Révolte
La révolte ou rébellion est un sentiment d’indignation et de réprobation face à une situation. Elle est aussi, dans un sens plus précis, le refus actif d'obéir à une autorité. Elle correspond donc à une large gamme de comportements : non-respect des normes sociales, insoumission, désobéissance, tentatives d’insurrection, mutineries, rébellions, tollés. Celui qui se soulève de cette façon est désigné comme rebelle.
Formes de la révolte
[modifier | modifier le code]La révolte peut être individuelle ou collective, organisée ou désorganisée. Elle peut aussi être passive ou agressive.
Révolte entre action individuelle et action collective
[modifier | modifier le code]La révolte est le plus souvent le fruit d’une action collective, regroupant un certain nombre de personnes aux intérêts partagés, qui agissent de concert vers un même objectif global. Il existe cependant des révoltes conduites de façon individuelle : c’est le cas du sabotage, du terrorisme, de l’agression. Cela dit, la révolte personnelle est rarement conçue comme révolte à part entière. La révolte réunissant un trop petit nombre d’individus est conçue comme un simple « crime » ou « délit ».
Une révolte rallie toujours un grand nombre d’individualités propres, aux objectifs toujours différents.
Révolte entre spontanéité et préparation
[modifier | modifier le code]La révolte est plus ou moins organisée. Elle peut avoir été planifiée ou non, elle a des objectifs plus ou moins clairs (détruire un élément). Elle peut avoir des leaders (organisateurs de la révolte, représentants élus ou prenant la direction sur le tas).
Selon l'universitaire Laurent Bonelli, le politiste américain Barrington Moore « opère un changement de perspective. À la question : « Pourquoi les gens se révoltent-ils ? », il substitue celle-ci : « Pourquoi ne le font-ils pas plus souvent ? ». Quand ses confrères évoquent le poids des inégalités économiques ou celui de la domination raciale, Moore réplique que ces facteurs demeurent dramatiquement constants tout au long de l’histoire, sans pour autant provoquer de soulèvements. S’ils constituent des éléments nécessaires de la révolte, il lui apparaît donc difficile d’en faire une causalité. À partir d’une étude richement documentée sur les ouvriers allemands entre 1848 et la fin des années 1930, l’auteur recherche les raisons pour lesquelles ces derniers s’accommodaient ordinairement d’un ordre social et politique qui leur était défavorable, ainsi que les conditions qui les amenaient, plus exceptionnellement, à le rejeter. Sa principale conclusion est que la stabilité repose essentiellement sur les contreparties concédées par les dominants aux dominés : « Sans le concept de réciprocité — ou mieux, d’obligation morale, un terme qui n’implique pas l’égalité des charges ou des obligations —, il devient impossible d’interpréter la société humaine comme le résultat d’autre chose que de la force perpétuelle et de la supercherie. » Pour Moore, la rupture de ce « pacte social implicite » par certaines fractions des élites explique les contestations »[1].
Quelques révoltes célèbres
[modifier | modifier le code]- Révolte des luddistes (1811-1812)
- Rébellion des Patriotes de 1837-1838
- Rébellion de Kautokeino de 1852
- les jacqueries des croquants sont des révoltes populaires du Sud-Ouest aux XVIIe et XVIIIe siècles,
- les frondes sont des révoltes de la noblesse française contre le roi au XVIIe siècle,
- la guerre des farines a eu lieu en 1775.
- les journées révolutionnaires de la révolution française (, …)
- les jacqueries qui sont des révoltes de paysans français.
- La révolte des Boxers se déroula dans la Chine du début du XXe siècle (d'environ 1899 à 1901).
- Révolte des cipayes (Inde, 1857)
- Révolte des Cabochiens (soulèvement parisien en 1413)
- Révolte d'Inaros
- Les révoltes des esclaves dans l'Antiquité telle la révolte de Spartacus ont été qualifiées de guerres serviles.
- Révolte du Rif, (1957-1959)
- Révoltes de Mai 1968
- Seconde Intifada
- Révoltes du Printemps noir
- Printemps arabe
- Révolution haïtienne
Légitimations théoriques de la révolte
[modifier | modifier le code]Dans le droit
[modifier | modifier le code]- En France, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 affirme le droit de résistance à l'oppression comme un des droits de l'homme avec la propriété, la sûreté et la liberté ;
- Et dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. » - Article 35
Philosophie et littérature
[modifier | modifier le code]- Henry David Thoreau
- Bernard de Castéra, La Révolte est-elle juste ? Edifa Mame, Paris 2009
- Albert Camus, L'Homme révolté
- Jacques Ellul, Autopsie de la révolution ; De la révolution aux révoltes ; Changer de révolution. L'inéluctable prolétariat.
En psychologie
[modifier | modifier le code]- Boris Cyrulnik a écrit : « Rebelle ne signifie pas s'opposer à tout. Rebelle signifie se déterminer par rapport à soi-même »[2]
Bibliographie
[modifier | modifier le code]Plusieurs historiens ont étudié les révoltes :
- soit pour leur spécificité dans un contexte précis,
- soit pour trouver leurs points communs sur de longues périodes :
- Yves-Marie Bercé, Croquants et nu-pieds. Les soulèvements paysans en France du XVIe au XIXe siècle.
- Yves-Marie Bercé, Fête et révolte : des mentalités populaires du XVIe au XVIIIe siècle.
- soit pour montrer des évolutions, comme chez l'historien marxiste Boris Porchnev, dans Les Soulèvements populaires en France au XVIIe siècle.
- Révolte et société, Fabienne Gambrelle et Michel Trebitsch, Publications de la Sorbonne, 1989, 309 p.
- Un Indigné, Révoltez-vous ! Répertoire non exhaustif des idées, des pratiques et des revendications anarchistes, Atelier de création libertaire, 2014, (ISBN 978-2-35104-076-8), notice éditeur.
Citations
[modifier | modifier le code]Henri Laborit, Éloge de la fuite :
« Se révolter, c'est courir à sa perte, car la révolte, si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l'intérieur du groupe, et la révolte, seule, aboutit rapidement à la soumission du révolté, et la révolte, seule, aboutit rapidement à la suppression du révolté par la généralité anormale qui se croit détentrice de la normalité. Il ne reste plus que la fuite. »[3]
Albert Camus, L'Homme révolté (première phrase du chapitre I) :
« Qu'est-ce qu'un homme révolté? Un homme qui dit non. Mais, s'il refuse, il ne renonce pas: c'est aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement. »[4]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Le soulèvement français : pourquoi maintenant ? », Le Monde diplomatique, (lire en ligne)
- Boris Cyrulnik, Je me souviens, Odile Jacob, 2010, p. 65.
- Henri Laborit, Éloge de la fuite, Éditions Gallimard, , 187 p. (ISBN 978-2-07-032283-1), p. 16
- Albert Camus, L'Homme révolté, Paris, Éditions Gallimard, , 383 p. (ISBN 978-2-07-032302-9), p. 27
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Coup d'État, Pronunciamento
- Chronologie de révolutions et de rébellions
- Émeute
- Insurrection
- Rébellion
- Lanceur d'alerte
- Révolution
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- La Révolte: Une honnêteté intellectuelle qu’il faut exprimer comme toutes les autres valeurs auxquelles nous tenons
- Révoltes et révolutions dans l'histoire de l'Humanité
- Gilbert Boss, Révolte et violence
- wikisource:Révolte : Chanson anarchiste