Lucien Herr
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Paul Étard (d) |
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Madeleine Herr Michel Herr (d) |
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Isabelle Renouard (petite-fille) |
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L'Humanité Bibliothèque de l'École normale supérieure (d) |
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Archives conservées par |
Fondation nationale des sciences politiques (Fonds Lucien Herr, LH, Département archives, DRIS, Sciences Po)[1] |
Lucien Herr, né le à Altkirch (Haut-Rhin) et mort le à Paris, est un bibliothécaire et intellectuel français.
Bibliothécaire de l'École normale supérieure de 1888 à 1926, il fut un pionnier du socialisme.
Biographie
[modifier | modifier le code]À vingt ans, il entre à l’École normale supérieure. Il est reçu à l'agrégation de philosophie en 1886[2].
Dès la fin de ses études, il pose sa candidature au poste de bibliothécaire de l'École normale, fonctions qu'il occupe de 1888 jusqu'à la fin de sa vie. Cette fonction emblématique dans l’établissement cadre bien avec cet homme qui passait pour avoir tout lu, tout retenu et connaissait sur chaque question, en chaque langue, le dernier ouvrage paru. Il la mit aussi à profit pour défendre ses idées socialistes et les droits de l'homme, notamment auprès des nombreux élèves dont il guidait les recherches dans la bibliothèque.
Polyglotte, il maîtrise cinq langues étrangères : l'allemand, l'anglais, le russe, l'italien et l'espagnol[3].
À son contact, plusieurs générations de dirigeants socialistes découvrirent les grands auteurs du socialisme : « Herr avait lu tous les ouvrages de philosophie politique. Il connaissait Fichte, Marx et Engels aussi bien que Proudhon et les utopistes français et préparait un livre sur Hegel qu'il ne termina jamais[4]. » « Ce fut Herr, déclarait Léon Blum, qui cristallisa toutes les tendances diffuses qui étaient en moi, et c'est à lui que je dois d'avoir opéré une “réorientation profonde” de ma conception individualiste et anarchique du Socialisme »[5].
L’historien américain Joe Colton brosse un portrait de Lucien Herr : « Bibliothécaire de l’École normale de 1888 à 1926, Herr fut non seulement le conseiller et le guide de plusieurs générations d'étudiants mais il en convertit un grand nombre au socialisme. (Comme certains d'entre eux occupèrent des postes universitaires importants ou jouèrent de grands rôles sur la scène politique, on le considérait comme l'éminence grise de la IIIe République.) Ce fut Herr qui entraîna Jaurès en lui montrant que le socialisme était l'aboutissement logique de ses convictions républicaines. Il eut moins de succès avec Édouard Herriot. Grand érudit, Herr avait une personnalité exceptionnelle à laquelle Blum rend hommage lorsqu'il écrit ses souvenirs sur l'affaire Dreyfus. Pendant plus de trente ans encore, il est le père spirituel, le prosélyte et le guide des meilleurs esprits de l'université, le confident et le directeur de conscience d'innombrables hommes qui occupèrent des postes élevés dans la vie publique[4]. »
Un intellectuel engagé
[modifier | modifier le code]Pacifiste, il était aussi un spécialiste de la culture germanique. Il sera très déçu du déclenchement du conflit en 1914.
Vers 1889, il rejoint le « parti possibiliste », la Fédération des travailleurs socialistes de Jean Allemane séduit par son action la défense de la République au cœur de son action (face au général Boulanger notamment) et sa revendication de la grève générale. Il est ensuite adhérent du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire. C'est lui qui aurait « converti » Jean Jaurès au socialisme[6].
Lors de l’affaire Dreyfus, Herr réplique à Maurice Barrès dans La Revue blanche du [7], et revendique sa qualité de « déraciné » (sa famille choisit de rester française après l'annexion de 1871) et organise la rencontre des intellectuels dreyfusards (Zola, Clemenceau, Jaurès, Lazare, Scheurer-Kestner et Péguy). Il lance une pétition en faveur du capitaine et devient un des fondateurs de la Ligue des droits de l'homme, à laquelle il resta fidèle jusqu'à sa mort.
Il est cofondateur en 1904 du quotidien L'Humanité, dont il trouve le titre, et favorise par son intense travail militant au sein du « Groupe de l’unité socialiste » qui aboutit en au Congrès du Globe et à la création de la SFIO[8]. Au Congrès de Tours en 1920, il contribue à la rédaction du discours de Léon Blum, meurtri par la division d'un mouvement qu'il avait fortement contribué à unir.
En 1911, il épouse Jeanne Cuénod, une Suissesse de vingt ans sa cadette. Ils ont trois enfants : Jacques en 1913, Madeleine en 1916 et Michel en 1919 – ces deux derniers intègrent d'ailleurs également l'ENS en 1938 pour Michel et 1939 pour Madeleine[9].
Après la Première Guerre mondiale, il contribue à renouer les relations intellectuelles avec les Allemands et, dès 1920, reçoit pour mission de négocier à Berlin le réapprovisionnement des bibliothèques de France.
En 1916, il prend la direction du Musée pédagogique, l'ancêtre de l'INRP. Il y reste jusqu'à sa mort en 1926[6]. Il est enterré dans le cimetière de Grosrouvre (78)[10]. Paul Étard lui succède peu après comme bibliothécaire de l'École normale supérieure.
L’Académie française lui décerne le prix Langlois en 1924 pour la traduction de la Correspondance entre Schiller et Goethe (1794-1805).
En 1927, un hommage lui est rendu en nommant de son nom la place Lucien-Herr dans le 5e arrondissement de Paris proche de l'ENS.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « https://archives.sciencespo.fr/ark:/46513/580171 », sous le nom Fonds Lucien Herr, LH, Département archives, DRIS, Sciences Po (consulté le )
- « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 », sur cnrs.fr (consulté le ).
- Marcel Déat, Mémoires politiques, Denoël, 1989, p.142 : "Alsacien, il savait l'allemand comme le français, y avait ajouté l'anglais et le russe, lisait aussi bien l'italien ou l'espagnol."
- Joel Colton, Léon Blum, Paris, Fayard, coll. « Marabout Université », , p. 31
- Louis Lévy, Comment ils sont devenus socialistes, Paris, 1931, p. 21.
- Charles Andler, Vie de Lucien Herr, Rieder, 1932
- A M. Maurice Barrès par Lucien Herr, La Revue blanche T. 15 lire en ligne sur Gallica
- Il y a 80 ans disparaissait Lucien HERR
- « Michel Herr : Normalien, officier, communiste », dans Marc Chervel (dir.), De la Résistance aux guerres coloniales : des officiers républicains témoignent, Paris, L'Harmattan, coll. « Mémoires du XXe siècle », (ISBN 2-7475-0548-0, lire en ligne).
- « J'ai découvert la tombe du Parti socialiste », par Bruno Roger-Petit sur lepost.fr, 2 novembre 2009
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Charles Andler, Vie de Lucien Herr (1864-1926), Paris, Rieder, 1932, lire en ligne.
- Charles Andler, Vie de Lucien Herr (1864-1926), présentation par Justinien Raymond, Paris, Maspéro, 1977 (collection Actes du peuple)
- Catherine Bernier, « L'énigmatique Monsieur Herr », Argus, vol. 33, no 3, hiver 2004, p. 25-28 (lire en ligne)
- Jean-Pierre Kintz, « Lucien Charles Herr », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 16, p. 1542
- Daniel Lindenberg et Pierre-André Meyer, Lucien Herr : le socialisme et son destin, Paris, Calmann-Lévy, 1977 (collection L'ordre des choses)
- Correspondance entre Charles Andler et Lucien Herr : 1891-1926, éd. établie, présentée et annotée par Antoinette Blum ; préf. de Christophe Charle, Paris, Rue d'Ulm, 1992
- Daniel Lindenberg, « Herr (Lucien) », dans Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français : les personnes, les lieux, les moments, Paris, Le Seuil, (ISBN 978-2-02-099205-3), p. 708-710.
- [PDF] Anne-Cécile Grandmougin, Lucien Herr bibliothécaire (mémoire pour le diplôme de conservateur des bibliothèques, sous la direction d'Anne-Marie Bertrand) 2011.
Liens externes
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- Ressource relative à la littérature :
- Ressource relative à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Association pour la Fondation Lucien Herr
- Profils perdus, Lucien Herr (1), (2) podcast d'émissions diffusées en novembre 1988 (2x1 h) sur radiofrance.fr. De Pascale Werner, avec Daniel Lindenberg, Jean Lacouture, etc.
- Personnalité de la Troisième République
- Personnalité de la Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen
- Personnalité du Parti ouvrier socialiste révolutionnaire
- Personnalité de la Section française de l'Internationale ouvrière
- Collaborateur de L'Humanité
- Dreyfusard
- Collaborateur de la Revue de Paris
- Bibliothécaire français
- Agrégé de philosophie
- Élève de l'École normale supérieure
- Naissance en janvier 1864
- Naissance à Altkirch
- Décès en mai 1926
- Décès dans le 18e arrondissement de Paris
- Décès à 62 ans
- Lauréat du prix Langlois