L'excentricité a toujours fait partie du mode de vie de la noblesse anglaise. Elle a rarement été poussée aussi loin que par les six soeurs Mitford. L'une a été follement amoureuse d'Adolf Hitler, une autre est devenue communiste. Simon Thisse et Bernard Faroux racontaient ces destins singuliers, jeudi 7 février, dans "Le Bal du siècle", sur France 5. Leur père, Lord Mitford, les chassait à courre, pour rire, sur le domaine familial. Elles en redemandaient ! Il avait eu six filles et un garçon, et pratiquait volontiers l'art aristocratique de déplaire. Il refusait systématiquement les invitations à dîner en expliquant qu'il mangeait fort bien chez lui.
On le voit sur des images d'archives très grand, très droit, avec une petite moustache blanche. A leur façon, ses six filles ont voulu l'étonner à leur tour. Elles ont marqué, souvent par le scandale, les Années folles. La voix de Fanny Ardant convenait parfaitement pour décrire ces soeurs extravagantes.
Unity, d'abord, qui élève un serpent comme animal de compagnie, décide subitement, en 1933, à 19 ans, de rencontrer Hitler, qu'elle vénère. Elle y parvient, devient une intime du Führer, qui l'utilise à des fins de propagande. Elle porte la croix gammée et multiplie les déclarations antisémites. A l'entrée en guerre de la Grande-Bretagne, elle tente de se suicider et végète quelques années encore, à moitié impotente.
Jessica choisit la voie opposée. Elle épouse Esmond Romilly, un neveu communiste de Churchill, et participe avec lui, du côté républicain, à la guerre civile espagnole. Elle part aux Etats-Unis, devient journaliste d'investigation et se proclame communiste en pleine chasse aux sorcières. Diana, c'est encore autre chose. Elle épouse d'abord l'héritier des brasseries Guinness, puis Sir Oswald Mosley, le chef des fascistes britannique. Elle est emprisonnée, comme lui, pendant la seconde guerre mondiale et termine sa vie en France sans avoir changé d'opinion. Deborah est apparemment la plus conventionnelle. Elle devient duchesse du Devonshire et possède, à ce titre, le château de Chatsworth, le plus beau et le plus grand d'Angleterre. Elle ne déroge pas tout à fait cependant au principe mitfordien d'excentricité, puisqu'elle consacre une pièce de son château à Elvis Presley.
Même remarque pour Pamela, qui se marie en noir, et, bientôt dégoûtée des hommes, ne s'intéresse plus désormais qu'à ses animaux. Nancy, enfin, la plus douée des six, devient un écrivain célèbre et vit une passion malheureuse pour Gaston Palewski, qu'elle a connu à Londres lorsqu'il était directeur de cabinet du général de Gaulle. Elle avait décidé d'appliquer, malgré ce drame intime, la maxime de l'aristocratie britannique : "Ne jamais se plaindre" et de se montrer enjouée, quoi qu'il arrive.
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