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Adolf Ivar Arwidsson

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Adolf Ivar Arwidsson
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Naissance
Padasjoki, Finlande
Décès (à 66 ans)
Vyborg, Russie
Auteur
Langue d’écriture suédois
Genres

Compléments

Exclusion de l'Université ()

Adolf Ivar Arwidsson était un Finlandais, journaliste politique, écrivain et historien. Dans ses actes politiques, Arwidsson esquisse une critique de la situation de la Finlande comme Grand-duché sous la domination des tsars de Russie. En raison de ses activités de publication, il est démis de ses fonctions de professeur à l'Académie de Turku, et doit émigrer en Suède, où il poursuit son action politique. Le mouvement national finnois considère Arwidsson comme un visionnaire du mouvement et un précurseur de la Finlande indépendante.

Biographie

Adolf Ivar Arwidsson naît en 1781 fils d'un pasteur de Padasjoki, en Finlande du sud. Plus tard, la famille déménage vers Laukaa, en Finlande centrale. Cette commune est fortement atteinte par les commotions dues à la guerre de Finlande en 1808-1809, et de cette époque date la position critique d'Arwidsson à l'égard de la Russie, à laquelle appartient la Finlande en tant que Grand-duché autonome. Élève au lycée de Porvoo, Arwidsson est témoin en 1809 de la Diète de Porvoo, où les États de Finlande jurent fidélité au tsar. Après ses études à l'académie de Turku, il devient en 1814 Maître en Philosophie. C'est à ce même endroit qu'il passe en 1817 une thèse de doctorat en histoire, et est engagé comme Maître de conférences à l'académie. La langue maternelle d'Arwidsson est le suédois, langue dans laquelle il écrit tous ses travaux, mais il maîtrise aussi couramment le finnois.

Après sa thèse, Arwidsson fait un voyage d'un an en Suède, où il prend des contacts avec des finnois exilés à Uppsala et à Stockholm. À son retour, Arwidsson, qui jusque là s'est adonné à la poésie, passe à la publication de textes politiques, dont le ton acerbe et radical ne passe pas inaperçu, jusqu'à la capitale Saint-Pétersbourg. Cela compromet la carrière qu'Arwidsson aurait pu envisager dans son pays avec sa formation. En 1923, Arwidsson émigre à Stockholm, où il obtient en 1825 la citoyenneté suédoise, ainsi qu'une situation comme vice-bibliothécaire de la bibliothèque royale.

En 1827, Arwidsson entreprend un voyage de recherche sur l'antiquité en Finlande, mais est immédiatement renvoyé en Suède par les autorités. Cette expérience conduit à une radicalisation encore plus marquée des travaux politiques d'Arwidsson, et par la suite il prend part en Suède à plusieurs débats : il y présente les circonstances et la situation morale en Finlande sous un aspect sombre, mais essaie en même temps de donner des impulsions en vue du développement positif de l’identité nationale finnoise. Outre son activité politique, Arwidsson entreprend un travail de recherche historique important. En 1843, il est nommé directeur de la bibliothèque royale. La même année, l'autorisation de revenir dans son pays lui est rendue. Mais ce n'est qu'en 1858 qu'il en profite pour faire un tour de la Finlande. Pendant ce voyage, Arwidsson tombe malade de pneumonie, et meurt le 21 juin à Viipuri. Il est enterré dans sa ville de jeunesse de Laukaa. Sur sa tombe, on grava plus tard les vers suivants d'Elias Lönnrot :

« L'amour de son pays le fit exiler, puis le ramena
Maintenant ce pays le garde comme son trésor. »

Œuvre politique

L'œuvre politique d'Adolf Ivar Arwidsson se concrétise tout d'abord dans ses publications politiques, qui se divisent en deux phases. La première phase coïncide avec la durée de son lectorat à l'Académie de Turku, et la deuxième, marquée par une intense activité politique, suit son émigration en Suède, où Arwidsson prend part intensément aux débats sur la situation de sa patrie.

Premiers articles politiques

Arwidsson subit ses premières influences au lycée, par les cours des philosophes allemands Schelling et Hegel, ainsi que par le romantisme de la société suédoise. Il commence sa carrière d'écrivain en composant des poèmes patriotiques. Certains de ses poèmes sont publiés dans des journaux suédois, mais du point de vue artistique, ils ne sont que des pastiches et ne présentent guère de valeur. Ceci renforcera l'estime portée à ses écrits politiques[1].

Adolf Ivar Arwidsson commence son activité politique comme maître de conférences à l'Académie de Turku

Au début de son action politique, les thèmes de politique intérieure finlandaise sont pratiquement inexistants dans la discussion politique, en particulier parce qu'ils sont considérés comme particulièrement problématiques du point de vue des autorités de l'État. Le plus grand journal du pays, l'officieux Åbo Allmänna Tidning en suédois (devenu en 1820 le Finlands Allmänna Tidning) rapporte les événements politiques étrangers en général sous forme de traductions de la presse étrangère, sans prendre de position. Le journal en finnois Turun Wiikko-Sanomat, fondé en 1820 par Reinhold von Becker, a osé des prises de position politiques d'esprit libéral, mais en se limitant exclusivement aux événements étrangers. Les journaux suédois, largement lus en Finlande, donnent un aperçu des questions de politique intérieure, qui sont à beaucoup d'égards semblables à celles de Finlande. Et c'est bien pour cela que le pouvoir russe instaure la première censure sur la presse en Finlande, en interdisant l'importation de certains journaux suédois[2].

Général comte Johan Fredrik Aminoff, homme politique (1756–1842)

Arwidsson est entré en contact, pendant son séjour en Suède, avec la puissante vie politique de Stockholm. C'est aussi là qu'il fait connaissance avec le politicien finlandais influent Johan Fredrik Aminoff, qui contribuera à façonner ses vues politiques, après son retour à Turku. En 1819, paraît dans le Åbo Allmänna Tidning un article du Pr. Daniel Myreen, une éclatante louange du nouvel état de la Finlande sous la domination du tsar russe. Arwidsson veut répliquer à cet article, le premier à apporter une contribution de politique intérieure dans un journal finlandais. Ne trouvant pas de support approprié en Finlande, il réussit à publier un article en trois parties dans le journal suédois secondaire Nya Extra Posten, grâce à ses contacts avec le critique littéraire suédois Lorenzo Hammarsköld[3].

L'article intitulé « Lettres d'un Suédois en voyage en Finlande » est publié anonymement et la paternité d'Arwidsson n'a pas été découverte pendant son séjour à Turku. Arwidsson articule une critique acerbe contre l'activité de la diète de Porvoo de 1809, en particulier son acceptation de la dissolution temporaire de l'armée finlandaise. La cible privilégiée de sa critique est le Sénat finlandais, dont il considère les membres comme sans éducation ni formation politique. De bons administrateurs peut-être, mais de piètres législateurs. Arwidsson pose avec attention la question concrète de la politique monétaire, et critique en détail les inconvénients suscités par la coexistence des monnaies de deux États : la Suède et la Russie. Sur le plan économique, il dénonce les tentatives de limitation du commerce traditionnel avec la Suède[4].

La critique d'Arwidsson n'est en fait pas nouvelle, et correspond à des vues exprimées par de nombreuses personnalités en vue, dans des correspondances privées. Mais c'est la première fois que ces opinions sont publiées, procédé blâmé par les personnes mêmes qui partagent en fait les opinions d'Arwidsson. Après la parution de la dernière partie de l’article, les éditions concernées de Nya Extra Posten sont saisies par les autorités suédoises, et l'éditeur Johan Imnelius est accusé de diffamation d'un État étranger, et dans un procès public qui attire une grande attention, condamné à six mois de prison. Cependant, de nombreux exemplaires arrivent à circuler en Finlande[5].

Édition du Åbo Morgonblad

Le premier numéro () du journal Åbo Morgonblad, édité par Arwidsson pendant peu de temps.

Encore avant la publication de son article, Arwidsson a déjà demandé le 5 juillet 1820 l'autorisation de publier son propre journal sous le titre Åbo Morgonblad. L'autorisation lui est accordée le 20 octobre, et le premier journal politique de Finlande, hebdomadaire, paraît le 5 janvier 1821. Le seul rédacteur régulier, outre Arwidsson, est le jeune juriste Gustaf Idman-Idestam, qui se charge principalement des rubriques économiques et scientifiques, tandis qu'Arwidsson se désigne comme responsable des thèmes politiques et nationaux[6].

Les messages politiques d'Arwidsson concernent la Finlande envisagée comme État, son peuple et ses citoyens. Tandis que les amis d'Arwidsson dans le cercle de la revue culturelle Mnémosyne considèrent le nationalisme et l'État comme des thèmes largement dissociés, Arwidsson, dans l'esprit des Lumières, fait un lien très clair entre l'esprit national d'un peuple et son existence comme État. Il considère comme expression suprême de la nationalité la langue commune, héritage commun de la nation, suivant en cela les influences de Johann Gottlieb Fichte, de Christian Molbech et surtout d'Ernst Moritz Arndt. Il dénonce le fait que la population ne puisse pas faire usage de sa langue maternelle, en particulier face aux tribunaux, et exige la création d'une chaire de finnois à l'Université[7].

Dans un de ses articles traitant de la nature de l'État, Arwidsson fait un tableau de l’État transcendant l’individu, mais formant cependant avec le peuple un organisme vivant, soumis à un développement incessant. La loi doit être suivie inconditionnellement par l'individu, mais en même temps la critique de la loi et les efforts pour l'améliorer sont non seulement justifiés, mais représentent un devoir pour le citoyen. Dans la pratique, Arwidsson en déduit entre autres le devoir de transparence de l'administration et la liberté de la presse. Dans le domaine social, il milite pour une plus grande perméabilité des frontières entre statuts sociaux[8].

Arwidsson présente une critique directe de l'activité des autorités finlandaises tout d'abord en publiant des documents extraits d'actes judiciaires ou administratifs, souvent pimentés par des commentaires. Il manifeste avec véhémence le fait que ces agissements soient cachés par les lois en vigueur sur la liberté de la presse. En mai 1821, il en arrive à un conflit direct avec un membre du sénat finlandais, Carl Johan Walleen, qui ne partage aucunement la position d'Arwidsson, et qui le convoque et le menace. À la suite de quoi Arwidsson publie immédiatement une réplique détaillée à cette conversation[9].

L'activité de l’Åbo Morgonblad coïncide avec une période de climat politique tendu. Le tsar Alexandre Ier s'est progressivement éloigné de la politique libérale des années précédentes, et adopte la politique conservatrice de la Sainte-Alliance. Il y avait eu en 1819 à Turku des turbulences estudiantines à propos des sanctions disciplinaires universitaires, et en 1821, quelques conflits surviennent, en soi d'importance mineure, mais qui dans le cadre des développements généraux, augmentent la nervosité des détenteurs de l’autorité. Dans ce climat, Arwidsson est accusé de publier dans son numéro du 30 juin 1821 des développements plutôt romantiques, où il parle de temps bénis de tempête[10]. Alors qu'en fait ces paroles se rapportent à la conjoncture européenne, elles sont prises comme potentiellement séditieuses. À l'initiative du sénateur Walleen et sur proposition du Secrétaire d'État aux affaires finlandaises à Saint-Pétersbourg, Robert Heinrich Rehbinder, le tsar décrète le 4 septembre 1821 la fermeture de l’Åbo Morgonblad. Le décret est notifié à Arwidsson le 2 octobre. Le 40e et dernier numéro paraît le lendemain, et doit déjà être distribué sous le manteau aux abonnés[11].

Autres activités à Turku et exclusion

R. H. Rehbinder, Secrétaire d'État aux affaires finlandaises, a pris une position décisive tant dans la fermeture de l’Åbo Morgonblad que dans l’exclusion de l'université d'Arwidsson.

Comme dédommagement pour les abonnements de sa revue, Arwidsson publie encore en 1821 une brochure de 80 pages Oskyldigt Ingenting (Rien d'innocent). Outre des contributions littéraires, elle contient le texte du décret de fermeture de l’Åbo Morgonblad, ainsi que les fins d'articles en plusieurs parties qui n'ont pas pu être entièrement publiés en raison de la fermeture[12]. Arwidsson poursuit son activité journalistique dans la revue Mnemosyne, où il publie le 28 février 1822 un article détaillé, Betraktelser (Considérations)[13]. Ce sera sa dernière contribution à un journal finlandais.

Bien que les Considérations soient publiés de manière anonyme, la paternité d'Arwidsson devient évidente pour les lecteurs finlandais. L'article ressemble en général à ses publications précédentes et répète bien des thèses qui y ont été déjà présentées. En relation avec une critique générale de la qualification et de la formation des fonctionnaires finlandais, l'article contient en outre au passage une remarque ironique sur les dispositions de l'état-major militaire, sur la superficialité des officiers et leur tendance à jurer. L'article, et en particulier les passages mentionnés déclenchent dans le public de Turku un trouble général. L'ex-préfet Knut von Troil considère l'article comme absolument subversif[14].

L'initiative de la destitution d'Arwidsson de son poste de maître de conférences et de son exclusion de l'Université revient finalement à Johan Fredrik Aminoff, qui a été entre temps nommé vice-chancelier de l'Université. Le Secrétaire d'État Rehbinder soutient la proposition, et le tsar Alexandre décrète le 20 mai 1822 l'exclusion de l'Université à perpétuité d'Arwidsson[15].

Les protagonistes décisifs pour cette exclusion, Aminoff et Rehbinder, étaient sur bien des points d'accord avec Arwidsson, et étaient en particulier bien conscients des faiblesses de l'administration. Mais ils considéraient comme dangereux de leur point de vue le style révolutionnaire d'Arwidsson, et sa position dirigée contre la puissance du tsar. Les opinions des historiens sur la pertinence de ce jugement divergent. D'une part, la propagande d'Arwidsson n'est pas prise au sérieux par le grand public : il est plutôt pris pour un idéaliste sans danger, ce qui lui vaut le sobriquet de Fantastengranat (Bombe fantasmagorique)[16]. Mais par ailleurs, Arwidsson exerce une influence significative sur de nombreux jeunes étudiants de l'Académie, parmi lesquels le philosophe qui sera ressenti comme extrêmement gênant, Johan Vilhelm Snellman. Ces étudiants tirent du sort d'Arwidsson le signal indubitable que l'activité politique ne se situe pour le moment pas à l'Université[17].

Débat sur la Finlande à Stockholm

Israel Hwasser, professeur de médecine à l'université d'Uppsala, principal opposant d'Arwidsson dans le débat sur la Finlande (1838-1841).

Même après son émigration vers Stockholm, Arwidsson reste actif politiquement, avant tout sous forme d'articles de journaux anonymes ou sous pseudonymes sur des thèmes de politique intérieure suédoise. Mais ce qui attirera durablement l'attention sera sa participation à un débat sur la situation nationale de sa patrie, sur la nature de l'autonomie finlandaise et sur ses rapports avec les buts et espoirs du peuple finlandais. Cette dispute, de 1838 à 1841, sera menée avant tout sous forme de pamphlets édités en brochures.

Le débat prend sa source en septembre 1838 d'un pamphlet du professeur Israel Hwasser, émigré de Finlande en 1830. Il défend l'idée que la Finlande s'est émancipée de la Suède[n 1], et a trouvé sa vraie identité dans l'Empire du tsar, et qu'en Finlande, on est content du statu quo. En même temps, il incombe à la Finlande la tâche historique de représenter la civilisation occidentale au sein de l'empire russe, et de jeter les ponts par-dessus les oppositions entre les cultures russo-asiatiques et ouest-européennes[18].

En réponse paraît en novembre de la même année sous le nom de Pekka Kuoharinen le pamphlet rédigé par Arwidsson : « La Finlande et son avenir » (Finland och des Framtid), dans lequel l'auteur décrit le système régnant en Finlande sous des couleurs sombres. À la Diète de Porvoo en 1809, la Finlande n'a en rien conclu une paix séparée avec la Russie, mais, province conquise, a subi les décisions dictées par le tsar vainqueur. Le lien avec la Russie n'a aucun avantage économique, mais a apporté un féroce système de censure[19].

Il s'ensuit une série d'articles de journaux prêts aux compromis du professeur d'histoire Erik Gustaf Geijer, qui accepte beaucoup des assertions de Kuoharinen. Puis en septembre 1839 paraît un nouveau pamphlet de Hwasser. Il y considère le prétendu désir du peuple finlandais de revenir à la Suède comme une invention des finlandais exilés en Suède. L'auteur se cachant sous le nom de Kuoharinen prétend faussement être présentement citoyen finlandais, et agit ainsi sous le masque de ceux dont il combat les intérêts. Kuoharinen réagit en 1840 par un deuxième opus encore bien plus pessimiste que le premier. Au moyen de beaucoup d'exemples, il montre l'incertitude dans lesquels sont en pratique les droits d'autonomie de la Finlande, et expose formellement l’opinion qu'une simple promesse du monarque sans réelle protection ne constitue pas une base pour un statut juridique certain de la Finlande[20].

Finalement, en mai 1841, un nouvel écrit paraît sous la plume d'un Olli Kekäläinen, intitulé « La Constitution actuelle de la Finlande » (Finlands nuvarande Stats-Författning), où les aspects positifs du système finlandais, comme les dangers qu’ils présentent pour l'avenir, sont présentés de manière accommodante. Kekäläinen reconnaît tout d'abord à Hwasser le mérite d'avoir abordé le thème et présenté la Finlande comme elle devrait être, tandis que Kuoharinen a présenté la situation telle qu'elle est en réalité, sans toutefois entrer dans des développements suffisamment approfondis. Le serment du trône d'Alexandre Ier à Porvoo est une réalité que l'on ne peut pas ignorer, ce qui rend en tous cas plus difficile d'interférer dans les droits de la Finlande. La contribution propre du peuple finlandais est la soumission inconditionnelle aux traités légalement conclus, ainsi que l'exigence d'un travail patient d'élaboration en vue d'une évolution favorable. La devise de tout Finlandais patriote devrait être : Fidélité et Circonspection[21].

Jusqu'à présent, on n'a pas encore abouti à une unanimité sur l’attribution de paternité au pamphlet de Kekäläinen, et elle fait encore l'objet de querelles d'historiens. Les positions opposées dans ce débat, qui a commencé en 1874 dans de nombreux articles de journaux, sont actuellement en fait regroupées sous celles de deux historiens finnois. Matti Klinge pense que l'écrit a largement été écrit par Johan Jacob Nordström[22], tandis qu'Olavi Junnila défend la thèse longtemps dominante, que Kekäläinen comme Kuoharinen sont des pseudonymes d'Adolf Ivar Arwidsson lui-même. La différence de style et de profondeur de vue entre leurs écrits est, selon Junnila, le résultat d'une tactique délibérée d'Arwidsson, qui a voulu tout d'abord secouer le public finlandais avec le ton polémique de Kuoharinen, puis, une fois l’attention attirée, l'utiliser pour renforcer l'identité nationale finlandaise par un appel dirigé vers l'avenir[23].

Après cette dispute, l'action politique d'Arwidsson se calme, et ne ressurgit qu’une fois à l'occasion de la guerre de Crimée (1854–1856), quand la question finlandaise est à nouveau vigoureusement discutée en Suède.

Œuvres scientifiques

Arwidsson attire l'attention sur lui en tant qu'historien d'abord dans les années 1820, par la traduction en suédois de l'ouvrage « La Finlande et ses habitants » de Christian Friedrich Rühs. Il édite aussi la deuxième édition de cet ouvrage en suédois en 1827, après l’avoir retravaillée et complétée par sa propre présentation de l’histoire de la Finlande depuis 1809[n 1]. En 1819, il entreprend un voyage pour collectionner de la poésie populaire finlandaise, travail qui sera repris plus tard par Elias Lönnrot.

En 1932, Arwidsson écrit un manuel d'histoire et de géographie de la Finlande (Lärobok i Finlands historia och geografi). Sans égard pour son exil de Finlande, cet ouvrage est utilisé en Suède, mais aussi en Finlande, sans toutefois de nom d'auteur.

Plus tard, il se concentre sur la publication de documents sources historiques concernant la Finlande : il en avait éprouvé la difficulté d'accès, compliquant considérablement les travaux de recherche sur l'histoire de la Finlande. De 1846 à 1858 paraissent avec le soutien de la Société de littérature finlandaise dix volumes de documents, principalement du XVIe siècle (Handlingar till upplysning av Finlands häfder). En outre, il rassemble une collection de chants suédois anciens, et écrit des biographies des rois de Suède, en particulier celle de Charles XIV Jean de Suède (ex-Maréchal Bernadotte) en 1850.

Impact

L'action d'Arwidsson a mis en branle le réveil du sentiment national finlandais qui voit le jour dans les années 1830. Alors que ses premiers essais de pousser les Finlandais à une activité de politique nationale n'ont tout d'abord montré que peu de succès, les piliers du mouvement national autour de Johan Vilhelm Snellman, Elias Lönnrot et Johan Ludvig Runeberg ont été influencés par lui de manière décisive. Pour eux et pour leurs successeurs, Arwidsson était l'artisan de l'éveil national. Le politicien influent, et éditeur de journaux fennomane Agathon Meurman décrit en 1878 le climat politique de l’époque[24] :

« On a commencé à se demander s'il était possible de rester un peuple sous la terrible pression que notre protecteur nous faisait subir sans s'en rendre compte. Cela provoquait la crainte, et conduisait à la nervosité. Dans ce paysage général, il y avait une exception solitaire et remarquable : Adolf Ivar Arwidsson. Il était le seul prêt à accepter entièrement la nouvelle position [du pays], et à construire sur cette base. »

On aurait aussi bien voulu considérer Arwidsson comme un précurseur de la future souveraineté de la Finlande. De nouvelles recherches soulignent cependant la nature souvent spéculative de ses considérations. La possibilité de l'indépendance de la Finlande parait certes une option – jamais explicitée – à travers les prises de position d'Arwidsson, mais dans son optique, elle ne représente qu'une des nombreuses issues historiques possibles[25].

Parmi les citations du mouvement national du Grand-duché de Finlande à la fin du XIXe siècle figure l'exclamation attribuée à Arwidsson : « Nous ne sommes plus Suédois, nous ne voulons pas devenir Russes, restons donc Finlandais ! ». En réalité, cette citation ne vient pas d'Arwidsson, mais elle est une accentuation formulée en 1861 par Johan Vilhelm Snellman[25]. Elle ne donne donc pas forcément fidèlement l'opinion d'Arwidsson, mais elle est un critère de son importance pour ses successeurs immédiats. Aujourd'hui, une rue du campus de l'université de Turku porte le nom d'Arwidsson.

Bibliographie

  • (fi) Liisa Castrén, Adolf Ivar Arwidsson – Nuori Arwidsson ja hänen ympäristönsä., Helsinki, Otava,
  • (fi) Liisa Castrén, Adolf Ivar Arwidsson isänmaallisena herättäjänä., Helsinki, Suomen Historiallinen Seura,
  • (fi) Olavi Junnila, Ruotsiin muuttanut Adolf Iwar Arwidsson ja Suomi., Helsinki, Suomen Historiallinen Seura,
  • (fi) Kari Tarkiainen, « Adolf Ivar Arwidsson », dans Matti Klinge, Suomen kansallisbiografia, vol. 1, Helsinki, SKS, (ISBN 951-746-442-8)
  • (de) Eino Karhu, Nation building in Finnland und Ingermanland, Herne, , p. 53-63

Références

  1. Tarkiainen 2003, p. 403
  2. Castrén 1951, p. 32-53
  3. Castrén 1951, p. 54-61
  4. Castrén 1951, p. 62-113
  5. Castrén 1951, p. 114-130
  6. Castrén 1951, p. 131-141
  7. Castrén 1951, p. 141-168
  8. Castrén 1951, p. 173-197
  9. Castrén 1951, p. 206-219
  10. Castrén 1951, p. 203-
  11. Castrén 1951, p. 356-373
  12. Castrén 1951, p. 372-
  13. Castrén 1951, p. 383-
  14. Castrén 1951, p. 260-263, 383-386
  15. Castrén 1951, p. 384-389
  16. Tarkiainen 2003, p. 404
  17. (fi) Raija Majamaa et Leeni Tiirakari, J. V. Snellman. Valtioviisas vaikuttaja, Helsinki, SKS, , p. 21
  18. Junnila 1972, p. 15-17
  19. Junnila 1972, p. 17-19
  20. Junnila 1972, p. 19-25
  21. Junnila 1972, p. 25-28
  22. (sv) Matti Klinge, Adolf Ivar Arwidsson eller Johan Jakob Nordström ?, cité par Tarkiainen 2003, p. 405
  23. Junnila 1972, p. 28-73
  24. (fi) Agathon Meurman, « Meidän liberaalit », Uusi Suometar, no 47,‎ cité par Junnila 1972, p. 138- (Traduction de l'éditeur)
  25. a et b Tarkiainen 2003, p. 406

Notes

  1. a et b Rappelons que ce n'est qu'en 1809 que la Finlande est passée de la domination suédoise à la domination russe.

Voir aussi

Histoire de la Finlande

Politique linguistique finlandaise

(sv)« Tous les numéros de l'Åbo Morgonblad digitalisés », sur Collection digitale de l'Université d'Helsinki (consulté le )

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