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" Le Pique-Nique de Claretta "

Par COLETTE GODARD.

Publié le 18 octobre 1974 à 00h00, modifié le 18 octobre 1974 à 00h00

Temps de Lecture 4 min.

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Fin avril 1945, près de la frontière suisse, Mussolini et sa maîtresse, Clara Petacci, ont été exécutés par des partisans. Leurs corps, transportés à Milan, ont été exposés, pendus par les pieds, sur le lieu même où, quelques mois auparavant, quinze patriotes avaient été mis à mort. Depuis quatre jours Mussolini errait, déguisé en soldat de la Wehrmacht. Il affirmait vouloir rejoindre les trois mille Chemises noires de Pavolini. Il s'était mis sous la protection de SS, qui, en fait, devaient l'empêcher de gagner la Suisse. Et les trois mille Chemises noires n'étaient en réalité que douze. Et comme Louis XVI à Varenne, il a été reconnu. Il a été abattu sans lutte et sans gloire, lui qui rêvait de la grandeur statufiée des César. Il s'était fabriqué une image romaine, menton carré, gestes grandiloquents, comme la vedette d'un péplum dont le scénario, sur la fin, aurait quitté le ton épique pour celui du mélodrame sordide. Les perdants ne sont jamais héros de tragédie.

C'est ainsi que René Kalisky évoque le personnage dans sa pièce, le Pique-nique de Claretta, mis en scène par Antoine Vitez : un minable manipulé par ses disciples, un tyran domestique transformé en dictateur pour les besoins de la cause, celle de la grande bourgeoisie. Tout se passe comme si, aujourd'hui ou demain, à Rome ou à Paris, des gens, riches et bien nés, et qui l'auraient connu, se réunissaient. Chaque fois, la conversation tombe sur lui, sur ces quatre jours où se sont joués son destin et le leur. Ils racontent, ils jouent, rejouent l'histoire. Réunion d'anciens combattants qui n'ont jamais combattu, de nostalgiques d'un passé qui n'a jamais existé.

" Le vrai sujet de la pièce, dit Antoine Vitez, est là, dans la critique d'une nostalgie parée d'esthétisme et d'élégance " rétro ".

Il ne s'agit pas de l'analyse contemporaine d'un moment historique aberrant, mais du portrait d'un groupe social qui vit dans et de l'aberration. Les personnages refont l'histoire en conversations de salon. Mais l'histoire, ils n'ont jamais été capables de la faire, ni d'y participer. Ils sont tout juste capables d'en profiter. Et encore ! Encore faudrait-il qu'ils soient conscients du présent. Ils ne savent regarder que le passé. Ils sont trop insouciants, trop occupés à comptabiliser leurs sensations immédiates. " Ils sont sans mémoire ", dit Vitez. Et surtout sans imagination.

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