Shōen
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Les shōen (
Présentation[modifier | modifier le code]
Un shōen est un domaine privé, souvent autonome, exempté de façon plus ou moins partielle d'impôts, existant des environs du VIIIe siècle jusqu'à la fin du XVe siècle ; historiquement, le développement de ce système sape le pouvoir politique et économique de l'empereur et contribue à la croissance de puissants clans locaux.
À mesure que le nombre de ces biens augmente, ils deviennent indépendants du système administratif civil et contribuent à la montée d'une classe militaire locale. Avec la création du shogunat de Kamakura, ou dictature militaire, en 1192, les intendants nommés par le pouvoir central (jitō) affaiblissent la puissance de ces propriétaires. Le système shōen disparaît au milieu du XVe siècle, lorsque les villages deviennent des unités autonomes, en raison de loyauté envers un seigneur féodal, ou daimyos, qui divise la région en fiefs et perçoit une taxe fixe.
Les shōen peuvent être distingués par période historique. Les premiers domaines se développent à partir des terres attribuées à des sanctuaires shintoïstes ou bouddhistes officiellement approuvés ou accordés par l'empereur comme cadeaux à la famille impériale, à des amis ou des fonctionnaires ; ce type de domaine finit par disparaître au cours de la période Heian. Après la décadence du système ritsuryō, un système féodal se développe : les propriétaires fonciers partagent les recettes produites (appelées shiki) avec de plus puissants dirigeants, souvent à la cour, afin d'être exemptés de taxes et de contourner le système d'égalisation des terres (en) de style chinois, selon lequel les terres sont redistribuées à intervalles réguliers. À l'époque de Kamakura se met en place une hiérarchie d'intendants domaniaux (jitō), gouverneurs de province militaire (shugo) et le shogun à Kamakura. Les shōen sont complètement libres de toute ingérence du gouvernement impérial qui n'a donc rien à dire ni ne contrôle ce qui se passe dans les limites desdits shōen.
À la fin de l'époque de Heian, pratiquement toutes les terres japonaises sont devenues des shōen et continuent à l'être après la guerre d'Ōnin jusqu'à ce que l'époque Sengoku marque la « déféodalisation » de la société japonaise.
Histoire[modifier | modifier le code]
Les shōen apparaissent au VIe siècle pour disparaître au XVIe siècle. Ils peuvent être distingués par période historique et un shōen de chaque période a des caractéristiques spécifiques à sa formation et aux relations avec les cultivateurs de ses champs. Il existe deux périodes principales de développement des shōen, même si d'autres catégorisations plus petites et plus détaillées existent. Le premier type, qui se développe au milieu de l'époque de Nara, est maintenant appelé shoki-shōen (
Avant le système ritsuryō[modifier | modifier le code]
Les plus anciens antécédents des shōen sont les tatokoro ou tatokoro naritokoro (
Politique foncière de l'époque de Nara[modifier | modifier le code]
La nouvelle politique du gouvernement central au cours de l'époque de Nara, initialement conçue pour encourager la valorisation des terres, joue un rôle important dans le développement des shōen. Au cours des deux siècles, VIIe et VIIIe siècles, le régime appelé « des Codes » a fleuri. La politique agraire régit par les Codes, ritsuryō (codes pénal [ritsu] et administratif [ryo])[1], appelée handen-shūju-sei (
Shoki-shōen[modifier | modifier le code]
Une caractéristique qui distingue les shoki-shōen primitifs des shōen médiévaux est leur mode de formation. La plupart des shoki-shōen sont établis par un temple bouddhiste ou un noble de la capitale, en obtenant la propriété de l'un des deux types de rizières : celles qui existaient avant la propriété du temple ou du noble, et celles mises en valeur sous l'ordre du temple ou du noble. Les shoki-shōen sont composés principalement de terres nouvellement mises en valeur, et en conséquence ceux-ci sont-ils parfois appelés kondenchi-kei-shoki-shōen (垦田
Une autre caractéristique des shoki-shōen est le système de fermage annuel des rizières. Il n'y a pas d'habitants permanents sur les shoki-shōen et ces champs n'ont pas de cultivateurs réguliers, aussi les droits de culture sont-ils loués par un contrat d'un an pour les paysans qui habitaient le voisinage des shōen.
Il est donc indispensable de recruter l'aide des paysans qui font presque tout le travail de culture afin d'assurer une main-d'œuvre stable pour la culture et la valorisation des nouveaux champs. Un propriétaire d'un shoki-shōen utilise souvent le système local du gouvernement daijō-kan, kuni et kōri pour répondre à ce besoin. Le propriétaire d'un shoki-shōen qui habituellement est assigné par le gouvernement central en tant que kokushi (
Formation des chūsei-shōen[modifier | modifier le code]
Les chūsei-shōen (médiévaux) se distinguent des shoki-shōen principalement par l'existence de shōmin (
Un autre trait distinctif des chusei-shōen réside dans leurs exemptions de certains types de taxe imposées par le gouvernement central. Au milieu ou la fin de l'époque de Heian, il existe deux types d'impôts. L'un d'entre eux est la corvée, travail effectué sous la surveillance du kuni, et l'autre est une taxe sur les produits de la ferme (environ 3 % de riz ou autres produits agricoles). Pour échapper à ces taxes, les paysans veulent être gouvernés et protégés par les propriétaires des shōen qui sont généralement un temple bouddhiste politiquement influent, un sanctuaire shintoïste ou un noble de cour. Pour assurer cette protection par les propriétaires de shōen, les paysans font don de la propriété nominale des terres des champs qu'ils cultivent aux propriétaires de shōen. Ces terres, nominalement données au propriétaire d'un shōen sont historiquement appelés kishinchi (
Dans le même temps apparaissent des shōen qui réunissent des territoires en dépossédant les paysans de la propriété foncière. Dans certains cas, les propriétaires de shōen exigent un tribut des paysans qui cultivent les champs voisins et si les paysans ne peuvent pas payer ce tribut, le shōen confisque leurs champs. Dans d'autres cas, un paysan ne peut pas s'acquitter du droit d'exploitation des terres shōen et le propriétaire du shōen, qui est créancier du cultivateur, saisit les droits fonciers du cultivateur comme substitut du crédit ; dans ce cas, le paysan devient lié au shōen en tant que shōmin plutôt que fermier. Ce genre de shōen est parfois appelé konden-shūseki-shōen (
Il existe plusieurs types de chūsei-shōen et chaque type de shōen dispose d'un processus particulier pour parvenir à un statut d'exonération de l'impôt.
Kanshōfu-shō[modifier | modifier le code]
Un kanshōfu-shō (
Kokumen-shō[modifier | modifier le code]
Un kokumen-shō (
Aux Xe et XIe siècles, les kokumen-shō se développent rapidement et, en 1040, le gouvernement central n'est plus en mesure de continuer à les ignorer et finalement interdit explicitement de nouvelles permissions d'exemption d'impôts de la part des kuni. Cette ordonnance est à présent appelée chōkyū-shōen-seiri-rei (« ordre de régulation des shōen durant l'ère Chōkyū » en japonais).
Rinjizōyaku-menjo-shōen[modifier | modifier le code]
Rinjizōyaku (
Shōen durant l'époque de Kamakura[modifier | modifier le code]
Shōen durant la période Muromachi[modifier | modifier le code]
Au lendemain de la guerre d'Ōnin, la puissance des shōen disparaît tandis que de nouveaux daimyos apparaissent et prennent le contrôle de la Cour. Ces daimyos dissolvent ou détruisent les shōen, préférant garder les paysans sous leur contrôle direct et en font effectivement des serfs en échange de leur protection.
Shōen dans la période Sengoku[modifier | modifier le code]
Le système est réformé via le taikō kenchi.
Source de la traduction[modifier | modifier le code]
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Shōen » (voir la liste des auteurs).
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Francine Hérail, 2009, p. 89.
Annexes[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- Dictionnaire historique du Japon, 1992, « Shōen », p. 88-90.
- John Whitney Hall, « Terms and Concepts in Japanese Medieval History: An Inquiry into the Problems of Translation », Journal of Japanese Studies, vol. 9, no 1, hiver 1983, « Shōen », p. 29.
- Francine Hérail (dir.), Guillaume Carré, Jean Esmain, François Macé et Pierre Souyri, Histoire du Japon. Des origines à nos jours, Paris, Éditions Hermann, , 1413 p. (ISBN 978-2-7056-6640-8).
- (ja) Amino Yoshihiko et al., Shōen no seiritsu to ryōyū (
荘園 の成立 と領有 , The Rise of Japanese Manors and their Territorial Rights) (Kōza Nihon shōen shi講座 日本 荘園 史 , 2), Tokyo, Yoshikawa Kōbunkan, 1991 (ISBN 4-642-02692-4).