Mine marine
Une mine marine ou mine sous-marine est une charge explosive placée en surface, au milieu de l'eau ou au fond de la mer, qui se déclenche automatiquement lorsqu'un navire de surface ou un sous-marin passe à proximité (et a fortiori au contact).
Histoire
[modifier | modifier le code]La mine marine flottante moderne est une invention du physicien russe d'origine prussienne Moritz von Jacobi en 1853, dont le premier usage se fera en Mer Baltique en 1854, pour défendre Kronstadt[1], mais le concept pourrait remonter au XIVe siècle, en Chine[2].
Les premières mines étaient des tonneaux de poudre devant exploser sous la surface ou en surface pour endommager la coque des navires ennemis.
Samuel Colt fut le premier, en 1842, pour le compte de la Navy, à couler sur le Potomac une vieille canonnière désarmée, le Boxer, avec une mine sous-marine à mise à feu électrique (après une expérience réalisée à titre privé en 1829).
Mais il semble que la mine marine ne fut réellement efficace qu'au début du XXe siècle : une trentaine de navires sont coulés par ce type d'arme lors de la guerre russo-japonaise[3].
Constitution
[modifier | modifier le code]Une mine est constituée d'une enveloppe généralement métallique enfermant une charge explosive, le ou les dispositifs de mise de feu avec ses capteurs et combinateurs d'influence, les dispositifs d'ancrage ou de contrôle d'immersion, un dispositif de programmation de contre-mesures, de neutralisation ou de sabordage.
Charge explosive
[modifier | modifier le code]Une mine contient une charge explosive, souvent d'une centaine de kilogrammes de TNT.
Le TNT est insoluble dans l'eau, et il reste actif des décennies durant, ce qui rend les mines séparées de leur orin particulièrement dangereuses.
Certaines mines de fond peuvent avoir une charge explosive plus importante jusqu'à 1,5 tonne.
Types
[modifier | modifier le code]On peut distinguer les mines :
Selon leur position dans l'eau
[modifier | modifier le code]- mine à orin : la mine comprend un bloc lesté, le crapaud, qui, au mouillage, largue la mine proprement dite, de flottabilité positive, au bout d'un câble (orin) à une immersion prédéterminée ;
- mine de fond : mine à flottabilité négative, qui est donc posée sur le fond. Certaines mines de ce type sont des capsules enfermant une torpille (mine Mark 60 CAPTOR). Les mines de fond sont utilisées par fonds inférieurs à 60 mètres contre les bâtiments de surface, ou à plus grande profondeur contre les sous-marins ;
- mine dérivante : mine flottante laissée à la dérive ;
- mine rampante : mine flottante, maintenue sous la surface par un lest, qui se déplace librement dans le courant ;
- mine ludion : mine dont l'immersion est assurée par un système de contrôle hydrostatique qui la maintient à une profondeur prédéterminée (voir Ludion).
Selon leur dispositif de mise de feu
[modifier | modifier le code]Bien que la plupart des mines modernes combinent simultanément, alternativement ou successivement plusieurs influences (acoustique, magnétique, pression) (mines combinées), on trouve :
- mine à contact : mine qui explose au contact. Elle est généralement équipée d'antennes ou de cornes. Les premières mines étaient des mines à contact.
- mine à influence :
- mine magnétique : mine dont la mise à feu est activée par influence magnétique (masse métallique d'un bateau qui peut être corrigée par un circuit d'immunisation).
- mine acoustique : mine dont la mise à feu est activée par influence acoustique (bruit des hélices et des machines). Ce type de mine comporte donc des hydrophones.
- mine à dépression : la mise à feu est sensible à la variation de pression de l'eau causée par le passage d'un navire.
Déminage
[modifier | modifier le code]Le navire de guerre des mines est utilisé pour le déminage marin. Il peut s'agir de dragueurs de mines ou de chasseurs de mines.
Le dragueur de mines est un navire à faible tirant d'eau, ayant également une faible influence acoustique et électromagnétique. Celui-ci va parcourir le champ de mines en remorquant un « brin de drague » dont la composition varie selon le type de mine de la zone. Le brin de drague peut inclure :
- une drague mécanique (munie de cisaille permettant la découpe des orins pour les mines ancrées ;
- une drague acoustique (munie d'un générateur pouvant simuler les bruits de propulsion d'un navire) ;
- une drague magnétique (câble électrique parcouru par un courant continu générant un fort champ magnétique.
Le dragage ne nécessite pas de sonar spécifique.
Le Chasseur de mines dispose d'un ou plusieurs sonars (détection, classification, identification) permettant lui permettant de travailler à une certaine distance de l'engin. Celui-ci peut mettre en œuvre un robot sous-marin autonome pour la détection / classification / identification. La neutralisation ou la destruction de l'engin peut être réalisée au moyen d'un drone ou d'une équipe de plongeur/démineur.
Séquelles de guerre
[modifier | modifier le code]Après les deux conflits mondiaux, plusieurs chalutiers ont explosé à cause de mines qui avaient été pêchées dans leur chalut tandis que les mines magnétiques ont provoqué la perte du Laplace en 1950.
Les mines qui se sont séparées de leur orin et ont dérivé peuvent être à l'origine d'accidents graves, soit en mer, soit sur le littoral, quand elles viennent à s'échouer sur une plage.
Elles contiennent du TNT très peu soluble dans l'eau, mais toxique dans les sols, dont on ignore le devenir à long terme dans l'écosystème marin.
Emploi
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Livre Le 19e siècle en Europe de N. Bouguinat et B. Pellistrandi, éd. Armand Colin, 2003.
- Site internet "civil-war-uniforms.over-blog.com" _ Les mines flottantes
- Site internet www.deminex.fr __"Les mines marines".
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Gregory Kemenyi Hartmann et Scott C. Truver, Weapons that wait : mine warfare in the U.S. Navy, Annapolis, Md., Naval Institute Press, , 294 p. (ISBN 0-87021-753-4 et 978-0-870-21753-1, OCLC 5758663).
- (en) James T. Hewitt, Desert sailor : a war of mine, Clementsport, N.S, Canadian Peacekeeping Press, , 192 p. (ISBN 1-896551-17-3 et 978-1-896-55117-3, OCLC 40136197).
- (en) Bradley Peniston (préf. William J. Crowe, Jr.), No higher honor : saving the USS Samuel B. Roberts in the Persian Gulf, Annapolis, Md, Naval Institute Press, , 275 p. (ISBN 1-59114-661-5 et 978-1-591-14661-2, OCLC 63703859).
- (en) Harold Lee Wise, Inside the Danger Zone : The U.S. Military in the Persian Gulf, 1987-1988, Annapolis, Md, Naval Institute Press, , 272 p. (ISBN 978-1-59114-970-5, 978-1-591-14661-2 et 1-59114-970-3, OCLC 63703859).
- « 100 armes qui ont fait l'histoire », Guerre et Histoire, no hors série n°1, , p. 60-71 (ISSN 2115-967X).
- Benoist Bihan, La mine navale, un cauchemar bon marché, pages 78-83 de Guerres et Histoire, n°53, « 1939-1945 La Méditerranée en Guerre - Un théâtre décisif, secondaire ou inutile ? », , (ISSN 2115-967X).