(Translated by https://www.hiragana.jp/)
Roland Jaccard — Wikipédia Aller au contenu

Roland Jaccard

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Roland Jaccard
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Roland Georges JaccardVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Autres informations
Site web
Archives conservées par
Archives littéraires suisses (CH-000015-0: ALS-Jaccard)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata

Roland Jaccard, né le à Lausanne et mort le à Paris, est un écrivain, journaliste, critique littéraire, essayiste et éditeur suisse.

Famille et vie privée

[modifier | modifier le code]

Sa mère, Cécile Jaccard, née Mangelberger, est autrichienne[2] ; son père, Alfred Samuel Jaccard, enseignant et diplomate[3], avait eu Henri Roorda pour professeur de mathématiques à Lausanne[4]. Son grand-père et son père se sont suicidés, le second l'année de ses 80 ans, en 1985, la veille de l'anniversaire de Roland Jaccard[5],[6].

Assistant du professeur Pierre Jaccard, il soutient une thèse en sciences sociales et psychologiques à l'École des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne, dont il tire un livre, La Pulsion de mort chez Mélanie Klein, paru en 1971[7],[8].

Revenu vivre les derniers mois de sa vie en Suisse[9],[10], il se suicide dans le 7e arrondissement de Paris le , deux jours avant ses 80 ans[11],[12],[13].

Édition et journalisme

[modifier | modifier le code]

Formé à la psychanalyse[14],[15],[16], il exerce pendant quelque temps[17], puis devient journaliste responsable de la rubrique « psychanalyse » au journal Le Monde entre 1969 et la fin des années 1980[18]. Il continue ensuite de contribuer occasionnellement au quotidien comme pigiste[19].

Essayiste, il se fait connaître en 1975 par l'essai L'Exil intérieur : schizoïdie et civilisation, dans lequel il critique la société, faisant un diagnostic de « schizoïdie généralisée »[20].

Romancier, il écrit Sugar Babies, Flirt en hiver, Une fille pour l'été. Parmi ses autres ouvrages les plus connus se trouve une trilogie autobiographique : L'âme est un vaste pays, Des femmes disparaissent, L'Ombre d'une frange[16],[9].

Il est l'auteur de monographies dont celles consacrées à l'actrice Louise Brooks et aux psychanalystes Melanie Klein et Lou Andreas-Salomé[21]. Il a écrit plusieurs essais sur Freud[16]. Il a également écrit des recueils de textes critiques[16].

Installé à Paris, il est aussi éditeur[22] et contribue à lancer la carrière d'écrivains et d'intellectuels tels que Frédéric Pajak[23], André Comte-Sponville[22], Romain Slocombe, Frédéric Schiffter[24]. En 1993, il dirige la publication du collectif Histoire de la psychanalyse[16].

À partir de 1995, il est membre du jury du prix de l'écrit intime[25].

Roland Jaccard en .

Il crée et dirige pendant trente-cinq ans, jusqu'au début des années 2000 la collection « Perspectives critiques » aux PUF[16].

Il a tenu une chronique mensuelle dans Causeur, magazine fondé par Elisabeth Levy en 2007, intitulée « Les carnets de Roland Jaccard »[16].

Prises de position

[modifier | modifier le code]

Partisan du suicide[26], il écrit en 1992 Manifeste pour une mort douce avec le directeur de la Collection de l'art brut à Lausanne, Michel Thévoz, et s'engage pour le suicide assisté[16]. Dans son dernier livre autobiographique On ne se remet jamais d’une enfance heureuse, sorti en 2021 quelques semaines avant sa mort, il annonce qu'il se suicidera « après l'été », déclarant que la vieillesse lui fait « horreur »[16],[13].

Il est décrit comme étant un « nihiliste »[26],[15],[27], un « hédoniste pessimiste » qui pratique le cynisme, l'autodérision, l'auto-dénigrement[27] (« Je suis un pauvre type »[22]), et cultive la « noirceur » et « une désillusion sardonique »[9]. Dans La Tentation nihiliste, il brosse le portrait de divers nihilistes comme Stefan Zweig et Giacomo Leopardi[28]. Il est un admirateur d'Emil Cioran[9].

Selon Marie-Violette Bernard et Alice Galopin, il a encensé un essai de Gabriel Matzneff, « vilain monsieur » et lui a passé « ces aveux aussi scabreux que courageux »[29]. Selon Jérôme Garcin, il aurait fréquenté avec Gabriel Matzneff la piscine Deligny, draguant des « nymphettes », avant qu'ils ne se brouillent[26].

Roland Jaccard a fait partie du Mouvement démocratique des étudiants (dissous en 1964), qui regroupait différentes tendance de la gauche suisse. D'après l'historien Pierre Jeanneret, il y représentait le courant socialiste avec, notamment, Yvette Jaggi[30]. Ses positions politiques ont évolué dans les dernières années de sa vie « du FLN au FN » selon ses propres termes[14],[17]. Dans son dernier billet de blog juste avant sa mort, il déclare n'avoir « jamais caché [s]a sympathie pour Éric Zemmour »[9].

Journaux et récits

[modifier | modifier le code]
  • Écrits irréguliers…, journal, 1969
  • Un jeune homme triste, journal, 1971
  • Les Chemins de la désillusion, journal/aphorisme, Grasset, 1979
  • L'âme est un vaste pays, journal, Grasset, 1983
  • Des femmes disparaissent, journal, Grasset, 1985
  • Sugar babies, Le Castor astral, 1986 (dessins de Christophe Krafft) ; réédité chez Zulma, 2002 (photographies de Romain Slocombe)
  • L'Ombre d'une frange, journal, Grasset, 1987
  • Flirt en hiver, journal, Plon, coll. « Carnets », 1991 ; Le Livre de poche, coll. « Biblio Essais », 1993
  • Le Rire du diable, journal, Zulma, 1994 ; Le Livre de poche, coll. « Biblio Essais », 1996
  • Journal d'un homme perdu, journal, Zulma, 1995
  • Une fille pour l'été, journal, Zulma, 2000
  • Vertiges, journal, 2000
  • L'Homme élégant, aphorismes, Zulma, 2002
  • Journal d'un oisif, journal, PUF, 2002
  • Portrait d’une flapper, récit, PUF, 2007
  • Retour à Vienne, récit illustré par Romain Slocombe, Melville-Léo Scheer, 2007
  • Sexe et sarcasmes, carnets, PUF, 2009
  • Ma vie et autres trahisons, Grasset, 2013
  • Une Japonaise à Paris, L'Éditeur, 2014
  • Une liaison dangereuse, cosigné avec Marie Céhère, L'Éditeur, 2015
  • De l'influence des intellectuels sur les talons aiguilles, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2016
  • Station terminale, Serge Safran Éditeur, 2017
  • Confession d'un gentil garçon, Pierre-Guillaume de Roux, 2020
  • Au café Schopenhauer, 2020
  • La nuit où j'ai cru devenir fou, 2020
  • On ne se remet jamais d'une enfance heureuse, Éditions de l'Aire, 2021
  • La Pulsion de mort chez Melanie Klein, 1971
  • L'Homme aux loups, 1973
  • Ce que Melanie Klein a vraiment dit, 1974
  • L'Exil intérieur : schizoïdie et civilisation, PUF, coll. « Perspectives critiques », 1975 ; réédité en 1979 et 2006[31]
  • Louise Brooks : portrait d'une anti-star (biographie), Phébus, 1977 ; Ramsay, 1985
  • Dictionnaire du parfait cynique, illustré par Roland Topor, Hachette, 1982 ; réédition 2007, Zulma
  • Lou, autobiographie fictive de Lou Andreas-Salomé, Grasset, 1982
  • La Folie, PUF, coll. « Que sais-je ? », nº 2121, 1983 ; 5e édition en 1993
  • Freud, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1983
  • La Tentation nihiliste, PUF, coll. « Perspectives critiques », 1989 ; PUF, coll. « Quadrige », 1991
  • Les Séductions de l'existence, en collaboration avec F. Bott, D. Grisoni et Y. Simon, Le Livre de poche, coll. « Biblio Essais », 1990
  • De la volupté et du malheur d'aimer, en collaboration avec F. Bott, D. Grisoni et Y. Simon, Le Livre de poche, coll. « Biblio Essais », 1992
  • Manifeste pour une mort douce, en collaboration avec Michel Thévoz, Grasset, 1992
  • Freud, jugements et témoignages, 1993
  • Le Cimetière de la morale, PUF, coll. « Perspectives critiques », 1995 ; Le Livre de poche, coll. « Biblio Essais », 1998
  • Topologie du pessimisme, dessins de Georges Wolinski, Zulma, 1997
  • L'Enquête de Wittgenstein, PUF, coll. « Perspectives critiques », 1998 ; réédition Arléa, coll. « Arléa-Poche », n° 246, 2019
  • Un climatiseur en enfer, Zoé, 2001
  • Cioran et compagnie, PUF, 2004
  • Penseurs et Tueurs, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2018
  • John Wayne n'est pas mort, Pierre-Guillaume de Roux, 2019
  • Dis-moi la vérité sur l'amour, 2020

Références

[modifier | modifier le code]
  1. « https://www.helveticarchives.ch/detail.aspx?ID=561845 » (consulté le )
  2. « Jaccard, Roland : Fonds Roland Jaccard », sur Archives littéraires suisses.
  3. « Jaccard, Roland : Fonds Roland Jaccard », sur Archives littéraires suisses.
  4. Roland Jaccard, Cioran et compagnie, Presses universitaires de France, , 134 p. (lire en ligne), p. 113-115.
  5. « Roland Jaccard : “Après tout personne ne vous oblige à être vieux…” », sur souffleinedit.com, .
  6. Florence Millioud-Henriques, « Roland Jaccard, “un homme qui a vécu debout” », Tdg.ch,‎ (lire en ligne).
  7. « Œuvres de Roland Jaccard en français », sur ead.nb.admin.ch.
  8. « Biographie », sur ead.nb.admin.ch.
  9. a b c d et e Eléonore Sulser, « Roland Jaccard disparaît », Le Temps,‎ (lire en ligne).
  10. « Carnet noir – Roland Jaccard, «un homme qui a vécu debout» », sur 24 heures (consulté le )
  11. Dahlia Girgis, « Décès de Roland Jaccard, penseur de la mort », sur Livres Hebdo,
  12. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  13. a et b « Roland Jaccard est décédé » sur 24heures.ch.
  14. a et b « Mort de l’essayiste et chroniqueur Roland Jaccard », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. a et b Patrick Besson, « Histoire d’un amour », sur Le Point, (consulté le ).
  16. a b c d e f g h et i « L'écrivain, journaliste et éditeur Roland Jaccard est décédé », sur rts.ch, (consulté le ).
  17. a et b Tahar Ben Jelloun, « Tahar Ben Jelloun – Roland Jaccard est mort », sur Le Point, (consulté le )
  18. Frédérique Roussel, « Roland Jaccard, vertige de l’ancien «Monde» », sur Libération, (consulté le )
  19. Marc Alpozzo, « Le Monde d’avant, Journal de 1983-1988 de Roland Jaccard », sur Boojum, (consulté le ).
  20. Yves Florenne, « L'Exil intérieur, de Roland Jaccard », sur Le Monde diplomatique, (consulté le ).
  21. « La confession d'une crapule », sur La Libre.fr, .
  22. a b et c « «Je suis un pauvre type» », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le ).
  23. « Frédéric Pajak se fait passeur », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. « La littérature est morte ! », sur Les Plus Belles Plumes, (consulté le ).
  25. Anne Coudreuse et Françoise Simonet-Tenant (dir.), Pour une histoire de l'intime et de ses variations, Paris, Éditions L'Harmattan, 2009, p. 7.
  26. a b et c « Matzneff, Jaccard : nihilisme distingué » par Jérôme Garcin, dans L'Obs du 9 avril 2013.
  27. a et b « Chère Louise Brooks », sur Bibliobs, (consulté le )
  28. « "La Tentation nihiliste", de Roland Jaccard », sur Valeurs actuelles, (consulté le )
  29. « Affaire Matzneff : quand une poignée d'intellectuels défendait la pédophilie "au nom de la liberté absolue" dans les années 70 », par Marie-Violette Bernard, pour France Télévisions le 5 janvier 2020.
  30. Pierre Jeanneret, Contestations et mouvements 1960-1980, Éditions d'en bas, (ISBN 978-2-8290-0325-7, lire en ligne)
  31. Yves Florenne, « L'Exil intérieur, de Roland Jaccard », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes

[modifier | modifier le code]