Dolmen de la Coma Enestapera
Dolmen de la Coma Enestapera | |||
Vue générale de l'édifice | |||
Présentation | |||
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Type | dolmen | ||
Protection | Classé MH (1889) | ||
Caractéristiques | |||
Géographie | |||
Coordonnées | 42° 27′ 06″ nord, 3° 08′ 36″ est | ||
Pays | France | ||
Région | Occitanie | ||
Département | Pyrénées-Orientales | ||
Commune | Cerbère | ||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Pyrénées-Orientales
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Le dolmen de la Coma Enestapera, ou de la Coma Estapera, est situé à Cerbère, dans le département français des Pyrénées-Orientales en région Occitanie.
Situé sur une hauteur du massif des Pyrénées surplombant la mer Méditerranée, ce dolmen de petite taille est fait de schiste ardoisier, une pierre qui se délite facilement. Réutilisé et aménagé en abri au cours des siècles, son état en rend l'étude difficile. Il y a débat pour savoir si son entrée se trouvait au sud, comme la plupart des dolmens de la région, ou au nord comme actuellement. D'autant que les fouilles qui y ont été menées ont donné peu de résultats.
Le dolmen est daté du IVe ou IIIe millénaire av. J.-C. Bien que classé monument historique dès 1889, il a ensuite été oublié des chercheurs pour être redécouvert en 1950, puis fouillé en 1963. En catalan, coma signifie combe et esta pera « cette pierre ». C'est le dolmen qui a donné son nom au lieu-dit Coma Estapera où il se trouve.
Situation
[modifier | modifier le code]D'un point de vue administratif et politique, le dolmen de la Coma Estepera se trouve sur la commune de Cerbère, qui a fait partie jusqu'en 1889 de celle de Banyuls-sur-Mer, dans le département français des Pyrénées-Orientales. Cette commune est frontalière avec l'Espagne par la comarque de l'Alt Empordà, dans la province de Gérone. La langue traditionnelle de la région, des deux côtés de la frontière, est le catalan.
Cerbère se trouve à l'extrémité orientale des Pyrénées, là où cette chaîne de montagne se jette dans la mer Méditerranée. Son territoire prend la forme d'une cuvette entourée de montagnes peu élevées mais escarpées[1].
Le sommet le plus élevé du nord de Cerbère, à la limite avec Banyuls-sur-Mer, est le Puig Joan (458 m) duquel partent trois lignes de crêtes, vers le sud-ouest, le sud-est et le nord. Au sud de ce sommet, en contrebas se trouvent des lieux-dits nommés la Coma Estepera et la Casa Cremada. À 500 m du Puig Joan vers le sud-ouest se trouve le Coll de Cervera[1].
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Dolmen vu du nord-ouest.
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Dolmen vu du sud-est.
Le dolmen de la Coma Enestapera se trouve à environ 500 m de Puig Joan en suivant la crête qui se dirige vers le sud-est, après un col nommé Coll del Pinyer, au pied d'un piton rocheux. Il est accessible à pied par un sentier rejoignant des sentiers balisés de petite randonnée, près d'une route forestière. Dans un rayon de quelques hectomètres se trouvent d'autres dolmens (dolmen de Gratallops, dolmen du Coll de les Portes, dolmen du Coll de la Farella) et deux menhirs (Pedra Dreta de Sant Salvador et menhir de Perafita)[1],[2]. De façon générale, tous les dolmens des Pyrénées-Orientales sont situés dans les zones accidentées ou montagneuses du département, généralement sur un col, une ligne de crête ou une hauteur[3].
Toponymie
[modifier | modifier le code]Le nom actuel du dolmen est « dolmen de la Coma Enestapera »[2] ou « Coma Estapera »[4]. Il s'agit d'un nom catalan comme la plupart des microtoponymes des Pyrénées-Orientales.
La mot catalan coma est un synonyme du français combe, très utilisé dans la région[5]. La Coma Estapera signifie « la combe où se trouve cette pierre, ou la pierre », c'est la présence du dolmen qui a donné son nom à la coma[2].
Ce dolmen a également été appelé « dolmen du Coll de Cerverol » (ancien nom du Coll de Cervera, localisation erronée) et « dolmen du Coll del Pinyer »[4].
Description
[modifier | modifier le code]Pour Carreras et Tarrús, il s'agit d'un dolmen à couloir[6]. Selon Philippe Soulier, c'est un dolmen simple[7], c'est-à-dire sans couloir.
Le dolmen, « en assez bon état » selon Jean Abélanet, est fait de schiste ardoisier. Il est composé des dalles verticales sur lesquelles est posée une dalle de couverture d'environ 2,60 m de long pour 1,60 m de large, inclinée vers le nord[2]. La chambre est de forme trapézoïdale[6]. Les faces nord et sud sont approximativement parallèles, la paroi nord étant la plus large des deux[2].
Les dalles de support sont minces et fortement érodées. Le support nord est formé de plusieurs dalles et fortement délité, ce qui permet d'entrer dans le dolmen[2]. Pour Carreras et Tarrús, il s'agit de l'entrée d'origine ; son orientation (la plupart des dolmens sont orientés au sud, souvent au sud-est) est due au relief très accidenté des lieux[8]. Selon Jean Abélanet qui a procédé aux fouilles, ces dalles nord n'en forment qu'une dans le sous-sol, seule la partie aérienne a été brisée et érodée, l'entrée du dolmen se faisait donc normalement par le sud, où la paroi est formée de deux dalles plus petites qu'il interprète comme des dalles de fermeture[2].
Une partie des espaces laissés par les dalles principales a été comblée avec des pierres, postérieurement à l'édification du dolmen, pour qu'il serve d'abri. Le tumulus est plat et peu visible. Il pourrait avoir fait six mètres de diamètre[2].
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La dalle de couverture.
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L'entrée nord (à droite) et la face orientale.
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Intérieur de la chambre.
Histoire
[modifier | modifier le code]Le type du dolmen peut permettre de le dater. Pour Carreras et Tarrús, il fait partie du groupe des dolmens à couloir anciens, avec chambres polygonales ou trapézoïdales[6] daté du IVe millénaire av. J.-C.[9]. Les dolmens simples ont été bâtis autour de la deuxième moitié du IIIe millénaire av. J.-C.[10]. Selon Jean Guilaine, « rien ne s'oppose » à cette ancienneté remontant au IVe millénaire av. J.-C. pour des dolmens des Pyrénées-Orientales, mais la preuve archéologique n'en est pas faite[11].
La chambre funéraire a été très anciennement violée, le dolmen converti en abri[2].
Le premier auteur mentionnant ce dolmen est Ludovic Martinet en 1882[12]. Il le nomme dolmen du Coll de Cerberol, le décrit sommairement, puis de façon un peu plus détaillée en 1884, en rapportant des descriptions qui lui ont été faites par d'autres personnes et sans se rendre sur le site. Le dolmen est classé monument historique dans la liste de 1889[2]. La liste des monuments historiques le situe à Banyuls-sur-Mer. La même année la commune de Cerbère est créée par séparation de celle de Banyuls[13].
Malgré son classement, le dolmen est oublié des auteurs suivants, à l'exception d'une publication en 1912 à Madrid d'une étude en espagnol sur les monuments mégalithiques de la province de Gérone qui donne également une liste des mégalithes des Pyrénées-Orientales[14]. C'est Pierre Ponsich qui le retrouve et permet sa réapparition dans un inventaire des dolmens du Roussillon publié en 1950[2], accompagné d'un plan[15]. Il est cité ensuite régulièrement dans les publications sur les mégalithes du département.
En 1963, la chambre du dolmen est fouillée par Jean Abélanet et Pierre Ponsich. Seuls des charbons de bois, des fragments de céramiques vernissées et modelées, un outil en métal « indéfinissable », des clous de souliers en fer et un petit éclat de silex sont retrouvés[2].
En 1987, ce dolmen est étudié et publié par le GESEART (Grup Empordanès de Salvaguarda i Estudi de l'Arquitectura Rural i Tradicional), groupe d'archéologues d'Alt Empordà, en Espagne[13].
Le dolmen de la Coma Enestapera est décrit en détail, avec photos et plan, dans la thèse de Josep Tarrús Galter soutenue en 1999 et publiée en 2002, qui comprend un inventaire exhaustif des monuments mégalithiques des Pyrénées transfrontalières entre Roussillon et Alt Empordà[16], puis en 2011 par Jean Abélanet dans un livre décrivant le mégalithisme du département des Pyrénées-Orientales[2].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Géoportail », sur www.geoportail.gouv.fr (consulté le )
- Abélanet 2011, p. 155, 156.
- Abélanet 2011, p. 35.
- Carreras et Tarrús 2013, p. 110.
- Basseda 1990, p. 107.
- Carreras et Tarrús 2013, p. 40.
- Philippe Soulier, La France des dolmens et des sépultures collectives (4500-2000 avant J.-C.) : bilans documentaires régionaux, Errance, , p. 162.
- Carreras et Tarrús 2013, p. 49.
- Carreras et Tarrús 2013, p. 35, 36.
- Carreras et Tarrús 2013, p. 36.
- Préface, dans Abélanet 2011, p. 10, 11.
- La note du Dr Martinet est visible sur Gallica, site la Bibliothèque nationale de France.
- Carreras et Tarrús 2013, p. 73.
- Carreras et Tarrús 2013, p. 78, 79.
- Carreras et Tarrús 2013, p. 88.
- Carreras et Tarrús 2013, p. 128, 129.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean Abélanet, Itinéraires mégalithiques : dolmens et rites funéraires en Roussillon et Pyrénées nord-catalanes, Canet, Trabucaire, , 350 p. (ISBN 9782849741245)
- Lluís Basseda, Toponymie historique de Catalunya Nord, t. 1, Prades, Revista Terra Nostra, , 796 p.
- « Dolmen », notice no PA00103987, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
- (ca) Enric Carreras Vigorós et Josep Tarrús Galter, « 181 anys de recerca megalítica a la Catalunya Nord (1832-2012) », Annals de l'Institut d'Estudis Gironins, no 54, , p. 31-184 (lire en ligne)