Alice Kober
Naissance |
New York |
---|---|
Décès |
(à 43 ans) New York |
Nationalité | États-Unis |
Pays de résidence | États-Unis |
Diplôme | |
Profession | |
Formation |
Brooklyn College |
Alice Elisabeth Kober née le à New York et morte le dans la même ville est une professeure de lettres classiques et archéologue américaine, connue pour avoir posé les bases du déchiffrement du linéaire B, un syllabaire utilisé pour l'écriture du mycénien, une forme archaïque du grec ancien.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance et études
[modifier | modifier le code]Alice Elisabeth Kober est née dans le quartier de Manhattan, à New York le 23 décembre 1906 de parents hongrois émigrés ayant récemment quitté ce pays[1]. Une élève brillante, elle a obtenu une licence de lettres classique du Hunter College, et ce fut dans cette université, grâce à un cours de grec ancien, qu'elle découvrit le Linéaire B[1]. Captivée par cette langue, elle annonça le jour de l'obtention de son diplôme qu'un jour elle déchiffrerait ce syllabaire[1].
Description de la personne
[modifier | modifier le code]Alice Kober est décrite comme une personne assez ordinaire mais considérée comme une chercheuse avec un style démodé, pas particulièrement charismatique. Néanmoins, sa passion pour ses recherches fut intense. Ainsi, Eva Brann, une anciennes élève de Kober qui est devenu par la suite archéologue à l'université de Yale se souvient de cette phrase que sa professeure lui avait dite[2]:
« La seule façon de savoir si ce qu'on a fait est vraiment bien est si la colonne vertébrale vibre »[2]
Kober et le linéaire B
[modifier | modifier le code]Après la mort d'Arthur Evans, vers le milieu des années 1940, les archives relatives aux tablettes d'argile comportant le linéaire et les notes de recherches d'Evans n'étaient accessibles que pour un cercle restreint de spécialistes, de préférence ceux qui approuvaient la théorie de Arthur Evans que le Linéaire B représentait une langue minoenne[3]. Cependant, Alice Kober qui était professeur de lettres classiques au Brooklyn College, ayant obtenu l'autorisation nécessaire pour avoir accès à ces archives, commença une analyse méticuleuse du texte[3].
Kober mène ses recherches sur le Linéaire B en tant qu'assistante du chercheur John Myres.
Pour parvenir à une bonne analyse de cette langue, Kober a su qu'il fallait se détacher de toutes idées préconçues. Elle analysa en priorité la structure des textes présents dans les tablettes et la constructions des mots individuels[2].
À cette époque, on s'accordait sur le fait que le sens de lecture, donc d'écriture, du Linéaire B était de gauche à droite. La plupart des tablettes en argile étaient archivées, ce qui a contribué tôt au comptage des caractères. Le nombre des symboles distincts s'élève à 90, ce qui indique un système d'écriture syllabique. Arthur Evans avait aussi suggéré une langue flexionnelle. Alors que certains spécialistes se doutaient qu'elle pouvait être liée à du grec ou à une langue cypriote, la plupart supposaient le Linéaire B écrit en une langue indigène crétoise.
Le rationnement au cours de la Seconde Guerre mondiale avait rendu le papier rare, Kober coupait des feuillets de notes dans n'importe quel papier qu'elle pouvait trouver, comme les publicités, les livres et les enveloppes. Elle remplit plus de 186 000 feuillets sur les 90 signes que comportait le linéaire B[4].
Avec ces notes, elle prit en considération l'analyse statistique qu'elle fit concernant chaque lettre inscrite sur les tablettes d'argiles[1]
Kober trouva des structures dans cette écriture : elle identifia des radicaux et des terminaisons de mots, qu'elle supposait indiquer la règle grammaticale. Elle a aussi classé certaines consonnes et voyelles[1].
Michael Ventris, qui en 1952 a déchiffré le Linéaire B, a parfois été vu comme l'auteur unique de cette découverte[4]. Selon la BBC, cette idée a eu du succès du fait de sa conformité au modèle populaire « du génie solitaire »[4]. Néanmoins, selon l'argument de certains experts, Ventris n'aurait pas pu déchiffrer ce système d'écriture sans les travaux préalables d'Alice Kober[4].
Mort d'Alice Kober
[modifier | modifier le code]Kober meurt d'un cancer à l'âge de 43 ans, deux ans avant que le déchiffrement du linéaire B ne soit conclu et annoncé par Michael Ventris[5].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en-US) Margalit Fox, « Alice E. Kober, 43; Lost to History No More », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- Singh 2000, p. 226.
- Singh 2000, p. 225.
- (en-GB) « Alice Kober: Unsung heroine who helped decode Linear B », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
- Singh 2000.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) John Chadwick, The Decipherment of Linear B, Cambridge University Press, 2019 (2e édition ; réimprimée), 164 p. (ISBN 978-1-107-69176-6)
- (en) Simon Singh, The Code Book, Fourth Estate, , 402 p. (ISBN 978 - 1 - 85702 - 889 - 8)