Le Faucon et le Chapon
Le Faucon et le Chapon | ||||||||
Gravure de Pierre François Tardieu d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759 | ||||||||
Auteur | Jean de La Fontaine | |||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Pays | France | |||||||
Genre | Fable | |||||||
Éditeur | Claude Barbin | |||||||
Lieu de parution | Paris | |||||||
Date de parution | 1678 | |||||||
Chronologie | ||||||||
| ||||||||
modifier |
Le Faucon et le Chapon est la vingt-et-unième fable du livre VIII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.
Texte de la fable
[modifier | modifier le code]Une traitresse voix bien souvent vous appelle ;
Ne vous pressez donc nullement :
Ce n’était pas un sot, non, non, et croyez-m’en
Que le Chien de Jean de Nivelle[N 1].
Un citoyen du Mans, Chapon de son métier[N 2],
Était sommé de comparaître
Par-devant les Lares du maître,
Au pied d’un tribunal que nous nommons foyer.
Tous les gens lui criaient pour déguiser la chose,
Petit, petit, petit : mais loin de s’y fier,
Le Normand et demi laissait les gens crier :
Serviteur, disait-il, votre appât est grossier ;
On ne m’y tient pas ; et pour cause.
Cependant un Faucon sur sa perche voyait
Notre Manceau qui s’enfuyait.
Les Chapons ont en nous fort peu de confiance,
Soit instinct, soit expérience.
Celuy-ci qui ne fut qu’avec peine attrapé,
Devait le lendemain être d’un grand soupé,
Fort à l’aise, en un plat, honneur dont la volaille
Se serait passée aisément.
L’Oiseau chasseur lui dit : Ton peu d’entendement
Me rend tout étonné. Vous n’êtes que racaille,
Gens grossiers, sans esprit, à qui l’on n’apprend rien.
Pour moi, je sais chasser, et revenir au maître.
Le vois-tu pas à la fenêtre ?
Il t’attend : es-tu sourd ? Je n’entends que trop bien,
Repartit le Chapon : Mais que me veut-il dire,
Et ce beau Cuisinier armé d’un grand couteau ?
Reviendrais-tu pour cet appeau[N 3] :
Laisse-moi fuir, cesse de rire
De l’indocilité qui me fait envoler,
Lors que d’un ton si doux on s’en vient m’appeler.
Si tu voyais mettre à la broche
Tous les jours autant de Faucons
Que j’y vois mettre de Chapons,
Tu ne me ferais pas un semblable reproche.
— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Le Faucon et le Chapon, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 330
Notes
[modifier | modifier le code]- Personnage à l'origine de l'expression « être comme ce chien de Jean de Nivelle qui fuit quand on l'appelle »
- La province du Maine était réputée pour sa production de chapon
- ou appelant : oiseau qui fait venir les autres par son chant, ce qui les oblige de donner dans les filets ou dans d'autres pièges qu'on leur tend
Interprétation
[modifier | modifier le code]« L'insouciance et l'insensibility et la situation désespérée d’autres »[1].
Mise en musique
[modifier | modifier le code]- La Colombe, opéra-comique en 2 actes d'après la fable Le Faucon et le Chapon, de Charles Gounod (1860)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Le Faucon et le Chapon » [PDF] (consulté le )
Liens externes
[modifier | modifier le code]