Lèpre
Qu’est ce que c’est ?
La lèpre est une infection chronique due à une bactérie de type bacille appelée Mycobacterium leprae (un lointain cousin du bacille de la tuberculose).
C'est une maladie qui touche préférentiellement la peau et les nerfs périphériques.
Les nerfs périphériques sont répartis dans tous le corps ont pour fonction de :
- Transmettre les informations sensorielles (toucher, douleur, vue, goût, ouïe odorat,etc…) au cerveau
- Permettre l'exécution des commandes motrices dictées par le cerveau vers les effecteurs.
C'est une maladie contagieuse aéroportée.
Elle n'est pas mortelle mais est responsable d'invalidités majeures quand elle n'est pas traitée suffisamment tôt.
Répartition géographique
Le réservoir du bacille de la lèpre est l'Homme. Il se transmet par les sécrétions nasales des patients atteints.
Malgré les campagnes de lutte contre la lèpre dans les pays en développement, on dénombre encore chaque année environ 250000 cas déclarés.
En France, on dénombre environ 20 nouveaux cas déclarés par an. Ils concernent tous des patients venant de DOM-TOM ou de pays à forte endémie (pas de cas autochtones).
En Europe, la maladie n'est plus endémique mais il existe des cas autochtones, c'est-à-dire acquis dans le pays, en Espagne, Grèce, Portugal et Sicile. La situation des pays de l'Est est mal connue.
La maladie est toujours endémique dans certains pays d'Afrique (Libéria), d'Amérique latine (Brésil) ou d'Asie (Inde, Népal).
Comment ça marche ?
On pense que les bacilles pénètrent dans l'organisme par les voies ORL : la transmission est donc aéroportée.
L'incubation de la maladie dure plusieurs années : la plupart des cas se révèlent chez les adultes alors que la contamination a probablement eu lieu dans l'enfance. L'apparition tardive des symptômes alors que le patient est déjà porteur de nombreux bacilles explique sa forte dissémination et la difficulté de lutter contre cette dissémination.
Quand les bacilles pénètrent dans l'organisme, ils engendrent une réponse du système immunitaire dont l'intensité influence l'évolution de la maladie :
- Elimination des bacilles, donc pas de développement de la maladie
- Multiplication " contrôlée " des bacilles avec atteinte clinique limitée : forme " tuberculoïde " qui produit peu de bacilles donc est peu contagieuse.
- Dissémination des bacilles avec atteinte diffuse : forme " lépromateuse " qui produit beaucoup de bacilles et qui est donc très contagieuse.
Qu’est ce que je ressens ?
En phase initiale la lèpre est très difficile à diagnostiquer car peu symptomatique. La plupart des malades est vue à un stade plus avancé.
On a vu qu'il existait plusieurs formes de la maladie selon le type de réponse de l'organisme à l'entrée du bacille M.leprae dans le corps.
Toutes les deux se manifestent par :
- Des lésions cutanées touchant préférentiellement le visage à type de :
- tâches hypochromiques (c'est-à-dire décolorées) et indolores (par anesthésie localisée à la lésion) pour la forme tuberculoïde.
- lésions cutanées infiltrées, c'est-à-dire plus épaisses, appelées " lépromes " pour la forme lépromateuse.
- Une atteinte des nerfs périphériques qui se manifeste par des troubles plus ou moins marqués de la sensibilité et de la motricité sur le trajet des nerfs atteints :
- Elle touche préférentiellement les nerfs cubital et médian (nerfs de l'avant bras) et sciatique poplité externe et tibial postérieur (nerfs de la jambe) pour la forme tuberculoïde.
- Elle est diffuse (c'est-à-dire qu'elle touche plusieurs nerfs) et bilatérale (c'est-à-dire qu'elle touche les deux côtés du corps de façon symétrique) pour la forme lépromateuse.
- Le diagnostic de lèpre est donc évoqué devant un faisceau d'arguments peu spécifiques :
- L'origine du patient
- L'apparition de lésions cutanées hypochromiques et anesthésiques
- L'association d'une atteinte neurologique et de lésions cutanées.
Quels examens ?
La confirmation du diagnostic se fait sur la biopsie d'une des lésions cutanées qui retrouve, après coloration, la présence de bacilles de type Mycobacterium leprae.
La biopsie détermine également la charge bacillaire, c'est-à-dire le degré de contagiosité.
Quels traitements ?
Le traitement de la lèpre se fait par association de plusieurs antibiotiques sur une durée de plusieurs mois (comme sa cousine la tuberculose).
L'antibiothérapie comprend l'association de :
- disulone : 1 dose tous les jours
- rifampicine : 1 fois par mois en prise supervisée au dispensaire dans le cadre des campagnes de lutte contre la lèpre
- clofazimine : 1 dose tous les jours et une dose de charge une fois par mois en prise supervisée dans le cadre des campagnes de lutte contre la lèpre.
Selon que la forme est peu contagieuse ou très contagieuse, la durée de traitement sera différente :
- Forme peu contagieuse : 6 mois
- Forme très contagieuse : 24 mois soit 2 ans
Malheureusement, le traitement de la lèpre consiste aussi en l'appareillage prothétique des cas présentant des infirmités en raison d'un diagnostic trop tardif : semelles ou prothèses.
Quelle prévention ?
Il semble que la vaccination par le BCG (vaccination contre la tuberculose) protège partiellement contre la lèpre.
Cependant le contrôle de la dissémination de la maladie repose sur le dépistage et le traitement le plus précoce possible de la maladie surtout des formes très contagieuses.
L'éradication de la maladie sera difficile étant donnée la forte contagiosité des patients bien avant l'apparition des signes cliniques.
Quelle évolution ?
L'évolution est lente et progressive. L'atteinte neurologique chronique expose à des complications de type anesthésie (perte de la sensibilité), amyotrophie (diminution de la taille des muscles), déformations et plaies chroniques sur le trajet des nerfs atteints. Ces complications persistent malgré la guérison de la maladie.
Quels spécialistes ?
Le diagnostic peut être évoqué par le médecin généraliste ou le médecin infectiologue spécialisé dans les maladies tropicales.
Le traitement relève de la spécialité de maladie infectieuse.