Michel Italikos
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Michel Italikos, né sans doute vers 1090[1], mort avant mai 1157, est un lettré byzantin, professeur de rhétorique, de philosophie, de médecine et d'exégèse biblique, nommé métropolite de Philippopolis peu après 1143.
Éléments biographiques
[modifier | modifier le code]Probablement d'origine italienne, au moins par sa famille[2], il connaissait sûrement le latin[3]. Il fut lié à la famille impériale Comnène, et d'abord à l'impératrice Irène Doukas, qui le fit nommer « professeur des médecins » (διδάσκαλος
Sa carrière se déroula entièrement dans l'Église : appartenant au clergé de Sainte-Sophie, il occupa successivement les trois chaires principales de l'École patriarcale : didascale des Psaumes, puis didascale de l'Apôtre (poste qu'il occupait en 1138, au moment de l'Éloge de Jean II), enfin didascale des Évangiles (poste qu'il inaugura le ). Quant à sa fonction moins prestigieuse de didascale des médecins[11], on ne sait trop où il l'exerça, peut-être dans le monastère-hôpital du Cosmidion[12]. Il délivra également un enseignement à titre privé[13]. Parmi ses élèves célèbres figure Théodore Prodrome[14].
Dans la lettre à Jean II, il remercie l'empereur pour une mission non précisée à Rome. Il est peut-être le « philosophe grec », membre de la délégation byzantine qui rencontra le pape Innocent II et l'empereur Lothaire de Supplinbourg à Castel Lagopesole, près de Melfi, en juillet 1137 ; ce philosophe s'opposa vivement au moine Pierre le Diacre[15]. Sa nomination comme métropolite de Philippopolis intervint après deux Éloges qu'il prononça en 1143 : celui de l'empereur Manuel Ier, qui succéda à son père le (rentra à Constantinople le et fut couronné le )[16], et celui du patriarche Michel Courcouas, élu en juillet[17]. Les deux détails connus de son épiscopat sont : la façon dont il reçut le roi Conrad de Hohenstaufen parti en croisade en 1147 et parvint à l'amadouer au point d'épargner tout pillage à sa cité (épisode raconté par Nicétas Choniatès[18]) ; et un conflit qu'il eut avec un prêtre de son diocèse du nom de Kampsorhymès qui fit appel de sa destitution sous le pontificat du patriarche Nicolas Mouzalon (épisode rapporté par Théodore Balsamon[19]). Dans le synode tenu à Constantinople le , le métropolite de Philippopolis présent s'appelle Théodore, ce qui signifie que Michel Italikos est mort avant.
Œuvre
[modifier | modifier le code]L'œuvre conservée connue est constituée de quarante-cinq textes : lettres, discours d'apparat, monodies, etc. Le manuscrit principal, et unique pour une grande partie des textes, est le Codex Baroccianus (en) 131 de la Bibliothèque bodléienne d'Oxford (complété notamment par le Bononiensis 2412 de Bologne, et plus secondairement par le Scorialensis Y-II-10 de l'Escurial, le Paris. gr. 2872 et le Sinait. gr. 482). Les textes du Barocc. 131 ont d'abord été publiés comme anonymes dans les Anecdota græca de John Anthony Cramer[20], et l'auteur a été clairement identifié sur la base des textes par Maximilian Treu[21]. Michel Italikos, l'un des Byzantins les plus savants de son temps, se prévaut particulièrement de la qualité de « philosophe », et se veut l'héritier de Michel Psellos, bien que son œuvre conservée soit de caractère essentiellement rhétorique.
Édition
[modifier | modifier le code]- Pierre Gautier (éd.), Michel Italikos. Lettres et discours, Archives de l'Orient Chrétien 14, Institut Français d'Études Byzantines, Paris, 1972.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Dans son discours inaugural comme didascale des Évangiles (27 décembre 1142, n° 10, éd. Gautier), il se dit « chenu », parvenu au « soir de sa vie ».
- Dans une lettre à l'impératrice Irène Doukas (n° 5, éd. Gautier), il se désigne comme « Ἰταλός » (peut-être erreur de copiste dans le codex unicus, par confusion avec Jean Italos ?).
- Au moment de sa rencontre avec Conrad III de Hohenstaufen (1147), il le séduit par les « sortilèges » de son éloquence (« ὑπηγάγετο
τ ὸν ῤῆγ α τ α ῖςτ ῶν λόγων ἐκθηλύνας ἴυγξικ α ὶτ ῷ μέλιτιτ ῆς γλώττης κατεγοήτευσεν », Nicétas Choniatès, Histoire, II, 7, 6-7), ce qui n' a pu se faire qu'en latin. - n° 15, éd. Gautier.
- n° 14, 16, 17, éd. Gautier.
- n° 3, éd. Gautier.
- n° 43, éd. Gautier.
- n° 23, éd. Gautier.
- n° 34, éd. Gautier.
- n° 35, éd. Gautier, lettre écrite juste avant son départ pour Philippopolis, qui, dit-il, l'a empêché de réunir tous les documents qu'il aurait souhaités.
- « Vers moi accourent une multitude de médecins qui, sous ma direction, étudient les uns les squelettes, les autres l'anatomie, d'autres les espèces de pouls et les diagnostics qu'on en tire, chacun une spécialité », écrit-il à Irène Doukas.
- Monastère consacré aux saints Côme et Damien, situé dans l'actuel district d'Eyüp, juste à l'extérieur des remparts, au bord de la Corne d'Or. Il l'évoque dans sa lettre à Irène, et y avait en tout cas exercé une fonction.
- Dans une lettre au tuteur d'un jeune garçon qui doit devenir son élève (n° 18, éd. Gautier), il expose le programme très varié de son enseignement.
- Destinataire des lettres n° 1 et 42, éd. Gautier.
- Pierre le Diacre, Altercatio contra Græcum quemdam, sive Defensio Romanæ Ecclesiæ ad orationem legati Constantinopolitani imperatoris in aula Lotharii (Migne, Patr. Lat., vol. 173, col. 955-57). Il apparaît que l'échange a lieu en latin et qu'à la fin le « philosophe grec » le traduit en grec pour le transmettre à son empereur et au patriarche de Constantinople.
- n° 44, éd. Gautier.
- n° 2, éd. Gautier.
- Cet historien vécut une expérience proche : gouverneur civil de Philippopolis, il y reçut en 1189 l'empereur Frédéric Barberousse parti lui aussi en croisade.
- Commentaire au canon XI du concile de Carthage, in Migne, Patr. Gr., vol. 138, col. 56D-57A.
- J. A. Cramer (éd.), Anecdota græca e codd. manuscriptis Bibliothecarum Oxoniensium, Oxford, 1835.
- M. Treu, « Michael Italikos », Byzantinische Zeitschrift 4, 1895, p. 1-22.