Conflit Russie-Ukraine : Sergueï Lavrov salue la position du Congo

Mardi 4 Juin 2024 - 20:00

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Au terme de son séjour à Oyo, les 3 et 4 juin, auprès du président Denis Sassou N’Guesso, le chef de la diplomatie russe a salué la position de la République du Congo qui appelle à une solution négociée dans le conflit en Ukraine.

Le ministre russe des Affaires étrangères a bouclé, le 4 juin, sa visite de travail de 48 heures à Oyo, par une conférence de presse co-animée avec son homologue congolais Jean-Claude Gakosso après un entretien d'une heure et demie avec le président Denis Sassou N’Guesso. Dans son mot liminaire, Sergueï Lavrov a, de prime abord, rappelé l'historique des relations entre son pays et le Congo. Vieilles de 60 ans, elles sont consolidées par l'amitié particulière qui unit les présidents Vladimir Poutine et Denis Sassou N’Guesso, a-t-il déclaré avant d’ajouter : " Nous tiendrons très prochainement à Moscou la Commission intergouvernementale entre nos deux pays pour affermir notre coopération en matière de défense et de sécurité, de l'éducation et de la santé ».

Les offres de bourses russes aux étudiants congolais sont en hausse et la Russie installera bientôt au Congo un laboratoire de recherche sur les maladies infectieuses, a ajouté Serguei Lavrov. Il reste, en outre, reconnaissant envers le Congo pour le soutien apporté au rayonnement de la Maison russe à Brazzaville (ex-Centre culturel russe) et pour le renforcement de l'apprentissage de la langue russe au Congo. Lavrov a également loué l’excellence des liens entre les partis au pouvoir à Brazzaville et à Moscou, notant qu’il y a quelques mois, en visite à Moscou, les dirigeants du Parti congolais du travail avaient eu des entretiens fructueux avec leurs collègues du parti Russie unie.

Conflits en Afrique

Sergueï Lavrov a déclaré avoir évoqué avec le chef de l’Etat congolais les crises sur le continent, en particulier les cas de la République démocratique du Congo, de la République centrafricaine, de la Libye et des pays d’Afrique de l'Ouest, allusion faite au Mali, au Niger et au Burkina Faso, ce dernier pays constituant l’une des étapes de son périple africain commencé en Guinée. Pour le diplomate russe, toutes ces crises devraient être réglées sur le continent à partir d'initiatives africaines avec le soutien de la communauté internationale. 

Sur le cas libyen, la Russie, a-t-il déclaré, soutient le Comité de haut niveau de l'Union africaine présidé par Denis Sassou N’Guesso, et la convocation d’un dialogue inter libyen devant consacrer l'organisation d'élections générales et la sortie de crise. Il a en même temps souligné que ce pays naguère en paix est plongé dans cette tragédie depuis plus d’une décennie du fait de l’intervention des pays de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord), qui se sont comportés de la même manière en Irak et en Afghanistan, sans jamais apporter de solution viable.

Guerre en Ukraine

À propos du conflit russo-ukrainien, le chef de la diplomatie russe a salué la position du Congo depuis le début. Pour lui, la solution à la crise passe par un dialogue au cours duquel toutes les parties sont assises autour d'une table. À condition, a-t-il répété, que l’on tienne compte de la situation réelle sur le terrain. Depuis le déclenchement de son « opération militaire spéciale » en Ukraine, en février 2022, la Russie a élargi ses frontières en intégrant de nouveaux territoires anciennement ukrainiens. Et pour Moscou, toute négociation devra entériner cette nouvelle donne. " L'Occident jure d'infliger à la Russie une défaite sur le champ de bataille, et utilise l'Ukraine pour arriver à ses fins. Mais, pour nous, une initiative de paix qui ignore la réalité du terrain, à l’instar de la conférence convoquée mi-juin en Suisse, est sans lendemain", a-t-il déploré.

 

Sergueï Lavrov note, en outre, que malheureusement les dirigeants ukrainiens, depuis l’ancien président Pétro Porochenko en passant par le dirigeant actuel, Volodimyr Zelenski ont pris des lois interdisant l'usage de la langue russe dans les territoires où elle était la plus parlée, et d’autres interdisant toute négociation tout en glorifiant le nazisme. A ses yeux, ces actes violent l'esprit du procès de Nuremberg organisé contre les crimes nazis. " Malheureusement pour les autorités de Kiev et leurs soutiens, beaucoup de pays à travers le monde l'ont compris : ces mobilisations, à l'exemple du sommet convoqué en Suisse, sont le signe d’un système occidental en déclin  qui tente par tous les moyens de se donner des gages pour encore résister ».

Evoquant dans le même ordre d’idées la présence supposée de soldats français en Ukraine, Sergueï Lavrov a indiqué « qu’ils soient des instructeurs ou des mercenaires, ces contingents sont dans tous les cas déjà sur place en Ukraine et seront la cible de nos forces armées ». Considérant que l’Ukraine joue la carte de l’Occident mené par Washington, il a déclaré que son pays est prêt à discuter avec les Etats-Unis pour parvenir à la fin des hostilités.

La position « invariable » du Congo

À la suite de son homologue russe, Jean Claude Gakosso a réitéré la position du Congo sur le conflit en Ukraine. Pour le ministre congolais des Affaires étrangères, l'unique solution est de s'asseoir à la même table et négocier. " Ceux qui incitent à la guerre évoquent l’envoi des troupes, ne mesurent pas le risque qu'ils font courir à l'humanité", a-t-il fait constater. Il a renchéri que beaucoup de ceux qui parlent ne savent peut-être pas que l'Ukraine et la Russie sont un même peuple et que l'âme russe a pris corps en Ukraine.

Jean Claude Gakosso est convaincu que le conflit russo-ukrainien se terminera par la négociation à l'exemple de tous les conflits d'ampleur que l'humanité a connus notamment au siècle dernier. Il a cité l'exemple de la Seconde Guerre mondiale où, après leur défaite, les forces allemandes ont pris place à la même table que les vainqueurs pour signer la capitulation.

Il a rappelé que l’initiative africaine de paix, dont une mission composée de plusieurs pays, conduite par l’ancien président en exercice de l’Union africaine, Azali Assoumani, avait séjourné en Ukraine et en Russie, était partie du Congo dans le but d’œuvrer à une sortie de crise négociée. « Ne vous fatiguez pas de le noter, la seule solution qui vaille dans ce conflit, et c’est la position « invariable » du Congo : ouvrir les négociations de paix ».

Attentif aux présentations, Sergueï Lavrov et son homologue Jean Claude Gakosso étaient interrogés par des confrères de RFI et de BBC. Son constat : « Je suis heureux de visiter un pays libre comme le Congo car, en matière de presse, les pays dont vous représentez les médias ont interdit tous les organes de presse russes sur leur territoire, alors que les leurs sont toujours accrédités en Russie ». La deuxième visite au Congo du ministre russe des Affaires étrangères est un signe que Brazzaville et Moscou sont animés par la volonté de renforcer leur coopération dans plusieurs domaines.

Gankama N'Siah

Légendes et crédits photo : 

1.- Le président Denis Sassou N'Guesso et le ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov. 2. Sergueï Lavrov et son homologue congolais Jean-Claude Gakosso lors de la conférence de presse.

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