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Obésité

Quelles sont les causes de l’obésité ? Quels en sont les symptômes ? Comment la traiter ?

L'obésité est une accumulation anormale de graisse corporelle.
L'obésité est une accumulation anormale de graisse corporelle. Charlie's - stock.adobe.com

Informations validées par A. Attia, interne en endocrinologie.

Qu'est-ce que c'est ?

D'après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’obésité est une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui peut nuire à la santé.

Pour caractériser l’obésité, on utilise l'indice de corpulence (IMC), qui se calcule en divisant le poids (en kg) par la taille (en m) au carré.

La « norme » de l’IMC est de 18.5 à 25.

En-dessous de 18.5, on parle d’insuffisance pondérale.

On parle de :

  • surpoids entre 25 et 30 d’IMC
  • d’obésité de grade 1 entre 30 et 35
  • d’obésité de grade 2 entre 35 et 40
  • d’obésité de grade 3 si l’IMC est supérieur à 40.

Cet indice est plus performant dans l'appréciation de l'obésité que la simple mesure du poids. Il est néanmoins à prendre avec du recul chez les personnes très musclées ou très grandes.

Pour les enfants, ce calcul de l'IMC n'est pas pertinent. Il faut utiliser la courbe de corpulence du carnet de santé.

Quelles causes ?

L’obésité est généralement attribuée à un excès d’apports alimentaires par rapport aux besoins de l’organisme. Ces excès sont multi-factoriels : 

  • Les facteurs environnementaux : la précarité, les difficultés d’accès à une alimentation variée et aux produits «sains», habiter dans une ville dans laquelle l’activité physique quotidienne n’est pas facilitée (pas de trottoir pour marcher ou courir, pas de salle de sport)... Ces facteurs extrinsèques favorisent la prise de poids. De plus, à une échelle intra-familiale, les habitudes alimentaires et d’exercice physique peuvent se transmettre à travers les générations. Ainsi, on retrouve fréquemment des antécédents familiaux de surpoids ou d’obésité chez les personnes consultant pour ce motif.
  • Les facteurs psychologiques : certains troubles du comportement alimentaire peuvent favoriser la prise de poids. L’alimentation émotionnelle consiste à manger, non pas en réponse à un stimulus de faim, mais en réponse à certaines émotions.
  • L’hyperphagie boulimique concerne un tiers des personnes en situation d’obésité. La personne avale de grandes quantités d’aliments de préférence gras ou sucrés en un temps court, en perdant le contrôle, et sans ressentir de plaisir alimentaire. Ce moment de frénésie est suivi d’une grande culpabilité. L’hyperphagie boulimique se distingue de la boulimie par l’absence de comportement compensatoire (pas de vomissement, pas d’activité physique intense). Évidemment, cette dernière précision n’est pas un encouragement à adopter ces comportements compensatoires, l’hyperphagie boulimique et la boulimie pouvant tous deux avoir des conséquences néfastes pour la santé.
  • Dans les grignotages et compulsions, l’individu ne perd pas le contrôle mais mange tout de même en dehors des repas des « aliments plaisir » sans que cette consommation ne s’inscrive dans une alimentation équilibrée.
  • Le manque de sommeil favorise la consommation d’aliments à forte densité énergétique et perturbe le métabolisme des hormones de la satiété. Plusieurs études ont montré son association avec la prise de poids.
  • Les facteurs génétiques : certaines mutations génétiques rarissimes peuvent induire directement des troubles de la satiété. L’individu n’est alors jamais rassasié et mange davantage que nécessaire. Les personnes porteuses de ces mutations présentent une obésité très sévère, et ce dès l’enfance. Il existe des traitements médicamenteux spécifiques qui peuvent être prescrits dans des centres spécialisés et seulement après un diagnostic génétique.
  • Une addition de plusieurs variants génétiques peut également favoriser le surpoids et l’obésité dans certaines familles. On parle de « terrain » favorisant. Cette situation est plus fréquente que la précédente. Toutefois, dans ces familles, il faut aussi prendre en compte la transmission des habitudes alimentaires.
  • La iatrogénie : certains antidépresseurs, certains médicaments antipsychotiques (traitements de la schizophrénie) et certains traitements hormonaux peuvent induire une prise de poids en augmentant l’appétit et/ou en modifiant le métabolisme.
  • De plus, l’appétit peut se trouver augmenté après certaines interventions neurochirurgicales, très rares, visant à traiter certaines tumeurs intracrâniennes par exemple. Dans ces situations, la zone du cerveau contrôlant la satiété (l’hypothalamus) est abîmée.

L’obésité est souvent attribuée à une insuffisance des dépenses énergétiques quotidiennes. Seulement, il faut savoir que l’activité physique en elle-même n’induit pas directement une perte de poids. Au contraire, l’augmentation de la masse musculaire peut amener à une prise de poids, puisqu’à volume égal, un muscle pèse plus lourd que de la graisse. 

La prise de masse musculaire a néanmoins un effet favorable sur le poids à long terme, car les muscles consomment de l’énergie même lorsqu’ils sont au repos. Ainsi, chez 2 personnes ayant un poids égal, la dépense énergétique de repos sera plus importante chez la personne la plus musclée. 

De plus, l’activité physique a un effet favorable sur les facteurs de risque cardiovasculaire (amélioration de l’équilibre du diabète par exemple) même en l’absence de perte de poids. Une activité physique régulière est donc vivement recommandée.

Comment évolue l’obésité en France ?

D’après l’étude Obépi-Roche, en France, la prévalence de l’obésité augmente. En 2020, 17 % des Français sont concernés, contre 8,5 % en 1997.

On note une légère prédominance féminine : 17.4 % des femmes contre 16.7 % des hommes. De plus, la prévalence augmente avec l’âge : elle dépasse 50 % à partir de 45 ans, alors qu’elle est de 23 % entre 18 et 24 ans.

On distingue également un gradient nord-sud, avec une prévalence de plus de 22 % dans les régions du nord de la France et une prévalence de 15 à 16 % au sud. 

Quelles sont les complications de l’obésité ?

On distingue 2 types de complications de l’obésité : les complications mécaniques et les complications métaboliques.

Les complications mécaniques

Les complications mécaniques sont directement induites par l’excès de tissus adipeux.

L’obésité peut se compliquer de troubles respiratoires, tels que le trouble ventilatoire restrictif et le syndrome d’apnées du sommeil.

Le trouble ventilatoire restrictif est une gêne à l’expansion des poumons à l’inspiration. Le patient peut alors décrire un essoufflement à l’effort voire au repos.

Le syndrome d’apnées du sommeil se caractérise littéralement par des apnées pendant le sommeil. Les autres symptômes sont des ronflements décrits par l’entourage, des maux de tête et une somnolence pendant la journée, une impression de sommeil non réparateur. 

Le diagnostic est posé au décours d’une polygraphie ventilatoire nocturne, c’est-à-dire un enregistrement de la respiration pendant la nuit. En cas de syndrome d’apnées du sommeil sévère (définit par une moyenne de plus de 30 apnées ou hypopnées par heure pendant la nuit), le port d’un appareil est fortement recommandé. À court terme, le port d’un appareil améliore la qualité du sommeil. À long terme, il a un effet bénéfique sur la protection cardiovasculaire car le syndrome d’apnées du sommeil constitue en soi un facteur de risque cardiovasculaire.

La surcharge pondérale peut également induire des douleurs articulaires (genoux, dos), un reflux gastro-oesophagien (sensation d’acidité dans l’estomac, prédominant en position allongée et favorisée par certains aliments), une insuffisance veineuse (varices et œdèmes des jambes). 

Les complications métaboliques  

Les complications métaboliques sont l’hypertension artérielle (36 % des personnes en situation d’obésité), le diabète (20 %) et la dyslipidémie (excès de cholestérol ou de triglycérides dans le sang). 

Le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque de certains cancers (colonovairesendomètre...).

Enfin, chez les femmes, la prise de poids peut aggraver les symptômes d’un syndrome des ovaires polykystiques préexistant : hirsutisme (augmentation de la pilosité), spanioménorrhée (raréfaction des règles), diminution de la fertilité

Quels traitements ?

La première et la plus importante étape de la prise en charge de l’obésité est la modification des habitudes alimentaires et de l’activité physique. L’objectif est de mettre en place des mesures hygiéno-diététiques de manière durable afin que la personne perde du poids progressivement et sans en reprendre. Elle peut être entourée de plusieurs professionnels de santé dans cette démarche.

Repenser l’alimentation

Le diététicien va aider à repérer les éléments à améliorer dans les habitudes diététiques : alimentation déséquilibrée (excès de la part de glucides ou de lipides, insuffisance des apports protéiques...), alimentation déstructurée (sauts de repas causant un excès de prise alimentaire au repas suivant, grignotages...), tachyphagie (manger trop vite, donc manger plus), restriction cognitive (éviction de certains aliments considérés comme « malsains », mais qui à terme génère une frustration)...

Adopter une activité physique adaptée

Le coach en activité physique adaptée : certaines personnes en situation d’obésité n’arrivent pas à pratiquer une activité physique régulière en raison de complications de l’obésité : douleurs articulaires, difficultés respiratoires... Il s’agit donc d’un réel cercle vicieux, puisque l’activité physique est nécessaire au maintien de la masse musculaire et donc à l’augmentation de la dépense énergétique de repos. Le coach en activité physique adaptée évalue donc les capacités et limitations de chacun pour aider à la mise en place d’une activité réaliste et saine.

Gérer les troubles du comportement

Le psychologue peut intervenir en cas de troubles du comportement alimentaire. En effet, une parfaite connaissance de l’équilibre alimentaire ne suffira pas si la personne présente également une hyperphagie boulimique ou une alimentation émotionnelle.

Le nutritionniste est un médecin spécialisé en nutrition. Il coordonne l'équipe paramédicale, oriente le patient et traite les éventuelles complications de l'obésité : diabète, hypertension artérielle...

Un traitement médicamenteux

Dans certains cas, un traitement médicamenteux peut être proposé.

Les analogues du GLP1 sont des médicaments initialement indiqués dans le diabète de type 2. Récemment, leur prescription a été élargie aux patients en situation d’obésité mais non diabétiques car ils ont également un effet très favorable sur le poids. Toutefois, la prescription est pour l’instant restreinte aux patients dont l’IMC est supérieur à 40 et ayant une complication de l’obésité, comme l’excès de cholestérol, l’hypertension artérielle, le syndrome d’apnées du sommeil et/ou une maladie cardiovasculaire.

Une perte d’environ 15 % du poids initial est attendue. Ce médicament doit être prescrit par un nutritionniste dans un centre spécialisé dans l’obésité. Cette classe de médicament n’existe pour l’instant que sous forme injectable. Les stylos ressemblent à ceux d’insuline, bien que les molécules soient complètement différentes. L’administration est hebdomadaire.

D’autres médicaments étaient autrefois prescrits dans l’obésité mais sont aujourd’hui tombés en désuétude car leur efficacité à long terme n’a pas été prouvée et qu’ils présentent de nombreux effets indésirables.

La chirurgie bariatrique

Une troisième option thérapeutique envisageable est la chirurgie bariatrique.

Cette procédure vise à modifier la taille de l’estomac et/ou l’absorption des aliments. Cette démarche n’est pas à prendre à la légère et doit impérativement être encadrée par une équipe pluridisciplinaire spécialisée (nutritionniste, diététicien, psychologue). Elle nécessite un suivi préalable d’au moins 6 mois (en pratique, plutôt 12 mois) pour travailler sur les habitudes diététiques, l’activité physique, les troubles du comportement alimentaire, l’image de soi, et dépister et traiter les comorbidités qui pourraient avoir un impact sur le résultat final. Avant la chirurgie, le patient doit avoir une alimentation équilibrée pour prévenir le risque de dénutrition post-opératoire.

Aujourd’hui, 2 types de chirurgie bariatrique sont plus fréquemment réalisées :

  • La sleeve gastrectomie est une technique « restrictive » : l’estomac est coupé et son volume est réduit au tiers. L’appétit est donc diminué. Avec cette technique, une perte d’environ 25-30% du poids initial est attendue, en moyenne.
  • Le bypass gastrique est une technique restrictive mais aussi « malabsorptive » : en plus de rétrécir l’estomac, on shunte une partie de l’intestin. Une perte d’environ 35-40 % du poids initial est attendue.

D’autres techniques chirurgicales existent, telles que la pose d’un anneau gastrique (pose d’un anneau autour de l’estomac pour en diminuer le volume). Cette technique est de moins en moins pratiquée parce qu’elle induit des douleurs parfois très invalidantes et qu’il a été montré qu’à long terme, les patients avaient tendance à reprendre le poids perdu.

Les principales complications de la chirurgie bariatrique sont :

  • Pour la sleeve gastrectomie  : le reflux gastro-œsophagien. Comme l’estomac est plus petit, l’acidité gastrique a tendance à remonter dans l’œsophage. Après cette chirurgie, même en l’absence de symptômes, il faut faire des fibroscopies régulièrement pour vérifier l’absence de complication : gastrite (inflammation de l’estomac), œsophagite (inflammation de l’œsophage). Dans certains cas de reflux sévère, on peut même être amené à « convertir » la sleeve gastrectomie en by-pass.
  • Pour le bypass gastrique : l’occlusion digestive. Comme l’intestin a été remanié, il peut se tordre puis se boucher. Cela se manifeste par des douleurs abdominales et un arrêt du transit. Un scanner abdominal est alors à réaliser en urgence et si le diagnostic est confirmé, une reprise chirurgicale peut même être indiquée.
  • Quelle que soit la technique opératoire : la dénutrition et/ou les carences vitaminiques, qui peuvent fragiliser les os, les nerfs, donner une anémie... Il est donc recommandé de prendre une supplémentation vitaminique à vie après une chirurgie bariatrique.

Comment prévenir l'obésité ?

La prévention associe alimentation équilibrée et activité physique régulière. C’est le meilleur moyen de lutter contre l’obésité car une fois que la surcharge pondérale est en place, il peut être difficile de retrouver son poids antérieur.

Cette prévention doit commencer dès le plus jeune âge. Un enfant pré-pubère en situation d’obésité a 20 à 50 % de chances de le rester une fois adulte, ce risque s’élevant jusqu'à 50 à 70 % après la puberté.

Si possible, les parents doivent être vigilants pour ne pas laisser s'installer les principales causes d'obésité chez l'enfant (absence de pratique sportive, temps élevé à regarder la télévision, grignotages, alimentation déséquilibrée laissant peu de place aux fruits et légumes...). 

Il faut absolument éviter d’instaurer un régime trop restrictif, qui risquerait de provoquer des troubles du comportement alimentaire à l’âge adulte.

« Si vous constatez que votre enfant prend beaucoup de poids, il vaut mieux en discuter avec votre pédiatre qui pourra vous orienter vers une équipe spécialisée si besoin, explique le Dr Amina Attia, interne des hôpitaux de Paris. En tous cas, il faut à tout prix éviter les régimes restrictifs chez les enfants (ne surtout pas exclure les produits sucrés, les produits gras...) car cela peut engendrer des carences nutritionnelles, une frustration et des troubles du comportement alimentaire à long terme. Le pédiatre saura vous conseiller sur les changements alimentaires à faire, vous orienter vers un.e diététicien.ne et éventuellement dépister des anomalies du métabolisme qui pourraient induire la prise de poids. »  

Tout au long de la vie, il faut veiller à avoir une alimentation équilibrée, variée et structurée en 3 repas.

Enfin, la pratique d'une activité physique régulière, si elle ne permet pas en soi de perdre du poids, permet de réguler les réserves d'énergie en augmentant l'utilisation des graisses. Elle est aussi un facteur important de maintien de son poids une fois les kilos perdus.

Quelle spécialité concernée ?

L’endocrinologie est une spécialité médicale qui étudie le fonctionnement, les maladies et les moyens de traiter les glandes endocrines (celles qui produisent des hormones) et le métabolisme (ensemble des fonctions du corps indispensables à la vie comme, par exemple, la fabrication et l’utilisation du glucose). 

Les hormones sont des substances qui sont transportées par le sang et agissent sur différents organes : ainsi la testostérone produite par les testicules agit sur l’os, la peau, les tissus graisseux. De nombreuses fonctions métaboliques (régulation de la glycémie, de la calcémie…) sont sous la dépendance d’hormones.

Toute anomalie de fonctionnement des glandes endocrines (hyperfonctionnement ou hypofonctionnement) ou de l'organe récepteur (« sensible ») à une hormone (la peau et les poils pour les hormones féminines et masculines, par exemple) va se traduire par des désordres (plus ou moins graves) ou une maladie endocrinienne.

Les dérèglements hormonaux sont très variés : troubles de la croissance, amaigrissement ou, à l’inverse, prise de poids, obésité, diabète, troubles de la régulation des lipides, stérilité, problèmes de règles…

Sources :

Obésité

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