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Pierre Estienne

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Pierre Estienne
Description de cette image, également commentée ci-après
Pierre Estienne en 1897

Naissance
Six-Fours-les-Plages (France)
Décès (à 51 ans)
Aix-en-Provence (France)
Nationalité française
Père Antoine Estienne
Mère Marie Brunet
Domaines Education, Pédagogie
Institutions Ecole normale d'instituteurs de Draguignan
Renommé pour
  • Premier livre de récitation et de morale Cours élémentaire, Éditions Larousse, Paris 1886

Pierre Germain Clairin Estienne, né à Six-Fours-les-Plages dans le Var le et mort le à Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône, est un auteur et pédagogue français[1]. Son père Antoine Estienne était cordonnier, sa mère Marie Brunet, sans profession.

Le normalien

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Dispensé de service militaire en échange d'un engagement de 10 ans avec le service de l'enseignement public, comme tout Normalien, jusqu'à la réforme de 1885[2], Pierre Estienne entre à l'école normale d'instituteurs de Draguignan en 1871 comme élève-maître, école dirigée à ce moment par son futur beau-père Jean-François Nicot. En 1874, il obtient son brevet simple.

L'instituteur

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En octobre 1874, il est nommé instituteur-adjoint à Bandol dans le département du Var, tout en poursuivant ses études à l'école normale. En 1875, il est nommé 1er maître-adjoint à Toulon (Var). Il obtiendra son brevet supérieur l'année suivante. Le , il est nommé maître-adjoint à l'école normale de Guéret dans le département de la Creuse où a été également nommé Jean-François Nicot l'année précédente. Il obtient peu après son certificat d'aptitude à l'enseignement secondaire spécial, partie littéraire.

Le , il épouse, dans cette même ville, Louise Nicot, la fille de Jean-François.

Le , il est nommé maître-adjoint à l'école normale de Savenay (Loire-Atlantique).

Le mois suivant, sa femme accouche de leur première fille Jeanne.

Entre 1879 et 1882, il travaille aux écoles normales de Montbrison (Loire) et Lons-le-Saunier dans le département du Jura comme maître-adjoint et de Dijon, département de la Côte-d'Or, en tant que professeur.

L'inspecteur

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En 1880, il obtient le certificat d'aptitude à l'inspection primaire et à la direction des écoles normales[3]. En 1881, il est désigné comme élève, en section Lettres, des cours préparatoires de Sèvres (département des Hauts-de-Seine), préfiguration de la future école normale supérieure de Saint-Cloud[4]. En 1882, il est nommé Inspecteur de l'enseignement primaire à Brest.

En 1883, nait sa 2de fille, Judith, qui épousera plus tard Gaston Mouchet.

Il devient Officier d'Académie en 1884.

À Brest, il se lie d'amitié avec Arthur Charles Dessoye, rédacteur en chef de L'Union Républicaine du Finistère qui deviendra plus tard Président de la Ligue de l'enseignement et député de la Haute-Marne en 1906.

En décembre 1886, il est nommé inspecteur à Caen et est désigné comme membre du Conseil départemental de l'instruction publique du Calvados.

Vers cette époque, il rédige son 1er ouvrage de pédagogie Premier livre de récitation et de morale.

Le directeur d'école normale

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Ecole normale d'Orléans en 2016

Le , il est nommé directeur (de 3e classe) de l'école normale d'Alger-Bouzareah. En 1891, grâce au travail des élèves et de leurs professeurs, on compte 4 hectares de vignes, 3 de fourrages, 3 de jardin potager et 2 de champs d’expérimentation[5]. La même année, parallèlement au « Cours Normal », est créée une « Section Spéciale », composée d'anciens élèves-maîtres et d'instituteurs, qui est chargée de former le personnel de l'enseignement des « indigènes ». En 1892, elle est l'école normale « française » la plus importante avec 248 élèves. Pierre Estienne considérait, selon ses propres paroles, cette section spéciale comme « la clé de voûte de l'édifice scolaire en Algérie. » Pour des raisons autant pédagogiques qu'économiques, il décida, en 1895[6], d'y installer un cheptel[7].

En juillet 1895, il entre en franc-maçonnerie en qualité d'apprenti-maçon à la Loge Delta d'Alger. La même année, il devient officier de l'instruction publique.

Pierre Estienne entouré de ses enseignants (Ecole Normale d'Orléans - 1898)

Le , il obtient sa mutation[8] à l'école normale d'Orléans[9] dont l'un de ses prédécesseurs est Théophile Naudy, l'un des maîtres de Charles Péguy, ancien élève de l'école normale d'Orléans[10]. Pendant toute la durée de sa direction à Orléans, il donne[11] des cours gratuits pour adultes ainsi que des conférences populaires : Le , il donne une « Causerie sur l'Algérie avec projections » dans l'école de garçons de La Chapelle-Saint-Mesmin[12]. Le , dans l'école élémentaire de Saint-Jean-de-la-Ruelle, en présence du maire de cette commune, il donne une conférence[13] sur « Les Arabes et le Coran ». Le , à l'école communale de la rue Saint-Marceau d'Orléans, il donne un cours public sur Le régime de la propriété et du droit usuel d'horticulture[14]. Le [15], il participe à la fête du Septantenaire de l'école normale d'instituteurs, en présence de 500 instituteurs, suivie d'un banquet, d'une soirée théâtrale et d'un bal à la salle de l'Institut d'Orléans. Le [16], à l'école normale, il donne une conférence « La solidarité », organisée par l'Association amicale des anciens élèves. En [17], il donne une conférence sur « Les ravages de l'alcool destructeur des familles » à l'invitation de la Ligue Antialcoolique du Loiret. Le [18], à l'école normale, il organise une conférence publique populaire sur la tragédie Britannicus (Racine).

Ecole Normale d'Aix en Provence en 1903

Le , il est nommé directeur (de 2e classe) de l'école normale d'Aix-en-Provence[19].

Atteint de tuberculose, il meurt le et est inhumé le lendemain[20] au cimetière Saint-Pierre d'Aix-en-Provence, dans le caveau de la famille Tassy.

Il était membre du Conseil général[21] de la ligue de l'enseignement.

Liens de parenté

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Il était le gendre du pédagogue Jean-François Nicot, le beau-frère du pédagogue Gaston Mouchet, l'oncle du linguiste ethnologue Jean Mouchet et le grand-oncle de l'auteur-pédagogue Patrick Andrivet.

Publications

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Il est l'auteur de manuels scolaires destinés aux élèves des écoles communales.

1er livre de récitation et de morale de Pierre Estienne (1886)
  • Pierre Estienne et Hervé Daniel[22], Premier livre de récitation et de morale : Cours élémentaire, Paris, Larousse, , 96 p.[23]
  • Pierre Estienne et Hervé Daniel, Deuxième livre de récitation et de morale : Cours moyen - préparation au certificat d'aptitude, Paris, Larousse, , 144 p.[24]
  • Pierre Estienne et Hervé Daniel, Memento d'instruction civique, Paris, Larousse, , 24 p.[25]
  • Pierre Estienne et Hervé Daniel, Livret de correspondance entre l'école et la famille, Paris, Larousse, , 16 p.[26]
  • Pierre Estienne, Notice géographique sur le Loiret, éditeur inconnu, année inconnue
  • Pierre Estienne, « Un droit féodal qui existe encore », Bulletin de la Société académique de Brest, Brest, vol. 2e série tome XI,‎ 1885-1886, p. 211-218[28]
  • Pierre Estienne, « Notice historique de l’École normale d'instituteurs d'Orléans », Manuscrit sur papier, 2 volumes, 300 × 195 mm, Reliure amateur demi-chagrin rouge. Offert à Octave Gréard par Pierre Estienne en souvenir de la fête du septentenaire, . Don de Gréard à la bibliothèque de la Sorbonne, Orléans, vol. 1 & 2,‎ , p. 400 et 204 feuillets[30]
  • Pierre Estienne, « Education et enseignement : Union », Manuel général de l'instruction primaire, Paris, Hachette, no 2,‎ , p. 20 (lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

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  • Aimé Dupuy, BOUZAREA, Histoire illustrée des Ecoles Normales d'Instituteurs d'Alger-Bouzaréa : Au cours Normal de 1888, Souvenirs d'un ancien élève de l'Ecole Normale d'Alger SOUALAH M, Fontana, , 188 p.[31],[32]
  • Nardon, « Nécrologie de Pierre Estienne », Bulletin de la Société amicale des anciens élèves de l'école normale supérieure d'enseignement primaire de Saint-Cloud, Paris, Picard et Kaan,‎ , p. 7 et 8[33]

Notes et références

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  1. Cette biographie s'appuie largement sur la monographie familiale rédigée à propos de Jean-François Nicot (le beau-père de Pierre Estienne), éditée à titre privé en tirage limité, 219 pages, réalisée entre 1987 et 1989, à partir de documents familiaux et personnels et un travail de recherche approfondie effectué dans les différentes archives (AD 21, AD 25, AD 61, AD 71, AD 73, AD 83, AM de Chagny, Pommard, Beaune, Savigny-lès-Beaune, Asnières, Aix-en-Provence, AN Paris, INRP, Archives militaires des Armées de Terre et de Mer à Vincennes) par Monique Andrivet (1925-2018), petite nièce de Pierre Estienne. Centre d'entraide généalogique de France: Cote 1 664-00/C ANDRIVET Monique Jean-François NICOT, 1828-1903, directeur d'École Normale. Paris, 1989, 217p Voir le site du CEGF. Les informations biographiques sur P. Estienne provenant exclusivement de cet ouvrage, les sauts de notes ne sont là que pour apporter certaines précisions.
  2. in LE CENTENAIRE DE L’ÉCOLE NORMALE (1795-1895) Édition du Bicentenaire, Éditions Rue d’Ulm, Paris 1994, 699 pages (ISBN 9782728801923)Texte intégral disponible en lecture libre sur le site Open Edition Books
  3. in Notice historique de l'Ecole normale d'instituteurs d'Orléans, Pierre Estienne (pages 69 et 70), 1899, Papier. 2 volumes. Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne, MS 1653-1654
  4. voir « Nécrologie de Pierre Estienne », in Bulletin de la SABEENS de St-Cloud, Juillet 1907
  5. Histoire de l'école normale d'Alger Bouzarea Lire en ligne
  6. En 1897, ce cheptel comprenait deux vaches, deux bêtes de trait et une quarantaine de porcs.
  7. in BOUZAREA, Histoire illustrée des Ecoles Normales d'Instituteurs d'Alger-Bouzaréa, page 26, page 30, page 38, par Aimé Dupuy, Edition Fontana, 1937, 188 p.
  8. Annonce du Journal du Loiret du 17 septembre 1896
  9. Article du Journal du Loiret (9 août 1897) dans lequel est retranscrit le discours de Pierre Estienne pour la distribution des prix du 8 août 1897 de l'école supérieure de garçons dans la Salle de l'Institut
  10. Site de l'AMAE
  11. Article du Journal du Loiret du 24 février 1899, page 3
  12. Robert Pillault, « Invitation du maire à assister à la conférence de Pierre Estienne : Fiches Sociétés Musicales », Archives départementales du Loiret, Fonds Robert Pillault, cote J273,‎
  13. Article du Journal du Loiret du 18 février 1898, page 3
  14. Annonce du Journal du Loiret du 12 janvier 1899, page 3
  15. Article du Journal du Loiret du 27 juillet 1899, page 3
  16. Article du Journal du Loiret du 9 mars 1901, page 3
  17. Article du Journal du Loiret du 5 janvier 1902, page 2
  18. Annonce du Journal du Loiret du 23 janvier 1902, page 3
  19. Annonce du Journal du Loiret le 17 août 1903, page 2
  20. Article nécrologique dans le journal Le Petit Marseillais du 22 janvier 1907, page 4
  21. Dictionnaire Fernand Buisson Lire en ligne
  22. Instituteur à Brest puis directeur d'école communale
  23. « BnF Catalogue général », sur bnf.fr, Vve P. Larousse (Paris), (consulté le ).
  24. « BnF Catalogue général », sur bnf.fr, Vve P. Larousse (Paris), (consulté le ).
  25. « BnF Catalogue général », sur bnf.fr, Larousse (Paris), (consulté le ).
  26. « BnF Catalogue général », sur bnf.fr, Larousse (Paris), (consulté le ).
  27. « Bulletin de la Société académique de Brest » Accès libre, sur Gallica, (consulté le ).
  28. « Bulletin de la Société académique de Brest » Accès libre, sur Gallica, (consulté le ).
  29. « Bulletin de la Société académique de Brest » Accès libre, sur Gallica, (consulté le ).
  30. « Notice historique de l’École normale d'instituteurs d'Orléans » Accès libre, sur Bibliothèque Interuniversitaire de la Sorbonne, cote : MS 1653-1654, (consulté le ).
  31. « alger-roy », sur Témoignages, Fontana, .
  32. Dans mes souvenirs des premières années, plusieurs figures dominent les hommes et les faits. Dans le nombre, je citerai : D'abord, à tout seigneur tout honneur : notre Directeur Pierre Estienne. Nous l'avions surnommé « Fallot » parce qu'il effectuait ses tournées de surveillance, le soir, toujours muni d'une lanterne. Son air courroucé — avec ses deux gros yeux ressortis —, ou aimable, mais alors avec l'animation d'un doux sourire, nous inspirait crainte et respect. C'est qu'il détenait deux pouvoirs suprêmes : la faculté de nous tancer d'importance devant les camarades réunis, le dimanche, dans la grande étude pour la lecture des notes hebdomadaires avant d'afficher la liste des « privés de sortie » ; l'initiative des mesures libérales à l'époque où les séminaires laïques », vigoureusement attaqués par les réactionnaires, subissaient une transformation bienfaisante. Il nous autorisa à fumer en dehors des classes : alors la cigarette ne présenta plus l'attrait du fruit défendu et le nombre des fumeurs diminua. Il nous permit de danser le soir sous les galeries : Français et Indigènes se livrèrent, à qui mieux mieux, au plaisir de la mazurka, de la scottisch et du carrousel au son d'un cornet à pistons ou d'un baryton apportés de Médéa, de Coléa ou de Mascara. Il institua les « sorties de faveur », le jeudi après-midi, pour les élèves signalés par deux professeurs, au moins, en raison de leur travail et de leur bonne conduite : les études reçurent une forte impulsion. L'éducation n'était pas moins l'objet de son attention. Souvent il relisait les compositions françaises minutieusement corrigées par un professeur admirable et délicat. Une fois, le Directeur releva des termes de caserne à propos de nos impressions au retour des vacances : une semonce en règle et une privation de sortie nous apprirent à peser la valeur des termes. Le dimanche, il invitait à sa table, un élève français et un élève indigène de la promotion sortante. Cet honneur nous plongeait dans l'embarras : mais il permettait au chef de l'Etablissement de parfaire son opinion sur notre caractère et de nous donner, le cas échéant, des conseils paternels sur la tenue en société.
  33. « Bulletin de la société amicale des anciens élèves de l'ENS d'enseignement primaire de Saint-Cloud » Accès libre, sur Bibliothèque Diderot de Lyon, (consulté le ).

Liens externes

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