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Arc de Campanus

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Arc de Campanus
Façade occidentale de l'arc de Campanus.
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L'arc romain de Campanus est un monument antique situé sur la commune française d'Aix-les-Bains dans le département de la Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes.

Monument funéraire ou arc monumental dédié à la mémoire d'une famille de notables et faisant office de porte, il est construit sous le Haut-Empire romain au Ier ou au IIe siècle apr. J.-C.. L'arc de Campanus fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le .

Contexte historique et archéologique[modifier | modifier le code]

Plan schématique de la place Maurice-Mollard en 2015.

Les premières occupations romaines à Aix-les-Bains (Aquae) semblent remonter à la seconde moitié du Ier siècle de l'ère chrétienne, avec un aménagement sommaire des sources thermales chaudes[L 1]. Elle est rattachée administrativement à la cité de Vienne.

Il apparaît difficile de voir dans Aquae une agglomération antique urbaine, pourvue d'un centre monumental comprenant les thermes, le temple de Diane et l'arc de Campanus. La topographie du site en dévers important (près de dix mètres entre la base du podium du temple et le niveau de circulation autour des bassins des thermes antiques partiellement intégrés aux bâtiments des thermes nationaux modernes[L 2]) s'y prête mal et l'interprétation de l'arc comme monument funéraire en centre ville est difficilement compatible avec ce statut[L 3].

Plus vraisemblablement, et à l'image d'Aix-en-Provence, le site d'Aix-les-Bains se compose d'abord d'une agglomération rurale assez peu structurée géographiquement, habitée par des paysans-propriétaires (possessores) élisant un conseil de decemlicti chargé d'administrer la ville. L'épigraphie suggère que l'activité de ces paysans est essentiellement tournée vers l'agropastoralisme[L 4].

À côté de ce bourg agricole, dont l'implantation demeure encore inconnue, et sans lien clairement établi avec lui, s'est développé un ensemble composé de thermes fréquentés par l'aristocratie locale qui y vient en cure et dont certaines familles participent aux travaux d'entretien et peut-être même perçoivent des revenus sur la clientèle des thermes. Ce sont également ces familles qui font construire à proximité des thermes des monuments funéraires, le mausolée-temple de Diane et l'arc de Campanus[L 5].

Dans la géographie moderne d'Aix-les-Bains, l'arc de Campanus est situé devant les thermes Pellegrini, entre la place des Thermes et la place Maurice-Mollard. Il se dresse depuis la destruction en 1867 d'un hôtel qui l'entourait au milieu de l'actuelle place Maurice-Mollard.

Chronologie et mentions historiques[modifier | modifier le code]

Cet arc est probablement dressé à la fin du Ier ou dans le courant du IIe siècle apr. J.-C. par le patricien de la Gaule narbonnaise, Lucius Pompeius Campanus, riche notable allobroge de la cité de Vienne (dont dépendait alors Aquae). À la même époque temple de Diane est construit et les thermes réaménagés[L 2]. La sobriété du décor de ces édifices les rapproche des monuments construits au même moment sur le forum de Rome[1].

À l'issue d'un voyage fait à Aix vers 1535, Aymar du Rivail semble être le premier à livrer une description de ce qu'il pense être un arc de triomphe célébrant une victoire militaire romaine[2].

Oublié, l'arc devient au XVIe siècle l'entrée de la salle de justice, puis aux siècles suivants il est intégré dans le mur d'une écurie, s'enterre peu à peu, et est sauvé de la destruction en 1821.

Il est classé monument historique par arrêté du [3].

Description[modifier | modifier le code]

Architectonique[modifier | modifier le code]

L'arc mesure 9,15 m de haut et 7,10 m de large, mais seulement 0,75 m d'épaisseur[4]. L'unique ouverture est une arcade de plein cintre de 6 × 3,50 m, sous laquelle est aménagé un passage dallé creusé d'ornières laissées par les roues[5]. L'arcade est encadrée par deux pilastres[L 6].

Au-dessus des deux piliers existe un entablement avec architrave et, côté occidental, une frise de huit niches alternativement à fond plat et en cul-de-four. Leur configuration ne permet pas, contrairement aux hypothèses les plus anciennes, d'y loger des statuettes ou des urnes funéraires ; il est plus vraisemblable d'y voir l'équivalent des fenêtres éclairant la galerie supérieure dans les portes des grandes enceintes urbaines[L 7].

Un troisième niveau est constitué d'une corniche rappelant celle de la façade occidentale du temple de Diane[L 7].

Il est construit en blocs de calcaire en grand appareil, assemblés à joints vifs sans mortier[6].

Épigraphie[modifier | modifier le code]

Sur la façade ouest sont gravés les noms de Lucius Pompeius Campanus, dédicant de l'arc, et de ses ascendants sur deux générations. Six de ces inscriptions sont gravées sur l'attique, mais seules quatre sont déchiffrables. L'architrave porte huit cartouches, en-dessous des huit niches. La dédicace de l'arc est gravée en plus gros caractères de part et d'autre de l'ouverture du monument[8].

Traduction des inscriptions relevées sur l'arc[9].
  • Sur l'attique : À Pompeius Campanus, grand-père paternel - À Caia secundina, grand-mère paternelle - À Pompeia Maxima, la sœur - À Pompeius Campanus, le frère - ? - ?
  • Sur l'architrave : À Decius Valerius Gratus - À Caius Agricola - À Lucia F. secundina, tante du côté paternel - À Pompeius, père direct et aux parents - À Caia F. Sentia Voluntilla, aïeule chérie - À Caius Sentius, aïeul direct chéri - À Titius Camutius [dit] l'athénien, qui a beaucoup souffert - À Lucius Pompeius Campanus, fils de Campanus et de Sentia.
  • Sous l'architrave : Lucius Pompeius Campanus a fait [ce monument] de son vivant.

Fonction[modifier | modifier le code]

Bien que cet arc comporte des inscriptions en l'honneur de la famille Campanii — la glorification monumentale des élites et leur famille est une nouveauté à cette époque[5] —, la fonction du monument, comme celle du temple de Diane, reste incertaine ; les différentes propositions qui en sont faites sont directement liées au statut qu'archéologues et historiens envisagent pour l’établissement antique d'Aix-les-Bains.

Au sein d'une agglomération secondaire « urbaine »[modifier | modifier le code]

La porte Saint-André (Autun) et sa galerie supérieure.

Envisagé comme arc funéraire au début des années 1980, le monument est éloigné de la nécropole romaine et un interdit religieux romain ne permet pas les sépultures dans l'enceinte des villes. Si Aix-les-Bains est considéré comme une agglomération secondaire dont l'arc et le temple constituent tout ou partie du centre monumental, l'hypothèse d'un monument funéraire perd beaucoup de sa vraisemblance[6].

En revanche, l'arc est disposé de manière à offrir une perspective en direction des thermes, et une voie dallée passait sous son arche[5] : l'hypothèse d'une porte urbaine matérialisant le passage du secteur des thermes à celui du temple est plus probable ; cette proposition tient en outre compte de la présence des niches au niveau de l'architrave[6]. De plus, les thermes à l'issue de leur réaménagement, le temple et l'arc sont contemporains ce qui confère une unité à l'ensemble[L 2].

Dans le cadre d'un bourg « rural »[modifier | modifier le code]

Le mausolée de Fabara.

Plus récemment, la relecture de l'épigraphie du site, le réexamen de ses vestiges et les avancées consécutives aux fouilles du parking de l'hôtel de ville permettent d'échafauder une nouvelle théorie. Aix-les-Bains serait avant tout un bourg rural sans trame de circulation bien structurée, lié à des activités agropastorales et près duquel se serait développé un sanctuaire de cures ; l'emplacement de ce bourg reste à trouver[L 4].

Dans ce cas, l'interdit relatif aux sépultures au cœur des villes ne joue plus et l'arc reprend sa fonction de monument funéraire en-dehors des imites du bourg. Dans le même temps, le temple de Diane est interprété comme un mausolée-temple (à l'image du mausolée de Lanuéjols en Lozère[10] ou de celui de Fabara en Espagne[11]) qui abrite les sépultures de notables. Les deux monuments aixois sont élevés en l'honneur de deux familles marquantes de l'aristocratie locale, les Campanii (arc) et les Titii (temple), fréquentant de manière régulière les thermes ou participant à leur exploitation[L 8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Leveau et al. 2005, p. 90.
  2. a b et c Leveau et al. 2005, p. 91.
  3. Leveau et al. 2005, p. 94-96.
  4. a et b Leveau et al. 2005, p. 99-100.
  5. Leveau et al. 2005, p. 100-101.
  6. Leveau et al. 2005, p. 87.
  7. a et b Leveau et al. 2005, p. 88.
  8. Leveau et al. 2005, p. 93.
  • Autres références :
  1. Leveau, Odenhardt-Donvez et Fauduet 2007, p. 282.
  2. Mouxy de Loche 1899, p. 255.
  3. « Arc de Campanus », notice no PA00118163, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  4. Jazé-Charvolin et Lagrange 2005, p. 1.
  5. a b et c Jazé-Charvolin et Lagrange 2005, p. 2.
  6. a b et c Leveau, Odenhardt-Donvez et Fauduet 2007, p. 281.
  7. Jazé-Charvolin et Lagrange 2005, p. 5.
  8. Jazé-Charvolin et Lagrange 2005, p. 1-2.
  9. Mouxy de Loche 1899, p. 254-255.
  10. Jean-Charles Moretti et Dominique Tardy, « Inventaire des monuments funéraires de la France gallo-romaine », dans Christian Landes (dir.), La mort des notables en Gaule romaine, Musée archéologique Henri-Prades, , 256 p. (ISBN 978-2-9516-6790-7), p. 71.
  11. Maria-Luisa Cancela et Manuel Martin-Bueno (trad. Pierre Sillières), « Hispanie romaine : architecture funéraire monumentale dans le monde rural », dans Alain Ferdière (dir.), Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, Actes du Colloque ARCHEA/AGER (Orléans, 7-9 février 1992), Tours, Fédération pour l'édition de la Revue archéologique du Centre de la France, coll. « Supplément » (no 6), (ISBN 2-9507320-1-1, lire en ligne), p. 403-404.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]