S o m m a i r e
Introduction
I.-
Le vin : quels vins ? Historique et enjeux d'une définition
II.
Quels sont les vecteurs de l'expansion mondiale viticole ?
1.
La religion
2. La culture
3. La finance
III.
Comment le patrimoine viticole européen s'est-il diffusé
?
1.
Les cépages
2. La diffusion du patrimoine technique
IV.
Quelles sont les stratégies des entreprises dans la globalisation
?
1.
L'approche territoriale : un changement d'échelle spatiale
2. L'approche stratégie d'entreprise
Conclusion
Annexes
Annexe
1 - Dillon : un exemple d'aristocration
mondiale dans l'univers du vin
Annexe 2 -
Mondavi et ses procès
pour une indication géographique To-Kalon
Annexe 3 -
La dynamique de concentration
des entreprises
Actuellement, connaître les vins du Monde est chose aisée
grâce aux progrès générés par
les Nouvelles Technologies de l'Information. Sur nos écrans,
apparaissent, à l'instant souhaité, l'ensemble de
la géographie viticole mondiale, les vins de la Planète,
les figures des vignerons célèbres ou en recherche
de notoriété. Dès lors, que porter de plus
aux oreilles attentives d'un public curieux ? Peut-être un
certain nombre de clés qui permettent de comprendre l'accompagnement
millénaire du vin dans notre civilisation occidentale. En
premier lieu, il semble opportun de définir le sujet - plutôt
que l'objet - le vin lui même au travers des siècles.
Puis déterminer les moyens, les vecteurs d'origine humaine
qui assurent sa diffusion en prenant évidemment appui sur
l'originalité, sans cesse précisée, du matériel
végétal, la vigne et l'expression des savoirs faire.
Mais, la vigne est peu sensible aux frontières créées
par les hommes. Dès lors, l'entreprise humaine se développe
dans un cadre toujours plus ouvert au niveau de l'espace; la mondialisation,
par sa globalité, devient la façade sémantique
de stratégies qui méritent une grande attention pour
échapper à des visions cachant l'acteur principal
in fine, l'homme.
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I.- Le vin :
quels vins ? Historique et enjeux d'une définition
|
La première interrogation sur la nature du vin sera rattachée
à la Bible. D'après une thèse récente
publiée en Italie, le vin est certes une boisson issue du
raisin, mais il revêt deux formes. La première correspond
à un simple jus de raisin alors que la seconde résulte
d'un échauffement et d'un bouillonnement de ce jus, plus
tard appelé fermentation ; c'est une boisson alcoolique.
Les textes de la Bible recommandent l'usage préférentiel
de la forme non alcoolique ! Ce rappel n'a, en fait, rien d'anachronique.
De nos jours encore, nous produisons des boissons constituées
de jus de raisin dont nous arrêtons la fermentation par ajout
d'alcool : ce sont les ratafias, pineau, cartagène, floch
et autres macvins, toujours riches de leur sucre du raisin.
Mais la tendance historique se caractérise par la mise en
valeur des deux constituants majeurs : l'alcool et les arômes.
Pendant longtemps, les connaissances scientifiques ne permettent
pas de bien comprendre les mécanismes de la fermentation
alcoolique. Les vins, hormis ceux de liqueur, sont souvent pauvres
en alcool. La diversification et la qualité gustative des
vins portent sur les dimensions aromatiques. La gamme se construit
de deux manières. La première consiste à élaborer
des vins avec tous les fruits disponibles localement et le choix
ne manque pas quelle que soit la latitude, depuis les vins de groseille
jusqu'au vin de palme. La deuxième voie est celle de la création,
de la formulation. Ces formulations résultent d'une réflexion
à deux niveaux : l'une d'ordre thérapeutique, l'autre
d'ordre industriel.
Les vins à usage médicinal sont bien décrits
dans les ouvrages des pharmaciens aux XVIIème - XVIIIème
siècles. Toutes adjonctions étaient possibles y compris
celles de métaux lourds : le plomb, le fer. Vues les quantités
figurant dans les formulations, il est difficile de parler d'homéopathie
! Baumé est l'un des chefs de file de cette pratique éloignant
singulièrement le vin du raisin. Au XIXème siècle,
cette option se poursuit plus pour redonner tonus et énergie
que pour soigner les maladies. Rappelons toutefois qu'au début
du XIXème siècle, le docteur particulier du Grand
Duc de Weimar, sur les traces de Galien et autres médecins,
dressait un catalogue des maladies soignées par le vin ;
celui de Tokay est, selon lui, le plus curatif, depuis le traitement
de la coqueluche des enfants jusqu'à l'excès d'ardeur
virile insuffisamment raisonnée !
Dans une optique "industrielle", fleurissent des vins
dits d'imitation. Tous les crus du monde peuvent être reconstitués.
Ainsi, la fleur de sureau rajoutée dans un vin blanc ordinaire
confère un goût muscaté à peu de frais.
Le vin le plus surprenant est sans aucun doute celui du Docteur
corse Mariani, le vin de Cola, qui sous sa forme désalcoolisée
et après passage entre les mains d'un pharmacien d'Atlanta,
devient le Coca-Cola.
Mais un tournant s'opère au milieu du XIXème siècle
dans la définition du vin. Deux types de progrès,
d'ailleurs liés, en sont à l'origine.
Le premier concerne les connaissances scientifiques. L'alcool est
mieux connu grâce aux chimistes. Après des décennies
d'observations, la phase fondamentale d'élaboration du vin,
la fermentation, est bien décryptée. Gay-Lussac fournit
l'équation théorique de la fermentation alcoolique
et des données précises sur la richesse en alcool
des principaux vins. Les recherches de Cagnard-Latour, mises en
doute par les chimistes tel Liebig, sont définitivement validées
par Pasteur. Le savoir en microbiologie aboutit à la maîtrise
des fermentations. Les œnologues interviennent sur le vin issu
du raisin et non sur les autres fruits, soumis ainsi à une
marginalisation rapide en dehors du cercle du ménage.
Parallèlement, la santé publique devient une préoccupation
politique centrale : l'industrialisation ne peut se faire sans une
force de travail vigoureuse et en bonne santé. Aussi, l'attention
des médecins est attirée par certaine pratiques à
la cave, par exemple celle qui permet de bloquer la dégénérescence
des vins avec le soufre, à des doses très élevées
(SO²). Tous les vices des vins pourraient être cachés
ou diminués par des manipulations. En réaction, les
pouvoirs publics définissent juridiquement fraudes et falsifications.
L'ouvrage de Chevallier et Baudrimont, publié en 1878, fait
un état des lieux et un inventaire des méthodes pour
les reconnaître.
La loi donne, enfin et pour la première fois en France, une
définition du vin, avec la loi Griffe, dont le souci premier
est la défense du consommateur. Le vin est alors le produit
de la vigne exclusivement obtenu par la fermentation de raisins
frais. C'est la fin d'une perception millénaire du vin très
accommodante sur les ajouts de produits extérieurs à
la vigne et l'attachement à une origine naturelle.
Au XXème siècle, cette définition est partagée
par la plupart des pays producteurs européens. L'Office International
de la Vigne et du Vin la fait sienne. Le texte ne donne pas une
description scientifique du vin, il en reste à l'origine
biologique, le raisin, et à la réaction biochimique
d'obtention, la fermentation.
C'est donc une définition de type plus petit dénominateur
commun qui ouvre la voie à deux grandes familles de pensées,
l'une hygiéniste, médicale en arrière plan,
et l'autre culturelle, en relation avec les facteurs classiques
de temps et d'espace. Dans les deux cas, le rattachement du vin
au raisin n'est plus mis en doute.
Le courant hygiéniste, très marqué dans le
monde anglo-saxon par la période de la prohibition, met en
avant la préoccupation santé individuelle. Il s'alimente
conceptuellement des orientations de la Food and Drug Administration
(FDA) et du Bureau des Alcools, Tabac et Armes à feu (BATF)
aux Etats-Unis. Le principe de base est particulièrement
fort et simple : ce qui n'est pas néfaste à la santé
n'est pas interdit.
Dès lors, la marge d'intervention avec des composants annexes
au raisin est large. Les adjuvants sont tolérés puisqu'ils
ne sont pas interdits. Le débat sur l'aromatisation est donc
relancé de nouveau au 3ème millénaire. Enterré
en Europe, il resurgit dans les pays dits du Nouveau Monde. La méthode
décrite par Olivier de Serres pour élaborer des "vins
de copeaux" attire encore, même si les progrès
dans la chimie fine des arômes sont de nature à favoriser
des pratiques mieux maîtrisées. Les Industries Agro-Alimentaires
en fournissent maints exemples (voir IFF - International Flavors
and Fragrance); ce courant, moderniste de façade, est en
fait particulièrement réactionnaire au niveau viticole,
car il est peu sensible à la différenciation apportée
par la biodiversité des cépages. Seul, le produit
final compte et le nom est dévalorisé : il suffit
de voir les facilités accordées pour appeler un Chardonnay
en Californie, vin dans lequel est ajouté -facultativement-
un maximum de 15 % d'un autre cépage. Le Japon atteint un
niveau de laxisme record sur ce point. Mais l'Europe n'est pas en
reste sur ce que la fin du XIXème siècle aurait considéré
comme une falsification. L'adoption d'indication de deux cépages
apporte un peu plus de transparence.
Face à cette situation, source de laxisme, il se développe
un courant dans lequel la définition du vin est très
marquée par la culture.
Le premier fondement, en dehors du raisin, est la provenance géographique.
Celle-ci revêt des constituants culturels lorsqu'elle s'exprime
dans le concept d'Origine Contrôlée. Cette gradation
de provenance à origine contrôlée permet d'attribuer
au vin des dimensions culturelles de plus en plus fines. Celles-ci
sont géographiques, avec le terroir au sens strict de portion
d'espace bien identifié et original. Elles sont historiques
au niveau de la production avec la référence aux usages
anciens, loyaux et constants ainsi qu'au niveau de la consommation.
Ce courant, né dans la civilisation gréco-romaine,
est le plus tenace dans le temps, économiquement efficace.
Il repose sur un certain nombre de mythes et de réalités
telles l'authenticité, la typicité selon le vocabulaire
de notre époque. C'est le foisonnement créatif aussi,
car il est apte à intégrer toutes les connaissances
scientifiques, à son rythme selon le principe de l'éloge
de la lenteur.
En conclusion
L'évolution de la définition du vin, écrite
ou adoptée par tacite accord traduit une sensibilité
forte à son origine uvale. Le cheminement de la pensée
est très dépendant de la réflexion culturelle
tant de la société que des consommateurs. La tendance
lourde est au "toujours plus" : d'identité uvale,
historique, géographique. Toujours plus une définition
qui corresponde à l'activité physique et intellectuelle
de l'homme. Le reste n'est-il qu'un effet de bulle ? de l'écume
nous détournant l'attention, pour reprendre une expression
de Paul Valéry.
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II.- Quels sont
les vecteurs de l'expansion mondiale viticole ?
|
Des bords de la Méditerranée, la vigne ne cesse de
gagner du terrain au cours des siècles, avec aussi des mouvements
de reflux locaux suite à des évènements tragiques
tels de fortes gelées (1710), des maladies dont le phylloxera
(1865) ou des progrès techniques dans le domaine des communications,
routes et voies ferrées.
Toutefois, parler de l'expansion mondiale de la vigne c'est en rechercher
les acteurs, les vecteurs majeurs de cette dynamique. Ils seront
regroupés sous l'angle de la religion, de la culture et de
la finance.
1. La religion
Par son association au christianisme, le vin est rattaché
à une spiritualité, avantage sensible par rapport
aux autres boissons élaborées par l'homme comme la
bière.
Il accompagne l'expansion de la religion catholique, puis protestante,
à travers le monde européen dans un premier temps.
C'est la boisson de tout le milieu ecclésiastique. Le développement
de la viticulture résulte de celui du maillage religieux
à travers les structures premières que sont les abbayes.
Dès le VIIème siècle, les abbayes construites
sur le modèle de la villa romaine, obéissent au canon
économique défini par Saint Benoît de Nurcie,
au Mont-Cassin. Lieux de production vinicole importants, elles le
sont par obligation de satisfaire la demande des consommateurs réguliers
que sont les moines, avec les messes, ou irréguliers, dimanches
et jours de fêtes pour le peuple paysan. Ce réseau
d'abbayes est généralement établi sur des voies
de communication stratégiques, les chemins de pèlerinage
et les grands axes fluviaux; les consommateurs de passage, depuis
les plus populaires avec les pèlerins jusqu'aux plus aristocratiques
ou royaux sont les vecteurs de la viticulture du Moyen-Age.
Les guerres de religion sont aussi un moyen de déplacement
de populations protestantes vers les vignobles septentrionaux ou
catholiques, depuis les états germaniques et hollandais vers
le sud, en particulier le Portugal et Porto. Ainsi, à travers
l'Europe, la vigne est soumise à la suprématie idéologique
locale de la religion.
L'expansion hors de l'Europe est, au poins partiellement, liée
à la religion. En Amérique, les ordres religieux et
plus particulièrement les Jésuites ont développé
la vigne au travers de leurs missions. Un autre facteur est le déplacement
de populations européennes pendant les guerres de religion.
Il est certes délicat de parler de "vignobles protestants",
mais force est de constater que les flux migratoires protestants
du Sud de la France ont assis des vignobles en Afrique du Sud. L'émigration
des huguenots cévenols porteurs de savoir-faire viticole
connaît des étapes provisoires en Suisse et aux Pays-Bas,
avant embarquement sur des flottes maritimes bataves. Le vin et
l'alcool sont alors récupérés sur les grandes
étapes maritimes du monde pour assurer la survie des marins.
Cette expansion hors de la civilisation méditerranéenne
se réalise souvent dans des contextes politiques et sociaux
difficiles. Est-il infondé d'envisager alors deux viticultures,
l'une construite sur des bases où domine un esprit conservateur
et patrimonial, l'autre née dans les turbulences de l'histoire,
avec un état d'esprit pionnier et pragmatique ?
2. La culture
La dimension culturelle du vin est largement reconnue. Elle repose
sur sa longue histoire et sur le niveau social et culturel des consommateurs.
Les riches Romains tirent un orgueil non dissimulé de leurs
grands crus de Falerne et de Cécube, aux ages vénérables
et quelquefois centenaires. Boire de tels vins fournit l'illusion
de l'éternité. Ainsi, luxe et imaginaire sont les
deux fondements culturels du vin au travers des siècles.
La rareté d'une part, les capacités intellectuelles
personnelles en assurent tout l'intérêt. Les mythes
abondent et sont entretenus en permanence (Voir la place de Bacchus,
par exemple pour la bouteille de Muscat de Frontignan).
La place de la parole et de l'image est remarquable. Poètes
et écrivains sont sensibles aux charmes du vin, y compris
les grands philosophes tels Locke et Voltaire, grands amateurs de
Muscat. Les lectures personnelles sont constellées de références
ancrées dans nos mémoires. L'intégration du
vin dans la culture européenne est très forte. Paul
Valéry révèle ainsi ses inquiétudes
en 1938, pendant la montée du nazisme " L'Europe sera
punie. Elle perdra ses vins… "
De nos jours, l'image prend le dessus. Les artistes remplacent les
philosophes et les poètes, les médias le livre. Les
grands acteurs de cinéma se veulent les nouveaux ambassadeurs
du vin ; ils possèdent des vignobles (G. Depardieu, C. Bouquet,
P. Richard, G. Savary…). (Voir annexe 1).
2. La finance
La progression de l'aspect financier est nette au fil des siècles.
La viticulture monastique ambitionne un pouvoir religieux, idéologique.
L'aristocratie et la bourgeoisie visent la constitution d'un patrimoine
foncier, signe de domination sociale. La hiérarchisation
des vins génère une forte différenciation patrimoniale
dans le Bordelais par exemple. La rente foncière est alors
liée soit à la qualité estimée par le
prix, soit par le niveau de rendement (voir les grands domaines
capitalistes des plaines littorales Augé-Laribé /
R. Pech)
De nos jours, la finance s'exprime dans la gestion des capitaux
mondiaux, selon deux formes.
La première est la moins apparente, plus spéculative
et concerne le marché-spot des vins. La deuxième est
axée sur les investissements à long terme : c'est
l'activité de placements des banques et des assurances, avec
les fonds de pension aux avant-postes. Les cotations boursières
sont établies aux Etats-Unis (NYSE, NASDAQ et AMEX) en Autralie,
Canada. Par exemple, le principal producteur de vins chiliens -
Vina Concha y Toro est coté à la Bourse de New-York.
Tous les grands producteurs australiens le sont dans leurs pays
- BRL Hardy, Southcorp ltd. .En Europe, les cotations s'effectuent
à Londres, Dusseldorf et Madrid pour l'essentiel.
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III.- Comment
le patrimoine viticole européen s'est-il diffusé
?
|
Le patrimoine viticole européen repose en premier lieu sur
le matériel végétal, les cépages, et
sur les hommes, les savoirs. Les institutions publiques et les entreprises
participent activement à sa diffusion dans le monde entier.
1. Les cépages
La construction du savoir
Originaire du Proche-Orient, la vigne se différencie en deux
grands groupes. L'un correspond aux variétés fournissant
des raisins sucrés et aromatiques destinés à
la consommation immédiate (fruit frais) ou différée
(fruit sec ou passerille). Le second est constitué de cépages
destinés à la production de raisins pour la vinification.
La conscience de la biodiversité viticole est très
ancienne. Chez les Romains, Pline et Columelle fournissent les classifications
les plus élaborées : ils s'appuient sur les caractéristiques
propres au végétal et sur une perception qualitative
de l'époque ainsi que sur des considérations de culture.
Pendant les siècles suivants la romanisation de l'Europe,
aucun écrit ne révèle un notable progrès
des connaissances. Les agronomes se contentent de reprendre les
écrits antérieurs (voir Predium rusticum de
Ch.Etienne et ses multiples adaptations).
En France, Olivier de Serres est plus explicite dans son traité
agronomique de 1600. Les listes en mentionnent un certain nombre,
tels les Pinots, Gamays, Cabernets. Des édits royaux sanctionnent
les moins recommandables dans certains lieux (voir " l'infâme
gamay " interdit de séjour en Bourgogne par Ph. le Hardy).
La valeur attachée à la nature du cépage est
nettement fonction du rang social du consommateur.
Dans les vignobles " paysans ", l'idée même
de cépage est absente ; la plantation en foule, avec le provignage
(marcottage) et le bouturage neutralise le besoin de différences.
Mais progressivement se développe l'identification du la
vigne. La multitude de dénominations locales éclaire
souvent sur la nature de la vigne et sur son comportement physiologique
local ; elle montre aussi son importance dans la culture paysanne.
Mais les scientifiques du XVIIIe siècle expriment le besoin
de remise en ordre.
En France, les Encyclopédistes autour de Diderot et d'Alembert
s'occupent de nomenclatures dans le domaine de la botanique ; la
voie de la systématique ouverte par Linné. La vigne
trouve son meilleur observateur avec l'abbé Rozier dont la
démarche est remarquable en terme de méthode analytique.
Il établit un pertinent projet scientifique de manière
à analyser rationnellement et à comparer les comportements
des cépages sous climat méditerranéen. Il installe
la première collection de cépages de toute la France
à Béziers dans les années 1780. Son objectif
est d'étendre sa démarche en d'autres lieux ; il trouve
un accueil favorable à Bordeaux M. Dupré de Saint-Maur.
La Révolution française n'offre pas un climat propice
à une telle ambition, l'abbé Rozier disparaît
en 1793 à Lyon sous un bombardement.
Toutefois, des viticulteurs membres de Sociétés scientifiques
- tel Cazalis-Allut dans l'Hérault - et des autorités
scientifiques - le Comte Odart, Victor Rendu - établissent
des collections et publient des ouvrages d'ampélographie.
Le Phylloxera, outre ses effets dévastateurs sur le vignoble,
incite au développement de cette branche de la botanique.
La recherche de porte-greffes résistants sur le sol américain,
la création variétale avec les hybrides interspécifiques
et l'observation plus fine des cépages cultivés dans
le monde trouvent un aboutissement pédagogique dans les manuels
dont la célèbre " Ampélographie de Vialla-Vermorel
" (1900) et par la création, à Montpellier, d'une
collection de référence au niveau mondial.
Cette longue entreprise d'acquisition de savoir permet un renouvellement
de la viticulture mondiale sous l'égide de la science et
non plus avec l'empirisme antérieur.
Après le cépage, la recherche de connaissances porte
actuellement sur les clones.
Les préférences dans la diffusion des cépages
La diffusion porte sur des cépages dont les caractéristiques
sont différemment appréciées selon les époques
et les régions. Lorsque domine la finalité alimentaire
et la reconstitution des forces physiques, les cépages régulièrement
productifs, tels l'aramon ou les hybrides producteurs directs, sont
les plus plantés, surtout au cours de la première
moitié du Xxe siècle. La sélection se concentre
au contraire sur très peu de cépages dans les zones
de crus. La tendance actuelle révèle une réduction
de la biodiversité viticole au niveau mondial. Les conservatoires
ont alors pour vocation de maintenir en état le vaste patrimoine
variétal. La biodiversité resurgit actuellement à
un niveau plus fin, avec la sélection clonale.
Cette spécialisation traduit deux stratégies. La première
correspond à une adaptation du cépage au terroir ,
elle est ancienne, les vins liquoreux en offrent le meilleur exemple.
La deuxième résulte d'un choix économique d'adaptation
aux goûts du consommateur.
Le patrimoine européen rayonne dans le monde avec une poignée
de cépages dits " universels " ! Ce sont les cépages
qui assurent en France surtout les grands vins d'appellation : Merlot,
Cabernet-Sauvignon, Syrah, Grenache, Pinot en rouge, Chardonnays,
Sauvignon, Sémillon, Riesling, Chenin en blanc. Certains
pays d'Amérique Latine adoptent aussi des cépages
plus originaux, tels le Tannat, Malbec et Colombard. Cette uniformité
est sensée être atténuée par des clones
très particuliers (Voir les clones de Pinot en Californie,
Orégon).
L'Ancien Monde réagit par une stratégie d'affirmation
identitaire en remettant en exergue la biodiversité. La réflexion
incite les viticulteurs et les scientifiques à plus d'humilité
quant à leur jugement sur la nature des cépages. L'expression
qualitative du cépage peut être altérée
par des pratiques culturales et œnologiques inadaptées,
des rendements excessifs, une mauvaise connaissance de son originalité.
Cette attitude ouvre des perspectives positives pour le maintien
de la biodiversité végétale. Un cépage
méprisé ou marginalisé peut apporter un plaisir
certain. Ainsi, en Languedoc, le piquepoul a longtemps servi de
vin de base pour les apéritifs, il bénéficie
maintenant d'une AOC Picpoul de Pinet. De même, certaines
cuvées de Cinsault, voire de Carignan, étonnent des
palais avertis. A l'extrême, les grands vins de glace du Canada
proviennent de cépages hybrides abandonnés depuis
longtemps en Europe (Seibel, Vidal).
2. La diffusion du patrimoine
technique
Le savoir technique est historiquement diffusé par les populations
migrantes, amenées à voyager pour le commerce ou à
quitter leurs pays pour des raisons politiques, religieuses et économiques.
Les abbayes sont de véritables foyers de propagation de techniques
tant à la vigne qu'à la cave.
De nos jours, retenons plus particulièrement la voie institutionnelle.
Depuis le XIXème siècle, tous les pays viticoles européens
créent des centres de formation et de recherches spécialisés.
Les échanges d'étudiants et de chercheurs facilitent
fortement le transfert des savoirs.
Dès le XVIIIème siècle, les viticulteurs eux-mêmes
s'impliquent directement dans les sociétés savantes,
Sociétés d'Agriculture, Sociétés des
Sciences, Académies, ainsi que dans de nombreux journaux
orientés vers la vulgarisation viticole (Le Messager agricole
et viticole, la Revue de Viticulture au XIXème
siècle, le Progrès Agricole et Viticole depuis
les années 1890). Aujourd'hui, à coté des revues
professionnelles, les scientifiques disposent de leurs propres supports,
de plus en plus gérés par le monde anglo-saxon (tel
American Journal of Enology).
La voie des entreprises devient primordiale dans le cadre de la
mondialisation. Le monde des vinificateurs est interconnecté
avec les world flying winemakers qui opèrent dans
les vignobles des deux hémisphères la même année.
Les grands groupes y compris coopératifs européens
font appel à leurs services. Ainsi, les techniciens australiens
sont à même d'apprécier les souhaits des consommateurs
anglo-saxons et d'adapter les vinifications dans leurs sens. Des
styles sont mis au point selon les marchés d'exportation
(boisé, fruité, non astringent…). En d'autres
cas, le transfert porte sur des vins de type AOC : le pinot de l'Orégon
puise son identité en Bourgogne par l'adoption de clones
spécifiques (Dijon, Romané-Conti) et les méthodes
d'élevage (bois français si possible de la forêt
de Tronçais). Les stages d'étudiants à l'étranger
sont davantage extra-européens qu'intra-européens.
Les œnologues européens fournissent un appui incontestable
au développement des vins haut de gamme du monde (M.Rolland
en Californie, M.Boisset au Canada,…)
Ce brassage des hommes de l'art est facilité par la rapidité
des transports et des moyens de communication.
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IV.- Quelles sont
les stratégies des entreprises dans la globalisation ?
|
L'univers du vin n'a jamais été clos et limité
à la consommation familiale, domestique. Mais, depuis les
romains, les limites ont changées : le limes dépasse
la Méditerranée. L'approche de la dynamique de la
mondialisation devient double, suite aux connaissances et aux méthodes
d 'analyses économiques. La première est de nature
territoriale, avec une référence l'Etat-Nation ; la
seconde est de nature économique, avec l'entreprise, elle
permet de mieux décrypter les aspects stratégiques
des acteurs de la filière.
1. L'approche territoriale : un
changement d'échelle spatiale
Les données statistiques fournies par l'OIV confirment la
place dominante de l'Europe en matière de production, d'échanges
et de consommation. Mais la faiblesse de l'Europe réside
avant tout dans la réduction de sa consommation de vins,
en particulier dans les pays producteurs traditionnels. La recherche
d'espoir dans le fameux " boire moins mais boire mieux
" n'est pas revendiquée d'ailleurs par tous les vignobles,
en dehors des vignobles de vins de table affectés par le
recul. La Champagne n'est pas attirée par cette stratégie,
mais plutôt par le modèle Vuitton ! De ce fait, l'attachement
au modèle patrimonial VQPRD est très fort car il a
le double avantage de fixer, agronomiquement et culturellement,
le vignoble et de laisser aux vignerons un pouvoir économique
lors des transactions commerciales.
Mais, selon l'expression de P. Ricard, constatons que " les
Pays du Nouveau Monde ont le vent en poupe ". Une volonté
politique nationale appuie ce développement : Stratégy
2025 en Australie, Wine vision aux USA, Vision 2020
en Afrique-du-Sud. Les vignobles anglo-saxons regroupés dans
l'association " Wine " - les USA, l'Australie, l'Afrique
du Sud et la Nouvelle-Zélande - sont présents sur
tous les marchés mondiaux. L'Australie, avec un vignoble
de taille comparable à celui de Bordeaux, est en train de
devenir le premier fournisseur - officiel - de vins en Grande-Bretagne.
Le vignoble latino-américain, né lors de la colonisation
européenne, augmente son potentiel à l'exportation
; Chili, Argentine et Uruguay, bientôt peut-être Brésil,
tirent des devises vitales pour leur économie.
L'état des lieux indique aussi une grande faiblesse des échanges
avec les grands pays asiatiques. Les marchés intérieurs
sont limités en Inde, Chine et Indonésie. Les religions
telles l'islam, l'hindouisme et le bouddhisme ne prennent pas la
relève d'un christianisme puritain, voire défaillant
en matière de consommation de vin. Le changement d'échelle
est plus de nature spatiale que démographique ou civilisationnelle.
De ce fait, les analyses classiques se focalisent sur les échanges
internationaux des pays producteurs : elles s'appuient sur un ratio
simple, la part de marchés, en particulier sur le marché
de référence, celui de Grande-Bretagne. La constatation
de pertes de parts est alors ressenti comme un indicateur de crise.
2. L'approche stratégie
d'entreprise
Stratégies commerciales : l'attrait de la marque
Les grandes entreprises des vins sont fortement intégrées
dans un modèle industriel : l'industrie des boissons. Dès
la reconstitution du vignoble après le phylloxera, et avec
les progrès de l'œnologie, curative et préventive,
une stratégie de " vinerie " en continu (production
de vin toute l'année, à partir de moût muté
au SO2) est présentée (Pr. Ventre, Montpellier). Si
le Languedoc y a pensé, Gallo, en Californie, l'a fait avec
la stratégie winery, usine à élaboration
de vin de raisins et premier producteur mondial de vin.
La marque devient logiquement le fondement de la stratégie
commerciale, elle résume l'identité de l'entreprise
mondialisée et de ses produits. Comme un brevet, elle fait
partie d'un patrimoine, elle ne se partage pas sauf accord. Autour
d'elle, s'articulent toute la politique commerciale de l'entreprise
: l'information, la communication, le marketing. La qualité
du vin dépasse largement les caractères organoleptiques
; elle s'étend aux agents et aux services concourant à
la diffusion de la marque. L'organisation et la maîtrise de
la logistique, maritime, aérienne et terrestre, renforcent
la commercialisation. Les plate-formes jouent un rôle prépondérant
pour satisfaire les centrales d'achat de la grande distribution.
Le succès de Gallo repose sur cette maîtrise depuis
la production jusqu'au consommateur. Duboeuf, avec le Beaujolais
nouveau disponible à la même heure dans le monde entier
illustre la performance d'entreprises françaises.
Cette stratégie industrielle vient en parallèle à
celle construite autour du système artisanal des vins de
terroir, des AOC, VQPRD. La complexité de l'identité
de ces derniers est, à l'image de la langue d'Esope, un atout
ou un handicap, selon le point d'observation. La défense
et la protection de certains noms d'AOC au niveau international
tendent à indiquer que le détournement de notoriété
est profitable à ses bénéficiaires. Comme les
faux Vuitton ou Lacoste !.
La différenciation des deux systèmes est perceptible
au niveau des référentiels en matière de classement
et d'identification des vins. Au fil des siècles, l'Europe
construit une approche multicritère. Reconnus par une abondance
de textes législatifs et juridiques, les fondements sont
analytiques, géographiques, historiques et humain. Dans l'esprit
anglo-saxon la hiérarchisation repose sur un seul critère
le prix. La pyramide est la suivante : à la base Commodity,
puis, Commercial, Premium, Ultra Premium.(soit de moins de 2€
à plus de 9€ la bouteille pour Ultra Premium)
Mais un rappel historique des vins de Bordeaux la première
moitié du XIXe siècle nous enseigne la faiblesse de
l'approche analytique des vins à cette époque. La
science œnologique débute à peine, les théories
de la fermentation font l'objet de polémiques. Gay-Lussac
fournit les premières analyses chimiques des vins. L'appréciation
qualitative des vins ne nous est pas parvenue par des mesures objectives.
Dès lors, le seul instrument de qualification est le prix
du marché. C'est ainsi que se justifie le classement de 1855
des crus du Bordelais, effectué par le négoce et les
courtiers. Si l'on est tenté par une réflexion de
type " évolutionniste " on peut admettre l'hypothèse
que le système ci-dessus n'est pas très original !
Une observation plus fine des grandes entreprises californiennes
comme Mondavi, montre une progressive reconnaissance des critères
européens ( Voir Procès de Mondavi
avec ses voisins au sujet du nom de lieu - Annexe 2).
Les stratégies financières d'intégration
horizontale
Tous les grands pays viticoles disposent de nombreuses entreprises
ayant des projets et des activités offensives sur le plan
mondial : leur développement repose sur une dynamique d'implantation
directe ou de partenariat de type joint-venture.
- Stratégies d'implantations directes
L'Europe offre encore un environnement apprécié
par les entreprises, y compris anglo-saxonne, en raison de la
notoriété de ses vignobles et de la proximité
des consommateurs. Par exemple, la société australienne
BRL Hardy ltd. est implantée dans le Languedoc (Domaine
de la Baume). Toutefois, le mouvement d'expansion privilégie
l'extérieur de ce continent, poursuivant ainsi un mouvement
ancien : tous les vignobles du monde ont été créés
ou ont bénéficié de l'aide des européens.
De nos jours, les entreprises d'un certain poids financier adoptent
et affichent clairement, une stratégie de redéploiement
en Amérique, Afrique, en Asie et en Australie. C'est un
moyen pour étendre la gamme de leurs vins mais surtout
de profiter au maximum de la stratégie marque dans un univers
libéral, sans heurter de front l'attachement européen
au modèle VQPRD (Vin de Qualité Produit dans des
Régions Déterminées.). Les grands groupes
du luxe et des boissons sont en tête de ce mouvement. LVMH
et Pernod-Ricard investissent en créant des vignobles eux-mêmes
ou en prenant le contrôle d'entreprises locales performantes.
Pernod Ricard possède en Australie Wyndham Estate, et sa
marque Jacob's Creek, Long Mountain en Afrique du Sud, et d'autres
domaines, en Argentine en particulier. Le groupe australien Foster
est également présent aux Etats-Unis.
Cette stratégie est maintenant adoptée par les grandes
familles européennes , telles Torres, Rothschild, Jaboulet,
Raventos entre autres des vins
- Stratégie de Joint Venture
Cette stratégie d'expansion est plus souple que la prise
de contrôle direct et total. Elle présent l'avantage
de mieux répartir les risques et de choisir contractuellement
les points du partenariat, d'inclure les services tant pour la
création de vignobles que pour les opérations de
vinification et d'élevage.
Elle est aussi un efficace outil pour anticiper les concurrences
à long terme, par exemple avec la Chine, bénéficiaire
de joint ventures européennes ou australiennes.
Toutes les catégories de vins entrent dans ce champ, y
compris les prestigieuses. En Californie, " Opus One "
résulte de l'accord entre Mondavi et Baron Rothschild.
Baron de Rothschild a un joint venture avec la principale entreprise
vinicole chilienne Concha y Toro, l'australien Southcorp avec
Mondavi. Le géant Gallo a un accord avec l'italien Cavit,
qui lui même en a un avec le japonais Zhonshan.
Les partenariats sont forts entre entreprises anglo-saxonnes,
par exemple entre BRL Hardy, SA Stellembosh (Afrique du Sud) et
Pacific Wine Partners. L'existence récente du Groupe Mondial
du Commerce du Vin (Australie, Etats-Unis, Nouvelle Zélande,
Chili, Argentine, Canada et Afrique du Sud) concrétise
la volonté d'investissements croisés et un espace
viticole mieux coordonné, notamment sur les pratiques œnologiques
et sur l'étiquetage des vins. (Voir annexe
3)
Le développement de cette stratégie aboutit à
un grand maillage mondial des entreprises dont le public, le consommateur
perçoit le nom, la marque seulement. Ceci n'est pas sans
rappeler la dynamique mondiale de l'industrie automobile.
Les stratégies d'intégration de la Grande Distribution
La Grande Distribution occupe largement la première place
dans les achats des ménages. Elle est inscrite dans un système
libéral, rarement dans la cadre d'un monopole d'Etat (SAQ
au Québec-Canada, Systembologet en Suède). Dans l'univers
des boissons lié surtout à des grandes entreprises
des IAA, le vin figure comme une exception. L'atomisation de l'offre
est à l'origine d'une multitude de références
sur les rayons, souvent présentée comme source d'égarement
pour le consommateur non averti .
En réaction, la GD crée ses private label ou
MDD, marque de distributeur. Aux Etats-Unis, Gallo satisfait ainsi
Wal-Mart avec Alcott Ridge décliné en vin de
cépage Cabernet-Sauvignon, Merlot, Chardonnay et Zinfandel
; provenant de différentes régions de Californie.
En France, les marques de distributeurs sont plus ou moins explicites
quant au groupe d'appartenance ; Le Club de Sommeliers, de
Casino, Marque repère, de Leclerc, Pierre Chanau
pour Auchan.
La marque distributeur engage la responsabilité de l'enseigne.
La nouvelle stratégie, notamment en Grande Bretagne, consiste
à soumettre aux grands groupes mondiaux un cahier de charges
propre à un type de vin, ce qui évite les aléas
d'une marque trop liée au distributeur. L'étiquette
d'une bouteille d'Alcott Ridge ne mentionne ni Walt-Mart,
ni Gallo.
Mais, déjà en France, une pratique analogue a cours,
sous couvert de vins d'appellation générique (voir
Carrefour et le Bordeaux Saint-Laurent sans aucune mention de nom
d'entreprise). Les marques de distributeurs peuvent concerner des
AOC.
Une deuxième forme d'intégration se réalise
actuellement avec les cahiers de charges spécifiques sur
les conditions de production, dès la vigne. Son avenir est
difficile à prévoir.
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L'histoire de la viticulture montre un patrimoine d'une grande
richesse, en terme de biodiversité, de dynamiques sociales
et économiques. Le recul de la consommation en Europe soulève
bien d'interrogations, voire d'inquiétudes. Mais le rayonnement
mondial du vin reste vif. Comme l'ensemble des activités
bénéficiant d'importants échanges planétaires,
l'univers des vins vit une accélération de la globalisation.
Les entreprises, avec le bénéfice plus ou moins fort
de plans stratégiques nationaux ou internationaux, adoptent
des stratégies d'expansion et de partenariat aux formes multiples.
Il en résulte la constitution d'un maillage à l'échelle
du monde, fondé sur des relations où persiste tout
de même l'esprit du vin.
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Annexe 1 -
Dillon : un exemple d'aristocration mondiale dans l'univers du vin
"C Douglas
Dillon, a member of the family that has owned Château Haut-Brion
since 1935, has died in Manhattan at the age of 93. Dillon served
as ambassador to France under President Eisenhower in the 1950s,
and was a highly successful Wall Street financier.
He was the son of Clarence Dillon, who gave his name to Domaine
Clarence Dillon, which today embraces the prestigious Bordeaux châteaux
La Mission Haut-Brion, La Tour Haut-Brion and Laville Haut-Brion
as well as the First Growth Haut-Brion. Dillon's daughter from his
first marriage, Joan, Duchesse de Mouchy, has been president of
Domaine Clarence Dillon since 1974. Her son, Prince Robert of Luxembourg,
is vice-president. In all, seven of the Domaine's board are either
members of the Dillon family or related to it. The Prince is also
an administrator at Chateau Haut-Brion, where his father Philippe
de Noailles, Duc de Mouchy, is a managing director.
Clarence Dillon, an international banker and francophile, purchased
Haut-Brion for the equivalent of €350,678 (US$369,300 at the
current exchange rate) in 1935 - because it was his favourite wine,
he declared. With the family's investment, the entire property,
which had slid into disrepair, was reborn. He died, aged 96, in
1979. A lifelong Republican, Douglas Dillon was chosen by President
John F Kennedy, a Democrat, to be secretary of the Treasury. He
kept the post until 1965 under Lyndon B Johnson, who became president
after Kennedy was assassinated in 1963. Douglas Dillon was always
acutely conscious that his family had acquired a French national
treasure, and although primarily immersed in the banking house Dillon,
Read & Company saw himself as a missionary for the wine. He
attended formal Haut-Brion dinners in New York whenever he could.
He was also a passionate collector of 18th and 19th century French
paintings and served as president of the Metropolitan Museum of
Art."
Howard
G Goldberg in New York, Decanter, 13 January 2003 Decanter
Annexe 2 - Mondavi et
ses procès pour une indication géographique To-Kalon
"Robert
Mondavi Winery has strenuously refuted claims it fraudulently obtained
the To-Kalon trademark, as a lawsuit against the eminent California
producer alleges. In November this year, Mondavi filed a suit against
its Oakville neighbour Schrader Cellars, demanding it stop using
the To-Kalon name on its front label. Schrader wines contain grapes
sourced from To-Kalon vineyards owned by Beckstoffer Vineyards since
1993, but Mondavi trademarked the To-Kalon name in 1988 and 1994.
Now Schrader and Beckstoffer have responded with a counterclaim
- that Mondavi has misled the public by expanding the historic To-Kalon
vineyard, and that Mondavi told the US Trademark Office that the
To-Kalon name had no significance within the wine industry. In fact
the opposite has been true for over 100 years, the counterclaim
says. Grapes from the vineyard, planted by Hamilton W Crabb in 1868,
won awards before Prohibition. 'The historical importance of the
To-Kalon vineyard is well-known and thoroughly documented,' a statement
from Schrader and Beckstoffer says.The counterclaimants argue that
although Mondavi downplayed the significance of the name when it
was applying for a trademark, when Mondavi was lobbying for Oakville
to be named an AVA (American Viticultural Area), it 'repeatedly
emphasised the historical importance of the To-Kalon vineyard.'They
also argue that Mondavi gives the impression that the entire 223ha
vineyard - which all comes under the To-Kalon name - was originally
planted in the 1800s by Crabb. In fact, Mondavi owns only 100ha
that was originally part of Crabb's vineyard. This is 'false and
misleading' the statement says. Robert Mondavi Winery refutes the
allegations, calling Beckstoffer's arguments 'flawed'. 'We are not
limited to the use of the name by the boundries of Crabb's acreage
and are proud to have extended the original estate with directly
adjoining property,' a statement sent to decanter.com says.It adds
that Beckstoffer benefits from its association with To-Kalon, a
name that would have no resonance had Robert Mondavi not made it
famous. 'We're quite certain that he would not have the desire to
use the To-Kalon name had we not made it synonymous with Robert
Mondavi Winery and outstanding wine,' the statement says. Andrew
Beckstoffer said, 'It is regrettable that this whole issue has come
up, but it is important. The historical integrity of the Napa Valley
and its sense of place are at risk, so this must be addressed."
Adam Lechmere,
Decanter, 27 December 2002
Annexe 3 - La dynamique
de concentration des entreprises : Constellation-Hardy will be "the
Coca-Cola of Winemaking" - Millar
"The
head of the gigantic new conglomerate formed by the merger of Constellation
Brands and BRL Hardy wants to turn the company into the Microsoft
- or Coca-Cola - of the wine world.
BRL managing director Steve Millar, who will run the combined wine
operations, said, 'There really hasn't been a truly worldwide wine
business before. There is no Coca-Cola, Microsoft or Nestlé
of the winemaking world. We certainly intend to be just that.' News
of the likely merger of the two New World giants broke last week
when US wine group Constellation unveiled a $1.4bn (€1.3bn)
takeover of its Australian rival. News stories reported it as heralding
the world's biggest wine company, but Millar's words have rammed
home the significance of the deal - at least for the Old World.
Constellation CEO Richard Sands said, 'New World wines are what's
hot at the moment. They are replacing European wines throughout
the markets of the world.' The deal comes at a time when Australian
wine sales are vying for the number one spot in the UK, and big-name
branded wines increasingly dominate the scene. In the US, sales
of Australian wine have grown ninefold to AUS$2.3bn (€1.27bn)
in the past 10 years, overtaking sales of French wine there in the
process.
The joining of the two businesses would make Constellation the market
leader in both Australia and the UK, and second only to E&J
Gallo in the US."
Liz Hughes,
and agencies, Decanter, 21 January 2003
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