Joseph Vendryes exprime sa surprise et son regret de ne pas avoir été consulté sur cette innovation qu'il a apprise par le Journal officiel du . Le , les Alliés ont débarqué en Afrique du Nord et le 11 la zone libre est occupée. Le 11 décembre la mention « Juif » est obligatoire sur les pièces d'identité. Le , Pierre Laval déclare à la presse que « seule la victoire allemande permettra à la France d'échapper aux juifs et aux communistes ». Lors du premier cours du , où l'immense majorité du corps professoral est absent, il est rapidement sifflé et chahuté par les étudiants - dont le futur historien Jacques Dupâquier, qui sera l'initiateur de la célébration du cinquantenaire de la réaction des étudiants contre ce cours en 1992[5] - et doit s'éclipser discrètement[6],[2]. Son cours n'est suivi que par une poignée d'étudiants par la suite. Parallèlement, il collabore à la presse antisémite comme Au Pilori et tient des conférences, en Allemagne et en France, par exemple devant l'Association des journalistes antijuifs en 1943[7].

Grâce au commissariat général aux questions juives, il a acquis une magnifique villa située sur le mont Boron, à Nice, qui a été confisquée à un propriétaire juif. Il a alors adhéré à l'Association française des propriétaires de biens aryanisés (AFPBA) constituée le et présidée par le comte Marcel de Font-Réaulx[8].

Après le débarquement du , il quitte Paris pour se réfugier dans les Pyrénées. Il est arrêté, amené à Bordeaux, puis à Paris et à la prison de Fresnes. Une ordonnance du gouvernement provisoire du annule tous les actes « qui établissent ou appliquent une discrimination quelconque fondée sur la qualité de juif ». Henri Labroue est suspendu le . Il est révoqué de l'Éducation nationale le , sans pension et sans possibilité d'enseigner. En , la chaire d'histoire du judaïsme est transformée en chaire d'histoire du christianisme[9].

Il est inculpé pour atteinte à la sécurité extérieure de l'État en . Il est condamné par la Cour de justice de la Seine en à 20 ans de prison; son âge (en 1948, il a 68 ans) lui permet d'éviter les travaux forcés[10]. Il est libéré au bout de 7 ans[2] après avoir été amnistié par le président Vincent Auriol, le . Il demande sans succès le paiement d'une pension d'ancien professeur de la Sorbonne. Veuf, il se remarie à Nice, le , avec Marie Girard, de près de 50 ans sa cadette.

Il meurt à Nice, le , le jour de ses 84 ans.

Publications (aperçu)

  • Le Japon au XIXe siècle; in: Édouard Petit (dir.), Histoire universelle des pays et des peuples; t. VII; Paris (Éd. Quillet), 1923 (?).
  • L'impérialisme japonais; Paris (éd. Delagrave Ch.), 1911; 332 pages.
  • Le Conventionnel Pinet d'après ses mémoires inédits; 1907.
  • L'esprit public en Dordogne pendant la Révolution, avec une préface de Gabriel Monod, de l'Institut; Paris (Librairie Félix Alcan), 1911; 211 pages.
  • Les origines maçonniques du club jacobin de Bergerac en l'an II; in: La Révolution française, n° du ; publié par la Librairie Félix Alcan, à Paris; 31 pages.
  • La mission du Conventionnel Lakanal dans la Dordogne en l'An II (-); thèse de doctorat ès lettres; Paris (Librairie ancienne Honoré Champion), s. d. [1912]; XXII + 704 pages.
  • Les membres de la société populaire de Bergerac pendant la Révolution; Paris (Librairie Félix Alcan), 1913.
  • La société populaire de Bergerac pendant la révolution; thèse complémentaire de doctorat; Paris (Rieder), 1915.
  • (édité par H. Labroue): Voltaire, Lettres philosophiques; introduction et commentaires d'Henri Labroue; Paris (Delagrave), 1929.
  • Voltaire antijuif, avec une préface d'Alain Rouet; éditions Déterna, 2011; 252 pages. L'édition originale est parue à Paris (éd. 'Les Documents contemporains'), en .

Notes et références

  1. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur cnrs.fr (consulté le ).
  2. a b c d e et f Singer 1993
  3. Le Monde, 6 décembre 1948
  4. B. et G. Delluc, p. 390.
  5. Le Monde, 15 décembre 1992
  6. Béatrice Philippe, Être juif dans la société française du Moyen Âge à nos jours, éditions Montalba, 2e éd. 1989, (ISBN 2-85870-017-6), p. 269
  7. Le Matin, 25 février 1943
  8. Renaud de Rochebrune, Jean-Claude Hazera, Les patrons sous l'Occupation, éditions Odile Jacob, Paris, 1995, p. 642, (ISBN 2-7381-0328-6) (lire en ligne)
  9. B. et G. Delluc, p. 401.
  10. Le Monde, 7 décembre 1948, Le Monde, 6 décembre 1948, "J'étais un judéologue, explique le professeur Labroue". Il est défendu par Me Albert Naud

Annexes

Bibliographie et sources

  • « Henri Labroue », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • Brigitte Delluc, Gilles Delluc, « Henri Labroue. De Bergerac à la Sorbonne. De la Révolution à l'antisémitisme », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 2010, tome 137, 3e livraison, p. 379-404 (lire en ligne)
  • Claude Singer, « L'échec du cours antisémite d'Henri Labroue à la Sorbonne (1942-1944) », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, no 39,‎ , pp. 3-9 (lire en ligne)
  • Claude Singer, Vichy, l'université et les juifs, Hachette Pluriel, 1996.
  • Claude Singer, « Henri Labroue ou l'apprentissage de l'antisémitisme », dans L'antisémitisme de Plume. 1940-1944 études et documents, sous la direction de Pierre-André Taguieff, Berg International Éditeurs, 1999.
  • Max Weinreich, Hitler et les professeurs, Belles Lettres, , 396 p. (ISBN 978-2-251-44469-7 et 2-251-44469-6).

Liens externes