Abbaye du Mont-Saint-Quentin
Abbaye du Mont-Saint-Quentin | |
Abbaye du Mont-Saint-Quentin dans Monasticon Gallicanum. | |
Ordre | Bénédictin; à partir de 1622, congrégation de Saint-Maur |
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Abbaye mère | Abbaye de Saint-Germain-des-Prés à partir de 1622 |
Fondation | 660 |
Fermeture | 1790 |
Diocèse | Noyon jusque 1789 |
Fondateur | Clovis II |
Dédicataire | Sainte Trinité puis Saint Quentin |
Localisation | |
Emplacement | Mont-Saint-Quentin |
Pays | France |
Province | Picardie |
Région | Hauts-de-France |
Département | Somme |
Commune | Péronne |
Coordonnées | 49° 56′ 50″ nord, 2° 56′ 05″ est |
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L'abbaye du Mont-Saint-Quentin est une ancienne abbaye bénédictine, fondée au VIIe siècle, située sur une hauteur dominant Mont Saint-Quentin (maintenant commune de Péronne). Plusieurs fois détruite, elle fut supprimée à la Révolution française.
Histoire
[modifier | modifier le code]Fondation
[modifier | modifier le code]L'abbaye fut fondée en 660 sur le Mons Cynorum, le mont des Cygnes, par Clovis II, roi des Francs, enrichie par Erchinoald, maire du palais, et bénite par saint Éloi, évêque de Noyon. Saint Ultan, frère de Fursy de Péronne et de Saint Feuillen en fut le premier abbé. Dédiée, à sa fondation à la Sainte Trinité, elle prit, quelque temps après, le nom de saint Quentin. Elle appartint à l'ordre de Saint-Benoît. Vers 660, Ébroïn, maire du palais de Neustrie y exila Aimé de Sion, évêque de Sion. Geoffroy d'Amiens y fut éduqué au XIe siècle.
Restauration de l'abbaye
[modifier | modifier le code]Elle fut dévastée par les Vikings et restaurée par Albert Ier de Vermandois, en 977 qui la dota de biens importants. Cette donation fut confirmée par Herbert III de Vermandois, et Lyndulphe, évêque de Noyon, les fils d'Albert. Elle possédait des biens à Aizecourt, Dury, Nesle, Étinehem, Allaines, Halles et Viviers (près de Péronne), Doingt… Cette donation fut confirmée par une bulle du pape Grégoire VI en 1046[1]. Au Xe siècle, l'abbaye bénéficia de la bienveillance et de la générosité d'Eilbert de Péronne et de son épouse Ersende. Ils financèrent la construction de deux oratoires dédiés à saint Gilles et saint Thomas. Ces oratoires furent détruits au XIe siècle pour laisser place au dortoir des moines avec le consentement d'Adélaïde, châtelaine de Péronne. Pierre l'Ermite y aurait été moine au XIe siècle[2].
L'abbaye possédait un certain nombre de pieuses reliques ramenées de Terre sainte par les croisés. Le moine Timothée les avait inventoriées : outre un morceau de la Vraie Croix, un morceau des clous, un fragment de la couronne d'épines, des langes de Jésus, une pierre du calvaire, une pierre du Saint-Sépulcre, un morceau de la crèche de Jésus.
Déclin de l'abbaye
[modifier | modifier le code]Elle fut dévastée au XVIe siècle par les Espagnols[Note 1], en représailles d'exactions françaises en Artois[3], (bataille de Saint-Quentin (1557) et relevée en 1628 par Claude d'Argouges, abbé commendataire. En 1622, l'abbaye intégra à la congrégation de Saint-Maur.
Elle fut de nouveau détruite en 1635 et les moines l'abandonnèrent de 1635 à 1639 et de 1673 à 1678 pour se réfugier à Péronne.
L'église était en ruine depuis la fin du XVIIe siècle[1]. La mense abbatiale s'élevait à 29 000 livres, la mense monacale à 15 000. En 1782, l'Almanach royal estima le revenu de l'abbaye à 21 000 livres.
Disparition de l'abbaye à la Révolution française
[modifier | modifier le code]À la Révolution française, l'abbaye devint bien national et fut vendue aux enchères par lots. Le village de Mont-Saint-Quentin construit le long de la route de Bapaume devint une commune qui fut rattachée à celle de Péronne en 1962.
Au XIXe siècle, les frères Duthoit ont dessiné une vue cavalière de l'abbaye du Mont Saint-Quentin qui se trouve au musée de Picardie à Amiens.
Vestiges
[modifier | modifier le code]Il ne reste plus aucun vestige architectural visible de l'abbaye.
Le musée des arts décoratifs de Paris conserve une armoire de sacristie du XIVe siècle, provenant de l'abbaye du Mont Saint-Quentin (somme).
Liste des abbés
[modifier | modifier le code]Abbés réguliers
[modifier | modifier le code]- 1) 650 - 662 : Ultan (Saint-Ultain)
- 662 - 771 : abbés inconnus
- 2) 771 - 826 : abbé Fulrad
- 826 - 943 : ?
- 3) vers 943 ou 970 : Evrard ou Curalde
- 4) 970-741 : Baudouin Ier
- 5) : Richard, abbé de Verdun
- 6) 1028: Valérian Ier nommé par Robert de Péronne
- 7) 1041 - 1058 : Valérian II
- 8) 1058 - 1099 : Godefroi de Namur
- 9) 1099 - 1133 : Henri
- 10) 1133 - 1140 : Roger, moine de l'abbaye Saint-Sauveur d'Anchin
- 11) 1140 - 1172 : Hugues Ier, moine de Corbie, frère de Roger de Péronne
- 12) 1172 - 1184 : Hugues II, neveu d'Hugues Ier
- 13) 1185 : Garnier, meurt dès son élection
- 14) 1185 - 1189?: Robert Ier (abdiqua)
- 15) 1189 - 1192 : Baudouin Ier
- 16) 1192 - 1207 ? : Gautier d'Ypres (abdiqua)
- 17) 1207 ? - 1241 : Gautier de Hardecourt
- 18) 1241 - 1257 : Simon de Coignon de Walaincourt
- 19) 1257 - 1268 : Gérard Boissel
- 20) 1268 - 1275 : Robert II (abdiqua)
- 21) 1280 : Baudouin II
- 22) 1280 - ? : Mathieu Ier
- 23) ? - 1313 : Jean de Villers
- 24) 1313 - 1337 : Jean d'Inchy
- 25) 1337 - ? : Jean Chevalier, moine de l'abbaye Saint-Nicolas d'Arrouaise
- 26) ? - 1370 : Jean de Hardecourt de Combles
- 27) 1370 - 1378 : Hugues III
- 28) 1378 - 1398 ? : Pierre de Puille ou de Barville
- 29) 1398? - 14? : Mathieu de Dury
- 30) ? - 1438 : Jean de Hennon
- 31) 1438 - 1462 : Jacques Ranson (abdiqua et devint abbé de l'abbaye de Corbie)
- 32) 1462 - 1481 : Jean de Médon, abbé de l'abbaye Saint-Bertin de Saint-Omer
- 33) 1481 - 1487 : Jean de Kaerquendlaven, chanoine de Poitiers nommé par le pape
- 34) 1487 - 1506 : Jean d'Estrées dit Jeannet[4]
Abbés commendataires
[modifier | modifier le code]- 35) 1532 - : Louis Courtin
- 36) 1532 - 1544 : Jean de Génouillac
- 37) 1544 - 1563 : Virdun du Mas frère de Jean de Génouillac
- 38) 1563 - 15? : Jacques d'Aplaincourt
- 39) 15? - 1596 : François Pesquans
- 40) 1596 - 1613 : Sébastien Robelin, chanoine de Nesle
- 41) 1613 - 1637 : Claude d'Argouges, sous son abbatiat, l'abbaye est confiée à la congrégation de Saint-Maur.
- 42) 1638 - 1651 : François d'Argouges, neveu de Claude d'Argouges
- 43) 1652 - 1678 : Henri d'Argouges, frère de François d'Argouges
- 44) ? - 1739 : François Courtin
- 45) - : Louis-Guy de Guérapin de Vauréal, évêque de Rennes
- 46) - : Jean-François de La Cropte de Bourzac, évêque de Noyon
- 47) - : Martin du Bellay, ancien évêque de Fréjus
- 48) - : Ferdinand Maximilien Mériadec de Rohan-Guémené, archevêque de Cambrai[1].
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Dom Michel Germain, Matériaux du Monasticon Gallicanum, ms. Latin 11820 « Regalis abbatia S. Quintini de Monte »
- Florence Charpentier et Xavier Daugy, Sur le chemin des abbayes de Picardie, histoire des abbayes picardes des origines à nos jours, Amiens, Encrage Edition, 2008 (ISBN 978 - 2 - 911 576 - 83 - 6)
Liens internes
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Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Les biens de l'abbaye furent accordés par Philippe II (roi d'Espagne) à l'abbaye Saint-Vaast d'Arras en représailles de biens confisqués par la France lors des combats des guerres d'Italie (Onzième guerre d'Italie (1557-1559)
Références
[modifier | modifier le code]- Abbé Paul Decagny, L'Arrondissement de Péronne ou recherches sur les villes, bourgs, villages et hameaux qui le composent, Amiens, 1844
- Jules Dournel, Histoire générale de Péronne, Péronne, 1879, J. Quentin imprimeur
- Adolphe de Cardevacque, L'abbaye de Saint-Vaast, monographie historique, archéologique et littéraire de ce monastère, Volume 1, Arras, 1865, p. 247 à 253, lire en ligne
- Généalogie de la Maison d'Estrées par Etienne Pattou