Wikipédia:Termes à utiliser avec précaution
Il n’y a pas de mots censurés sur Wikipedia, mais certains termes doivent être utilisés avec précaution car ils peuvent introduire un biais. Ils risquent alors d’appuyer un point de vue, être péjoratifs ou adopter un style non souhaitable.
Les conseils dans cette page ne se limitent pas aux exemples fournis et ne doivent pas être appliqués de façon rigide. Par exemple, certains mots ont des significations techniques spécifiques dans certains contextes et sont acceptables dans ces contextes. Mais souvent, un mot peut avantageusement être remplacé par un autre prêtant moins à malentendu.
Catégories de mots à éviter
De façon générale, les mots et expressions qui devraient être évités sont :
- les termes ambigus, évasifs ou non spécifiques. Voir également Wikipédia:Contenu évasif ;
- les termes péjoratifs, blessants ou injurieux ;
- les termes et tournures qui laissent entendre que Wikipédia soutient un point de vue ou au contraire doute de celui-ci ;
- les termes qui montrent une condescendance vis-à-vis des lecteurs ou qui indiquent une volonté trop didactique ;
- les termes excessivement positifs ou flatteurs ;
- les termes ne permettant pas de se situer dans le temps (aujourd'hui, actuellement, il y a deux ans…).
Plus généralement, il convient de préférer les noms et verbes aux adjectifs et adverbes. La plupart des termes ont leur place s’ils sont utilisés de façon précise et correcte.
Termes évasifs
La plupart des gens, souvent, généralement
Ces termes posent deux types de problèmes. D’une part, ils posent l’existence d’une norme implicite et, d’autre part, ils peuvent servir à donner l’apparence d’une opinion convenablement attribuée à un lieu commun non sourcé. Ce qui a valeur de généralité dans une certaine aire culturelle (par exemple : les grandes villes françaises) n'est pas forcément vrai dans une autre (par exemple : les communautés rurales du Sichuan).
Usages douteux :
- « La prostitution est souvent aux mains de la criminalité organisée. »
- Cette phrase cumule les problèmes : elle ne précise pas en quels lieux ni à quelles époques elle est censée être valide et ne fournit pas de source permettant d’estimer quelle proportion de la prostitution est « aux mains de la criminalité organisée ».
Inégalé, sans pareil, hors pair
Employés absolument, ces termes posent une affirmation très forte, qu’il est souvent très difficile de justifier rationnellement : « X est un Y sans pareil » signifie que X est le meilleur Y qui ait jamais existé (selon quels critères ?). Même lorsque la portée de l’affirmation est suffisamment circonscrite pour être justifiée et que les critères de jugement sont explicités, ces termes possèdent une forte connotation laudative et il est préférable d’utiliser une formulation du type « X est le Y le plus Z au sein de T ».
Usages douteux :
- « La forêt amazonienne possède une biodiversité inégalée. »
- Même si la forêt amazonienne est bien actuellement la région terrestre possédant la plus grande biodiversité, il est très difficile d’assurer qu’il n’a jamais existé de région en possédant une plus grande.
- « Navigateurs hors pair, les Vikings… »
- Selon quels critères juge-t-on les navigateurs ? Qu’est-ce qui permet d’affirmer que les Vikings sont meilleurs navigateurs que les Polynésiens ou les explorateurs européens des Grandes découvertes ?
Dans le monde entier, universellement
Là encore, il s'agit de généralisations abusives, impossible à démontrer rationnellement. Car pour être présent « dans le monde entier », il faut pouvoir se trouver sur chaque continent, dans chaque pays, sur chaque île... De même, être universellement connu suppose qu'il n'existe pas d'exceptions, que personne n'ignore le sujet dont on parle.
Usages douteux :
- « L'entreprise est désormais présente dans le monde entier. »
- Même une très grande entreprise bénéficiant d'une réputation internationale n'est pas nécessairement présente dans chaque pays, voire sur tous les continents. Si de plus il s'agit d'une entreprise récente, l'usage d'un terme aussi évasif est problématique, et prend un caractère promotionnel marqué.
- « Le talent de ce jeune écrivain est universellement reconnu. »
- Pour que le talent de l'écrivain en question soit « universellement » reconnu, il faudrait qu'il n'existe aucune critique négative sur ses œuvres ou sur lui-même. Une telle situation est suffisamment rare pour en devenir suspecte, et susciter quelques questions sur l'origine d'autant de critiques uniformément favorables.
Termes susceptibles de mettre en avant un point de vue
Prétendre, usage du conditionnel, etc.
L’emploi du conditionnel ou l’introduction de propos rapportés par « prétendre », « assurer », « avancer », « soutenir », etc. mettent nettement en doute les propos en question, et sont donc généralement à éviter en l’absence d’éléments assurant le caractère douteux ou inexact de l’affirmation contestée. Si ces éléments sont présents, l’usage du conditionnel peut aussi être nécessaire pour souligner un état d’incertitude, mais un mauvais usage risque de pervertir le sens de la phrase, allant dans le pire des cas à sous-entendre la négation ou à tourner une phrase de façon ironique. L’emploi du conditionnel dans ses valeurs d’irréel, de potentiel ou de futur dans le passé ne pose bien sûr pas ces problèmes.
Se poser des questions : Qui ? Pourquoi ?
Usages douteux :
- « Einstein aurait inventé la relativité. »
- On ne cite pas l’auteur de cette allégation. Trop d’incertitudes transparaissent pour que la phrase soit une affirmation.
- « La musique de Pink Floyd serait de haute qualité. »
- Selon qui ?
- « Georges Bush affirma dans son discours qu’Al Quaïda serait responsable des attaques du 11 septembre. »
- L’usage du conditionnel suggère nettement que les propos sont mensongers ou inexacts.
- « Les fabricants prétendent que ce jet d’eau aide contre la constipation et les hémorroïdes. »
- Les affirmations des fabricants sont nettement mises en doute. Il serait préférable d’utiliser le verbe « affirmer » et d’indiquer, s’il y a lieu, les raisons de douter de cette affirmation (par exemple : « mais une étude (SOURCE) n’a pas mesuré d’effet significatif. »)
Usages acceptables :
- « Si la Terre était plus proche du Soleil, la vie n’aurait pas pu s’y développer. »
- On fait explicitement une hypothèse, à des fins didactiques. Le conditionnel a ici valeur d’irréel.
- « Ces programmes prétendent être légitimes (souvent de petits jeux ou utilitaires), mais comportent des routines nuisibles »
- Les programmes se présentent comme légitimes mais ne le sont en fait pas. L’utilisation du verbe « prétendre » est donc justifiée.
Soi-disant
Note pour des traducteurs : traduire systématiquement « so-called » par « soi-disant » est très risqué, car le terme anglais peut aussi signifier « que l’on appelle » et n’a pas toujours la connotation négative qui existe en français. L'adjectif « soi-disant » ne se dit que d'une personne. Pour le reste, on emploie l'adjectif « prétendu(e) » ou l'adverbe « prétendument ».
Bien sûr, naturellement, bien entendu, selon toute évidence, manifestement
L’utilisation de ces termes implique une absence de doute. Malheureusement, ils peuvent aussi être utilisés pour éviter de fournir des explications, de citer des sources ou de fournir des arguments. Le lecteur risque en effet de comprendre « Au cas où vous ne le sauriez pas… ». Ces termes peuvent, s’ils sont mal utilisés, trahir un point de vue.
Même s’ils sont très souvent utilisés, ces mots sont souvent peu adaptés au style encyclopédique (sauf dans certains cas, notamment en sciences voir plus bas) et risquent d’être perçus comme condescendants. Néanmoins, il peut être nécessaire d’écrire des évidences. Se rapporter alors à la rubrique « énoncer des évidences ».
Il se peut cependant que des termes comme « bien sûr » soient utiles dans des explications si celle-ci est particulièrement facile à comprendre. Mais par souci de clarté il vaut mieux ne pas être tenté d’utiliser ces termes pour éluder des étapes d’une explication. Le lecteur risque alors de se demander si les étapes en question sont effectivement aussi simples qu’elles le paraissent ou si elles cachent quelque chose. Mais dans bien des cas il se peut que des lecteurs ne connaissent ou comprennent pas l’explication et il ne vaut mieux pas ajouter à leur gêne en utilisant ces termes car on risquerait de laisser entendre qu’ils sont stupides. D’ailleurs d’un point de vue rhétorique c’est souvent pour ce genre de sous-entendus qu’on utilise ces termes.
Usages douteux :
- « Bien entendu, Clinton ne fut pas destitué »
- « Bien sûr, nous savons tous que c’est tout à fait faux »
- « Hermann Goering, qui selon toute évidence allait être déclaré coupable fut condamné »
- « Bien entendu, les opposants au protestantisme ont suivi le mouvement »
- « Le but des travaux de Brahms a bien sûr été complètement perdu de vue par ses détracteurs »
Dans ces exemples l’utilisation des termes « Bien entendu » et ses analogues est douteuse car elle semble refléter le point de vue de l’auteur. Dans toutes ces phrases, il existe des personnes qui seraient prêtes à affirmer ne pas voir où est l’évidence et même soutenir que le contraire leur est tout aussi évident. Bref, de quoi alimenter les pages de discussion des articles. Ces phrases seraient plus acceptables si on citait pour qui ces phrases seraient évidentes : « Comme l’affirmait X, Y » ou « Comme le pensait X, Y ». Mais il faut là encore faire attention à X : s’agit-il d’une personne ou d’un groupe de personnes bien identifié ou d’un terme générique vague ?
Cas particulier de « naturellement »
L’utilisation de « naturellement » est possible dans le sens « d’une façon naturelle » et non pas pour conceptualiser de façon commode. Dans ce cas ce terme ne pose pas de problème.
Usages acceptables :
- « Le plutonium est produit naturellement dans les réacteurs nucléaires naturels du Gabon. »
Dans certaines disciplines, notamment les mathématiques, les mots « nature » ou « naturellement » ont des significations bien précises. On peut par exemple dire, sans abus de langage, que deux objets sont « naturellement isomorphiques ».
L’utilisation du terme « naturellement » et de ses dérivés ne trahit pas un point de vue, mais décrit une propriété intrinsèque ou le résultat d’un théorème. On rencontre souvent des démonstrations mathématiques où apparaît le terme « Du postulat X, il vient naturellement Y ». En général, la connaissance du postulat X permet de déduire facilement celle de Y. Il se peut pourtant que le lecteur n’ait pas les connaissances nécessaires pour comprendre la relation, aussi est-il conseillé de rappeler rapidement le postulat (ou théorème) utilisé ou d’utiliser un lien qui pointe vers son énoncé et ses implications. Pour un mathématicien, « naturellement » n’est pas considéré comme abusif, sauf si l’assertion est fausse.
En dehors de ces domaines, « naturellement » est soumis aux mêmes risques que « bien entendu » ou « comme de raison » et risque donc de trahir un point de vue ou de rabaisser le lecteur. Il faut donc prendre garde lorsqu’on utilise un de ces termes à se poser les questions suivantes : « Ce que je dis est-il vraiment si évident ? », « Est-ce évident pour tout le monde ? », « Ne serais-je pas en train de citer en fait mon point de vue sur la question ? », « Est-ce que le contraire de ce que je dis serait évident pour quelqu’un d’autre ? ». Si vous répondez oui à au moins une de ces questions, peut-être faudrait-il revoir la formulation. Enfin, si vous pensez que son emploi est légitime, posez-vous cette dernière question : « Puis-je expliquer simplement et clairement pourquoi c’est si évident ? ». Répondre non à cette question impliquerait alors un énorme contresens.
Essentiellement, principalement, en gros, dans le fond
Des expressions basées sur le modèle « Il s’agit essentiellement de X » peuvent trahir une préférence de l’auteur et éluder des précisions. En effet, il est parfois trop commode de créer des catégories et de ranger telle ou telle personne à l’intérieur en utilisant un de ces termes. Il ne faut pas perdre de vue que les catégories sont très souvent purement subjectives. Se poser alors la question : « Est-ce que tout le monde est d’accord avec ce que je dis ? » si ce n’est pas le cas, il y a de fortes chances que votre phrase trahisse votre point de vue de la situation. Là encore, il faut préciser qui dit quoi.
Usage douteux :
- « Le 11 septembre était essentiellement une bataille entre le Christianisme et l’Islam. »
Dans cet exemple, la phrase est tournée de façon à mettre en avant un point de vue de l’auteur. Ce qui est décrit est subjectif et n’est pas étayé.
Usage acceptable :
- « L’équation de Schroedinger est essentielle en physique quantique »
- L’usage non adverbial est acceptable dans ce cas de figure (tant que l’assertion est vraie).
- « La décision de larguer les bombes atomiques était principalement due aux difficultés qu’aurait entraînées l’invasion du Japon. »
- On justifie pourquoi une décision a été prise. Les arguments sont donc donnés. L’usage de « principalement » ne pose pas de problèmes ici.
Termes qui sous-entendent un jugement de valeur
Gauche/Droite, extrême (en politique ou en religion)
Il est extrêmement courant de décrire des politiciens ou des partis politiques en ces termes : « Le parti d’extrême droite de Jörg Haider, le Parti de la Liberté » ou encore « Derek Hatton, le politicien militant d’extrême gauche ». Malheureusement ces mots, bien que couramment employés par la presse doivent être utilisés avec précautions, car ils peuvent refléter un point de vue du narrateur ou une idée reçue et ne pas être en accord avec les idéologies des personnes ou groupes impliqués.
Afin de bien comprendre le problème, considérons l’exemple suivant : le Rassemblement National de Marine Le Pen est communément décrit comme un parti d’« extrême-droite ». Néanmoins, les membres du parti eux-mêmes dénient ce qualificatif. Ce genre de détail doit être consigné dans les articles sur les partis ou personnages politiques en question.
Naturellement, il ne faut pas penser que ces mots doivent être interdits, ils peuvent être utilisés par concision, notamment dans les articles où il n’est pas utile de décrire la position politique d’un parti avec précision. Néanmoins, il vaut mieux les éviter dans des articles qui traiteraient principalement des personnes ou groupes concernés.
Extrême
Ce qualificatif, même utilisé dans d’autres domaines que la politique et la religion, peut laisser entendre que l’auteur considère « extrême » par comparaison à autre chose de « pas si extrême ». Éviter son utilisation si on porte ce genre de jugement de valeur. En revanche, notamment dans les domaines scientifiques, il est possible de décrire et comparer deux « extrêmes » d’un phénomène sans faire d’abus de langage ni de jugement de valeur.
Suicide réussi/raté
Les qualificatifs "réussi/raté" induisent un jugement de valeur. Or, un suicide n'est pas un exploit sportif que l'on réussi ou rate mais un processus qui aboutit ou non au décès de la personne.
On parle donc de "suicide abouti" et de "suicide non abouti" ou "tentative de suicide" (qui peut être une tentative de suicide : abandonnée, empêchée, interrompue).
Termes qui risquent d'insinuer des faits pouvant se révéler être sans objet
Lié à, affilié à, associé à
Ces expressions impliquent une connexion sans forcément mentionner la nature de celle-ci et peuvent donc se révéler riches de sous-entendus, parfois sans objet. S’il faut utiliser des termes tels que « lié à », il faut mentionner la nature du lien et fournir les preuves de l’existence de celui-ci.
Usage douteux :
- « La Jama'at Islamiya, liée à Al-Quaida »
- « La compagnie X, affiliée à Enron »
- « Untel associé à l’Église de scientologie »
On remarque que la description précise des liens n’est pas décrite, pas plus que les preuves de l’existence des liens. L’utilisation de tels termes risque de donner davantage de valeur qu’il ne pourrait en exister en réalité et donner des idées reçues au lecteur.
Usage acceptable :
- « Les dirigeants du groupe X ont une forte association de travail avec ceux du groupe Y »
- Le lien est précisé.
- « Le parti communiste français est affilié au mouvement des travailleurs international »
- Là encore, on précise le lien, mais il s’agit en plus d’une affiliation dans le sens juridique du terme.
Selon la légende, on raconte que, on pense que...
De tels termes peuvent être un paravent pour cacher un manque de sources ou de recherches ou pour inventer des « légendes » aux origines assez douteuses. Utiliser un discours passif sans en attribuer l’auteur est dangereux, car cela peut mener à des cas de contenu évasif. Néanmoins, dans le cas d’articles historiques qui manquent de sources pertinentes (comme des histoires du Moyen Âge ou de l’Antiquité), ce genre d’expression est accepté, bien qu’il faille également avertir le lecteur du manque de fiabilité des sources.
Statistiques
Lors de l'interprétation de statistiques, il faut prendre garde à ne pas mélanger pourcentages et chiffres, comme dans la phrase suivante : « Au Royaume-Uni, 30 % des foyers ont des animaux domestiques, dont 1,5 million de chiens ». Une telle phrase ne donne aucun véritable renseignement au lecteur, car on ne peut ni en déduire la proportion des chiens ou des autres animaux, ni le nombre de foyers qui ont des animaux domestiques. Malheureusement, même dans la presse, ce genre d’imprécision est très fréquent.
Prenons une autre construction à problème : « L’Allemagne Nazie fit bâtir 300 camps de concentration ou prisons » ou « environ 2 000 civils tués ou blessés ». Dans la première phrase, il aurait fallu préciser « 20 camps de concentration et 280 prisons ». La phrase de départ est particulièrement ambiguë et pourrait laisser penser que les camps de concentration sont des prisons et vice-versa, ou que 300 camps de concentration auraient été construits. Dans la seconde phrase, rien n’empêche de penser que le bilan fut de 1 tué et d’environ 2 000 blessés. Pourtant, la phrase de départ laisse entendre qu’il y aurait eu presque 2 000 tués.
Ce problème se produit lorsque, pour souligner la gravité de quelque chose, on inclut dans un bilan tous les chiffres sans donner le détail. Ce genre d’effet est souvent employé sciemment, mais ne convient pas à une encyclopédie.
Notez qu’il faut également faire attention au mot « victime » qui peut aussi bien se référer aux blessés qu’aux morts.
Exploiter les statistiques requiert donc de soigner particulièrement la forme pour éviter des erreurs d’interprétation. Faire attention à citer ses sources avec précision.
Termes formellement précis mais qui deviennent le support implicite d'un point de vue
De nombreux termes sont utilisés dans la vie de tous les jours et définis précisément par le dictionnaire, mais sont néanmoins utilisés par les « étrangers » d’un cercle à ceux qui sont dedans. Par exemple :
- « La secte de scientologie débuta… »
- « X fut reconnu coupable de pédophilie, une forme de perversion sexuelle. »
- « L’homéopathie est une approche curative pseudoscientifique… »
Ces termes véhiculent souvent auprès du lecteur un point de vue, celui de « l’étranger qui regarde les membres d’un groupe et qui les catalogue comme il les voit ». Beaucoup de termes péjoratifs reposent sur ce principe.
Ce n’est pas la même chose que le politiquement correct. Le but est de décrire, et pas de trouver le terme le moins offensant. Ainsi :
- l’Église de Scientologie « est décrite comme une secte par la source X » ;
- l’homéopathie « gagne en popularité, mais ni son empirisme ni son fondement hypothétique ne répondent aux normes scientifiques ».
C’est souvent une bonne idée que d’éviter les termes qui risquent d’être perçus comme un point de vue par certains groupes, même si techniquement ils ne le sont pas, quand un mot plus neutre peut être employé à la place. Le plus facile est souvent de décrire plutôt que de chercher à cataloguer, ou de citer de façon neutre une source crédible qui aurait employé le terme.
Cela s’applique même quand le terme que l’on veut employer est techniquement précis, ou utilisé par des sources très sûres, car dans certains contextes un point de vue peut transparaître.
États-Unien (nom), états-unien (adj.)
Le terme « États-Unien » (variante orthographique : « étasunien ») est parfois utilisé pour désigner les habitants des États-Unis. Néanmoins, le gentilé « Américain » est non-seulement d’un usage largement majoritaire en langue française mais il est de plus, sur un plan officiel, le seul terme indiqué dans le code de rédaction interinstitutionnel de l’Union européenne[1] ainsi que dans la Liste annexée à l’arrêté français du 4 novembre 1993, qui contient les recommandations de l’administration française à destination de ses fonctionnaires sur l’usage des gentilés. En outre, le mot « États-Unien » et ses variantes sont souvent employés dans des textes critiques à l'égard des États-Unis, voire antiaméricains, sans que ceux-ci en aient par ailleurs l'exclusivité : l'expression est donc porteuse d'une connotation qui peut contrevenir à la neutralité de ton.
À la suite d'une décision communautaire prise le 14 septembre 2010, il est demandé de ne plus l’employer dans les articles de Wikipédia partout où il peut être remplacé par « américain ». Les contributeurs souhaitant éviter autant que possible d’écrire « américain », peuvent écrire « des États-Unis », à condition de ne pas aller à l’encontre de l’usage et de la grammaire. Il est ainsi correct, et même recommandé, d’écrire « Le Président des États-Unis » ou « une ville des États-Unis » au lieu du « Président américain » ou d’« une ville américaine ». Il n’est par contre pas correct - et guère élégant - d’écrire « un savant des États-Unis » « un roman des États-Unis » ou « un film des États-Unis » : on écrira, suivant l’usage, « un savant américain », « un roman américain » ou « un film américain ».
Pour plus d'information sur le terme et son usage, voir l'article Dénomination des États-Unis et de leurs habitants et sa définition sur le Wiktionnaire.
Racisé
L'adjectif racisé découle du mot racisation, concept sociologique qui désigne le processus par lequel une personne est caractérisée par son appartenance (supposée) à une race humaine. Le Robert en donne, en 2018, la définition suivante : « Personne touchée par le racisme, la discrimination ».
Ce terme a néanmoins fait l'objet de polémiques liées à son emploi par divers groupes militants, qui l'utilisent pour désigner toute personne « non-blanche », que celle-ci soit ou non victime de racisme. Dans ce contexte, le mot — jusque-là peu connu — a été dénoncé par certains comme faisant partie d'un discours raciste, ou du moins qui aboutirait à assigner une identité victimaire à toutes les personnes qui ne seraient pas « blanches » et à en exclure par principe toutes celles qui le seraient.
Du fait de son caractère controversé, il est donc préférable de ne pas employer le terme « racisé » pour désigner des personnes « non blanches », et encore moins les personnes non blanches dans leur ensemble. Si le terme apparaît dans le cadre d'un discours cité dans un article, il est nécessaire de le mettre entre guillemets et d'attribuer le point de vue.
Termes avec des significations multiples ou controversées
Secte
Terroriste, terrorisme, résistance
Les termes extrémiste, terroriste et résistant sont parfois controversés et porteurs d’un point de vue. « Extrémiste » et « terroriste » sont des termes péjoratifs, utilisés le plus souvent par des adversaires. De même, « résistant », en dehors de la résistance au nazisme, est utilisé en soutien à la cause. Ces termes ne devraient pas être utilisés sans référence dans les articles.
Si une source fiable décrit une personne ou un groupe en utilisant un de ces mots, alors le mot peut être utilisé, mais toujours avec une citation vérifiable. Si le terme est utilisé avec une signification claire par de multiples sources indépendantes fiables, les citations de diverses sources devraient apparaître. Lors du remplacement d’un de ces termes avec un moins controversé, le mot à utiliser doit être choisi au cas par cas, en tenant compte de l’ambiguïté des termes, de la pertinence et du contexte. Des descriptions factuelles telles que poseur de bombe, pirate de l’air, preneur d’otage, kidnappeur et kamikaze sont souvent plus appropriés. Assassin peut, dans certains cas, être approprié, mais ce terme peut aussi refléter une non-neutralité de point de vue (d’où des euphémismes tels que assassinat ciblé). D’autres termes peuvent être envisagés, mais qui peuvent aussi refléter une non-neutralité de point de vue : insurgé, paramilitaire, partisan, militant, rebelle.
Quand un article fait référence à la notion générale de terrorisme, d’extrémisme ou de résistance, ces termes peuvent généralement être utilisés (par exemple dans l’article Terrorisme). Néanmoins, des précautions doivent être prises dans ces articles lors de l’application de l’étiquette « terroriste », « extrémiste », ou « résistant » à une personne déterminée, un groupe ou un événement.
Fondamentalisme
Théorie
Une théorie est une « construction intellectuelle méthodique et organisée » (Le Petit Robert), en partie fondée sur des hypothèses. On peut parler de théorie à propos d'un système de pensée, d'une thèse ou d'un texte spéculatif. Une hypothèse seule n'est cependant pas une théorie. On évitera de confondre également théorie et idéologie, ou théorie et croyance.
Mythe
Le mythe désigne d'une part un récit relatant des faits imaginaires, transmis par tradition orale ou écrite. Les personnages qu'il met en scène sont souvent des allégories de phénomènes physiques, moraux, sociaux ou métaphysiques. C'est à cette définition que fait référence l'adjectif « mythologique ». Il est tout à fait correct de parler du mythe d'Orphée dans une encyclopédie.
D'autre part, il désigne la transformation et l'idéalisation qu'une population a effectuées d'un fait historique, mais interprétés jusqu'à devenir une légende s'écartant des faits.
Enfin, il est employé pour décrire un rêve inaccessible, une vue de l'esprit, dont la probabilité de réalisation est nulle ou inenvisageable à l'échéance voulue.
Utiliser « mythe » pour parler d'un fait historique non « mythologique » revient donc à considérer qu'il a été interprété et déformé et donc qu'il n'a aucune valeur historique. Pour parler d'un évènement à venir, utiliser « mythe » revient à jeter un doute sur la possibilité que cet évènement advienne.
Dictateur
Le mot « dictateur » possède deux sens. Il désigne dans l'Antiquité romaine un magistrat extraordinaire qui bénéficie de pouvoirs illimités mais temporaires, dans le but de résoudre une crise importante. Au XIXe siècle, Garibaldi emploie le terme de prodictateur, reprenant cette référence à l'Antiquité, pour désigner après l'expédition des Mille, les dirigeants des différentes zones libérées, lui-même sera prodictateur de Naples.
Le dictateur désigne pour le XXe siècle des personnes qui se sont emparées du pouvoir, généralement par un coup d'État, et qui ont instauré un régime autoritaire, voire totalitaire, qui les dispense de tout contrôle du pouvoir. On compte parmi les caractéristiques des dictatures la fermeture du parlement, la suspension des partis, et l'importance de la police politique.
Les dictatures se distinguent toutes par les violences dont elles sont responsables : non-respect de l'État de droit, usage de la torture et des disparitions d'opposants. On distingue les dictatures personnelles, centrées sur un chef, les dictatures militaires, et les dictatures fascistes, qui tendent vers le totalitarisme.
Enfin, le terme de dictature apparaît dans l'expression marxiste « dictature du prolétariat », qui fait référence à l'acception antique et désigne un stade politique censé précéder l'avènement d'une société sans classes.
Auteur
Il est déconseillé d'indiquer auteur comme activité principale d'une personne dans l'introduction de son article ou dans l'infobox biographie. S'il est courant, en anglais, de désigner un écrivain (romancier ou essayiste) sous le vocable générique author, cela ne doit pas pour autant conduire à l'utiliser de cette manière dans les traductions en français d'articles anglais, car le mot « auteur » a, en français, différents sens et peut désigner diverses professions. Plutôt que « Untel est un auteur, né en... », il vaut mieux préciser « Untel est un écrivain » (selon les époques, les expressions homme de lettres et femme de lettres peuvent également être utilisées), et plus largement utiliser tout terme indiquant précisément de quoi la personne concernée est auteur : romancier, essayiste, nouvelliste, feuilletoniste, poète, humoriste, scénariste... Plutôt que « Untel est un auteur. Il a écrit de nombreux romans policiers », il est ainsi préférable d'écrire « Untel est un écrivain, auteur de romans policiers ».
Activiste, Activisme
Le mot « activiste » désigne généralement, en français, un partisan de l'« action directe »[2], c'est-à-dire un militant plutôt violent, ou du moins « non conventionnel »[3],[4]. Il a de plus un sens particulier en Belgique. En anglais, au contraire, le terme activist peut désigner les militants au sens large, voire toute personne s'engageant en faveur de quelque cause que ce soit, quel qu'en soit le contexte.
Il peut arriver que le mot soit utilisé comme faux-ami pour décrire n'importe quel type de militant, y compris des personnes qui s'engagent de manière tout à fait pacifique, notamment pour des causes humanitaires ou caritatives. Ce type d'usage doit être évité, sauf s'il s'agit d'induire que le militantisme de la personne concernée est particulièrement virulent, voire illégal. Plutôt qu'« activiste écologiste », il faut écrire « militant écologiste ». Plutôt que « untel est un activiste des droits de l'homme », il vaut mieux écrire « untel est militant des droits de l'homme », ou « untel est engagé en faveur des droits de l'homme » ; de même, sauf dans des cas particuliers, on écrira « militantisme » plutôt qu'« activisme ».
Légal
Souvent une mauvaise traduction de l'anglais legal (qui peut se traduire plutôt par « juridique »).
Stipuler, stipulation
Ne doivent s'utiliser que pour les actes juridiques (tels que les contrats et les conventions internationales) résultant d'un accord entre parties: pour les actes unilatéraux (comme les lois, les décrets et les arrêts ministériels) on doit utiliser « disposer » et « disposition ».
Sorbonne
Ce terme est utilisé pour plusieurs établissements et un bâtiment: essayer de préciser Université Panthéon-Sorbonne par exemple, ou utiliser le modèle {{laquelle}} pour inviter d'autres wikipédistes à préciser ce point.
Termes fugitifs dans le temps
Éviter les expressions et les termes qui ne seront plus valables dans un ou deux ans.
Ancrage dans le passé : il y a trois ans, depuis deux ans...
Éviter les expressions de type : « il y a trois ans », « depuis deux ans », « l'année dernière »... Le texte doit rester vrai ultérieurement.
Il faut préférer : « En 2012 », « depuis 2013 », « à partir de 2014 »...
En revanche, une datation relative au passé est possible, comme : « l'année suivante », « deux ans plus tard »... Ce type d'expression requiert alors une date de référence citée dans le texte (ou la phrase).
Ne pas utiliser « depuis » pour un événement ponctuel (même si ses conséquences se font encore sentir). Écrire par exemple « en 1981, la peine de mort est abolie en France » ou « depuis 1981 la peine de mort est absente du droit pénal français », mais non « depuis 1981, la peine de mort est abolie en France ».
Ancrage dans le présent
Éviter aussi : « actuellement », « de nos jours », « aujourd'hui »...
Préférer : « au XXIe siècle », « dans les années 2010 », « en 2014 »...
Voir aussi
Règle officielle
Recommandations
- Conventions de style
- Style encyclopédique
- Contenu évasif
- Vérifiabilité
- Citez vos sources
- Critères d’admissibilité des articles
- Accessibilité
- Pertinence
Notes
- Code de rédaction interinstitutionnel - Liste des États au 19 novembre 2007 dont l’application est « obligatoire pour tout intervenant dans l’élaboration de tout type de document (papier ou électronique) au sein des institutions, organes et services de l’Union européenne », voir Bienvenue au Code ! - portail de l’Union européenne.
- « activisme », dictionnaire Larousse.
- « activisme », sur Le Robert
- « activisme », sur https://dictionnaire-academie.fr/