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Letov Š-28

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Letov Š-28
(caract. Š-328 Šmolík)
Vue de l'avion.
Un Š-328 Šmolík au stationnement, photographié en 1935.

Constructeur Letov Kbely
Rôle Avion de reconnaissance
Statut Retiré du service
Premier vol
Mise en service
Date de retrait
Nombre construits 470 exemplaires
(Toutes versions confondues)
Équipage
2 membres : 1 pilote + 1 mitrailleur
Motorisation
Moteur Walter Pegasus II.M-2
Nombre 1
Type Moteur à 9 cylindres en étoile refroidis par air
Puissance unitaire 635 ch, soit 467 kW
Dimensions
Envergure 13,69 m
Longueur 10,34 m
Hauteur 3,38 m
Surface alaire 39,40 m2
Masses
À vide 1 680 kg
Avec armement 2 750 kg
Performances
Vitesse de croisière 250 km/h
Vitesse maximale 328 km/h
Plafond 7 200 m
Rayon d'action 640 km
Charge alaire 42,64 kg/m2
Armement
Interne • 2 mitrailleuses fixes wz. 30 (en) de 7,92 mm (calibre .31) tirant vers l'avant dans l'aile basse (400 coups/arme)
• 2 mitrailleuses défensives mobiles wz. 30 (en) de 7,92 mm (calibre .31) dans le cockpit arrière (400 coups dans six chargeurs)
Externe 500 kg de bombes
Avionique
Équipement complet pour les actions de nuit (selon les standards de 1938)

Le Letov Š-28 était un avion de reconnaissance sesquiplan biplace monomoteur tchécoslovaque des années 1930, conçu et produit à la fin des années 1920 par Letov Kbely. Développé en de nombreuses versions et avec une grande variété de groupes propulseurs, il connut un succès relativement important, sa version la plus importante, la Š-328, ayant été produite à 412 exemplaires.

Conception et développement

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Les travaux de conception de l'avion d'entraînement et d'observation Š-28 commencèrent en 1929[1], avec un prototype fabriqué à un seul exemplaire et équipé d'un moteur Walter Castor à 7 cylindres en étoile de 260 ch (194 kW). Il fut suivi par une première version de production, le Š-128, doté d'un moteur Bristol Mercury VII produit sous licence par Gnome et Rhône, puis d'une autre, le Š-228, construit en 1931[1] et doté d'un Mercury VII cette fois-ci produit sous licence par Walter.

Une nouvelle version fut conçue dès 1931 pour répondre à un besoin de la force aérienne finlandaise, qui désirait obtenir une version modifiée du Š-228 en avion de reconnaissance et de bombardement léger[1],[2]. L'avion fut tellement modifié pour être adapté à sa nouvelle mission qu'il reçut la désignation de Š-328F (pour « Finlande »). Les avions de reconnaissance précédents n'étaient en fait que de simples machines légères, alors que les modèles à venir se devaient d'emporter un armement important leur permettant de se défendre. Il effectua son premier vol en [2]. Les discussions avec les officiels finlandais s'éternisaient, et les Tchécoslovaques furent finalement les premiers clients de l'avion, avec des commandes de la version Š-328 effectuées dès le mois de et un premier vol de l'avion effectué en 1934. Il commença à équiper la force aérienne tchécoslovaque l'année suivante[2] et devint la version la plus produite de l'avion. Les Finlandais choisirent finalement d'acheter des Henschel Hs 123 allemands[2], et l'avion tchécoslovaque initialement développé pour eux n'équipa jamais leurs escadrons.

Le Š-328 fut conçu en deux versions : une avec un train d'atterrissage à roues, pour un usage « terrestre », et une avec une paire de flotteurs pour les opérations depuis les étendues d'eau, conçue en 1938. Bien que la Tchécoslovaquie soit une nation totalement isolée de la mer, une version à flotteurs était nécessaire pour un centre d'entraînement d'artillerie antiaérienne situé dans les Bouches de Kotor (maintenant sur le territoire du Monténégro)[2],[3], et prit la désignation de Š-328v (« v » correspondant à « vodní », « eau » en français). Contrairement aux avions de la version standard, ces hydravions n'embarquaient aucune bombe[2].

Caractéristiques techniques

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Le Š-328 était un sesquiplan de reconnaissance monomoteur biplace, doté d'un cockpit biplace en tandem ouvert, avec le pilote à l'avant et l'observateur/mitrailleur défensif à l'arrière. Ce dernier disposait également de vitres dans le plancher de l'avion et sur les côtés pour améliorer son champ de vision. Le fuselage était intégralement en métal. Le train d'atterrissage était de type classique fixe, avec un patin orientable sous la queue[2].

L'avion était propulsé par un moteur en étoile à 9 cylindres Walter Pegasus II.M-2, un Bristol Pegasus d'origine britannique fabriqué sous licence par Walter[2] développant une puissance de 650 ch, soit 485 kW. Il entraînait une hélice bipale en bois. La vitesse maximale était de 280 km/h au niveau de la mer et 328 km/h à 2 000 m.

L'armement était constitué de deux mitrailleuses fixes wz. 30 (en) de 7,92 mm tirant vers l'avant dans l'aile basse, approvisionnées à raison de 400 coups chacune. L'observateur disposait également de deux mitrailleuses défensives mobiles wz. 30 de 7,92 mm, avec 400 coups répartis dans six chargeurs. L'avion pouvait également emporter 500 kg de bombes : 5 bombes de 100 kg (deux paires sous les ailes, et une bombe sous le fuselage). Il emportait cependant habituellement six bombes de 20 kg sous les ailes et deux bombes de 50 kg sous le fuselage.

Carrière opérationnelle

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Entré en service en 1935 dans les unités tchécoslovaques, le Š-328 fut immédiatement expédié dans des unités postées près des frontières avec l'Autriche et l'Allemagne[2]. Il fut utilisé comme appareil de reconnaissance aérienne, bombardier léger et avion d'attaque au sol pour la force aérienne tchécoslovaque pendant le milieu et la fin des années 1930, et dans les mêmes rôles pendant les premiers mois de la Seconde Guerre mondiale, lorsque la force aérienne slovaque passa sous contrôle allemand pendant l'occupation de la Tchécoslovaquie en [2]. Treize exemplaires de la première série de production furent testés comme chasseurs nocturnes, armés de quatre mitrailleuses fixes wz. 30 (en) de 7,92 mm (calibre .31) dans les ailes et deux mitrailleuses défensives mobiles wz. 30 pour l'observateur dans le cockpit arrière. Ils furent plus tard modifiés pour revenir à une utilisation classique, car sans radar pour les aider dans leur tâche, leur efficacité était dérisoire.

Devant la montée en puissance de l'idéologie nazie en Allemagne, les Tchécoslovaques commandèrent des exemplaires supplémentaires du Š-328 pour effectuer les missions de reconnaissance. Lors de la signature des accords de Munich, qui mirent fin à la crise des Sudètes, la force aérienne tchécoslovaque disposait de 227 avions en unités opérationnelles et 87 dans des unités d'entraînement et dépôts de mobilisation.

Les faits d'armes répertoriés liés au Š-328 sont assez vagues, mais certaines sources suggèrent que quelques exemplaires « terrestres » de l'avion auraient été utilisés pendant la guerre civile espagnole[4]. Il n'existe toutefois aucune preuve venant confirmer cette affirmation, et il se pourrait qu'elle soit le fruit d'une erreur d'identification. Quinze exemplaires furent saisis par les Allemands et utilisés comme avions d'entraînement, ainsi que dans des missions d'attaques nocturnes sur le Front de l'Est pendant l'hiver 1943[5].

La production des avions continua même après l'occupation allemande de la Tchécoslovaquie, s'étalant jusqu'en 1940, les derniers exemplaires produits étant 30 Š-328 pour la Bulgarie[6] et 50 exemplaires commandés par la Slovaquie en . En tout, 412 Letov Š-328 furent produits[2], dont plus de la moitié sous occupation allemande. La Luftwaffe utilisa ses exemplaires pour des missions de reconnaissance et de harcèlement au-dessus des positions soviétiques[1], en particulier pendant la très éprouvante bataille de Stalingrad[2]. Une partie de la production fut également cédée par les Allemands à leurs alliés, la Bulgarie et la Slovaquie.

Les Š-328 slovaques furent utilisés par la nouvelle aviation slovaque, pro-nazie, dans des opérations menées contre la Pologne (en) en [7]. Ils furent aussi utilisés au cours de la nuit du 21 au , pendant le déclenchement de l'opération Barbarossa, dans des raids aériens nocturnes contre des positions soviétiques en Ukraine[2], larguant des bombes incendiaires de 200 kg sur la ville de Vinnitsa. Ils effectuèrent ensuite des vols de reconnaissance et patrouille, et certains d'entre-eux attaquèrent également des camions et voitures soviétiques. Ils furent également utilisés dans des opérations anti-Partisans dans l'ouest de l'Ukraine pendant l'été 1942[8]. Au-moins onze avions slovaques furent saisis par les insurgents slovaques et utilisés contre les Allemands pendant le soulèvement national slovaque, qui eut lieu en septembre et [9]. Les insurgents ne purent jamais aligner plus de trois avions opérationnels en même temps, mais ils furent quand-même un atout important pendant cette phase du conflit. Le , le Š-328 remporta l'une des dernières victoires aériennes d'un avion biplan, lorsqu'un Š-328 en patrouille fut attaqué par un Focke-Wulf Fw 189 de reconnaissance ennemi. Le Fw 189 fut endommagé par les tirs des mitrailleuses de l'avion tchécoslovaque et fut forcé de se poser en urgence dans une zone contrôlée par les insurgents.

Les Bulgares reçurent des Allemands — et donc des Tchécoslovaques bien malgré eux — un lot de 62 appareils. Ils furent utilisés pour des missions de reconnaissance au-dessus de l'Union soviétique. Globalement leurs résultats furent très moyens lorsqu'ils furent confrontés aux chasseurs soviétiques[2]. Un fait notable de cette période est la destruction de deux appareils en même temps par un Bell P-39 Airacobra soviétique en [2].

Au déclenchement de la guerre, quelques pilotes tchécoslovaques parvinrent à s'enfuir vers la France et la Grande-Bretagne avec leurs Š-328. Certains de ces avions furent mêmes intégrés aux registres de la Royal Air Force et utilisés pour des missions de reconnaissance côtière par le Coastal Command. Ils furent toutefois majoritairement envoyés à la destruction dès 1945[2]. Six appareils furent également saisis en Allemagne par la France en . Ils furent utilisés par l'Armée de l'Air jusqu'en , et restent à ce jour les seuls avions tchèques à avoir été en service dans l'armée française après la Seconde Guerre mondiale[2].

Letov Š-328.
  • Š-28 : Prototype, doté d'un moteur Walter Castor et produit à un seul exemplaire ;
  • Š-128 : Version de production, dotée d'un Bristol Mercury VII produit sous licence par Gnome et Rhone. Il fut produit à 12 exemplaires ;
  • Š-228 : Version de production pour l'Estonie, avec un moteur Mercury VII produit sous licence par Walter. Il fut produit à quatre exemplaires ;
  • Š-328 : Version de production principale, équipée d'un Walter Pegasus II.M-2 de 635 ch (467 kW). Il fut produit à un total d'environ 412 exemplaires[10], incluant :
    • Š-328N : Version de chasse de nuit, armé de quatre mitrailleuses fixes vers tirant vers l'avant et deux mitrailleuses mobiles défensives[10] ;
    • Š-328V : Version de remorquage de cibles, dotée de flotteurs et produite à quatre exemplaires[3],[10].
  • Š-428 : Version d'appui aérien rapproché assurant la couverture des troupes sur le champ de bataille. Le moteur était un V12 Avia VR-36 de 741 ch (545 kW). Il ne fut produit qu'à un seul exemplaire ;
  • Š-528 : Remplaçant prévu du Š-328 développé en 1935, propulsé par un Gnome et Rhône 14K Mistral Major de 800 ch (597 kW). Il fut produit à six exemplaires[6].

Utilisateurs

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Letov Š-328.

Notes et références

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  1. a b c et d (en) « Letov S-328 », sur histaviation.com (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p et q « Letov S-328 », avionslegendaires.net, (consulté le ).
  3. a et b (en) Marcel Kareš, « Letov S.328v », Resavá Vrtule (consulté le ).
  4. (en) David Nash, « Aircraft that may have participated in the Spanish Civil War », Aircraft of the Spanish Civil War (consulté le ).
  5. (en) Green 1967, p. 48–49.
  6. a b et c (en) Green 1967, p. 46.
  7. (en) Green 1967, p. 47.
  8. (en) Green 1967, p. 47-48.
  9. (en) Green 1967, p. 49.
  10. a b c et d (en) Mondey 1996, p. 152.
  11. (en) Green et Swanborough 1989, p. 66–77.
  12. (en) Green et Swanborough 1989, p. 73.

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Articles connexes

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) William Green et Gordon Swanborough, « Balkan Interlude: The Bulgarian Air Arm in WWII », Air Enthusiast, Stamford, Lincs, Royaume-Uni, Key Publishing, no 39,‎ , p. 58–74 (ISSN 0143-5450).