Face aux crises alimentaires qui affectent les Pays-Bas méridionaux au XVe siècle, les gouvernements des villes déploient des politiques d'intervention d’une grande complexité. Lire la suite
Une analyse approfondie des cas de Lille et Mons permet de questionner les logiques qui soustendent ces politiques. Quels groupes sociaux bénéficient véritablement des mesures publiques ? Quelles sont les contraintes techniques, administratives et diplomatiques qui pèsent sur le choix des décideurs ?
Quelles priorités politiques guident les décisions des gouvernements urbains ?
REMERCIEMENTS
ABRÉVIATIONS ET SIGNES UTILISÉS
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
1. L'insécurité alimentaire aujourd'hui : une question de « contrat politique »
2. Les crises alimentaires médiévales : replacer le contrat politique au coeur de l’analyse
2.1. Les médiévistes accordent depuis un siècle une grande attention aux crises alimentaires
2.2. Les médiévistes n’ont considéré que tardivement le rôle joué par le facteur institutionnel
2.3. L’interprétation du rôle joué par les institutions face aux crises reste néanmoins incomplète
3. Méthodologie : le cadre d’étude et les neuf étapes de l’analyse
CHAPITRE I — LES VILLES DE LILLE ET MONS
1. L’état de la documentation
1.1. Les sources conservées
1.2. L’état de la littérature
2. La trajectoire historique des deux villes
3. La démographie urbaine
3.1. Le volume de la population urbaine
3.2. La répartition des richesses et la part de la population vulnérable aux crises
4. Les acteurs politiques impliqués dans la gestion publique urbaine
4.1. Le pouvoir bourguignon et ses représentants régionaux
4.2. Le gouvernement urbain
4.3. Le degré de participation de la population à la politique urbaine
5. Les finances urbaines
6. Les mécanismes d’entretien de l’offre alimentaire
6.1. L’absence de mécanismes publics d’approvisionnement du marché urbain
6.2. Le degré d’appui sur la production céréalière régionale
6.3. Le degré d’appui sur le commerce céréalier interrégional
6.4. L’accès à d’autres types de denrées alimentaires
7. Les mécanismes de redistribution interne des ressources alimentaires
7.1. Le marché : les dispositifs de contrôle et surveillance
7.2. La charité : l’importance des différents canaux de redistribution
7.3. Les mutualités
8. Un bilan comparatif des caractéristiques structurelles de Lille et Mons
CHAPITRE II — LES CRISES DE 1437-1439 ET 1477-1483 95
1. La crise de 1437-1439
1.1. À l’échelle européenne : la généralisation de la crise
1.2. À l’échelle des Pays-Bas méridionaux : les facteurs communs
1.3. À l’échelle des Pays-Bas méridionaux : le développement régional de la crise
1.4. À l’échelle des Pays-Bas méridionaux : les épidémies et le bilan démographique de la crise
1.5. À l’échelle de Lille et Mons
2. La crise de 1477-1483
2.1. À l’échelle européenne
2.2. À l’échelle des Pays-Bas méridionaux : les facteurs communs
2.3. À l’échelle des Pays-Bas méridionaux : le développement régional de la crise
2.4. À l’échelle des Pays-Bas méridionaux : les épidémies et le bilan démographique de la crise
2.5. À l’échelle de Lille et Mons
CHAPITRE III — LA TYPOLOGIE DES MESURES PUBLIQUES À LILLE ET MONS
1. Une lecture chronologique : la répartition des interventions publiques dans le temps
1.1. La crise de 1437-1439
1.2. La crise de 1477-1483
2. Une lecture typologique : les interventions économiques
2.1. Les stratégies de maximisation de la disponibilité alimentaire globale
2.2. Les stratégies de redistribution interne des ressources alimentaires
3. Analyse typologique : les autres registres d’intervention
3.1. La gestion des marges sociales précarisées
3.2. La gestion des abandons d’enfants
3.3. La gestion des migrants
3.4. Les mesures de limitation des risques sanitaires
3.5. Les stratégies de réconciliation spirituelle et morale
4. Une lecture comparative : les variations des stratégies dans l’espace et le temps
4.1. La variation des stratégies d’une ville à l’autre
4.2. La variation des stratégies d’une crise à l’autre 2
CHAPITRE IV — LES BÉNÉFICIAIRES DES INTERVENTIONS URBAINES
1. La délimitation externe des bénéficiaires des interventions publiques
2. La délimitation interne des bénéficiaires des interventions publiques
2.1. L’inégalité sociale des effets de la crise et les mécanismes d’exclusion alimentaire
2.2. L’élaboration théorique d’une graduation sociale de référence
2.3. La visée sociale dans le discours : le caractère trompeur ou rhétorique du langage politique
2.4. La visée sociale dans les faits : la portée sociale des interventions menées à Lille et Mons
3. Conclusion provisoire : l’abandon des catégories sociales les plus vulnérables
CHAPITRE V — LES CONTRAINTES TECHNIQUES DE LA GESTION PUBLIQUE
1. La capacité d’appui sur des dispositifs préventifs
2. La capacité d’anticipation de la dégradation de la conjoncture
3. La capacité d’intervention rapide face à l’urgence
3.1. Le cas des procédures législative régionales
3.2. Le cas des procédures d’importations publiques de grain
4. La capacité des autorités à cibler les stratégies pertinentes
4.1. La question du pragmatisme et de la « rationalité » de la politique économique médiévale
4.2. La question de la viabilité économique des régulations économiques médiévales
5. La capacité d’information du gouvernement urbain
6. La capacité d’améliorer les stratégies en conscience des erreurs commises par le passé
6.1. À l’échelle du siècle : l’évolution des stratégies d’une crise à l’autre et le rôle des archives 309
6.2. À l’échelle de la crise : le processus incrémental d’élaboration des mesures par essai-erreur
6.3. Au terme des crises : des innovations en prévision de crises futures ?
7. La capacité d’application pratique des mesures administratives et législatives
7.1. Les moyens et les stratégies d’application pratique déployés
7.2. La difficulté d’évaluer le niveau de respect des réglementations
8. La capacité de financement des stratégies d’intervention
8.1. La diminution des recettes urbaines
8.2. Les trois types de dépenses publiques induites par la crise
8.3. Le poids financier de la politique d’achats publics et les stratégies de financement
8.4. La minimisation des interventions couteuses
9. Conclusion provisoire : le bilan des contraintes
CHAPITRE VI — L’INFLUENCE DES AUTRES SOURCES DE POUVOIR SUR LA POLITIQUE URBAINE
1. Le duc de Bourgogne et les relais de l’administration ducale
1.1. L’implication législative du pouvoir ducal
1.2. L’arbitrage ducal du commerce interrégional
1.3. Les implications charitables du duc de Bourgogne
1.4. L’administration des prélèvements fiscaux et domaniaux
1.5. La mise à contribution des villes aux projets militaires
1.6. Les répressions militaires ou commerciales des villes rebelles et ennemies
1.7. Le bilan des interférences : les crises alimentaires et la construction de l’État
2. Les villes voisines
2.1. La crise de 1437-1439 : une pression commerciale des villes flamandes et brabançonnes
2.2. La crise de 1477-1483 : une pression commerciale de Lille et Mons sur le nord-est
2.3. L’influence des autres villes : le bilan des pressions, des obstacles et des actes de solidarité
3. Les seigneurs et officiers ruraux
4. Les institutions urbaines détentrices de droits et de privilèges particuliers
4.1. Le conflit entre le conseil urbain de Liège et le clergé liégeois (1438-1440)
4.2. Le conflit entre l’hôpital Comtesse et le conseil de la ville de Lille (1438)
4.3. Le conflit entre le Magistrat de Lille et le chapitre Saint-Pierre en été 1480
5. Les riches propriétaires de grain
6. Conclusion provisoire : un bilan des obstacles et des concurrents
CHAPITRE VII — LES MOTIFS ET LE « CONTRAT POLITIQUE » URBAIN
1. L’ancrage d’une notion de « droit de subsistance » dans la culture du XVe siècle
2. L’absence de formulation d’un devoir politique de garantie de la subsistance populaire
3. Les principes de l’idéologie du Bien commun et leur traduction dans les interventions
4. Un abandon conscient des marges sociales vulnérables ?
5. Un modèle d’intervention au service d’intérêts privilégiés
CHAPITRE VIII — LES PRESSIONS « POPULAIRES » SUR LA POLITIQUE URBAINE
1. Les formes de pressions populaires sur la gestion publique
1.1. Les canaux formels de dialogue politique : les requêtes et les remontrances
1.2. Les voies informelles de dialogue : « rumeur », protestations et grèves professionnelles
1.3. Les actions collectives perturbant l’ordre public (ou « émeutes de la faim »)
1.4. Les actes violents dirigés contre les autorités urbaines
1.5. Une autre forme de rapport de force : les résistances armées des paysans
2. Les stratégies de maintien de la paix sociale et du consensus politique
2.1. Les stratégies discursives visant à préserver le consensus
2.2. Les stratégies policières de maintien de la paix sociale
2.3. L’approvisionnement public : une stratégie préventive de maintien de l’ordre public ?
3. Conclusion provisoire : la portée du dialogue politique
CHAPITRE IX — LES MOYENS DE SUBSISTANCE EN MARGE DE L’ENCADREMENT PUBLIC
1. Le commerce privé
2. Les redistributions charitables et les institutions d’assistance
2.1. Les aumônes dispensées par les particuliers
2.2. L’action des hôpitaux lillois
2.3. L’action des institutions charitables montoises
2.4. Bilan des stratégies institutionnelles : la disparité des réponses et attitudes
3. Les stratégies de subsistance individuelles et familiales
3.1. L’ajustement de la consommation
3.2. L’ajustement du pouvoir d’achat
3.3. Le recours à des productions alimentaires compensatoires
3.4. La mobilité
3.5. Bilan : la capacité de résilience autonome de la population et les entraves sociétales
4. Conclusion provisoire : la balance entre action « privée » et « publique »
CONCLUSION
1. La politique de gestion de crises à Lille et Mons au XVe siècle
1.1. La portée des interventions urbaines : l’abandon des principales victimes de la crise
1.2. Les contraintes techniques et politiques : une incapacité de secourir les plus vulnérables ?
1.3. Les motifs et priorités politiques : une absence de préoccupation pour le sort des pauvres ?
1.4. L’enjeu de l’exclusion institutionnelle : des marges sociales livrées à la mort ?
2. L’attitude des institutions face aux crises : une tendance croissante à l’exclusion sociale ?
3. Le poids du facteur institutionnel à la fin du Moyen Âge : une équation à somme nulle ?
3.1. La part décroissante du potentiel institutionnel allouée au secours des victimes
3.2. L’effet négatif croissant du facteur institutionnel sur la sécurité alimentaire des populations
BIBLIOGRAPHIE
1. Fonds d’archives
1.1. Les sources conservées aux Archives municipales de Lille
1.2. Les sources conservées aux Archives départementales du Nord
1.3. Les sources urbaines conservées aux Archives de l’État à Mons
1.4. Les sources conservées aux Archives générales du Royaume
2. Sources éditées
2.1. Récits historiographiques et hagiographiques
2.2. Sources diplomatiques, juridiques et administratives
3. Travaux
ANNEXE I — DESCRIPTION DESSÉRIES DE PRIX CÉRÉALIERS UTILISÉES
ANNEXE II — TABLEAUX UTILES À L’ANALYSE DES INTERVENTIONS LILLOISES ET MONTOISES FACE
1. Restrictions d’exportations depuis Lille et Mons
2. Indices de la demande commerciale des autres villes à l’égard de Lille et Mons
3. Indices de la demande de Mons et Lille à l’égard des autres villes et principautés
4. Nombre de bans publiés à Lille (1431-1444)
ANNEXE III — SÉLECTION D’EXTRAITS ILLUSTRATIFS
1. Le récit des mesures prises à Liège face à la crise de 1437-1438 (par Jean de Stavelot)
2. Le mandement ducal publié le 9 septembre 1438 dans la châtellenie de Lille
3. Extraits des Registres aux délibérations du conseil de la ville de Mons : exemples de comptes-rendus des séances tenues lors l’explosion des prix céréaliers en mai 1481
4. Extraits des Registres aux délibérations du conseil de la ville de Mons : exemple de discussion des rapports remis au conseil par les « commis aux bleds » montois envoyés dans d’autres régions à la recherche de stocks de grain à acheter