Berthe Cabra
Nom de naissance | Berthe Gheude |
---|---|
Naissance |
Bruxelles |
Décès |
(à 82 ans) Berchem |
Nationalité | Belge |
Pays de résidence | Belgique |
Activité principale | |
Autres activités | |
Distinctions | |
Ascendants |
Jean-Martin Gheude et Euphrosine d'Alcantara de Contreras |
Conjoint |
Berthe Cabra, née Berthe Gheude le à Bruxelles et morte le à Berchem, est une exploratrice belge. Elle est la première femme non africaine à avoir traversé, entre 1905 et 1906, l'Afrique longitudinalement. Cette traversée de plus de cinq mille kilomètres entre Mombasa et Boma aura duré dix-sept mois et demi.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse
[modifier | modifier le code]Berthe Jeanne Euphrosine Wilhelmine Gheude, née le à Bruxelles, est le fille de Jean Martin Gheude, clerc de notaire, et d'Euphrosine d'Alcantara de Contreras. Le , elle épouse Alphonse Cabra, capitaine-commandant dans l'armée belge et explorateur pour le compte de l'État indépendant du Congo. La sœur de Berthe Gheude, Hélène, s'est mariée avec Omer Coppens, artiste orientaliste, et leur fils Willy Coppens, as de l'aviation lors de la Première Guerre mondiale est ainsi le neveu de Berthe Gheude.
Voyages en Afrique
[modifier | modifier le code]1903
[modifier | modifier le code]Alors que depuis le elle est l'épouse d'Alphonse Cabra, un capitaine-commandant du 5e de ligne de l'armée belge, elle accompagne ce dernier, le [1], dans un voyage en Afrique qui dure sept mois et consiste au traçage et au bornage de la frontière entre l'État indépendant du Congo et le Congo français. Elle a ainsi l'occasion de vivre dix-sept mois sous la tente.
1905 à 1906
[modifier | modifier le code]Le roi Léopold II confie à Alphonse Cabra une mission d'inspection des provinces orientales de l'État indépendant du Congo et autorise Berthe à l'accompagner malgré les réticences de son mari[2]. La rencontrant, elle et son mari, au bal de la Cour, le roi la salue ainsi : « Bonsoir, madame l'Africaine »[3].
Le couple quitte Bruxelles le et embarque à Naples le 16 avril à bord du Margraff, fait escale au Zanzibar et atteint Mombasa en Afrique orientale britannique. De là, il rejoint Kisumu en empruntant la ligne de chemin de fer achevée en 1903 par la Compagnie britannique impériale d'Afrique de l'Est puis traverse le lac Victoria jusqu'à Entebbe grâce au transbordeur britannique SS Sybil[4].
Le 9 juin, la caravane s'ébranle en direction de Mahagi sur le lac Albert avant de redescendre jusqu'aux lacs Tanganyika et Uvira[5] en suivant les frontières des possessions de Léopold II. Ensuite, elle voyage, dans un premier temps, à bord de l’Alexandre Delcommune jusqu'à Baraka puis à pied ou en pirogue jusqu'à Stanleyville au pied des chutes Stanley[6] pour, enfin, descendre le fleuve Congo en bateau à vapeur et rejoindre Matadi et Boma où il arrive en . La traversée du continent africain, entre Mombasa et Boma, aura duré dix-sept mois et demi.
Alors qu'Alphonse Cabra est appelé d'urgence à Uvira pour un problème de frontière entre l'État indépendant du Congo et l'Afrique orientale allemande, Berthe rentre seule en Belgique le à Anvers, à bord du Bruxellesville. Elle ramène dans ses malles les matériaux et les collections scientifiques amassées au cours du voyage. Cette collection fait maintenant partie intégrante des collections du musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren.
Impact médiatique
[modifier | modifier le code]Dès son retour en Belgique, Berthe Cabra répond à de nombreuses demandes d'entrevue de journalistes et son voyage fait l'objet de la « une » de nombreux quotidiens en Belgique, au Royaume-Uni et dans l'Empire allemand[7].
À la demande de scientifiques ou de personnalités politiques, elle donne, également, de nombreuses conférences. Elle y décrit ses rencontres avec les populations locales (surtout avec les femmes), les animaux sauvages et relate les méfaits des maladies tropicales. Elle y prône également l'intérêt pour que les hommes, envoyés dans les « colonies », soient accompagnés par leur épouse[8].
Après l'Afrique
[modifier | modifier le code]À la suite de la nomination, en 1919, d'Alphonse au poste de gouverneur militaire de la position fortifiée d'Anvers, le couple déménage à Berchem où Berthe s'investit dans différentes associations philanthropiques anversoises[9].
Elle décède le à Berchem et est inhumée au cimetière de Saint-Josse-ten-Noode.
Distinctions
[modifier | modifier le code]- Chevalière de l'ordre de Léopold (1926) ;
- Chevalière de l'ordre de la Couronne (1925) ;
- Médaille de bronze de l'ordre de l'Étoile africaine (1929).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- La traversée maritime a lieu du 21 mai (Anvers) au 7 juin 1903 (Boma) à bord de l’Anvers-Ville (Liben 1977, chapitre III, p. 118).
- Cette autorisation du roi, qui, à l'époque, équivaut à un ordre, est accordée lors d'un bal donné au château de Laeken (Liben 1977, chapitre IV, p. 133).
- R.D., « Madame Cabra, première femme blanche qui traversa le continent africain », La Libre Belgique, , p. 1 (lire en ligne )
- Liben 1977, chapitre IV, p. 134
- Les époux Cabra resteront bloqués pendant 6 mois à Uvira à cause de la saison des pluies (Liben 1977, chapitre IV, p. 134).
- Liben 1977, chapitre IV, p. 135
- Liben 1977, chapitre V, pp. 137-141
- Alphonse Cabra s'est toujours, lui-même, félicité d'avoir son épouse à ses côtés pour faciliter les relations humaines (Liben 1977, chapitre IV, p. 124)
- Gubin 2006, p. 277
Voir aussi
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- C. Liben, Inventaire papiers Alphonse Cabra, lieutenant général (1862-1932), Tervuren, Musée royal de l'Afrique centrale, coll. « Inventaire des archives historiques / 7 » (no D/1977/0254/9), (lire en ligne [PDF])
- Éliane Gubin et al., Dictionnaire des femmes belges, XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Éditions Racine, , 637 p., 25 cm (ISBN 978-2-87386-434-7, OCLC 71362867, présentation en ligne), p. 276 et 277
Lien externe
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- « Cabra, Berthe », sur Africa Museum (consulté le ).